Guide noir
Les « Guides Noirs » sont de petits guides touristiques de Moscou et de Saint-Pétersbourg publiés par les Éditions Nemo, à Genève, entre 1998 et 2000.
Ne doit pas être confondu avec Claude Tchou.
Principe
Présentés comme des anti-guides faits pour des anti-touristes, ils affichent une liberté rédactionnelle proche de celle que l’on rencontre dans les publications anarcho-libertaires. Résolument alternatifs, ils n’offrent pas de mini-dictionnaire ou de glossaire linguistique, de plans détaillés, de visites guidées des musées ou des monuments prestigieux. Leur but est autre et c’est toute leur spécificité: donner seulement quelques adresses sélectionnées, souvent marginales, toujours originales.
L’impression des Guides Noirs est en négatif, c’est-à-dire en blanc dans des pages noires. Cela permettait à la fois d’économiser sur les frais d’impression tout en justifiant le titre de la collection. Par ailleurs, la couleur noire a toujours été revendiquée par le créateur et directeur de la publication, Mikhaïl Wadimovitch Ramseier, comme étant le signe de l’esprit anarchisant du projet, mais aussi pour les connotations artistiques (photo noir/blanc, dessin, encre de chine, etc.), de mode, de mouvement branché et à la fois d’un certain classicisme qu’évoquent le noir. Sur le plan rédactionnel, les Guides Noirs ont été écrits dans une version russe en premier lieu, puis traduits en anglais et en français. Les rédacteurs et les traducteurs ont été choisis parmi de jeunes Russes à l’esprit frondeur et leurs textes sont tous empreints d’humour, de liberté de style, visiblement sans concession et sans complaisance, ce qui est plutôt rare dans ce type d’ouvrages étant donné les accords publicitaires entre éditeurs, annonceurs et lieux cités. Les Guides Noirs ne contenaient pas de publicités, hormis pour quelques sociétés partenaires ou amies, ce qui leur laissait les coudées franches quant à l’objectivité de la rédaction.
Édition 1998
C’est en 1998 que fut publiée la première édition des Guides Noirs, pour Saint-Pétersbourg seulement, présentant alors les adresses par quartier et classées selon trois thèmes: «Acheter», «Manger» et «Sortir». Ils furent publiés en français, russe et anglais, dans des volumes séparés afin d’éviter la surcharge des publications bi ou trilingues, réputées difficiles d’accès. Le choix des lieux présentés et le ton de la rédaction affichaient l’ambition de la collection: aider le lecteur à aborder la ville par sa face cachée, offrir le complément indispensable aux ouvrages plus traditionnels, pour aider le lecteur à découvrir la Russie d’aujourd’hui, hors des sentiers battus. À cette époque, rares étaient les guides sur la Russie, alors fraîchement sortie du giron de l’URSS (1991), et la plupart d’entre eux restaient axés sur une présentation ultra classique faisant la part belle aux musées et autres hauts lieux culturels, alors que la nouvelle Russie commençait déjà à foisonner d’établissements originaux, à l’instar de toutes les grandes villes du globe, et peut-être plus encore en raison de sa toute récente ouverture. Les Guides Noirs invitaient à acheter des CD dans des boutiques branchées, à découvrir du miel de Sibérie vendu à la louche dans une petite boutique artisanale, ou encore à sortir dans des lieux alternatifs comme le squatt Pouchkine ou la Fish Fabrik. Les infos pratiques étaient aussi des plus précieuses, comme les horaires d’ouverture des ponts: il faut en effet savoir que Saint-Pétersbourg est une ville construite sur de nombreuses îles, reliées entre elles par des ponts, et que d’avril à novembre, ces ponts se relèvent durant la nuit pour laisser passer les bateaux qui circulent sur la Neva. Dès lors, il n’est pas rare de rester bloqué sur un quai, à devoir attendre la fermeture du pont pour rentrer chez soi! En connaître les horaires est donc indispensable à tout noctambule, particulièrement lors des fameuses nuits blanches…
Édition 2000
Pour leur seconde édition, les Guides Noirs renforcèrent leur contenu de Saint-Pétersbourg en ajoutant «Dormir» et «Se promener» aux trois premiers thèmes permettant de classer les adresses. Mais la grande différence avec la précédente parution fut la publication d’un guide sur Moscou, lui aussi proposé en trois langues. Pour les Guides Noirs, ce furent donc six ouvrages au total qui sortirent de presse. Tout comme Saint-Pétersbourg, Moscou était présentée comme une ville moderne, occidentale et en perpétuel mouvement. Une cité gigantesque qui, vu son nombre d’habitants, possède un nombre tout aussi important d’établissements en tous genres. Le propos du guide était donc d’aider le lecteur à s’y retrouver dans ce dédale de commerces. Si Pétersbourg était présentée par quartiers, Moscou fut divisée par ses stations de métro, un choix logique compte tenu du mode de vie des Moscovites, qui ont depuis longtemps renoncé à diviser leur ville en arrondissements, plutôt symboliques, et qui préfèrent s’orienter dans leur ville en fonction du plan du métro.
