Higoumène Daniel
L'Higoumène Daniel (en russe : Даниил Паломник) était un pèlerin-écrivain russe du XIIe siècle. On ne connaît pas grand-chose à son sujet.
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Brève biographie
Il était vraisemblablement l'abbé ou le prieur (d'où higoumène) d’un monastère probablement situé en Petite Russie, dans le gouvernement de Tchernigov. En effet, les références de Daniel à la rivière Snov, ont amené les chercheurs à supposer qu'il venait sans doute de la province de Tchernigov où coule le Snov.
Il a aussi été associé à Daniel, Évêque de Iouriev (ru) (1115) qui décéda le ; mais cette identification n'est qu'une hypothèse.
Bref parcours
Lors de son pèlerinage pour la Terre sainte, Daniel se rendit à Constantinople et embarqua pour Jaffa tout en passant par Éphèse, Chypre et d'autres lieux situés sur la route maritime. On peut dater avec certitude l'époque de son pèlerinage car il fait ouvertement référence au grand-duc Michel Sviatopolk Ysiaslavitch.
Il se trouvait à Jérusalem de 1104 à 1106, notamment sous le règne du roi de Jérusalem Baudoin Ier.
Il parcourra ensuite la plus grande partie de la Palestine, visitant les sanctuaires, les Lieux Saints et les monastères, accompagné des meilleurs guides et rédigeant un compte-rendu minutieux. Il rencontra plusieurs compatriotes venus de Novgorod, de Kiev et de Kachine. Ils sont évoqués notamment par Daniel comme étant présents la veille de Pâques dans le Saint-Sépulcre.
Son retour fut mouvementé. Il partit de Beyrouth ou d’Antioche. Alors qu'il se déplaçait en direction de Constantinople par cabotage, il fut victime d'une attaque de pirates. Il arriva finalement sain et sauf.
Brève histoire de son texte
Daniel, contemporain de Nestor, était un des plus vieux annalistes russes et son journal de voyage est un des documents russes les plus importants du début du XIIe siècle. Son manuscrit raconte son pèlerinage en Terre sainte. Au moins soixante-quinze versions de son manuscrit ont été réalisées dont 5 sont antérieures à 1500. La première date de 1475 et se trouve à la bibliothèque d'histoire ecclésiastique de Saint-Pétersbourg. Les traductions ont été faites dans de nombreuses langues. Trois éditions existent dont:
- en russe : "Histoire des russes" P . Sakharov (Saint-Pétersbourg, 1849),
- en anglais : "The Pilgrimage of the Russian Abbot Daniel in the Holy Land", 1106-1107 A.D., annotated by Sir C. W.Wilson (Londres, 1895),
- en français : Itinéraires russes en Orient, Mme Sophia Petrovna Bakhmetev de Khitrovo, (Genève, 1889).
L'intérêt du récit repose sur la description du voyage, de la Terre sainte des lieux saints ainsi que la rencontre entre l'higoumène Daniel et Baudoin 1er.
Même si le récit de Daniel qui commence à Constantinople est de grande valeur, il omet de décrire certaines sections les plus intéressantes de son voyage. Il visita la Palestine du temps de Baudoin 1er juste après la capture d’Acre par les croisés en 1104. Il prétend avoir accompagné Baudouin qui lui témoigna une sincère amitié à l’occasion d’une expédition contre Damas en 1107.
Sa description de la Terre sainte rappelle les conditions (Sarrasins pillant tout jusqu’à détruire les édifices chrétiens, les relations amicales entre l'Église romaine et orientale en Syrie) caractéristiques de cette période. On peut lire notamment dans son récit, paru sous le titre Le Pèlerinage de l’higoumène Daniel en Terre sainte, les dangers qui guettent le voyageur les premières années du royaume latin de Jérusalem : « À Lydda, sur la route de Jaffa à Jérusalem, les pèlerins redoutent les raids des Sarrasins d’Ascalon ; des brigands infestent la route de Jérusalem à Jéricho ; il y en a tant dans les montagnes au sud-est de Bethléem que Daniel et ses compagnons doivent voyager sous la protection d’un chef sarrasin. Personne ne peut aller de Jérusalem au lac de Tibériade sans escorte armée. Les Sarrasins impies massacrent les chrétiens se rendant du mont Thabor à Nazareth et l’on ne peut visiter le Liban à cause des Infidèles. Le pèlerin qui atteint enfin le but tant espéré jouit donc pleinement de la vision qui s’offre à lui. »
Son récit de Jérusalem est remarquablement clair, minutieux et précis :
« La ville sainte de Jérusalem se situe dans des vallées arides, au milieu de hautes montagnes rocheuses. Ce n’est qu’en approchant de la ville que l’on voit, d’abord, la tour de David ; puis, en avançant un peu, le mont des Oliviers, le Saint des Saints, l’église de la Résurrection, dans laquelle est le Saint- Sépulcre et, finalement, la ville entière. À une distance d’une verste environ en face de Jérusalem se trouve une montagne assez plate. Chaque voyageur qui l’atteint descend de cheval et, traçant le signe de la croix, adore la Sainte Résurrection à la vue de la ville. »
« Tout chrétien est empli d’une joie immense à la vue de la ville sainte de Jérusalem ; et les croyants pleurent de joie. On ne peut que verser des larmes à la vue des lieux tant espérés où le Christ endura sa Passion pour la rémission de nos péchés ; et ainsi, empli d’une joie profonde, on continue à pied le voyage vers Jérusalem. »
« Près de la route, à gauche, il y a l’église du premier martyr, saint Étienne : c’est à cet endroit qu’il fut lapidé par les juifs ; on y montre également sa tombe. À cet endroit précis se trouve une montagne qui s’entrouvrit au moment de la Crucifixion. L’endroit s’appelle “la Géhenne”, à un jet de pierre du mur de la ville. Ensuite, les pèlerins, tout joyeux, entrent dans la ville de Jérusalem en passant par la porte qui se trouve près de la maison de David : cette porte fait face à Bethléem et se nomme la porte de Benjamin. À l’entrée de la ville, il y a une route qui la traverse, qui conduit vers la droite au Saint des Saints, et vers la gauche à l’église de la Sainte Résurrection qui contient le Saint-Sépulcre. »
Son voyage décrit aussi trois excursions dans des régions du Proche-Orient :
- la première dans la région de la Mer Morte où il compare le Jourdain à une rivière russe : le Snov,
- la seconde à Bethléem et Hébron,
- la troisième à Damas.
Malgré un certain nombre d’erreurs dans la topographie et l’histoire, le récit de l'observateur est marqué par une bonne foi évidente et constitue probablement un des documents les plus importants de la littérature russe médiévale concernant la Palestine : C’est un document de référence pour l’histoire de la langue russe mais aussi pour l’étude des rites et de la liturgie (cérémonie de Pâques, cérémonie du feu sacré …).
Notes et références
Liens externes
- Le récit de l'higoumène Daniel, traduction française à télécharger
- Itinéraires russes en Orient comportant une traduction du récit de Daniel
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