Groupe Zéro
Le Groupe Zéro était un groupe de résistants belges durant la Seconde Guerre mondiale. Il était l'une des composantes de l'Armée Réorganisée (A.R.) et un des groupes de Jacques Storck de la section action « Porthos » du Commandant Eglem, Réseau Les Trois Mousquetaires[1]. Son chef, Louis Everaert, accordeur de pianos, était atteint de cécité. Le secteur couvert par ce groupe était celui de Laeken.
Pour les articles homonymes, voir Groupe Zéro.
Groupe Zéro | |
Dissolution | 1945 |
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Pays | Belgique |
Type | Réseau de résistance armée |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Commandant historique | Louis Everaert |
Historique
La résistance organisée par de petits groupes est mal connue, car ceux-ci ne laissaient que peu de traces écrites de leurs actions.
C'était un impératif pour leur propre sécurité et celle de leurs proches. Pas plus de paroles que d'écrits laissés derrière eux sauf à leur chef de secteur. Certains résistants jouaient sur les deux tableaux ; de résistants ils devenaient collabos, et à nouveau résistants. D'autres groupes étaient aussi infiltrés par des agents locaux travaillant pour les Allemands, en créant beaucoup de pertes. Au début, ils étaient éparpillés selon leurs croyances religieuses, politiques, leur situation personnelle... mais la naissance de l'armée réorganisée en Armée secrète y mit bon ordre.
La résistance fut donc organisée comme suit :
- Armée Réorganisée (AR) ↔ l’État Major ↔ Zones I à V ↔ Secteurs ↔ Groupes
Pour le groupe Zéro, la hiérarchie s'établissait donc comme suit :
- A.R. ↔ l’État Major ↔ Zones IV ↔ Secteur Ouest ↔ Réseau 3M ↔ Section Porthos ↔ Groupe du secteur de Laeken dit « Groupe Zéro ».
Chaque élément n'entrant pas en contact avec les cellules parallèles, ils respectaient la hiérarchie verticale, sauf en cas d'opérations communes.
Groupe Zéro de Louis Everaert, 1941-1943
Le Groupe Zéro de Louis Everaert était un groupe de résistants belges durant la Seconde Guerre mondiale. Cet homme est né rejeté par ses parents, frères et sœurs y compris. Ce n'est qu'après-guerre qu'ils osèrent se targuer d'être son frère, sa sœur ou ses parents. Lui il était pauvre, seul, handicapé et se sentant inutile. Grâce à la guerre, il trouvera sa voie dans l'ombre de la résistance. Car l'ombre, il connaissait.
Avant que la guerre ne débute, il était accordeur de piano et donnait des leçons de musique pour survivre. Lorsque la guerre débuta, Louis Everaert et Jacques Storck jetèrent à deux les bases du « Groupe(A.S.) Laeken », dit « Groupe Zéro ». Parce qu’il était aveugle, Louis Everaert fut choisi comme chef du Groupe Zéro, cellule locale de Laeken composée de quatre membres connus, intégrée au sein de l’armée réorganisée (A.R) Groupe Zéro, aussi nommé Groupe du secteur de Laeken[2].
Il habitait 34 rue Jan Bollen à Laeken, pas loin de Marie Mestdag. Elle rejoignit son groupe très rapidement, car elle avait hérité l’esprit patriotique de sa famille et de son défunt mari mort en 1939 des suites des séquelles laissées par le tristement connu : gaz moutarde de la première guerre. Elle aidait Louis en prêtant son salon pour les réunions de groupe de résistants de Laeken. Tous les enfants devaient rester à l’arrière de la maison et il leur était interdit de voir les arrivants. Seules Marie Mestdag et Liza[Qui ?] accueillaient les participants.
Habitant Laeken, près de la caserne de la drève St Anne où les Allemands s'étaient installés, il y avait sans doute beaucoup d'informations à collecter, arrivées de convois, mouvements de troupes, installations de défense antiaériennes, etc. Il est certain que ce fut une des activités du Groupe Zéro. Louis transmettait ces renseignements à divers contacts souvent au café "Mondial" du 167 rue Stéphanie [3].
