Henry Bauchau
Henry Bauchau, né à Malines le et mort à Louveciennes (France) le [1],[2], est un poète, dramaturge et romancier belge de langue française, également psychanalyste.
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Naissance |
Malines, Belgique |
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Décès |
Louveciennes, France |
Activité principale |
poète, romancier, dramaturge et psychanalyste |
Distinctions |
Prix Max-Jacob Prix quinquennal de littérature Prix Antigone de la ville de Montpellier (1990) Prix triennal du roman (1992) Prix de littérature-générale (1992) Prix Victor-Rossel (1997) Prix des lycéens (1999) Lauréat du Prix international Union Latine de littératures romanes (2002) Grand Prix de littérature de la Société des gens de lettres (2005) Prix du livre Inter (2008) |
Langue d’écriture | français |
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Œuvres principales
Membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, il vit à Paris de 1975 à sa mort en 2012.
Biographie
La petite enfance d'Henry Bauchau est marquée par l'invasion allemande et l'incendie de sa maison maternelle à Louvain. Le romancier évoquera ce drame dans L'Incendie Sainpierre. Il fait des études de droit à la Faculté universitaire Saint-Louis (devenue Université Saint-Louis - Bruxelles) puis à l'université de Louvain. Avant d'être mobilisé en 1939, il exerce des activités dans le journalisme et milite dans des mouvements de jeunesse chrétiens. Pendant la guerre, de à , il sera responsable du Service des volontaires du travail pour la Wallonie (SVTW), avant de rejoindre un mouvement de Résistance armée; blessé dans un maquis des Ardennes, il termine la guerre à Londres. Son action dans le cadre du SVTW lui vaudra d'être soupçonné après la Libération, mais il est officiellement acquitté par le tribunal militaire. Blessé néanmoins par cette incrimination, il s'éloignera de son pays et vivra en Suisse et en France. À Paris, il travaille dans la distribution de livres, principalement pour l'éditeur franco-algérien Edmond Charlot. Il fréquente Camus et bien d'autres célébrités, et se lie d'amitié avec Jean Amrouche, ce qui l'amènera à soutenir la cause algérienne, ultérieurement, à partir de la Suisse.
De 1947 à 1951, Bauchau entreprend une psychanalyse auprès de Blanche Reverchon, l'épouse du poète Pierre Jean Jouve. Cette analyse marquera profondément sa pensée. Profondément lié à Blanche, par une relation à la fois d'affection, d'estime et de transfert (analytique), il le sera d'une façon plus tumultueuse mais néanmoins presque aussi continue avec Pierre Jean Jouve (dont il admirera toutefois toujours l'œuvre), dont témoignent ses Souvenirs et documents sur Blanche Reverchon et Pierre Jean Jouve parus en 2012.
C’est en 1958 qu’il publie son premier recueil de poèmes, Géologie, qui obtient le prix Max-Jacob. En 1960, Ariane Mnouchkine monte sa pièce Gengis Khan aux Arènes de Lutèce. Jean-Claude Drouot reprendra l’œuvre en 1988. Entre-temps, Henry Bauchau voyage. Sa vie se partage entre la France, la Suisse et la Belgique ; entre l’enseignement, la psychanalyse (à Paris, avec Conrad Stein) et l’écriture ; entre succès et difficultés financières. L’Essai sur la vie de Mao Zedong lui demande huit ans de travail et est publié en 1982. En 1985, il reçoit le Prix quinquennal de littérature pour l’ensemble de sa carrière.
Enfin, il commence son cycle mythologique et donne successivement Œdipe sur la route (1990), Diotime et les lions (1991) et Antigone (1997). Parallèlement, la publication de son Journal (1989-1997) éclaire la création, permet de comprendre l'importance que représentent pour l'écrivain la poésie, les rêves, l'inconscient et l'écriture.
