Hermaphrodite
Hermaphrodite (en grec ancien Ἑρμαφρόδιτος / Hermaphróditos) est un personnage de la mythologie grecque. Son nom a été utilisé pour créer le terme hermaphrodisme, qui désigne ce qui réunit les caractéristiques des deux sexes.
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À l'origine, c'est une forme masculine d'Aphrodite, qui s'appelait Aphroditos, qui était vénérée en tant que divinité à Chypre. La forme du nom Hermaphróditos remonte à la représentation d'Aphrodite comme un hermès et signifie initialement seulement « hermès d'Aphrodite ». Son nom est documenté pour la première fois dans la littérature dans Les Caractères de Théophraste.
Mythe
Fils de Hermès et d'Aphrodite, comme son nom l'indique, Hermaphrodite hérite à sa naissance, sur le mont Ida de Troade, de la beauté de ses parents. Un jour qu'il se baigne dans le lac de Carie habité par la naïade Salmacis, celle-ci s'éprend du bel adolescent. Comme Hermaphrodite repousse ses avances, Salmacis l'étreint de force et supplie les dieux d'être unie à lui pour toujours. Le vœu est exaucé et ils ne forment plus qu'un seul être bisexué, à la fois mâle et femelle. Hermaphrodite fait alors un vœu à ses parents, que tout homme se baignant dans le lac de la nymphe en sortirait lui aussi doté d'attributs féminins.
Le mythe d'Hermaphrodite peut être rapproché de celui des androgynes évoqué dans Le Banquet de Platon : à l'origine, certains humains (hermaphrodites) possédaient à la fois les caractères féminins et masculins, et Zeus, s'alarmant de leur potentiel, les sépara brutalement en deux moitiés.
Culte
Les plus anciennes traces du culte dans les pays grecs se trouvent à Chypre. Ici, selon Macrobe (Saturnales, iii. 8), il y avait une statue barbue d'un Aphrodite mâle, appelé Aphroditos par Aristophane. Philochore dans son Atthis (ap. Macrobe loc. cit.) a identifié cette divinité, au sacrifice de laquelle hommes et femmes échangeaient des vêtements, avec la Lune. Une plaque en terre cuite du VIIe siècle av. J.-C. représentant Aphroditos a été trouvée à Perachora, ce qui suggère qu'il s'agissait d'un culte grec archaïque[1].
Cette Aphrodite chypriote est la même que l'Hermaphrodite ultérieur, qui signifie simplement Aphroditos sous la forme d'un hermès, un buste surmontant un bloc quadrangulaire, et apparaît d'abord dans les Caractères (XVI) de Théophraste[2]. Après son introduction à Athènes (probablement au Ve siècle av. J.-C.), l'importance de cette divinité semble avoir diminué. Il n'apparaît plus comme l'objet d'un culte particulier, mais limité à l'hommage de certaines sectes, exprimé par des rites superstitieux de signification obscure[3].
Littérature
La première mention d'Hermaphrodite dans la littérature grecque est par le philosophe Théophraste (IIIe siècle av. J.-C.), dans son livre les Caractères, XVI L'homme superstitieux, dans lequel il dépeint divers types de personnes excentriques.
« Aussi, les quatrième et septième jours de chaque mois, il ordonnera à ses serviteurs de préparer du vin et d'aller acheter des couronnes de myrte, de l'encens et du smilax ; et, en entrant, passera la journée à couronner les Hermaphrodites. »
La première mention d'Hermès et d'Aphrodite comme parents d'Hermaphrodite a été faite par l'historien grec Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.-C.), dans son livre la Bibliothèque historique, livre IV, 4.6.5.
La seule narration complète de son mythe est celle des Métamorphoses d'Ovide, IV.274-388 (8 AD), où l'accent est mis sur les pièges féminins de la nymphe aquatique lascive Salmacis et sa compromission de la force virile naissante d'Hermaphrodite sa timidité et la greffe de leurs corps.
Représentations artistiques
Hermaphrodite a été un fréquent sujet d'inspiration. En sculpture, la représentation la plus célèbre est celle de l'Hermaphrodite endormi, statue de l'époque hellénistique dont des copies figurent au Palais Massimo alle Terme, à la Galerie Borghèse à Rome, à la Galerie des Offices à Florence (salle 38 dite « de l'Hermaphrodite »[4]) ainsi qu'au musée du Louvre à Paris et au Musée des Beaux-Arts de Lille. De dos, Hermaphrodite montre un corps à la grâce et aux courbes féminines, de l'autre, le spectateur aperçoit la particularité anatomique du personnage. Lady Charlotte Townshend, qui la vit au milieu du XVIIIe siècle, la décrit comme « le seul couple heureux que j'aie jamais rencontré »[5].
Les représentations d'Hermaphrodite sont répandues dans les peintures mythologiques à sujet érotique prisées par la société romaine et découvertes au XVIIIe siècle dans les cités du Vésuve, en particulier à Pompéi. Le Cabinet secret du Musée archéologique national de Naples en conserve cinq : Hermaphrodite (inv. 9224), Pan et Hermaphrodite (inv. 27700), Vieux satyre et Hermaphrodite (inv. 27875), Satyre et Hermaphrodite (inv. 27701), Satyre tentant de s'unir à Hermaphrodite (inv. 110878).
Sources
- Théophraste, Les Caractères XVI
- Diodore, Bibliothèque historique IV.6.5
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 288-390).
Références
- (en) Yulia Ustinova, The Supreme Gods of the Bosporan Kingdom: Celestial Aphrodite and the Most High God, BRILL, (ISBN 90-04-11231-6, lire en ligne), p. 106
- (en) Encyclopaedia of the Hellenistic World, Asia Minor: Hermaphroditus – Literary sources, asiaminor.ehw.gr
- (en) Encyclopaedia of the Hellenistic World, Asia Minor: Hermaphroditus – Cult, asiaminor.ehw.gr
- , sur virtualuffizi.com
- (en) « Seduced: Embracing the erotic », Richard Dorment, Daily Telegraph, 16 octobre 2007
Annexes
Bibliographie
- Les Caractères (trad. du grec ancien par Nicolas Waquet, préf. Nicolas Waquet), Paris, Payot & Rivages, coll. « La Petite Bibliothèque », , 112 p. (ISBN 978-2-7436-2138-4).
- Les Caractères (trad. du grec ancien par Xavier Bordes, préf. Xavier Bordes), Paris, Mille et Une Nuits, , 72 p. (ISBN 2-84205-044-4).
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (de + en + la) Sandrart.net
- Ressource relative à la bande dessinée :
- (en) Comic Vine
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Patrick Graille, Le troisième sexe, Paris, Les éditions arkhê, 2011 (ISBN 9782918682134), (lire en ligne)
- Hermaphrodite endormi, département des Antiquités grecques, Notice no 887, base Atlas, musée du Louvre
- Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio
- Images d'Hermaphrodite dans la Base de Données Iconographiques de l'Institut Warburg
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