Gros tournois

Le gros tournois[1], ou gros de saint Louis[2],[3], est une ancienne pièce de monnaie d'argent[1] française, créée par saint Louis par l'ordonnance du [4].

Pour l’article homonyme, voir Gros.

Gros tournois de 1266 mentionnant Ludovicus Rex (avers).

Description

Le gros tournois était légalement taillé à 58 au marc de Paris d'argent-le-roi (58 pièces de monnaie dans 244,752 9 g d'argent à 23/24e, soit 958,33 ).

Au sortir des ateliers, le gros d'argent pèse 4,22 grammes d'argent à 23 carat ou 4,044 grammes d'argent pur, et vaut 1 sou, soit 12 deniers tournois ou 1/20 de livre tournois (équivalence de l'époque : 1 livre = 20 sous = 20 gros tournois = 240 deniers, donc 1 sou = 12 deniers). Au fil des décennies, le poids tombe en dessous de 4 g.

Au droit, à l'avers, on trouve la croix pattée entourée, en latin, de la titulature du roi et d'une légende gravée sur le bord extérieur, en abrégé : BNDICTV:SIT:NOME:DNI:NRI:DEI:IHV:XPI, soit « béni soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ », qui est un extrait du Psaume 112, 2.

Au revers, on trouve l'inscription latine TVRONVS CIVIS, soit « cité de Tours », avec au centre la représentation stylisé du châtel tournois, le tout entouré d'une bordure de douze fleurs de lys[5].

Histoire

Le gros d'argent est créé après la Septième croisade (1248-1254), après que saint Louis a découvert le système monétaire arabe. Lors du même mouvement de réforme, il crée aussi les premières émissions d'or du royaume, les écus d'or, mais ceux-ci en nombre très limité, dans un but purement politique.

Le denier parisis et l'écu d'or sont des échecs, et le très petit nombre de ces pièces qui ont été conservées en témoigne. En revanche le gros tournois est une très grande réussite non seulement en France, mais sur le marché international. Son succès de longue durée se poursuivra au XIVe siècle, même au temps des grands troubles monétaires[6]. Il se situe avec bonheur dans un créneau monétaire correspondant à d'importants besoins[7].

Les gros tournois, eux, sont fabriqués en abondance pour s'intégrer dans le système monétaire complexe de l'époque.

Ils font partie des monnaies les plus imitées au Moyen Âge, tant par les seigneurs laïques que par les évêques ou abbayes. Leur frappe se prolonge jusqu'à la fin du Moyen Âge.

Le gros tournois disparaît au XVIe siècle, remplacé par le teston[1].

Notes et références

  1. Jean Dérens, « Gros, monnaie » [html], sur universalis.fr, Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  2. Marc Bloch, « Mutations monétaires dans l'ancienne France : première partie », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 8e année, no 2, , p. 145-158 (DOI 10.3406/ahess.1953.2156, lire en ligne [fac-similé], consulté le ), p. 149 (consulté le 15 mai 2016).
  3. Gérard Sivery, L'Économie du royaume de France au siècle de saint Louis : vers - vers (monographie), Lille, Presses universitaires de Lille (publié avec le concours du Centre national des lettres), coll. « Histoire », (1re éd.), 339-4 p., 16 × 24 cm (ISBN 2-85939-232-7 et 978-2-85939-232-1, OCLC 299415796, BNF 34754501), p. 98 [lire en ligne (page consultée le 15 mai 2016)].
  4. Jacques Le Goff, Le Moyen Âge et l'argent : essai d'anthropologie historique (monographie), Paris, Perrin, coll. « Pour l'histoire », (1re éd.) [ (2d tirage)], 244 p., 21 cm (ISBN 2-262-03260-2 et 978-2-262-03260-9, OCLC 690814077, BNF 42165315, présentation en ligne) [aperçu (page consultée le 15 mai 2016)].
  5. « Note sur l'origine du gros tournois », par Adrien Blanchet, in: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1901, 45-2, pp. 258-262 — sur Persée.
  6. Mutations monétaires dans l'ancienne France (Seconde partie). Marc Bloch. Annales : Année 1953/8-4, p. 433-456. Persée (portail).
  7. Saint Louis, Jacques Le Goff, § La « bonne » monnaie, p. 288.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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