Hachemi Benchennouf

Hachemi Benchennouf ou Si El Hachemi ben Si Ali Bey Ben Mihoub Benchennouf, né le à Kenchela (Algérie) et mort le à Nice, est un homme politique français.

Hachemi Benchennouf
Hachemi Benchennouf à Khenchela en 1949, lors de la visite du gouverneur Naegelen.
Biographie
Naissance
Décès
(à 76 ans)
Nice
Nationalité
Activité
Autres informations
Distinctions
Grand-officier de la Légion d'Honneur

Importante personnalité algérienne musulmane durant l'Algérie française, il est député du département de Constantine dans le Gouvernement provisoire de la République française en 1945-1946 puis sous la Quatrième République de 1946 à 1951.

Il était Grand officier de la Légion d'Honneur.

Biographie

Famille

Issu d'une très ancienne famille de noblesse d'épée[1], dont un des membres avaient obtenu le titre de bey[2] au XVe siècle, Hachemi[3] est le fils de Si Bouhafs ben Mihoub Benchennouf (1870-1918), agha honoraire en 1915 et commandeur de la légion d'honneur. Il est également le neveu de Si Ali bey ben Mihoub Benchennouf (1860-1915), délégué financier de Khenchela de 1901 à 1915, grand officier de la Légion d'Honneur[4],[5].

Ami de Ferhat Abbas, il se marie avec Joséphine, une française de Strasbourg[4] avec qui il a un fils AbdelKader (1915 Khenchela-1994 Nice), caïd et chevalier de la Légion d'Honneur[6].

Carrière

Pendant la première Guerre mondiale, engagé volontaire en août 1914 à la tête de cent cinquante goums, il est lieutenant dans le Régiment de spahis auxiliaires algériens, commandé par le colonel du Jonchay. Il sert pendant quatorze mois dans la Somme, devant Arras, à Dixmude et à Nieuport[7]. Il est d'abord cité à l'ordre du régiment et décoré de la croix de guerre puis fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 17 avril 1917 pour sa conduite au front[8],[9].

Démobilisé à la suite de l'assassinat de son oncle Si Ali bey en septembre 1915, il est nommé caïd des douars Mahmed et Maggada de Kenchela par le gouvernement français qui le désigne pour la première mission du pèlerinage à La Mecque en 1916[7].

En 1920, il est délégué financier et joue un rôle important au sein du mouvement Jeunes-Algériens[4].

Le 10 avril 1925, il est arrêté, avec cinq autres Algériens musulmans, soupçonné de l'assassinat le 29 août 1919 de Jérôme Sarrailler, maire de Khenchela[10],[11]. Inculpé, il choisit comme avocat Paul Cuttoli[4]. Jugés le 8 novembre 1926, les six accusés sont acquittés[12].

Il est promu Officier de la Légion d'Honneur le 25 août 1930 (promotion du centenaire de l'Algérie)[13], Commandeur de la Légion d'Honneur le 12 mars 1936[14] puis élevé à la dignité de Grand officier le 12 juillet 1945[15].

Sa carrière politique commence réellement après la Seconde Guerre mondiale[4].

Il est élu député en 1945 dans le Gouvernement provisoire de la République française puis réélu en 1946 sous la Quatrième République[4].

Jusqu'en 1951, il est un député très actif et dépose dix-huit textes[16], dont certains relatifs au statut de l'Algérie, problème majeur abordé lors de la session parlementaire de 1947[17]. Il intervient également souvent dans les discussions liés aux problèmes et à la politique en Indochine, en Algérie et à Madagascar notamment lors de l'insurrection malgache de 1947[18],[19].

Hachemi est dans le même temps maire de Khenchela de 1948 à 1954, fait très rare pour un Algérien musulman durant cette période[4],[20].

