Guy Turpin
Guy Turpin est né au XIVe siècle[1]. Il est connu comme le mari d'Anne de Laval, dame héritière de Laval, baronne héritière de Vitré, vicomtesse héritière de Rennes
Domicile |
Château de Laval (?) |
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Période d'activité |
XIVe siècle |
Conjoint |
Famille
Il est le second fils de Jean Turpin et d'Isabelle de Coesmes. Il appartient à la maison Turpin de Tennie et de la Renaudière, en Saint-Julien-en-Champagne.
- marié[2] au début de l'année 1416 à Anne de Laval[3], veuve de Guy XIII de Laval.
Selon Jeanne de Laval, ce mariage a été fomenté par Isabelle de Coesmes[4], qui faisait partie du proche entourage d'Anne. Contrairement à la volonté de sa mère qui veut la marier à Geoffroy de Malestroit[5], Anne choisit Guy Turpin, Dit Anne [...] que Jehenne a conceu haine pour le mariage fait d'elle et de Turpin, qui est bon chevalier, fort et sage. Pour ce mariage, le roi de France, le duc de Bretagne et le comte de Penthièvre donnent leur agrément. Il en est de même pour le comte du Maine et duc d'Anjou qui indique qu' Anne est subgecte sans moien du roi de Sicile lui a requiz ou à ses officiers qu'elle fust mise en sa main, ce qui fut fait. Il n'en est rien de Jeanne de Laval, sa mère, qui refuse ce mariage, et qui entame une lutte acharnée avec sa fille.
- marié avec Agnès Soymans.
Eustache de Bauçay x André de Laval (XIVe siècle) │ ├──> Jean de Laval-Châtillon │ │ │ └──> Jeanne de Laval-Tinténiac │ │ │ └──> Anne de Laval (1385-1466) │ x Guillaume d'Usages │ ├──> Eustache d'Usages │ │ │ └──> Isabelle de Coesmes │ │ │ └──> Guy Turpin
Histoire
Enfance
Guy passe son enfance semble-t-il au château de Laval dans l'entourage de la Famille de Laval. Isabelle de Coesmes, sa mère est dans l'entourage d'Anne de Laval : pour ce qu'elle estoit jeune ... lui fut baillée madame Ysabel de Coïsme, qui estoit de son lignage[6]. Anne grandit en compagnie de son frère et des quatre enfants d'Isabelle de Coesmes, dont Guy Turpin.
Le mariage avec Anne de Laval
La mariage d'Anne avec Guy Turpin en 1416 n'est pas accepté par sa famille et plus particulièrement sa mère pour plusieurs raisons :
- Guy était cousin issu de germain d'Anne[7]. Il s'agissait donc d'un mariage consanguin condamnable par l’Église, sans dispense de consanguinité[8].
- La condition modeste de Guy Turpin par rapport à la famille de Laval puisqu'il n'amène ni fortune, ni prestige. Jeanne de Laval indique que ceste matière touche grandement l'anneur d'elle, de sa fille et de tout l'ostel de Laval
- Jeanne, sa mère, n'a pas été avertie de ce mariage, pendant qu'elle cherchait un époux à sa fille. Anne reconnaît qu'elle n'a pas averti sa mère :Et selle n'a en ce eu le conseil de sa mère.
Le mariage est donc l'objet d'une controverse entre Anne et sa mère, dont il reste un procès-verbal dressé devant le Parlement de Paris en .
Selon Elise James[9], les faits ne sont pas toujours très clairs :
- chacun lors du procès tentant de tourner l'affaire à son avantage, voire au désavantage de l'autre, mais il semble qu'elle se soit déroulée ainsi. Jeanne, une fois informée du mariage, alors qu'elle était à Vitré, serait venue à Laval pour faire entendre raison à sa fille et dans le même temps aurait fait annuler le mariage par l'évêque du Mans puis par l'archevêque de Tours et aurait, enfin, fini par enfermer sa fille dans une tour du château appelée la Tour Soubite[10]. Anne, sans doute prise au dépourvu ou trop faible dans sa propre ville, ne put lui opposer aucune résistance. À ce niveau, les sujets d'Anne, et anciens de Jeanne ont sans doute pu se demander quel parti prendre. Pour Anne, Jeanne aurait fait crier l'ordre d'interdire d'obéir à sa fille et à Guy Turpin, faisant notamment entendre qu'Anne s'obstinant dans son mariage, elle était frappée d'excommunication[11]. Anne réussit tout de même à faire porter l'affaire devant le duc d'Anjou et comte du Maine et obtint de lui d'être mise en sa main, donc sous sa protection, puis à passer dans celle du roi. Anne parvint donc à trouver quelques alliés. Jeanne, présente au château de Laval, avec ses hommes aurait cependant refusé de céder et aurait même, dans la version la plus extrême de l'histoire, torturé des serviteurs restés fidèles à Anne. Il est ainsi notifié mettant à execution sa haine, a fait prenre à Laval les serviteurs,hommes et femmes, dont l'une par torture est mutilée. Celle-ci, sans eux, n'aurait en effet sans doute pas pu quémander de l'aide pour faire face à l'obstination de Jeanne. La dernière tentative d'Anne fut d'aller faire quérir un huissier pour faire vider son château. Entre-temps, le conflit faillit finir en véritable lutte armée puisque Jeanne craignant pour sa sécurité ainsi que pour celle de sa fille et de ses enfants, avait fait venir des soutiens familiaux, notamment Charles de Montfort, frère de Guy XIII et Charles de Malestroit, le prétendant déchu. De leur côté, les Turpin menaçaient de rentrer en force dans la ville.
