Grève générale de 1893
La grève générale de 1893 fut une grève générale en Belgique organisée par le secrétariat du parti ouvrier belge le après que le parlement belge eut rejeté la veille la proposition d'introduction du suffrage universel.
Cette grève générale força la bourgeoisie "terrifiée", qui craignait une révolution nationale, à faire des concessions aux socialistes[1]. Mais, d'après Henri Pirenne, "les dirigeants du parti ouvrier belge furent également terrifiés face aux évènements qu'ils ne pouvaient plus contrôler [2].
Bien que le suffrage universel ne fut pas adopté, un compromis fut néanmoins trouvé en un système de vote plural. Tous les citoyens masculins obtinrent le droit de vote mais ceux avec un diplôme ou les gros propriétaires eurent plusieurs voix tandis que les pauvres et les faiblement éduqués une seule[3]. Le suffrage universel fut seulement adopté en Belgique en 1913.
Chronologie d'après l'Otago Witness
L'Otago Witness, un hebdomadaire d'Otago en Nouvelle-Zélande, relata les évènements dans un reportage concis et détaillé[4].
Des troubles avec les grévistes dans le Borinage mène à l'intervention de la garde civique.
La grève organisée à la suite de l'appel lancé par le parti ouvrier s'étend, mais n'est pas encore générale. (...)
La grève s'étend en Belgique. (...) Du sang a coulé, et beaucoup de personnes sont sérieusement blessées.
Bruxelles, le
Les grévistes sont maintenant au nombre de 50000. Plusieurs ont été tués dans des escarmouches avec la police et l'armée (...). Les troubles s'étendent à travers toute la Belgique et des combats acharnés ont lieu à Mons et Anvers. De nombreux gardes civiques sont blessés, plusieurs grévistes sont tués et beaucoup blessés.
Les grévistes Montois sont enragés par la mort de leurs camarades et ont promis de les venger.
De violents combats eurent lieu entre la garde civique et les émeutiers à Mons. La troupe chargea la foule et beaucoup parmi elle furent blessés. Les grévistes répliquèrent par des jets de brique auxquels la garde riposta en faisant feu, tuant 5 personnes et en blessant beaucoup d'autres. De nombreuses personnes furent arrêtées et la foule s'enfuit alors, emportant ses blessés. (...)
Le gouvernement belge plaide pour un suffrage universel combiné à un suffrage plural. Si la proposition venait à être rejetée, le Roi devra intervenir...
Henri Pirenne écrivit cependant que la grève se propagea rapidement vers les bassins de Liège, Charleroi, du Centre, du Borinage, Verviers, Gand et Anvers.
Les émeutes de Mons furent également précisément décrites par l'Otago Witness[5]. Ce sont finalement 7 grévistes qui furent tués par la garde civique de Mons.
Galerie
- Un Soir de Grève (1893) par Eugène Laermans
- Émeutes à Mons () dans Le petit journal (Paris)
Source
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Belgian general strike of 1893 » (voir la liste des auteurs).
Références
- Henri Pirenne, Histoire de Belgique, Tome VII, Maurice Lambertin, Bruxelles, 1948, p. 319. Histoire de Belgique Tome VII
- Henri Pirenne, Histoire de Belgique, p. 319. Les chefs du parti ouvrier s'épouvantent de la tournure des événements qu'ils ne peuvent plus maîtriser. Histoire de Belgique Tome VII
- (en) Els Witte, Jan Craeybeckx et Alain Meynen, Political History of Belgium : From 1830 Onwards, Bruxelles, Academic and Scientific Publishers, , 278 p. (ISBN 978-90-5487-517-8, lire en ligne)
- Otago Witness, 20 April 1893, p. 17
- Léon Fourmanoit, Des luttes, des hommes et du Borinage, Mons 1983 D/1983/3323/001 : La garde opère un simulacre de charge. Mouvement de recul de la foule mais au même moment des pierres sont lancées (...) Sans sommation aucune, un coup de feu part suivi d'une fusillade générale de quelques dizaines de secondes...
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