Hôtel du Vieux-Raisin

L'hôtel du Vieux-Raisin, appelé aussi hôtel Maynier et hôtel de Lasbordes est un hôtel particulier Renaissance de Toulouse, entre le quartier du Parlement et celui de Saint-Étienne. Son nom provient d'une taverne de la rue qui possédait une enseigne avec une grappe de raisin[1].

Hôtel de Bérenguier Maynier ou de Lasbordes
Hôtel du Vieux-Raisin
La façade de l'hôtel du Vieux-Raisin restauré en 2007.
Présentation
Type
Destination initiale
hôtel particulier de Bérenger Maynier
Destination actuelle
copropriété privée
Style
Construction
vers 1515-1528 ; 1547
Patrimonialité
Localisation
Pays
Région
Département
Commune
Adresse
Coordonnées
43° 35′ 50″ N, 1° 26′ 45″ E
Localisation sur la carte de la Haute-Garonne
Localisation sur la carte de France
Localisation sur la carte de Toulouse

Histoire

Cet hôtel date de 1518, et constitue sûrement un des plus beaux hôtels particuliers de l'époque. Il fut édifié pour Béringuier Maynier, professeur de droit, seigneur de Canac et de Gallice et capitoul de 1515 à 1516 ; le style choisi fut donc celui de cette période, fortement influencé par la Renaissance italienne. On a longtemps pensé que c'est Jean Brunet, greffier civil au Parlement de Toulouse, qui avait complété l'hôtel quelques années plus tard (1547) selon les plans du célèbre architecte de l'époque de l'âge d'or toulousain : Nicolas Bachelier (auteur entre autres du Pont Neuf, de l'hôtel d'Assézat). Mais des actes notariés récemment découverts montrent que ces travaux sont plutôt dus au propriétaire suivant : Pierre de Lancrau, évêque de Lombez[2],[3].

Le bâtiment a été classé au titres des monuments historiques en 1889[4].

Description

Le premier propriétaire, Béringuier Maynier, fait édifier à partir de 1515 un logis pour séparer cour et jardin, encadré de deux tours d'escalier et de la première travée des ailes. Il fait décorer la grande tour de bustes en médaillon, et fait placer sur les corps de bâtiment de nombreuses fenêtres richement ornées dans le style de la première Renaissance. Le magistrat Jean Burnet, propriétaire de 1547 à 1577, donne à la cour d'honneur une forme carrée en prolongeant les ailes et en la fermant par un portique inspiré de la loggia de l'hôtel d'Assézat (colonnes doriques, appareil brique et pierre). Les armes de Burnet et de sa femme s'observent encore sur les caissons du portique. L'évêque Pierre de Lancrau, propriétaire de 1580 à 1591, fait surélever la grande tour d'escalier et orner la cour de plusieurs spectaculaires fenêtres à atlantes[5].

Les fenêtres sur rue

Élément en pierre blanche se détachant sur le nu du mur de brique rouge, la fenêtre était à Toulouse l'emplacement privilégié du décor mettant en valeur la réussite et le rang du propriétaire. L'hôtel du Vieux-Raisin est particulièrement représentatif du soin porté par les commanditaires de la Renaissance au décor des fenêtres. Celles édifiées par Béringuier Maynier (rue Ozenne et sur la première travée des ailes de la cour) sont magnifiées de pilastres, de candélabres et de rinceaux. Rue du Languedoc, une fenêtre due à Jean Burnet entre 1547 et 1555 est inspirée d'une gravure de Jacques Androuet du Cerceau, adaptée avec une simplification de la partie haute et un enrichissement du décor par des figures humaines et hybrides[5].

Les décors de la cour

L'attribution des fenêtres de la cour est moins certaine. Quelques fenêtres de l'étage pourraient être de Nicolas Bachelier (commanditaire Jean de Burnet), celles du rez-de-chaussée seraient de la fin du XVIe siècle, quand Pierre de Lancrau était propriétaire. À l'étage, le sculpteur a représenté des figures en atlantes comme crispées par l'effort, peinant sous le poids de l'entablement des baies qu'elles soutiennent. Au rez-de-chaussée, des figures hybrides aux pattes de lion sont d'une exceptionnelle diversité et d'un grand réalisme anatomique et psychologique. Sous les fenêtres, des motifs de cuirs découpés évoquent les décors de la Galerie François Ier du château de Fontainebleau ou encore des œuvres de Cellini ou de Michel-Ange[5].

La cheminée d'apparat

Destinée à mettre en valeur la culture humaniste de Béringuier Maynier, la cheminée monumentale de l'hôtel met en œuvre un décor Renaissance qui constitue une apologie de la fortune, de l'abondance et de la fertilité. Armes du propriétaire et médaillons prennent place dans des couronnes végétales appelées « chapeaux de triomphe ». Angelots et guirlandes d'abondance couronnent le fronton[5].

Photographies

Références

  1. « Hôtel du Vieux-Raisin », Toulouse sur occitanie.org (consulté le )
  2. Alain de Beauregard, Parlement de Toulouse : la société parlementaire au Grand Siècle, les expressions profanes de la commande privée (de 1610 à 1650 principalement), t. 2, Thèse de doctorat, Université de Toulouse Le Mirail, , p. 572
  3. Pascal Julien, « La sculpture toulousaine de la Renaissance : des ateliers itinérants aux foyers rayonnants », dans La sculpture française du XVIe siècle, INHA, Le Bec en l'air, (ISBN 978-2-916073-77-4), p. 62-79
  4. Notice no PA00094554, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. Exposition Toulouse Renaissance (2018), borne d'explication interactive sur les hôtels particuliers Renaissance. Lien : https://www.vip-studio360.fr/galerie360/visites/vv-borne-toulouse/vv-borne-toulouse-fr-c.html ; textes Colin Debuiche assisté de Mathilde Roy.

Voir aussi

Bibliographie

  • [Chalande 1916] Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse : L'hôtel Bérenguier-Maynier et Jean Burnet », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, Toulouse, 11e série, t. IV, , p. 239-245 (lire en ligne).
  • [Lavedan 1929] Pierre Lavedan, « Anciennes maisons : Hôtel du Vieux Raisin », dans Congrès archéologique de France. 92e session. Toulouse. 1929, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 141-146

Articles connexes

Liens externes


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