- L'affaire se retrouva devant le Parlement de Paris où la lutte verbale continua. Anne n'y remit pas en cause son choix et ne fit preuve d'aucun repentir quant au déshonneur qu'elle faisait courir à sa famille, elle accusa au contraire sa mère de l'avoir enfermée, d'avoir torturé ses serviteurs et d'avoir agi contre sa volonté. Jeanne, quant à elle, ne nia pas vouloir faire annuler ce mariage, mais elle affirma qu'elle agissait ainsi pour le bien de sa fille car son seul désir était que sa fille se gouverne bien et qu'elle ait sa succession, car elle est son héritière. Elle amoindrit également les torts qu'on lui attribuait tout en sous-entendant que sa fille n'était pas responsable de cette affaire mais qu'elle avait été victime de la malveillance d'Isabelle de Coesme, qu'elle fit d'ailleurs bannir de Laval, elle et ses enfants.
Seigneur de Laval
Guy Turpin use du titre de sire de Laval à plusieurs reprises, et même deux fois en compagnie d'Anne. Il semble donc que leur mariage était considéré[12]. Anne a partagé son pouvoir pendant un temps. Il est également précisé dans la lettre de Charles VI de France au profit des religieuses de l'Abbaye Saint-Antoine-des-Champs et contre Anne de Laval et Guy Turpin que l'an mil CCCC et seize ou environ, lesdites suppliantes firent adjourner ou Chastellet de Paris nostre bien amé Guy Turpin, chevalier et sa femme[13].
Guy Turpin ne reste pas près d'Anne et se remarie à Agnès Soymans dont il a neuf enfants. Selon Ambroise Ledru, Guy Turpin aurait obtenu la seigneurie de Gavre[14] et usurpé le titre de seigneur de Laval et de Vitré jusqu'à sa mort entre 1432 et 1444[15]. Anne ne semble plus revendiquer ce mariage au-delà du procès effectuée par sa mère.
Voir aussi
Bibliographie complémentaire
- Ambroise Ledru, Anne de Laval et Guy Turpin, Laval, in-12, 1888[16]
- Arthur Bertrand de Broussillon ( éd.) (ill. Paul de Farcy), La maison de Laval, 1020-1605. Étude historique accompagnée du cartulaire de Laval et de Vitré, t. I : Les Laval, 1020-1264, Paris, Alphonse Picard et fils, , XVI-320 p. (lire en ligne).
- Arthur Bertrand de Broussillon ( éd.) (ill. Paul de Farcy), La maison de Laval, 1020-1605. Étude historique accompagnée du cartulaire de Laval et de Vitré, t. II : Les Montmorency-Laval, 1264-1412, Paris, Alphonse Picard et fils, (lire en ligne).
- Étienne-Louis Couanier de Launay, Histoire de Laval 818-1855, Godbert, [détail des éditions]
- Élise James, Anne de Laval (1385-1466) : une héritière au pouvoir, Angers, Université d'Angers, 2013 [lire en ligne]
Articles connexes
Notes et références
- La date exacte est inconnue
- Ambroise Ledru, Anne de Laval.
- Le mariage d'Anne de Laval avec Guy Turpin, seigneur de Tennie et de la Renaudière est souvent présenté comme inexact. En effet, un autre Guy Turpin épousera une autre Anne de Laval, fille de Thibault Ier de Laval.
- On trouve dans le procès-verbal dressé au sujet de cette affaire, que concernant Isabelle et sa fille présentes à Laval : on leur donna congié, car il y avoit bien cause, et trop y avoient esté.
- Anne qui refuse ce mariage forcé indique que Geffroy de Malestrait, qui est forme et debilis et cousin germain de Jehenne, lequel mariage estoit mal séant.
- Elles sont petites-filles d'Eustache de Beauçay, épouse d'André de Laval - Ambroise Ledru, Anne de Laval
- Ou 'remuez de germain de la dicte Anne
- La dispense n'était pas encore été accordée, même si Anne et Guy Turpin envoyèrent une demande au pape.
- et fist fait prendre Anne et mettre en une tour nommée Soubite ou chastel de Laval
- que les subgiez ne doivent obéir à Anne, que excommunicata.
- Messire Guy Turpin, chevalier, et madame sa femme, à cause d'elle
- Anne est propriétaire de la Ferme de la Grange-Batelière dont il est question et il est précisé plus loin, pour l'année 1420 que lesdits Turpin et sa femme feussent lors détenteurs.
- Gavere est une commune de Flandre-Orientale liée au comté d'Alost, à ne pas confondre avec Le Gâvre, près de Nantes.
- Guy Turpin se qualifie ainsi de seigneur de Laval pour l'attestation d'une dépense faite pour la guerre de Hollande.
- Dont les pages 45 à 95 sont consacrées à la publication des pièces justificatives. Ce travail a été reproduit avec quelques additions dans : Alphonse-Victor Angot et A. Ledru, Anecdotes Mancelles, Laval, 1895, in-8, p 57-78 où il n est pas accompagné de ses pièces justificatives.
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