Hermogénès de Xanthos
Hermogénès fils d'Apollonios (grec ancien : Ἑρμογένης Ἀπολλωνίου), couramment appelé Hermogénès de Xanthos (grec ancien : Ἑρμογένης Ξάνθιος) devenu citoyen romain sous le nom de Titus Flavius Hermogénès (grec ancien : Τίτος Φλάουιος Ἑρμογένης)[N 1], et également surnommé « le Cheval » (ὁ Ἵππος), est un athlète grec du Ier siècle apr. J.-C., originaire de la cité-État de Xanthos, en Lycie.
Amphore panathénaïque à figures noires, vers 500 av. J.-C.
Peintre de Cléophradès (Louvre G65)
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Spécialiste de course à pied, Hermogénès remporta trente-et-un titres lors des Jeux panhelléniques « périodiques », dont huit aux Jeux olympiques. Il se distingua aussi dans les nombreux concours isolympiques qui s'étaient alors multipliés. Il triompha ainsi à la course en armes aux jeux capitolins, lors de leur recréation à Rome par Domitien en 86. L'empereur lui aurait alors conféré la citoyenneté romaine pour le récompenser. Un monument commémoratif lui fut dédié, probablement dès 90, à l'entrée du Létoon de Xanthos, à une place d'honneur.
Athlète
Hermogénès était le fils d'Apollonios selon l'inscription sur son monument commémoratif à Xanthos[1],[2] ou fils de Démétrios selon l'inscription donnant la liste des vainqueurs aux Sebasta (les « Jeux Augustes ») de Néapolis[3] ; selon Miranda de Martino qui a analysé cette dernière inscription, cette différence pourrait être expliquée par une adoption « romaine »[4]. Hermogénès se spécialisa dans les épreuves de course à pied et s'illustra sur le stadion, d'une longueur d'un stade (environ 192 m), le diaulos, d'une longueur de deux stades (environ 384 m), et l'hoplitodromos, la course en armes d'une longueur de deux stades[1],[2].
Surnommé « le Cheval » (ὁ Ἵππος), Hermogénès remporta huit couronnes olympiques dans les années 80 ap. J.-C. Il fut « triastès[N 2] » lors des 215e et 217e Jeux olympiques, en 81 et 89 ap. J.-C. grâce à sa victoire dans le stadion, le diaulos et l'hoplitodromos. Il ne remporta pas le stadion en 85, mais put cependant cette année-là conserver son titre dans les deux autres épreuves[1],[5],[6],[7],[8],[9],[10]. Luigi Moretti suggère que des victoires sur des épreuves différentes comme le dolichos (course de fond) ou le pentathlon ne seraient cependant pas à exclure : un coureur de stadion, donc plutôt sprinteur, pourrait parfaitement en être capable[10].
Il est crédité de cinq victoires aux jeux pythiques, de neuf victoires aux jeux isthmiques et de neuf autres aux jeux néméens. Il remporta la course en armes aux jeux capitolins lors de leur recréation (sur le modèle des jeux olympiques) par Domitien à Rome en 86[7],[11],[12],[N 3]. Dans les autres concours isolympiques, il remporta sept victoires (dites « boucliers ») aux Héraia d'Argos, cinq victoires aux jeux de Pergame (jeux du koinon d'Asie[N 4]), cinq aux Balbillea (Éphèse), quatre aux Actia (Nicopolis), quatre[N 5] aux Sebasta (les « Jeux Augustes ») de Néapolis, quatre aux jeux de Smyrne (jeux du koinon d'Asie), quatre aux jeux de Syrie, Cilicie et Phénicie (célébrés à Antioche dans le cadre du culte impérial), trois aux Sebasta d'Alexandrie, ainsi que lors de « nombreux autres concours[N 6] »[12],[13],[14].
