Guerre ougando-tanzanienne
La guerre ougando-tanzanienne, appelée en Ouganda guerre de Libération, est un conflit militaire qui se déroula entre 1978 et 1979, principalement en Ouganda, entre ce pays, la Tanzanie et des factions rebelles. Ce conflit déboucha sur la chute du régime du président ougandais Idi Amin Dada.
Date | 1978-1979 |
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Lieu | Ouganda |
Casus belli | Annexion ougandaise d'une partie de la région de Kagera[1] |
Issue | Victoire tanzanienne et chute du régime ougandais d'Idi Amin Dada |
Tanzanie Armée de libération nationale en Ouganda | Ouganda Jamahiriya arabe libyenne OLP |
Julius Nyerere Abdallah Twalipo Tumainiel Kiwelu Tito Okello Yoweri Museveni David Oyite-Ojok (en) | Idi Amin Dada Mouammar Kadhafi |
100 000 soldats 6 000 hommes | 70 000 soldats 3 000 soldats 200 hommes |
Événements déclencheurs
En 1978, dans un contexte de mécontentement croissant à l'égard du président ougandais Idi Amin Dada, certaines unités de son armée se mutinent. Elles traversent la frontière avec la Tanzanie et rejoignent le Front de libération nationale de l'Ouganda (en anglais : Uganda National Liberation Front, UNLF), formé quelques années auparavant par d’autres exilés ougandais opposés au régime d’Idi Amin Dada. En , ce dernier envoie des troupes pour combattre les mutins et le , accusant le président tanzanien Julius Nyerere de les financer, tente d’envahir la Tanzanie et annexe formellement une section de la région de Kagera, le long de la frontière. Ce territoire d'environ 1 800 km2, nommé saillant de la Kagera, constituait une pomme de discorde ancienne entre les deux pays.
Combats
Julius Nyerere mobilise alors les Forces de défense du peuple de Tanzanie et lance une contre-offensive afin de repousser cette invasion. En quelques semaines, l’armée tanzanienne passe d'un peu moins de 40 000 soldats à 100 000 unités incluant des membres de la police, des gardiens de prison, des réservistes et des miliciens. Plusieurs groupes d'Ougandais opposés à Idi Amin Dada, réunis en une Armée de libération nationale de l’Ouganda (en anglais : Uganda National Liberation Army, UNLA) à la conférence de Moshi, s'allient à l'occasion à l'armée tanzanienne. Ces groupes rebelles unifiés sont alors commandés par Tito Okello et David Oyite-Ojok (issus du Kikosi Maalum), Yoweri Museveni du FRONASA, ainsi que les dirigeants du Save Uganda Movement, Akena p'Ojok, William Omaria et Ateker Ejalu.
L'armée tanzanienne fait notamment l'acquisition auprès de l'Union soviétique d'un lanceur de roquettes BM Katioucha (connu en Ouganda sous le nom de saba saba) afin de bombarder les cibles ennemies situées en Ouganda[2]. Le saillant de la Kagera et la ville ougandaise de Mbarara sont rapidement capturés. L'armée ougandaise est largement débordée et se replie en désordre, sans oublier de piller les villes et villages. Amin obtient le soutien du président libyen Mouammar Kadhafi, qui était déjà intervenu en septembre 1972 lors d'une tentative de la rébellion de le chasser, et celui-ci envoie sur place 3 000 hommes des forces armées libyennes avec, entre autres, des bombardiers Tupolev Tu-22, dont un largua 20 bombes sur la ville tanzanienne de Mwanza le , mais manqua complètement sa cible[3]. Mais ceux-ci ne peuvent que ralentir les troupes tanzaniennes, tandis que les Ougandais se replient en emportant leur butin de guerre. Malgré ce renfort, l'armée tanzanienne et les rebelles ougandais rencontrent peu de résistance, envahissent l'Ouganda et prennent la capitale Kampala le , entraînant la fuite d'Idi Amin Dada, qui se réfugie en Libye, puis en Arabie saoudite jusqu'à sa mort en 2003.
Le régime renversé, l'armée tanzanienne reste en Ouganda dans le but de maintenir la paix pendant l'organisation d'élections organisées par l'UNLF, la branche politique de l'armée de libération nationale de l’Ouganda.
Conséquences
La chute du régime d'Idi Amin Dada en ne permet pas pour autant le rétablissement de la sécurité, les différents groupes rebelles luttant à leur tour pour la prise du pouvoir.
Yusuf Lule avait succédé à Amin Dada mais en , suivant une discorde sur l’étendue du pouvoir présidentiel, la Commission consultative nationale, l'organisme de la direction de l’UNLF, remplace Yusuf Lule par Godfrey Binaisa. Celui-ci est lui-même évincé le par la Commission militaire, un puissant organe de l’UNLF dirigé par Paulo Muwanga et dont l'adjoint est Yoweri Museveni.
Le pays est ensuite dirigé par la Commission présidentielle de l’Ouganda composée entre autres de Paulo Muwanga, Yoweri Museveni, Oyite Ojok et Tito Okello. Cette commission siège alors jusqu’aux élections générales de qui sont remportées par Milton Obote du Congrès du peuple de l’Ouganda. Mais les élections sont âprement contestées et Yoweri Museveni, arguant d'une fraude électorale, organise une rébellion armée contre le gouvernement de Milton Obote, plongeant le pays dans une guerre civile particulièrement meurtrière connue sous le nom de guerre de brousse en Ouganda.
Voir aussi
Notes et références
- Frédéric CALAS et Gérard PRUNIER, L'Ouganda contemporain, Broché, 3 mai 2000
- (en) « Fighting for Amin », The East African,
- (en) Tom Cooper, Farzad Bishop, Arthur Hubers, Ahmad Sadik, « Bombed by Blinders - Part 1 », sur ACIG, (consulté le )
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Uganda-Tanzania War » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Tanzania Civil-military Relations and Political Stability »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- (en) « Federal Research Division - Ouganda »
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