Guelwar
Guelwar (avec nombreuses variantes orthographiques : Guélowar, Gelwar, etc.), a été la dernière dynastie maternelle des royaumes sérères du Sine et du Saloum (en Sénégambie, mais principalement dans l'ouest du territoire de l'actuel Sénégal). Ils étaient d'origine mandingue et descendaient de lignées maternelles mandingues et de lignées paternelles sérères, et étaient intégrés à la noblesse sérère. La dynastie a duré du milieu du XIVe siècle à 1969 (année des décès du roi du Sine et du roi du Saloum)[1],[2],[3],[4],[5].
Pays |
Royaume du Sine Royaume du Saloum Sénégal Gambie Également fourni des rois héritiers au trône du: Djolof, Cayor et du Baol |
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Lignée |
Mansa Bala Diakha et Maisata Yembe Kame Guélaware (roi et reine d'une province au Kaabu) Mansa Tiramakan Traoré (du Mali) |
Titres |
Maad a Sinig (Maad Sine) Maad Saloum Bour |
Chef actuel | ` |
Fondation |
Maad a Sinig Maysa Wali Jaxateh Manneh (premier roi Guelwar du pays Sérère) (Régnait: 1350) Précédé par les dynasties Sérères paternel, et le Wagadou dynastie maternelle |
Déposition |
Maad a Sinig Mahecor Diouf (Roi du Sine, Sénégal. Mort: 1969) Maad Saloum Fodé N'Gouye Diouf (Roi du Saloum, Sénégal. Mort: 1969) |
Dissolution | Indépendance du Sénégal (1960) |
Ethnicité |
Africains Sénégambiens Sérères |
Histoire
Origine
La famille Guelwar est originaire du Kaabu (aujourd'hui en Guinée-Bissau) dans le XIVe siècle. Leur tradition orale dit qu' ils descendaient de Tiramakan Traoré (XIIIe siècle), le cousin et général de Soundiata Keita, Mansa du Mali, qui avait conquis le peuple Baïnouk et tué le dernier Grand roi Bainouk (Kikikor), et rebaptisé le pays Kaabu au XIIIe siècle avant sa mort en 1265. Il fut l'un des plus importants Mansa du Kaabu. La tradition orale dit aussi que les Guelwars descendent des suites de Mansa Bala Diakha et Maisata Yembe Kame Guélaware (roi et reine d'une province au Kaabu). D'autres sources indiquent qu'ils descendent de la branche royale de la princesse Tenemba. Les Mandingues, qui ont conquis le Kaabu, se marièrent dans les familles nobles Bainouk, et ont délaissé progressivement leur nom de famille et adopté des patronymes bainouks[6].
Kaabu était gouverné par la noblesse clanique des "Sanneh" et des "Manneh" (Sane et Mane - patronymes Bainouk et Diola d'origine [et non pas Mandingue]), et par la noblesse maternelle Ñaanco et Guelwar. Cependant, presque tous les rois du Kaabu descendaient du clan maternel Ñaanco. Le clan Guelwar était si proche et fortement brassé au clan maternel royal Ñaanco qu'il formula des prétentions au trône[6].
La bataille de Troubang et leur arrivée aux Royaumes Sérères
La bataille de Troubang 1335 (de nombreuses variantes dans l'orthographe: Turubang, etc.) fut une guerre dynastique entre la dynastie maternelle Ñaanco du Kaabu et la dynastie Guelwar maternelle du Kaabu. Cette guerre eut lieu au Kaabu[7]. Dans la langue mandingue, Troubang s'entend comme moyens pour éliminer un clan ou une famille (épuration ethnique). Le clan Ñaanco au pouvoir défit la famille clanique des Guelwars qui redescendirent au royaume sérère du Sine où, auprés du Conseil Sérère lamanique le Grand Conseil des Lamanes ils trouvèrent asile. Le Grand Conseil des Lamanes regroupait en son sein les dirigeants territoriaux et les grandes figures du foncier. Les membres de ce Grand Conseil portaient les patronymes sérères Sarr, Sène, Diouf, Ngom, etc.[6],[8],[9] Le Conseil a été la plus haute juridiction du pays sérère, équivalent à une cour d'appel[9]. Le bon accueil d'après défaite à Troubang, de la famille guelwar de Maysa Wali Jaxateh Manneh, communément appelé Maïssa Waly Dione (de nombreuses variantes dans l'orthographe) en terre du Sine, a valu à son chef l'honneur de compter parmi les conseillers juridiques pendant 15 ans, au bout desquels il gagna la confiance de la noblesse sérère et de sa population en général. Il a été nominé et couronné roi du Sine autour de 1350, faisant de lui le premier Guelwar à régner dans le royaume sérère du Sine. Il a donné ses sœurs et nièces en mariage à des nobles Sérères. De cette union scellée dans le sang entre Sérères - Guelwar se succéderont matrilinéairement les rois sur les trônes du Sine[10],[7].