Bilan et projets
Diffusés principalement en Suisse et en Russie, les Guides Noirs furent très bien reçus par la presse, les professionnels du voyage et les lecteurs. Sur un plan commercial, les Guides Noirs furent un succès compte tenu de la vente de la quasi-totalité des stocks disponibles, mais ne permirent pas de dégager de bénéfice, condition sine qua non à la publication d’une troisième édition. En effet, pour que la collection perdure, il aurait fallu la traduire en d’autres langues et proposer quelques villes supplémentaires afin de séduire un grand diffuseur et d’assurer ainsi un succès plus populaire. Autant d’investissements que la petite maison d’édition genevoise ne pouvait se permettre. Ne trouvant pas le partenaire idéal pour continuer l’aventure, les éditeurs durent jeter l’éponge, malgré leurs idées d’éditions futures. Parmi celles-ci, on trouvait des guides en allemand, en espagnol et en italien, des thèmes enrichis, des villes russes et d’Europe de l’Est ajoutées au catalogue, une édition spécialement utile aux expatriés et autochtones, avec des thèmes comme: «Apprendre», «Travailler», «Habiter», «Se soigner», «Se meubler», «S’assurer», etc.
Fiche technique
- Les Guides Noirs, (ISSN 1422-5425)
- Rédacteur responsable et directeur de la publication : Mikhaïl W. Ramseier
- Rédaction originale : Nathalia R. Katayeva, Alexandre V. Fiodorov, Alexandre D. Loguinov
- Traductions et adaptations : Adrien F. Englert, Olga I. Englert, Ivan I. Grézine, Karen Olson, Andreï A. Raevsky, Anna V. Raevsky, Mikhaïl W. Ramseier
- Illustration de couverture : Pierre-Alain Bertola
- Réalisation PAO à Genève par les Éditions Nemo, impression en Belgique
- 1998 : édition française : Saint-Pétersbourg – Sortir, (ISBN 2-940038-24-4), 128 pages, format 100 x 145mm.
- 1998 : édition anglaise : Saint-Petersburg – Going out, (ISBN 2-940038-25-2), 128 pages, format 100 x 145mm.
- 1998 : édition russe : Санкт-Петербург – Развлечься, (ISBN 2-940038-26-0), 128 pages, format 100 x 145mm.
- 2000 : édition française : Saint-Pétersbourg, (ISBN 2-940038-29-5), 128 pages, format 100 x 145mm.
- 2000 : édition française : Moscou, (ISBN 2-940038-32-5), 128 pages, format 100 x 145mm.
- 2000 : édition anglaise : Saint-Petersburg, (ISBN 2-940038-30-9), 112 pages, format 100 x 145mm.
- 2000 : édition anglaise : Moscow, (ISBN 2-940038-33-3), 112 pages, format 100 x 145mm.
- 2000 : édition russe : Санкт-Петербург, (ISBN 2-940038-28-7), 128 pages, format 100 x 145mm.
- 2000 : édition russe : Москва, (ISBN 2-940038-31-7), 128 pages, format 100 x 145mm.