Hermogénès remporta la « course en armes à partir du trophée » aux Éleuthéries de Platées qui commémoraient la victoire de Platées en 479 av. J.-C. Cette épreuve était plus longue qu'un hoplitodromos habituel (deux stades), puisqu'elle se courait entre le trophée élevé sur le champ de bataille et l'autel de Zeus Eleuthérios (« Zeus libérateur ») dans la ville, soit une quinzaine de stades. Le vainqueur était qualifié de « meilleur parmi les Grecs »[12],[14],[15].
Honneurs
Hermogénès était citoyen de Xanthos. La citoyenneté romaine lui aurait été accordée pour le récompenser de sa victoire aux jeux capitolins par un des empereurs flaviens, probablement Domitien, comme le montre son choix de praenomen (Titus, un des prénoms de Domitien) et de gentilice (Flavius). Selon l'inscription sur le monument commémoratif au Létoon de Xanthos, Hermogénès était aussi citoyen de Patara (cité lycienne voisine de Xanthos à laquelle elle était très liée), d'Alexandrie[N 7] (évoquée nommément car cité prestigieuse) ainsi que « dans l'ensemble des cités les plus éminentes de l'Asie et de la Grèce[N 8] », très certainement en lien avec ses victoires lors des jeux organisés dans celles-ci ; les vainqueurs étaient en effet souvent faits citoyens de la ville organisatrice du concours[7],[11],[12].
Il portait aussi le titre de paradoxonikès, « vainqueur extraordinaire ». Ce terme désignait à l'origine un sportif ayant remporté la victoire alors que tout le donnait perdant. Il était surtout utilisé pour les athlètes qui avaient remporté le même jour lors des mêmes jeux la lutte et le pancrace, ce qui en faisait les successeurs d'Héraclès. Par extension, il s'appliqua aux sportifs ayant remporté deux ou trois victoires lors des mêmes jeux[11],[12],[16].
Un monument complexe honorant Hermogénès lui fut dédié, probablement dès 90, à l'entrée du Létoon de Xanthos à une place d'honneur. Le Létoon était le sanctuaire fédéral de la Confédération lycienne. Le monument, long de 3,60 mètres et haut d'environ 1 mètre à 1,40 mètre pour une largeur d'un peu plus de 90 centimètres, consistait en quatre socles inscrits, avec deux statues en bronze à chaque extrémité. La plus proche des propylées de l'entrée du sanctuaire représentait un athlète courant et accueillait de trois-quarts face le visiteur ou le pèlerin[17].
Après ses victoires, l'empereur[N 9] le nomma xystarche à vie pour tous les jeux organisés dans sa Lycie natale[1],[7],[18]. Cette charge, dont le nom dérive de xyste, la partie couverte du gymnase où les athlètes pouvaient s'entraîner l'hiver, désigne à l'époque romaine le président d'une association de sportifs puis, par extension, l'organisateur de jeux[18],[19]. Seul l'empereur pouvait nommer un xystarche. Le plus souvent, la charge concernait une seule cité, mais les fonctions d'Hermogénès s'étendaient à toute une province, ce qui était très rare et signe de sa grande notoriété[18].
Annexes
Sources littéraires antiques
- Eusèbe de Césarée, Chronique, Livre I, 70-82. Lire en ligne.
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (6, 13, 3).
Bibliographie
- André Balland et Christian Le Roy, « Le Monument de Titus Flavius Hermogénès au Létoon de Xanthos », Revue archéologique, vol. 2, , p. 325-349.
- (en) Paul Christesen, Olympic Victor Lists and Ancient Greek History, New York, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-86634-7).
- (de) Wolfgang Decker, Antike Spitzensportler : Athletenbiographien aus dem Alten Orient, Ägypten und Griechenland, Hildesheim, Arete Verlag, , 201 p. (ISBN 978-3-942468-23-7).
- (en) Mark Golden, Sport in the Ancient World from A to Z, Londres, Routledge, , 184 p. (ISBN 0-415-24881-7).
- (en) Harold Arthur Harris, Greek athletes and athletics, Londres, Hutchinson, , 244 p.
- (it) Elena Miranda de Martino, « Ritratti di Campioni dai Sebastà di Napoli », Mediterraneo Antico, vol. XVI, no II, , p. 519-536 (lire en ligne).