Il était estimé que le Guelwar mandingue du Kaabu avait conquis les Sérères et les avait subjugués. Cette hypothèse a été contestée et réfutée par la tradition orale sérère qui ne retient aucune conquête militaire, mais une union fondée sur le mariage. Du mariage entre le clan noble maternel guelwar et le clan paternel noble sérère descendrait classe Lamanic Sérère. Presque tous les rois du Sine et du Saloum portent des patronymes mandingues tout autant que la langue, la culture, la religion et la tradition qui ont prévalu dans le Sine et le Saloum ne furent jamais mandingues. Le propre aux Guelwars s'était simplement dissout dans la culture Sérère et n'a jamais plus paru nuancé de tout ce qui se sait typiquement sérère[10],[7].
Les cultures Sérère et Wolof Wolof spatio-temporellement dans le Sine et le Saloum, convainquent que dans le Saloum à prédominance sérère les populations wolof et non sérères sont venues d'ailleurs et qu'ethniquement, les Royaumes du Sine et du Saloum, quoique présentement mitigées, étaient sérères[11],[12].
Rois Sénégambie du clan Guelwar maternelle
Quelques-uns des rois Sénégambie appartenant au clan Guelwar maternelle. Maad signifie « roi » en sérère. Maad a Sinig et du Maad Saloum signifie le roi du Sine et le roi du Saloum respectivement. Leur existe de nombreuses variantes dans l'orthographe de Maad. Parfois orthographié Mad, etc. Il est également parfois utilisé de manière interchangeable pour désigner les rois Sérères ancienne, la classe Lamane qui étaient les rois et la noblesse terrienne[13].
Royaume du Sine
- Maad a Sinig Waagaan Tenin Jom Faye[13]
- Waagaan Kumbasaanjaan Faye[13]
- Laasuk Fanaan Faye[13]
- Maad a Sinig Sanmoon Faye[13]
- Maad a Sinig Niokhobaye Mane Niane Diouf[14]
- Maad a Sinig Guédiopal Mane Niane Diouf[14]
- Maad a Sinig Coumba Ndoffène Famak Diouf, roi du Sine (Règne: 1853 - 1871)
- Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp Diouf, roi du Sine (Règne: 1898 - 1924)
- Maad a Sinig M'Backé Kodu N'Diaye (M'Backé Mak), roi du Sine (Règne: 1884 - 1885)[15]
Royaume du Saloum
- Maad Saloum Mbegan Ndour, roi du Saloum (Règne: 1493)[16]
- Maad Saloum Maléotane Diouf roi du Saloum (Règne: 1567)[16]
- Maad Saloum Ballé N'Gougou N'Dao (Ballé Khordia Ndao), roi du Saloum (Règne: 1825 - 1853)[15]
- Maad Saloum Bala Adam N'Diaye, roi du Saloum (Règne: 1853 - 1856)[15]
- Maad Saloum Coumba N'Dama Mbodj, roi du Saloum (Règne: 1856 - 1859)[15]
- Maad Saloum Samba Laobé Latsouka Sira Diogop Fall, roi du Saloum (Règne: 1859 - 1864)[15]
Royaume du Cayor et du Baol
Royaume du Djolof
- Bourba Mbagne Paaté Coumba N'Gouye Diouf Ndiaye - (Mbagne Pateh Penda Kumba Ngouille Joof Njie) roi du Djolof (Règne: 1846). Tué à la bataille de Diakhabour (1846)[18],[13].
- Bourba Birame Penda Coumba N'Gouye Diouf Ndiaye - (Biram Penda Kumba Ngouille Joof Njie), roi du Djolof (Règne: 1846). Assassiné en 1846[18],[13].
Reste de la Sénégambie
Les trois principaux clans de l'Guelwar
Autour du XVIIe siècle, il y avait trois principales branches du clan Guelwar maternelle. Ils ont été fondées par trois sœurs. Ils ont été Lingueres (reines ou princesses) dont les noms sont utilisés pour faire référence à leurs descendants maternels. Ils comprennent:
- 1. Le clan Keve Bigui
- 2. Le clan Khoredia Bigui
- 3. Le clan Diogop Bigui
Les princes qui ont appartenu à ces trois clans maternels avaient lieu plusieurs guerres en Sénégambie en vue d'assurer la succession de leur branche maternelle. Surtout les princes appartenant à Keve Bigui et Diogop Bigui[19].