En mars 1951, Marcel-Edmond Naegelen, gouverneur de l'Algérie, démissionne suite à une affaire d'élections truquées, et met en cause Benchennouf dans un article publié dans Le Monde. Benchennouf, très content de cette démission, se félicitera « d'avoir eu la peau de Naegelen »[21],[22],[23],[24].

Le 7 mai 1951, Hachemi démissionne de son mandat de député pour se consacrer à l'Assemblée algérienne ou il siège depuis 1948[4].

Le lendemain des attentats de la Toussaint rouge le 1er novembre 1954, alors qu'il est maire de Khenchela, localité des Aurès où des attentats ont eu lieu, René Mayer et Pierre Dupuch, préfet de Constantine, se méfient de lui. Ils le soupçonnent d'avoir été au courant des attaques et veulent l'arrêter mais il n'est pas inquiété grâce à son amitié avec le maire d'Alger, Jacques Chevallier[25].

Il tente de réintégrer l’Assemblée nationale lors des élections partielles du 13 et 27 mars 1955 mais il échoue[18],[26].

Menacé de mort par les indépendantistes, il quitte la même année l'Algérie pour aller vivre en métropole, d'où est originaire son épouse[27] et s'installe à Nice[15].

Il meurt le 11 juin 1971 à Nice.

Mandat

Distinctions

Bibliographie

  • Jacques Bouveresse, Un parlement colonial ?: Les Délégations financières algériennes, Universités de Rouen et du Havre, 2008
  • Dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, volume 2, La Documentation française, 1988
  • Marcel Edmond Naegelen, Mission en Algérie, Flammarion, 1962