- (en) David Matz, Greek and Roman Sport : A Dictionnary of Athletes and Events from the Eighth Century B. C. to the Third Century A. D., Jefferson et Londres, McFarland & Company, , 169 p. (ISBN 0-89950-558-9).
- (it) Luigi Moretti, « Olympionikai, i vincitori negli antichi agoni olimpici », Atti della Accademia Nazionale dei Lincei, vol. VIII, , p. 55-199.
- (en) H. W. Pleket et R. S. Stroud, « SEG 34-1314-1317. Xanthos. Monument for the athlete Titus Flavius Hermogenes, ca 90 A.D. », Supplementum Epigraphicum Graecum, (DOI 10.1163/1874-6772_seg_a34_1314_1317).
Liens externes
- Ressource relative au sport :
- (en) Olympedia
- Reproductions photographiques de l'inscription en l'honneur d'Hermogénès sur le site de la mission épigraphique canadienne de Xanthos.
Notes et références
Notes
- Cet athlète a longtemps été connu en tant qu'« Hermogénès de Xanthos », selon les listes de vainqueurs du stadion établies par Julius Africanus et Eusèbe de Césarée. La découverte en 1981-1982 du monument qui lui a été dédié au Létoon de Xanthos a permis de découvrir le nom de citoyen romain qu'il s'était choisi : « Titus Flavius Hermogénès », ainsi que le nom de son père.
- Titre accordé à un athlète ayant remporté trois victoires au cours des mêmes jeux. Huit seulement (tous des coureurs) sont connus pour les Jeux olympiques antiques (Golden 2004, p. 168).
- Elena Miranda de Martino suggère une victoire plus tardive, vers 94 ou 98 (Miranda de Martino 2013, p. 529).
- Le terme « koinon », parfois traduit par « confédération », « ligue » ou « assemblée » désigne un regroupement politique de cités, souvent à l'échelle régionale. Ces structures se multiplient aux époques hellénistique et romaine. (Marie-Claire Amouretti et Françoise Ruzé, Le monde grec antique : des palais crétois à la conquête romaine, Paris, Hachette Université, , 288 p. (ISBN 2010074971). p. 208-209 et 239.)
- Stadion, diaulos et hoplitidromos en 86 et hoplitodromoes en 90 ou 94 (Miranda de Martino 2013, p. 526-528).
- Formule générique usuelle (Balland et Le Roy 1984, p. 346).
- Il pourrait l'avoir obtenu entre ses premières victoires à Néapolis en 86 et sa victoire de 90 ou 94 car il est présenté dans la liste de 86 comme citoyen de Xanthos et dans celle de 90 ou 94 comme citoyen de Xanthos et Alexandrie (Miranda de Martino 2013, p. 528).
- Formule générique sans signification institutionnelle précise (Balland et Le Roy 1984, p. 343).
- Son nom n'est pas non plus précisé dans l'inscription. Il pourrait s'agir de Domitien, celui-là même qui lui aurait accordé la citoyenneté.
Références
- Decker 2014, p. 130.
- Balland et Le Roy 1984, p. 341.
- Miranda de Martino 2013, p. 526-528.
- Miranda de Martino 2013, p. 528.
- Balland et Le Roy 1984, p. 342.
- Harris 1964, p. 65.
- Golden 2004, p. 68.
- Matz 1991, p. 64 et 126.
- Miranda de Martino 2013, p. 526-530.
- Moretti 1959, p. 159-160 (notices 805-807, 812-813 et 817-819).
- Balland et Le Roy 1984, p. 343.
- Decker 2014, p. 130-131.
- Balland et Le Roy 1984, p. 344-346.
- Miranda de Martino 2013, p. 529.
- Balland et Le Roy 1984, p. 343-344.
- Golden 2004, p. 128-129.
- Balland et Le Roy 1984, p. 325, 333, 336-338 et 342.
- Balland et Le Roy 1984, p. 344.
- Golden 2004, p. 178.
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