Grand Directoire des Gaules

Le Grand Directoire des Gaules (GDDG) est l'instance maçonnique et chevaleresque, par laquelle les 20 et , a été réveillé en France le Rite écossais rectifié, lors d'une tenue de la Préfecture de Genève au temple de l’impasse d’Argenson à Neuilly-sur-Seine, villa de l’Acacia.

Fondation du Grand Directoire des Gaules, lors de la tenue de la Préfecture de Genève, à Neuilly-sur-Seine, le 23 mars 1935.

Histoire

Camille Savoire (Eq. A Fortitudine), attaché depuis plusieurs années au Régime Écossais Rectifié, en relation suivie avec le Grand Prieuré indépendant d'Helvétie, souhaite que puisse être réveillée en France, lorsque l’occasion se présenterait, l'instance de direction du système maçonnique fondé par Jean-Baptiste Willermoz au XVIIIe siècle.

C’est ainsi, après bien des épisodes difficiles et complexes, que le 23 mars 1935, faisant suite à la requête émanant des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte : Camille Savoire, René Wibaux, (Eq. Ad Lucem Quaerendum), et Aimé Machon, (Eq. Ab Indulgentia), se déroule à Paris la tenue historique de la Préfecture de Genève, présidée par Ernest Rochat, (Eq. A Studio), grand prieur du Grand Prieuré indépendant d'Helvétie. Étaient également présents Charles Nicole, (Eq. A Phoenice resurgente), grand chancelier, et Antony Roesgen, (Eq. Ab Harmonia), préfet de Genève. Ernest Rochat, prit soin préalablement de dénoncer le traité de 1911 signé avec le Grand Orient de France, et installait la Préfecture de Neustrie avec René Wibaux comme préfet, donnant une Charte constitutive & Lettres-patentes pour le réveil du Régime Écossais Rectifié en France, sous l’obédience du Grand Directoire des Gaules à Camille Savoire, en lui octroyant, en tant que grand maître grand prieur du Grand Directoire des Gaules, toute autorité pour créer en France des ateliers du Rite écossais rectifié.[style à revoir]

Dans son discours Camille Savoire soulignait que le Grand Orient de France s'opposait à la pratique authentique du Rite écossais rectifié et que le Grand Directoire des Gaules, formerait donc, pour répondre aux exigences willermoziennes, un ordre autonome et indépendant, composé de membres « désireux de quitter les obédiences françaises dont les agissements, étaient en contradiction avec le caractère de la franc-maçonnerie. »[1]

Savoire expliquait : « Voilà comment nous avons régulièrement réveillé en France le Rite Rectifié : ce réveil ayant été fait en accord et avec le concours de la seule puissance ayant l'autorité suprême du Rite au monde et en conformité des décisions des divers Convents de 1778, 1781, 1808, et 1811, et en exécution de la décision prise en 1828 par le Directoire de la 5e province de Neustrie déléguant à la dernière de ses préfectures, dite de Zurich, ses archives, prérogatives, droits, etc., avec mission de les conserver jusqu'au jour où le réveil du Rectifié pourrait s'effectuer en France et lui permettrait de s'en dessaisir. »[2]

La Charte-patente stipulait : « Le Grand Prieur d'Helvétie, ès qualités, a expressément reconnu le Grand Directoire des Gaules comme puissance régulière, autonome et indépendante du Régime Rectifié en France, avec les pouvoirs les plus étendus pour créer en ce pays toutes Préfectures, Commanderies, Loges de Saint-André et éventuellement, toutes Loges symboliques du Rite Rectifié sous son Obédience, et a salué en la personne du T. Rév. F. Chev. Bienfaisant de la Cité Sainte, Docteur Camille Savoire, in ordine eques a fortitudine, le premier Grand Prieur, Grand-Maître National[3] »

Quatre mois après la constitution du Grand Directoire des Gaules, un traité d'alliance et d'amitié fut conclu entre le GDDG et le GPIH, le à Genève et le 25 du même mois à Paris, et ce « pour une période indéterminée », les deux juridictions se reconnaissant pour « seules et uniques puissances souveraines du Régime Écossais Rectifié dans leurs pays respectifs, savoir : le Grand Directoire des Gaules pour la France et ses colonies et le Grand Prieuré indépendant d’Helvétie pour toute la Suisse, et n’admettent comme ateliers réguliers du Régime Rectifié que ceux constitués en France par le Grand Directoire des Gaules, et en Suisse que ceux relevant directement du Grand Prieuré indépendant d’Helvétie[4] »

On sera attentif au fait, important s’il en est, que le GPIH, ne réveillait pas simplement par cet acte de le Grand Directoire d’Auvergne comme il aurait pu se limiter à le faire eu égard à ses pouvoirs détenus sur la IIe Province depuis 1830, mais, beaucoup plus largement, le « Grand Directoire des Gaules » en tant qu’instance nationale du régime ayant à sa tête un grand maître national, également grand prieur, en la personne de Camille Savoire, instance souveraine du Régime Rectifié englobant donc sous son autorité les IIe, IIIe et Ve provinces de l’ordre situées dans le territoire « des Gaules »[5].