Œdipe sur la route est une relecture du mythe œdipien qui évoque un parcours initiatique au terme duquel le héros se fond littéralement dans l'art. Ici, Œdipe partage avec Orphée la même capacité, celle de ranimer « les trésors perdus de la mémoire » grâce au chant, à la peinture et à l'écriture. Au lieu de se disperser, le roi aveugle retourne à l'unité. Après avoir surmonté ses peurs, il est « encore, est toujours sur la route », dira Antigone à la fin. La route de la connaissance de soi, libérée de la culpabilité et du remords. Antigone, qui l'a accompagné jusqu'au bout, symbolise cette route de la réalisation de soi. Gardienne du principe de vie, elle n'est pas de celles qui se retournent pour voir, par curiosité. De même, quand elle revient à Thèbes pour tenter d'apaiser la rivalité entre ses deux frères, c'est aussi pour dire « oui » à la vie, au futur, à la beauté et pour refuser, dans sa robe déchirée, toutes les manifestations de pouvoir, toutes les guerres. Elle est la part féminine, celle du poétique, de l'amour sans justification, de la patience.
Bauchau mêle l'enthousiasme mystique et la connaissance de l'Antiquité à la psychanalyse, aux philosophies asiatiques et à la foi chrétienne.
Citation
Répondant aux questions d'adolescents, Bauchau définit ainsi son art :
« L'inspiration est toujours délirante, dionysiaque pour reprendre l'expression de Nietzsche. Elle a besoin de la conscience ordonnée, musicale, apollinienne. C'est un équilibre. Quand Alexandre le Grand brûle le palais de Persépolis, il fait basculer la Grèce sous la suprématie de Dionysos. Elle ne s'en est jamais relevée. »
Famille
Henry Bauchau est le père de l'acteur Patrick Bauchau, du géologue Christian Bauchau, et l'oncle des écrivains Bernard Tirtiaux et François Emmanuel.
Œuvres
Romans
- La Déchirure (Gallimard, 1966 ; Labor, 1986 ; Actes Sud, 2003)
- Le Régiment noir (Gallimard, 1972 ; Les Éperonniers, 1987) – Prix d'honneur 1972 (Paris) ; prix Franz-Hellens (Bruxelles) et prix triennal du roman
- Œdipe sur la route[3] (Actes Sud, 1990 ; Babel no 54) – Prix triennal du roman
- Diotime et les Lions[4](Actes Sud, 1991 ; Babel no 279)
- Antigone (Actes Sud, 1997 ; Babel no 362) – prix Victor-Rossel
- L'Enfant bleu (Actes Sud, 2004)
- Le Boulevard périphérique (Actes Sud, 2008) – prix du Livre Inter 2008
- Déluge (Actes Sud, 2010)
- L'Enfant rieur (Actes Sud, 2011 ; Babel no 1084)
- Temps du rêve (Actes Sud, 2012)
- L'Enfant rieur II. Chemin sous la neige (Actes Sud, 2013)
Journaux
- Jour après jour 1983-1989 (Les Eperonniers, 1992)
- Journal d'Antigone 1989-1997 (Actes Sud, 1999)
- Passage de la Bonne-Graine 1997-2001 (Actes Sud, 2002)
- La Grande Muraille : Journal de La Déchirure 1960-1965 (Actes Sud, coll. Babel, 2005)
- Le Présent d'incertitude 2002-2005 (Actes Sud, 2007)
- Les Années difficiles. Journal 1972-1983 (Actes Sud, 2009)
- Dialogue avec les montagnes - Journal du Régiment noir 1968-1971 (Actes Sud, 2011)
- Pierre et Blanche. Souvenirs et documents sur Blanche Reverchon et Pierre Jean Jouve, textes rassemblés et présentés par Anouck Cape (Actes Sud, 2012)
- Dernier journal (2006-2012) (Actes Sud, 2015)
- Conversation avec le torrent (1954-1959) (Actes Sud, 2018)
Entretiens
- Un arbre de mots, entretien avec Indira De Bie[5], 2008, 64 p.
