Guillaume d'Arques
Guillaume d'Arques ou Guillaume de Talou (avant 1026-après 1054) fut l'oncle de Guillaume le Conquérant contre lequel il se révolta. Après l'échec de la rébellion, il dut quitter le duché de Normandie.
Biographie
Fils du duc Richard II, il était donc l'oncle de Guillaume le Bâtard, le futur Conquérant. Profitant de la minorité de ce dernier, il dirige le duché avec d'autres Richardides : son frère Mauger de Rouen et ses cousins Raoul de Gacé et Richard d'Évreux.
Pendant cette période, plus précisément vers 1037, il reçoit le comté de Talou (augmenté d'Arques) dans le nord-est du duché. Selon le chroniqueur Guillaume de Poitiers, il est le constructeur du château d'Arques[1]. Une fois majeur, le duc reprend en main son État. Méfiant vis-à-vis de son oncle, il installe une garnison ducale dans le château d'Arques mais peu de temps après, les défenseurs ouvrent la forteresse à Guillaume d'Arques[2]. Toujours selon Guillaume de Poitiers, le comte y prépare une révolte. Les raisons de cette hostilité ne sont pas évidentes : Orderic Vital explique que le comte d'Arques et son frère Mauger reprochait au jeune duc sa bâtardise[3] tandis que l'historien Pierre Bauduin propose l'hypothèse d'une « divergence de fond sur la politique menée par le duc depuis 1049 »[4].
La révolte éclate au milieu de l'année 1053[5]. Guillaume le Bâtard se précipite à Arques où est réfugié le rebelle. Puis il laisse la conduite du siège à un fidèle, Gautier Ier Giffard et compte sur la faim pour réduire le château. Cette révolte est d'autant plus inquiétante pour le duc que Guillaume d'Arques reçoit le soutien de plusieurs seigneurs locaux, et surtout du roi de France Henri Ier et du comte de Ponthieu Enguerrand II. Le premier cherche à affaiblir le duc de Normandie tandis que le second est le beau-frère du rebelle. L'ampleur du danger explique peut-être la « damnatio memoriae » dont fait l'objet le comte d'Arques dans les récits des chroniqueurs normands[6].
Mais Henri et Enguerrand échouent à libérer le château de son blocus. Le comte de Ponthieu trouve même la mort dans un combat à quelques kilomètres. Pressé par la faim, Guillaume d'Arques se résigne à la reddition du château au début de l'année 1054. Le duc lui pardonne, lui offre même quelques terres normandes en échange de l'abandon de son comté mais le vaincu refuse. Il préfère s'exiler et se réfugier auprès d'Eustache, comte de Boulogne[7].
Le comté d'Arques/Talou disparaît ensuite. Guillaume d'Arques est donc le premier et l'unique comte de ce territoire.
Famille et descendance
- Parents : Richard II de Normandie et Papie (ou Papia), concubine à la manière danoise.
- Frère : Mauger, archevêque de Rouen, Demi-Frères : Richard III de Normandie et Robert le Magnifique .
- Épouse : une fille du comte Hugues II de Ponthieu. Son nom est inconnu.
- Enfants : au moins un fils du nom de Gautier. Une fille, Mahilde, mariée à Guillaume Ier de Tancarville, chambellan.
Notes et références
- Guillaume de Poitiers, Vie de Guillaume le Conquérant, éd. Guizot, Mancel, 1826, p.345 (traduction française de Gesta Guillelmi ducis Normannorum et regis Anglorum écrit vers 1073-1074)
- Guillaume de Poitiers, ibid, p. 346
- Orderic Vital, Histoire de Normandie, éd. Guizot, tome 3, Livre VII, 1826, p.200 (traduction française de Historia ecclesiastica terminée vers 1142)
- Pierre Bauduin, La Première Normandie (Xe – XIe siècles), Caen, Presses Universitaires de Caen, , 474 p. [détail des éditions] (ISBN 2-84133-145-8), p. 310.
- Pierre Bauduin, ibid, p.309
- Pierre Bauduin, idem.
- François Neveux, la Normandie des ducs aux rois (Xe – XIIe siècle), Rennes, Ouest-France, 1998, p.130
Voir aussi
Sources primaires
- Guillaume de Poitiers, Vie de Guillaume le Conquérant, éd. Guizot, Mancel, 1826, (traduction française de Gesta Guillelmi ducis Normannorum et regis Anglorum écrit vers 1073-1074)
Bibliographie
- Pierre Bauduin, La Première Normandie (Xe – XIe siècles), Caen, Presses Universitaires de Caen, , 474 p. [détail des éditions] (ISBN 2-84133-145-8)
- François Neveux, La Normandie des ducs aux rois, Xe – XIIe siècle, Rennes, Ouest-France, , 611 p. (ISBN 2-7373-0985-9, présentation en ligne).