Gravitas (Rome antique)

La Gravitas (en latin classique : [ˈɡrawɪt̪aːs̠]) est l'une des vertus romaines[1] appartenant au mos majorum, qui dénote le sérieux[2]. Il peut aussi se traduire par poids, dignité et importance et connote retenue et rigueur morale [1], ainsi que responsabilité et engagement dans l'action[3].

Avec la pietas (respect de la discipline et de l'autorité), la severitas, la gloria, la simplicitas (lucidité), l'integritas, la dignitas et la virtus, la gravitas fut appréciée chez les chefs[2]. Gravitas et virtus sont considérées comme des qualités morales plus canoniques que les autres[1].

Notion romaine

Enée, représentée ici avec sa mère Vénus, était considéré comme l'incarnation de la gravitas, de la pietas, de la dignitas et de la virtus[4].

La Gravitas prit, chez les Romains et surtout les hommes politiques, une valeur spécifiquement romaine et patriotique[5],[6]. Plusieurs philosophes romains louent la constantia (persévérance, endurance et courage), la dignitas et la gravitas comme les vertus les plus importantes, caractérisant les hommes dignes. Ces concepts supplémentaires accompagnent les actions romaines[7]. Les hommes des classes supérieures et moyennes supérieures au pouvoir furent éduqués dans un système scolaire public où langue et la littérature classiques constituaient des éléments fondateurs du programme[8],[9].

En particulier, la gravitas, ou conduite digne et sérieuse, permit aux Romains de maintenir un élément persistant de conservatisme et de traditionalisme[6]. Elle est associée à un style de vie austère et fut l'un des fondements moraux du contrôle sanctionné exercé par les censeurs romains[1]. Un récit décrivit comment de vieux hommes d'État se rendant compte qu'ils ne répondaient plus aux normes de la romanitas se suicidèrent ou se laissèrent mourir de faim avec dignité et gravitas[5], ce qui correspond à la définition que se donnaient les Romains de l'honneur [10].

Sous le régime d'Auguste, la gravitas n'était pas incluse dans les quatre vertus cardinales ( virtus, clementia, justitia et pietas), introduites pour établir le mythe de l'empereur romain et le modèle d'un bon souverain[11].

Concepts moderne et contemporain

Dans le système éducatif britannique, la gravitas était considérée comme l'un des piliers de la formation morale du gentleman anglais à l'époque victorienne et édouardienne[12]. Il est en partie dérivé de la notion de pedigree aristocratique, indiquant ce qui est peaufiné, la grâce dans les manières ainsi que la dignité dans l'apparence extérieure[13]. L'empire britannique dérive ce concept de celui d'imperium, l'idéalisant[14]. L'Inde, par exemple, était dirigée par des hommes dont le sens du pouvoir était imprégné des vertus romaines [14]. Le concept d' imperium dominait également la fonction publique coloniale[14]. La Chambre des communes du Royaume-Uni utilise aussi le terme « bottom », qui est le code conservateur de la gravitas[15].

La Gravitas s'emploie aussi dans la communication, en particulier dans le discours, où il dénote le recours l'emphase afin d'insister sur certains mots[16].

Références

  1. Elizabeth Forbis, Municipal Virtues in the Roman Empire: The Evidence of Italian Honorary Inscriptions, Stuutgart, Walter de Gruyter, , 94 p. (ISBN 3519076284)
  2. John C. Shields, The American Aeneas: Classical Origins of the American Self, Knoxville, TN, University of Tennessee Press, , 166 p. (ISBN 1-57233-132-1)
  3. (en) Apuzzo et Michael, « Gravitas, Severitas, Veritas, Virtus », Neurosurgery, vol. 59, no 2, , p. 219 (DOI 10.1227/00006123-200608000-00001)
  4. Lawrence S. Cunningham, John J. Reich et Lois Fichner-Rathus, Culture and Values: A Survey of the Humanities, Volume I, Boston, MA, Wadsworth, , 117 p. (ISBN 978-1-133-95244-2)
  5. Brian Harding, Augustine and Roman Virtue, London, Continuum International Publishing Group, , 94 p. (ISBN 9781847062857)
  6. (en) Paul Chrystal, How to be a Roman: A Day in the Life of a Roman Family, Amberley Publishing, (ISBN 9781445665658, lire en ligne)
  7. Bernard Mineo, A Companion to Livy, Malden, MA, John Wiley & Sons, , 132 p. (ISBN 978-1-118-30128-9)
  8. (en) Hingley, « The 'legacy' of Rome: the rise, decline, and fall of the theory of Romanization », Roman Imperialism : Post-colonial Perspectives, Webster, J.; Cooper, N., leicester Archaeology Monographs no 3, , p. 37 (ISBN 0951037765, lire en ligne) :
    « The men of the ruling upper and upper-middle classes were educated in a public school system where Classical language and literature formed basic elements of the curriculum. Greek and Roman concepts, in particular the significant Roman concept of gravitas, played a fundamental role in the formation of the character of the English gentleman (Mason 1982, 22). »
  9. (en) Philip Mason, The English Gentleman: The Rise and Fall of an Ideal, (lire en ligne), 22
  10. Carlin A. Barton, The Sorrows of the Ancient Romans: The Gladiator and the Monster, Princeton, NJ, Princeton University Press, , 187 p. (ISBN 0-691-01091-9)
  11. Meyer Reinhold, Studies in Classical History and Society, Oxford, Oxford University Press, , 64 p. (ISBN 0195145437)
  12. Richard Hingley, Roman Officers and English Gentlemen: The Imperial Origins of Roman Archaeology, London, Routledge, , 102 p. (ISBN 978-0415235792)
  13. Malcolm Tozer, Education in Manliness: The Legacy of Thring's Uppingham, Oxon, Routledge, (ISBN 978-1-351-06592-4)
  14. Steven Patterson, The Cult of Imperial Honor in British India, New York, Palgrave Macmillan, , 146 p. (ISBN 9781349377459)
  15. (en) Sarah Winterton, The Wintertons Unmuzzled: The Life & Times of Nick & Ann Winterton, Two Westminster Mavericks, Biteback Publishing, (ISBN 978-1-78590-207-9, lire en ligne)
  16. Caroline Goyder, Gravitas: Communicate with Confidence, Influence and Authority, London, Vermilion, , 99 p. (ISBN 9780091954956)
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