Poésie
- Géologie (Gallimard, 1958 ; Prix Max-Jacob)
- L'Escalier bleu (Gallimard, 1964)
- La Pierre sans chagrin (L'Aire, 1966)
- La Dogana (Castella, 1967), photographies de Henriette Grindat
- Célébration (L'Aire, 1972)
- La Chine intérieure (Seghers, 1975 ; Actes Sud, coll. Le souffle de l'esprit, 2003)
- La Sourde Oreille ou le Rêve de Freud (L'Aire, 1981)
- Poésie 1950-1986 (Actes Sud, 1986). Prix quinquennal de Littérature 1985 (Belgique) ; prix Foulon de Vaulx de la Société des gens de lettres de France 1987
- Heureux les déliants, poèmes 1950-1995[6] (Labor, Espace Nord, 1995)
- Exercice du matin (Actes Sud, 1999)
- Nous ne sommes pas séparés (Actes Sud, 2006)
- Poésie complète (Actes Sud, 2009)
- Tentatives de louange (Actes Sud, 2011)
Éditions de bibliophilie
- Fenêtre de présence, avec une gravure au carborundum de Jacqueline Ricard tirée en leporello, éditions La Cour Pavée[7], Paris, 2008
Nouvelles
- L'Enfant de Salamine, dans La Revue générale, , p. 81-92 ; repris ensuite dans Les Vallées du bonheur profond
- Les Vallées du bonheur profond, Babel, 1999
- En noir et blanc, illustrations de Lionel D., Paris, les éditions du Chemin de fer, 2005, rééd. 2007
Essais
- Essai sur la vie de Mao Zedong, avec la participation de Laure Bauchau (Flammarion, 1982)
- L'Écriture et la circonstance, conférences de la Chaire de poétique (Presses universitaires de Louvain, 1988)
- L'Écriture à l'écoute (Actes Sud, 2000)
Théâtre
- Gengis Khan (Henry-Louis Mermod, 1960 ; Actes Sud-Papiers, 1989)
- La Machination ou La Reine en amont (L'Aire, 1969)
- Prométhée enchaîné d'Eschyle, adaptation théâtrale (Cahiers du Rideau, 1998)
- Théâtre complet (Actes Sud-Papiers)
Livret
- La Lumière Antigone : Poème pour le livret de l'opéra de Pierre Bartholomée (Actes Sud, coll. Le souffle de l'esprit, 2009)
- Œdipe sur la route : Opéra en quatre actes, à Pierre Bartholomée et Philippe Sireuil, commande du Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles (Actes Sud, 2003)
Traductions de ses ouvrages
- (es) El desgarro (Servicio de Publicaciones de la Universidad de Las Palmas de Gran Canaria, 2002 ; trad. de Rosario Gaecía López)
- Voir la liste des traductions sur le site du Fonds Henry Bauchau de l'Université catholique de Louvain.
Études critiques sur l’œuvre
- Fratta Anna Soncini (dir.), Henry Bauchau, Un écrivain, une œuvre, actes du colloque de Noci (, Bologna : Clueb (Bussola Beloeil, 1993
- Adriano Marchetti, « Peut-être que l’écriture va devenir plus humaine que la parole »: entretien avec Henry Bauchau, dans Francofonia, 25, Autunno 1993.
- Adriano Marchetti, « Ancora e sempre sulla strada. Conversazione con Henry Bauchau », in Henry Bauchau, Diotima e i leoni, Giunti, Firenze 1993, pagine 61-79.
- Myriam Watthee-Delmotte, Henry Bauchau (Un livre une œuvre), Bruxelles : Labor, 1994
- Adriano Marchetti, « Les rêves dans Œdipe sur la route d’Henry Bauchau », dans Recherches & Travaux, 47, 1995.