Ce réveil, consenti au bénéfice du Grand Directoire des Gaules en tant que « puissance régulière, autonome et indépendante du Régime Rectifié en France », se faisait cependant en contrepartie de critères précis : « l'engagement solennel de pratiquer le Rite Écossais Rectifié en conformité des statuts de l'ordre tel qu'il est encore en usage en Suisse, et notamment de maintenir dans leur intégralité les décisions arrêtées aux divers convents de Kohlo, en 1772, de Wilhelmsbad, en 1782, et des Gaules, en 1778, tendant à assurer au Rite Rectifié son uniformité[6]. »

Camille Savoire, par prudence, souhaitant protéger et préserver l’existence du Grand Directoire des Gaules et celles de ses membres, le jour de la déclaration de guerre, le , mettait officiellement l’ordre en sommeil. Mais si la prudence fut la ligne directrice de Savoire « anticipant prudemment les retombées de la politique antimaçonnique de Vichy (…) » Pour éviter les persécutions et perquisitions, les archives de l’ordre ayant été transférées à son domicile après la fermeture du temple de Neuilly, lors de l’armistice du , Savoire écrivit aux autorités « pour signifier la dissolution du Grand Directoire des Gaules en insistant sur son total apolitisme et sur le fait que tout en étant une organisation maçonnique, il s’agissait d’une institution chrétienne ne menaçant pas l’ordre public. »[7] Cela n’empêcha pas la police allemande de venir perquisitionner à six reprises l’appartement du grand maître national du GDDG, et ce ne fut que grâce au dévouement exemplaire de sa gouvernante que la plus grande partie des archives put être, providentiellement, mise à l’abri et sauvegardée[8].

Après-guerre, le , Camille Savoire, qui avait déjà 77 ans et allait disparaître quatre ans plus tard, usé, fatigué et malade, souhaita réveiller le Grand Directoire des Gaules mis en sommeil le , mais déclara en Préfecture de Nanterre (Haut-de-Seine)[Information douteuse], une structure sous une nouvelle dénomination ne figurant pas dans la Charte-constitutive & Lettres-patentes de 1935 délivrée par le Grand Prieuré d'Helvétie, et l'intitula : « Grand Prieuré des Gaules »[9].

Notes et références

  1. J.-M. Vivenza, Histoire du Grand Prieuré des Gaules, le Régime Écossais Rectifié des origines à nos jours, Éditions du Simorgh, 2011, p. 161
  2. Ibid., p. 162.
  3. Cf. Charte –constitutive pour l’installation de la Préfecture de Paris sous l’égide du Grand Prieuré d’Helvétie, & Lettres-patentes, pour le réveil du Régime Écossais Rectifié en France sous l’obédience du Grand Directoire des Gaules, 23 mars 1935, op.cit., p. 163.
  4. Cf. Traité d’Alliance et d’Amitié entre le Grand Directoire des Gaules et le Grand Prieuré d’Helvétie, 25 juillet 1935, op.cit., p. 164-165.
  5. J.-M. Vivenza, op.cit., p. 166. La France qui compte trois Provinces (IIe d’Auvergne, IIIe d’Occitanie, Ve de Bourgogne), et à ce sujet, dans son discours inaugural au Convent des Gaules, le Président Antoine-François Prost de Royer (1729-1784), ab Aquila, précisa bien le sens du terme « Gaules » : « Un Convent national annoncé dans ses Provinces » (Cf. Discours du Très magnifique Frère Président Prost de Royer, Lyon, 20 novembre 1778). De même, le Code Maçonnique, dans son Introduction, indique que le Convent réunit : « Des Maçons de diverses contrées de France » (Cf. Code Maçonnique des loges réunies et rectifiées de France, 1778). Enfin, les Actes du Convent National, retraçant les minutes du Convent des Gaules, s’intitulent « Actes du Convent National des Trois Provinces des Gaules tenu à Lyon », précisant : « Le Convent National convoqué et ouvert à Lyon le 20 novembre (…) est composé des Trois Provinces situées en France. » (MS 5.842, BM de Lyon). L’expression « Gaules » désigne donc, comme on le voit, la France en son appellation romaine ancienne (lat. Gallia), englobant ses trois Provinces (IIe Alvernia, IIIe Occitania, Ve Burdundia).
  6. Cf. Charte-Patente constitutive du Grand Directoire des Gaules, 23 mars 1935.
  7. J.-M. Vivenza, op.cit., p. 184.
  8. Ibid., p. 184. Le régime de Vichy et l'occupant allemand s'unissent pour organiser dès octobre 1940 une importante exposition anti-maçonnique qui circulera dans toute la France. Le thème général affirme l'existence d'un complot de l'anti-France, qui aurait été responsable de l'effondrement du pays, et qui aurait été organisé, selon les thèses de l'Action française, par « le juif, le protestant, le franc-maçon et le métèque ». Un service des sociétés secrètes est organisé en 1941. Bernard Faÿ, administrateur de la Bibliothèque Nationale, est nommé à sa tête et chargé de classer les archives saisies dans les loges, d'orchestrer la propagande antimaçonnique et surtout de dresser des fiches afin de répertorier tous les anciens francs-maçons, de les surveiller et de les radier des professions libérales comme de la fonction publique. Ce service publie la revue « Documents maçonniques » qui voit dans la franc-maçonnerie l'une des causes principales de la défaite. Une loi de 1941 applique le « statut des juifs » aux francs-maçons. Le film anti-maçonnique « Forces occultes » est réalisé et projeté à Paris en 1943 (Cf. Franc-maçonnerie en France, 1.4. XXe siècle)
  9. J.-M. Vivenza, Préface, in Camille Savoire, Regards sur les temples de la Franc-maçonnerie (1935), réédition La Pierre Philosophale, 2015, pp. 70-71.

Source

  • Jean-Marc Vivenza, Histoire du Grand Prieuré des Gaules, Le Régime Écossais Rectifié des origines à nos jours, Éd du Simorgh, .
  • Camille Savoire (préf. Jean-Marc Vivenza), Regards sur les temples de la Franc-maçonnerie, Réédition La Pierre Philosophale, 2015, .

Annexes

Articles connexes

Lien externe

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