Hémoglobine C

L'hémoglobine C, couramment symbolisée par HbC, est une hémoglobine anormale résultant d'une mutation génétique conduisant à la substitution d'un résidu de glutamate par un résidu de lysine en position 6 de la séquence de la sous-unité β-globine ; il s'agit par conséquent d'une substitution E6K, E et K étant respectivement les codes pour le glutamate et la lysine. Cette forme d'hémoglobine mutée réduit la plasticité des érythrocytes, provoquant une hémoglobinopathie généralement asymptomatique, hormis chez les homozygotes, pour lesquels elle demeure malgré tout bénigne.

Affection à hémoglobine C
Traitement
Spécialité Hématologie
Classification et ressources externes
CIM-10 D58.2
CIM-9 282.7
DiseasesDB 29693
MedlinePlus 000572
eMedicine 200853
MeSH D006445

Mise en garde médicale

L'affection à hémoglobine C se transmet de manière autosomique récessive, c'est-à-dire qu'elle ne se manifeste que chez les patients homozygotes, lesquels possèdent deux allèles altérés du gène HBB sur le chromosome 11.

Caractérisation

Les patients hétérozygotes ne présentent pas d'anémie et leur sang contient entre 28 et 44 % d'hémoglobine C, tandis que les patients homozygotes ont une hémoglobine presque entièrement de forme C. Dans ce cas, on peut observer une splénomégalie légère à modérée (augmentation du volume de la rate), ainsi qu'une anémie hémolytique[1], résultant d'une destruction prématurée des érythrocytes. Un excès d'hémoglobine C est susceptible de réduire le nombre et la taille des érythrocytes dans le sang, ce qui conduit à une légère anémie. On peut observer occasionnellement un ictère, tandis que certains patients présentent des lithiases et que d'autres manifestent des douleurs musculosquelettiques passagères, notamment des douleurs articulaires.

La maladie peut être diagnostiquée par hémogramme, tandis que les frottis sanguins montrent des codocytes — érythrocytes minces semblant appauvris en hémoglobine et présentant un centre plus foncé évoquant une cible, d'où leur nom de « cellules cibles », ou target cells en anglais —, des microsphérocytes et des cristaux d'hémoglobine C.

Aucun traitement n'est généralement nécessaire. Une supplémentation en acide folique peut aider à produire des érythrocytes normaux et à réduire les effets de l'anémie.

Combinaison avec la drépanocytose

La drépanocytose — une mutation E6V, semblable à celle de l'hémoglobine C mais avec de la valine à la place de la lysine — est une affection affectant significativement les populations originaires de régions historiquement impaludées, notamment d'Afrique subsaharienne, d'Europe méditerranéenne, du Moyen Orient et d'Inde centrale, tandis que l'affection à hémoglobine C est le plus fréquence en Afrique de l'Ouest, par exemple au Nigeria chez les Yorubas[2], où elle offrirait également une certaine protection contre le paludisme[3]. Aux États-Unis, où les statistiques sont exhaustives, on estime que 2 à 3 % de la population noire possède le gène HbC tandis que 8 % de la population noire possède le gène HbS de la drépanocytose. Il en résulte que la combinaison hétérozygote HbCS est plus fréquente que la combinaison homozygote HbCC.

Dans la mesure où l'hémoglobine C ne polymérise pas aussi facilement que l'hémoglobine S, il se forme moins d'érythrocytes falciformes, tandis que les frottis sanguins montrent une prédominance de codocytes. On observe moins de crises vaso-occlusives que chez les patients drépanocytaires homozygotes, mais davantage de rétinopathies, de nécrose ischémique osseuse et de priapisme[4].

Notes et références

  1. (en) Rick M. Fairhurst et James F. Casella, « Homozygous Hemoglobin C Disease », The New England Journal of Medicine, vol. 350, no 26, , article no e24 (PMID 15215497, DOI 10.1056/NEJMicm030486, lire en ligne)
  2. (en) Olufemi O. Akinyanju, « A Profile of Sickle Cell Disease in Nigeria », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 565, , p. 126-136 (PMID 2672962, DOI 10.1111/j.1749-6632.1989.tb24159.x, lire en ligne)
  3. (en) Rick M. Fairhurst, Hisashi Fujioka, Karen Hayton, Kathleen F. Collins et Thomas E. Wellems, « Aberrant development of Plasmodium falciparum in hemoglobin CC red cells: implications for the malaria protective effect of the homozygous state », Blood, vol. 101, no 8, , p. 3309-3315 (PMID 12480691, DOI 10.1182/blood-2002-10-3105, lire en ligne)
  4. (en) Ronald L. Nagel, Mary E. Fabry et Martin H. Steinberg, « The paradox of hemoglobin SC disease », Blood Reviews, vol. 17, no 3, , p. 167-178 (PMID 12818227, DOI 10.1016/S0268-960X(03)00003-1, lire en ligne)
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