Marie Mestdag s’occupait de logistique, rapportant des armes et les livrant à leurs destinataires, elle s’occupait aussi de rapatriement ou de trouver des abris sûrs dans le maquis pour des fugitifs recherchés par la Gestapo. Elle en cacha d'autres à travers la Belgique, distribuant ainsi de fausses cartes d'identité, de travail, de faux documents, des armes et des plans... Elle distribuait, comme les autres membres du groupe, des journaux clandestins tels La Libre Belgique, La Voix des Belges...
Louis Everaert cachait chez lui, des armes (qu'il montait et réglait), des plans, mais aussi des gens fuyant le STO, des juifs, des réfractaires tous ceux que la Gestapo ne parvenait pas à appréhender. C'était la mission que s'était fixé le groupe, en plus de tous les faux documents, cartes de travail, cartes d'identité, certificats divers. Des activités similaires à celles de la Ligne Comète (Réseau Comète) dirigée par la très célèbre Andrée De Jongh (1916-2007), seule femme arrivée à un aussi haut poste au sein de la résistance, qui fut la fondatrice de la Ligne Comète, réseau belge d'exfiltration des pilotes alliés tombés en territoire ennemi. Souvent infiltrés par des agents ennemis, ils eurent de lourdes pertes.
Une rafle de la Gestapo s’annonçait car des policiers en civil le filaient de plus en plus souvent. Il cacha, tout son arsenal chez Marie Mestdag, heureusement à temps, car un peu plus tard, la Gestapo fouilla le domicile de Louis Everaert et n’y trouva rien. Même pas le fuyard qui se cachait allongé dans la corniche du toit et qui échappa ainsi à l’œil inquisiteur du soldat allemand qui scrutait le toit à partir de la tabatière.
Mais un grand malheur s'abattit sur le groupe. Deux de leurs meilleurs éléments furent arrêtés par la Gestapo : Julien Kemel et Jacques Storck. Ils furent emmenés au Fort de Breendonk, le camp de la honte pour les Belges, pour y être fusillés. C'était le , lors d'une mission avec une vingtaine de patriotes (une réunion avec divers chefs de groupes et notamment avec des délégués du 2e Bureau Français), tombés dans un guet-apens à la suite de la dénonciation d'un traître belge (qui sera reconnu comme tel et condamné à mort)[4], certains arrivèrent à s’enfuir après une fusillade dans laquelle Jean Haesaert fut tué… mais le reste du groupe fut cerné et arrêté[5]. L’objectif éventuel de cette mission était la destruction, le sabotage de chars allemands (pas encore confirmé). De leur côté, Louis Everaert et Edmond Messian poursuivirent leurs actions plus durement mais plus prudemment. Mais la Gestapo les filait encore davantage.
Edmond Messian disparut. Quelques jours plus tard, ils arrêtèrent Louis Everaert le . Ils l’amenèrent aussi à Breendonk et l'exécutèrent le , malgré toutes les tortures et interrogatoires coutumiers des SS, il ne dit rien, ne dénonça personne. On l'a dit fusillé dans les journaux de ce temps bien souvent contrôlés par les allemands, mais au sein de la population on le disait décapité. Sanction bien plus cruelle encore. Mais tous les documents mêmes ceux de la résistance penchent pour la première fin. Marcel Trido aura ces lignes pour lui dans son livre : « Dans la file des suppliciés du , il venait le dernier,les mains liées. Aveugle et toujours porteur de lunettes noires, il était guidé, dans la direction des camarades qui le précédaient dans cette ultime étape, par un Boche. Louis avait une cigarette aux lèvres... Il suivait le chemin le conduisant à la mort avec un stoïcisme admirable. D'autres que moi le suivaient des yeux; ils peuvent aussi affirmer que sa cigarette ne tremblait pas »[6]. C'était le groupe Zéro qui fut décapité. Il y a une tombe au tir national avec un nom : « Louis Everaert ». À la libération, Marie Mestdag reçut un chien des soldats anglais qui libéraient Bruxelles, leur mascotte. Elle l'appela Zéro et par la suite, tous ses chiens porteront ce nom.