Notes et références
- Sarr, Alioune, "Histoire du Sine-Saloum (Sénégal)." Introduction, bibliographie et notes par Charles Becker. Version légèrement remaniée par rapport à celle qui est parue en 1986-87. p21
- Guy Thilmans, Cyr Descamps, Abdoulaye Camara, Senegalia, études sur le patrimoine ouest-africain : hommage à Guy Thilmans, Sépia (2006). (ISBN 2842801229). pp 220-221
- Martin A. Klein. Islam and Imperialism in Senegal Sine-Saloum, 1847-1914, Edinburgh University Press (1968). p XV
- Michael J. Sheridan, Celia Nyamweru. African sacred groves: ecological dynamics & social change. James Currey, 2008. (ISBN 0821417894). p 141
- Parcours littéraires francophones
- Ngom, Biram: " La question Gelwaar et l’histoire du Siin, Dakar, Université de Dakar, 1987 "
- Sarr, Alioune: "Histoire du Sine-Saloum (Sénégal) . Introduction, bibliographie et notes par Charles Becker. Version légèrement remaniée par rapport à celle qui est parue en 1986-87. p. 19"
- (en) Galvan, Dennis Charles, The State Must Be Our Master of Fire: How Peasants Craft Culturally Sustainable Development in Senegal. Berkeley, University of California Press, 2004. (ISBN 9780520235915). p. 2-281
- Ndiaye,Fata. La Saga du peuple Serere et L'Histoire du Sine. Ethiopiques no 54 revue semestrielle de culture négro-africaine Nouvelle série volume 7 2e semestre 1991
- Ngom, Biram (Babacar Sédikh Diouf): " La question Gelwaar et l’histoire du Siin, Dakar, Université de Dakar, 1987, p 69"
- Klein, Martin A: " Islam and Imperialism in Senegal Sine-Saloum, 1847-1914." Edinburgh University Press (1968), p 7
- ,Diange, Pathé. Les Royaumes Sérères, Présence Africaines, No. 54. (1965). p. 142-172
- Ndiaye,Fata: " La Saga du peuple Serere et L'Histoire du Sine. Ethiopiques n°54 revue semestrielle de culture négro-africaine Nouvelle série volume 7 2e semestre 1991
- Niokhobaye Diouf: " Chronique du royaume du Sine. suivie de Notes sur les traditions orales et les sources écrites concernant le royaume du Sine. p. 712-733
- Klein, Martin A: " Islam and Imperialism in Senegal Sine-Saloum, 1847-1914." Edinburgh University Press (1968), p XV"
- Ba, Abdou Bouri. Essai sur l’histoire du Saloum et du Rip. Avant-propos par Charles Becker et Victor Martin. Publié dans le Bulletin de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire. pp 10-27
- Klein, Martin A: "Islam and Imperialism in Senegal Sine-Saloum, 1847-1914." Edinburgh University Press (1968), pp 74-77
- Leyti, Oumar Ndiaye. "Le Djoloff et ses Bourba". (1966)
- Klein, Martin A: "Islam and Imperialism in Senegal Sine-Saloum, 1847-1914." Edinburgh University Press (1968), pp 45, 75, 105, 157, 173
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- A. S. Diop, « L'impact de la civilisation manding au Sénégal. La genèse de la royauté gelwar au Siin et au Saalum », Bulletin de l'IFAN, série B, 1978, vol. 40, n° 4, p. 689-707
- Gabriel Gosselin, « Ordres, castes et États en pays Sérèr (Sénégal) : Essai d'interprétation d'un système politique en transition », Canadian Journal of African Studies/Revue canadienne des études africaines, vol. 8, n° 1, 1974, p. 135-143
- Henry Gravrand, La Civilisation sereer (tome 1 : Cosaan = Les origines), Nouvelles éditions africaines, 1983, 361 p. (ISBN 2723608778)
- Lilyan Kesteloot, « La problématique des épopées africaines », Neohelicon, vol. 16, n° 2, , p. 247-264
- Biram Ngom, La question gelwaar et l’histoire du Siin, Université de Dakar, Dakar, 1987, 69 p. (Diplôme d’Études Approfondies)
Filmographie
- Guelwaar, un film d'Ousmane Sembène (1992)
Liens externes
- « À la découverte de la civilisation sereer avec le R. P. Gravrand » (article de Papa Massène Sène dans Éthiopiques, n° 39, 4e trimestre 1984, nouvelle série, volume II, n° 4)
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