Notes et références

  1. Leur ancêtre, Bou Allag, faisait remonter son origine à Djaffar le Barmécide, ministre de Aroun Er-Rachid, voir Laurent-Charles Féraud, « Les descendants d'un personnage des Les Mille et Une Nuits » dans la Revue africaine, 1875, lire en ligne
  2. titre transmis ensuite de génération en génération
  3. Si El Hachemi ben Si Ali Bey Ben Mihoub avant l'adoption définitive de son nom patronymique en 1924
  4. Jacques Bouveresse, Un parlement colonial ?: Les Délégations financières algériennes, Universités de Rouen et du Havre, 2008, p.857
  5. Le Soleil, 1er janvier 1914, lire en ligne
  6. Décret du 15 octobre 1947, Journal officiel, 16 octobre 1947, lire en ligne
  7. « Chronique de la semaine - M. Ben Chenouf », L'Afrique du Nord illustrée , 28 août 1920, lire en ligne
  8. Décret de nomination au grade de chevalier dans la Légion d'honneur du 17 avril 1917 : « Si El Hachemi ben Si Ali Bey Ben Mihoub, adjoint indigène des douars Mahmel et Megada (commune mixte de Kenchela) : titres exceptionnels. Suit avec fidélité les traditions de sa famille qui a toujours été dévouée à la cause française. Dès la déclaration de guerre a revendiqué l'honneur de servir dans nos rangs et s'est signalé à plusieurs reprises, en qualité de lieutenant de spahis auxiliaires algériens, par sa belle conduite devant l'ennemi. A été cité à l'ordre du régiment et a reçu la Croix de guerre. A montré une fois de plus son désir, d'être utile à la France en prenant part au pèlerinage de la Mecque en 1916. », Journal officiel du 21 avril 1917, p.3158
  9. « Les Africains au champs d'honneur » L'Afrique française, janvier 1917, p.207, lire en ligne
  10. « L'assassinat de M. Sarailler ancien maire de Kenchela - Une haute personnalité indigène est accusée du crime » dans L'Echo d'Alger, 9 novembre 1926, lire en ligne
  11. La Dépêche algérienn, 8 novembre 1926, lire en ligne
  12. L'Écho du Sahara, 16 novembre 1926, lire en ligne
  13. L'Echo d'Alger, 26 août 1930, lire en ligne
  14. La Dépêche algérienne, 13 mars 1936, lire en ligne
  15. Dossier de la Légion d'Honneur de Hachemi Benchennouf, base de données Léonore
  16. Débats parlementaires de la 4eme république et constituantes, lire en ligne, site des Archives de l'Assemblée nationale, lien direct
  17. Le 20 mai, il dépose une proposition de loi visant à établir la Constitution de la République algérienne comme Etat associé membre de l'Union française. Il propose un contre-projet le 22 août précisant dans son article premier : « la République française reconnaît à l'Algérie son entière autonomie ». Lors du vote du 27 août sur le statut de l'Algérie, les députés algériens s'abstiennent, position expliquée par Hachemi Benchennouf en ces termes : « Vous avez estimé que le statut personnel musulman était incompatible avec le droit de cité dans la République française (...). Le problème algérien reste toujours posé... ». Il dépose également le 5 juillet 1948 deux propositions de loi afin d'établir la parité entre les collèges au sein des conseils municipaux et des conseils généraux algériens et une troisième pour l'obtention d'un crédit de 500 millions destiné à la réparation des préjudices matériels subis lors des événements du 8 mai 1945. En novembre 1949, il dépose une proposition de résolution pour que le gouvernement institue une commission destinée à étudier le problème de l'immigration des Nord-Africains en France métropolitaine puis en juillet 1950, une proposition de loi visant à instituer le collège électoral unique en Algérie.
  18. Notice biographique de Hachemi Benchennouf, site de l'Assembleé nationale
  19. Le Monde, 12 mai 1947, lire en ligne
  20. Il a notamment pour adjoint Elie Stora, le grand-oncle de Benjamin Stora.
  21. «  Le ministère de l'intérieur tient pour définitive la démission de M. Naegelen » dans Le Monde, 12 mars 1951, lire en ligne
  22. «  Une lettre de M. Benchennouf » dans Le Monde, 13 mars 1951, lire en ligne
  23. Naegelen reprochait à l’administrateur de la commune mixte de Khenchela, Charles Laussel, d’avoir faussé les élections à l’Assemblée algérienne pour y faire élire frauduleusement le bachaga Benchenouf, député apparenté au MRP. En réalité, comme le précise Pierre Cazejust, c'est Naegelen qui avait tenté de truquer l'élection, ce qui provoqua sa démission.
  24. Pierre Cazejust, Beauvau, 1944-1985, Lettres du Monde, 1995, p.36, lire en ligne
  25. « Le même jour [le 2 novembre 1954], se réunissent à Batna, Jacques Chevallier, René Mayer, Cherrière, Spillmann, Pierre Dupuch... Ils sont reçus à la sous-préfecture par Jean Deleplanque et par le colonel Blanche. Devant l'ancien président du Conseil, homme aussi influent en Algérie qu'à Paris, on refait le récit de la nuit de la Toussaint. Puis le petit groupe prend, en fin de matinée, la route de Khenchela, où l'administrateur Vivie de Régie doit admettre qu'il a été totalement surpris. Le maire aussi ne savait rien. Dit-il. Ce maire est l'ancien bachaga Ben Chenouf, grand-croix de la Légion d'honneur, ancien député, délégué à l'Assemblée algérienne. Il est marié à une Française et très lié avec Chevallier. Il faut d'ailleurs toute l'efficace protection du maire d'Alger, pour que Ben Chenouf n'ait pas de gros ennuis. Mayer et Dupuch se méfient de lui. En fait, il est probable qu'il ignore tout. Il promet en tout cas d'aider les Français à l'avenir... Quelques mois après, échaudé par cette aventure, il quittera l'Algérie pour aller vivre en Alsace, province d'origine de sa femme. », Bernard Michal, Histoire du drame algérien: 1954-1956, Bernard Michal, 1971, p.109
  26. "58 % d'abstentions à l'élection partielle du Constantinois Il y a ballottage" dans Le Monde, 15 mars 1955
  27. Bernard Michal, Les Grandes énigmes de la IVe République, Saint-Clair, 1967, p.126

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

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