C'est ainsi que Groupe Zéro dut mettre un terme à son activité, faute de membres, d'armes, et surtout faute d'un chef comme Louis Everaert.
Le Groupe Zéro
Groupe Zéro : et ses membres fondateurs
- Louis Everaert : chef du Groupe Zéro, (mort fusillé à Breendonk, le )
- Marie Mestdag : logistique. Faux papiers, veuve et mère de huit jeunes enfants, de 3 à 20 ans environ
- Julien Kemel : instituteur, chef des groupes de combats à Bruxelles entre 1941-1942, (mort fusillé à Breendonk, le )
- Jacques Storck : officier, agent de liaison avec l’État Major, (mort fusillé à Breendonk, le , le même jour que Louis)
- Louis, Julien et Jacques ont tous les trois été inhumés au Tir National à Schaerbeek, Enclos des fusillés
- Fin 1944, les parents de Jacques ont réinhumé le corps de leur fils au cimetière de Laeken[7].
Autres résistants proches du groupe Zéro
- Edmond Messian : d'abord mis par Marie Mestdag au maquis pendant neuf mois, il devint résistant en appuyant Louis Everaert
- Mlle De Jongh : au début de la guerre, elle était devenue assez intime avec Marie Mestdag pour lui présenter un jour Jacques Storck qui était rentré au pays après une tentative de gagner l’Angleterre soldée par deux morts parmi ses sept camarades (frontière espagnole). C’est à lui que Marie Mestdag remis un jour, la première arme du groupe : le revolver de son défunt mari.
Quelques témoins directs sauvés par le groupe Zéro
Cachés chez Marie parfois au péril de sa vie. (Sur base d'un document manuscrit d'après guerre de la résistance)
- Joseph Franck de Waremme : réfractaire de l'A.B. caché chez elle un an
- Henri de Schrijver : commissaire adjoint de la police de Jette, recherché par les allemands et que sa fille Liza conduit à Fournières
- Léon Haes : militaire de carrière échappa au STO, 20 mois de maquis
- René Arnaud : échappa au STO, 16 mois en Campine
Photos
- Lettre de l'AS[8]
- Tombe de Louis Everaert
- Tombe de Julien Kemel
- Tombe de Jacques Storck
Sources bibliographiques
- L’armée réorganisée (A.R) est composée de nombreux groupes dont le « Groupe du secteur de Laeken » dit « Groupe Zéro ». Voir aussi Résistance intérieure belge
- Sources bibliographiques de la résistance, un courrier : Parcours de Marie Mestdag ici dénommé rapport de la résistance
- Sources bibliographiques de Marie Mestdag : un des écrits laissés par Marie Mestdag, en flamand d'époque
- Sources bibliographiques : un document rapportant les nombreux échanges entre Marie Mestdag et sa petite-fille
- Sources bibliographiques de la résistance : lettre traitant de la requête de « reconnaissance de son statut de résistante et distinctions »
- Sources bibliographiques : Livre d’Or de la Résistance Belge Éditions Leclercq, Bruxelles, 1948, page 147
- Sources bibliographiques : livre de Patrick NEFORS, Breendonk 1940-1945, Éditions Racine, Bruxelles, 2005,
Articles connexes
Liens externes
Références
- Livre d'Or de la Résistance Belge, Éditions Leclercq, Bruxelles 1948
- l’armée réorganisée (A.R), Groupe du secteur de Laeken.
- Dossier A.S.
- Direction générale Victimes de la Guerre DS Jacques Storck
- Livre d'Or de la Résistance Belge, Éditions Leclercq, Bruxelles 1948 p. 147, C'était le 9 octobre 1942, lors d'une mission avec une vingtaine de patriotes, tout le groupe fut cerné et arrêté.
- Victor Trido, BREENDONCK, Le camp du silence, de la mort et du crime Édition J. Duipuis & Fils, Charleroi-Paris, 1944
- Régistres du Cimetière de Laeken Concession B/652
- Lettre de AS, Demande de reconnaissance de son statut de résistante
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