- Adriano Marchetti, «Oedipe sur la route d’Henri Bauchau. Le langage poétique et sa provenance, dans Les nouveaux courants poétiques en France et en Grèce 1970-1990, Publications de l’Université de Pau, Pau 1995.
- Adriano Marchetti, « La traduction comme exode. Note en marge de la traduction d’Ordipe sur la route , Cahiers Henry Bauchau, 2, 1998.
- Adriano Marchetti, « Deux lettres à Henry Bauchau, (traduction de l’italien de Danièle Rousselier), Cahiers Henry Bauchau, 2, 1998.
- Myriam Watthee-Delmotte, Parcours d'Henry Bauchau, Paris : L'Harmattan, 2001
- Myriam Watthee-Delmotte, Bauchau avant Bauchau, En amont de l'œuvre littéraire, Louvain-la-Neuve : Bruylant-Académia, 2002
- Adriano Marchetti(dir), Henry Bauchau . Voix et création de l’écriture, dans Francofonia, 42, Primavera 2002.
- Marc Quaghebeur et Anne Neuschäfer (dir.), Les Constellations impérieuses d'Henry Bauchau, actes du colloque de Cerisy-la-Salle en , Bruxelles : AML/LAbor, Archives du futur, 2003
- Adriano Marchetti, « Le Labyrinthe. Mythe de l’écriture/écriture du mythe, dans Les constellations impérieuses d’Henry Bauchau , Éditions Labor, Bruxelles 2003.
- Geneviève Henrot, Henry Bauchau poète. Le Vertige du Seuil, Genève : Droz, 2003
- Olivier Ammour-Mayeur, Les Imaginaires métisses. Passages d'Extrême-Orient et d'Occident chez Henry Bauchau et Marguerite Duras, Paris : L'Harmattan, 2004
- Pierre Halen, Michel Raymond et Monique Raymond (dir.), Autour d'Henry Bauchau, Une poétique de l'espérance, actes du colloque de Metz en 2002, Berne : Peter Lang, 2004
- Régis Lefort, L'Originel dans l'œuvre d'Henry Bauchau, Paris : Honoré Champion, 2007
- Olivier Ammour-Mayeur, Henry Bauchau, une écriture en résistance, Paris : L'Harmattan, 2007
- « Un don de présence », interview réalisée par Jérôme Goude et publiée dans Le Matricule des anges,
- Emilia Surmonte, Antigone, La Sphinx d'Henry Bauchau : Les enjeux d'une création, Bruxelles [e.a.] : Peter Lang, 2011)[8]
- Myriam Watthee-Delmotte, Henry Bauchau : Sous l'éclat de la Sibylle, Arles : Actes Sud, 2013
- Michele Mastroianni, La Déchirure di Henry Bauchau. Una rappresentazione della madre: allegoria dell'incontro e dell'elaborazione poetica, Alessandria, Edizioni dell'Orso, 2013
- Jérémy Lambert, Henry Bauchau, une poésie de l'existence, Amay - Bruxelles : L’Arbre à paroles - Midis de la Poésie, 2015
Expositions
- 2012 : Henry Bauchau. L’épreuve du temps, Musée royal de Mariemont
- 2012 : Lionel. L'enfant bleu d'Henry Bauchau, art)&(marges musée, Bruxelles
Notes et références
- Sur le site lesoir.be..
- « Henry Bauchau est mort » sur franceinter.fr.
- Pierre Bartholomée en tire un opéra en 2003.
- Pierre Bartholomée en tire une scène dramatique en 1999.
- Voir sur le site officiel des éditions de Corlevour.
- Cet ouvrage contient tous les recueils précités.
- Site des éditions La Cour Pavée..
- Documents pour l'Histoire des Francophonies. Europe, 24.
Voir aussi
- En 2012 sur France culture, Henry Bauchau donne une série de 5 émissions de 30 min sous forme d'autobiographie et de commentaires sur son œuvre. (À voix nue, France culture 2012)
Liens externes
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Articles connexes
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