Gula

Gula est la principale des déesses de la guérison en Mésopotamie antique. C'est donc la déesse des médecins. Elle est également appelée Ninkarrak et Ninisinna.

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Ne doit pas être confondu avec Gulas.

Gula

La déesse Gula accompagnée de son chien, sur cette stèle, kudurru, datée du règne de Marduk-apla-iddina (1179-1159 av. J.-C.). Musée du Louvre.
Caractéristiques
Autre(s) nom(s) Ninkarrak, Ninisinna
Fonction principale Déesse guérisseuse
Parèdre Pabilsag, Ninurta
Équivalent(s) par syncrétisme Bau
Culte
Région de culte Mésopotamie
Temple(s) Isin
Symboles
Animal Chien

Une déesse guérisseuse

Gula passe pour connaître les remèdes les plus appropriés pour les malades, les herbes médicinales, et les incantations servant à guérir. C'est notamment la patronne des spécialistes appelés asû (« médecin », « physicien » au sens vieilli), versés dans l'art de la confection des remèdes médicaux. Mais elle peut aussi avoir un rôle néfaste pour les impies et les parjures, en leur causant des maladies, et elle apparaît avec ce rôle dans des listes de malédictions de traités assyriens[1].

Son épithète la plus courante est asugallatu, qui signifie « grande doctoresse/guérisseuse », ou d'autres fois bēlet balaṭi, « Dame de la vie », ou asātu awīlūtu, « doctoresse de l'humanité » comme dans cet hymne néo-assyrien :

« Fille d'Anu, doctoresse de l'humanité,

ô épouse, ô imposante, ô guerrière,

Pour les dieux je veux rendre suprême ton nom ;

Gula, doctoresse de l'humanité,

ô épouse, ô imposante, ô guerrière,

Pour les dieux je veux rendre suprême [ton nom]. »

 Hymne à Gula, traduction de M.-J. Seux[2].

Du point de vue de la généalogie divine, elle était vue comme la fille du dieu du Ciel, An. Elle était présentée comme la parèdre de divinités guerrières, Pabilsag, mais aussi Ninurta ou Ningirsu. Elle avait deux fils, dieux-guerriseurs eux aussi, Ninazu et Dabu. Par syncrétisme, elle reprit la personnalité d'autres déesses guérisseuses, en premier lieu Ninisinna, la « Dame d'Isin », qui se confond souvent avec elle[3].

Sanctuaires et exercice de la médecine

Son lieu de temple principal, l'é-gal-mah (« Temple exalté » en sumérien), parfois é-sa-bad (« Temple de l'Oreille ouverte ») ou é-u-nam-ti-la Temple de l’herbe de vie »), était situé dans la ville d'Isin. Mais elle disposait par ailleurs de temples partout en Mésopotamie, preuve qu'elle bénéficiait d'une grande popularité, notamment à Nippur où son temple a été fouillé, la déesse portant dans cette cité l’épithète Belēt-Nippuri, « Dame de Nippur », étant considérée comme la parèdre du dieu polyade Ninurta, et à Babylone, Borsippa et Assur où elle dispose de temples dans chacune, souvent aussi appelés é-gal-mah ou é-sa-bad[4],[3],[1].

Ces temples ont sans doute été des centres importants pour l'exercice de la médecine. Dans le récit satirique du Pauvre homme de Nippur, lorsque le personnage principal se déguise en médecin (asû), il se présente comme un natif d'Isin, la ville de Gula, tandis que dans un autre texte humoristique un guérisseur émérite (pratiquant des incantations) est un prêtre de Gula venant d'Isin, ce qui semble là encore confirmer le rôle des sanctuaires de la déesse dans l'exercice médical[5]. H. Avalos a proposé de voir avant tout dans les sanctuaires de la déesse des centres d'étude de la médecine, et des lieux où l'on pouvait trouver des produits médicinaux, mais pas des centres de traitement[6]. A contrario D. Charpin a proposé d'y voir non seulement des herboristeries mais aussi de véritables de lieux de cure[7].

Gula et le chien

Statuette votive d'un chien, animal de Ninisinna/Gula, supportant un récipient servant à mélanger les herbes médicinales, offerte à la déesse par un médecin de Girsu (Tello), XIXe siècle av. J.-C. Musée du Louvre[8].

Son animal-symbole était le chien[9]. La déesse figure de ce fait à côté d'un chien sur des kudurrus d'époque kassite. Les archéologues ont également mis au jour plusieurs statuettes représentant des chiens, en terre cuite, pierre ou bronze, offertes par des fidèles à son temple dans le but d'obtenir une guérison. Ils comportent souvent une inscription dédicatoire, avec une prière, comme dans l'exemple ci-contre. Le voisinage du temple d'Isin comportait par ailleurs un cimetière où a été mis au jour une trentaine de squelettes de chiens.

Références

  1. Michel 2001, p. 355
  2. M.-J. Seux, Hymnes et prières de Babylone et d'Assyrie, Paris, 1976, p. 106-107
  3. Black et Green 1998, p. 101
  4. (en) A. R. George, House Most High: The Temples of Ancient Mesopotamia, Winona Lake, 1993, p. 88-89 et 137-138 et 152.
  5. (en) M. J. Geller, Ancient Babylonian Medicine, Theory and Practice, Malden et Oxford, 2010, p. 54-55
  6. (en) H. Avalos, Illness and Health Care in the Ancient Near East: The Role of the Temple in Greece, Mesopotamia, and Israel, Atlanta, 1995
  7. (de) D. Charpin, « Zur Funktion mesopotamischer Tempel », dans G. J. Selz et K. Wagensonner (dir.), The empirical dimension of Ancient Near Eastern studies, Vienne, 2010, p. 408-412.
  8. « Statuette de chien vouée par un médecin de Lagash à la déesse Ninisina, pour la vie de Sûmû-El, roi de Larsa », sur Louvre.fr (consulté le ).
  9. Black et Green 1998, p. 70. (en) C. Watanabe, « Association of the Dog with Healing Power in Mesopotamia », dans Y. Heffron, A. Stone et M. Worthington (dir.), At the Dawn of History: Ancient Near Eastern Studies in Honour of J. N. Postgate , Winona Lake, 2017, p. 689-698.

Bibliographie

  • (en) J. Black et A. Green, Gods, Demons and Symbols of Ancient Mesopotamia, Londres,
  • C. Michel, « Gula », dans F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, , p. 354-356
  • (en) Y. Effron, « Gula/Ninkarrak (goddess) », sur Ancient Mesopotamian Gods and Goddesses, Oracc and the UK Higher Education Academy, (consulté le )
  • (en) K. Stevens, « Ninisinna (goddess) », sur Ancient Mesopotamian Gods and Goddesses, Oracc and the UK Higher Education Academy, (consulté le )
  • (en) Barbara Böck, The Healing Goddess Gula : Towards an Understanding of Ancient Babylonian Medicine, Leyde et Boston, Brill,
  • Dominique Charpin, La vie méconnue des temples mésopotamiens, Paris, Collège de France - Les Belles Lettres, , p. 31-59

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