Hip-house

La hip-house (ou rap house) est un sous-genre musical qui mêle des éléments de house music et de hip-hop. Originaire de Chicago, elle accède à la notoriété à la fin des années 1980 jusqu'au milieu des années 1990.

Hip-house
Détails
Date de création
Origines culturelles
Popularité
De la fin des années 1980 jusqu'au milieu des années 1990

Caractéristiques

Le terme « hip-house » est utilisé pour la première fois par Fast Eddie, un rappeur et producteur de Chicago[1]. Elle est aussi connue sous le nom de rap house[2]. Il s'agit d'un sous-genre musical hybride[3] qui est un mélange de house music et de hip-hop[2],[4],[5]. Le tempo est plus rapide que le hip-hop et la house dont elle dérive[6]. Tandis que d'autres sous-genres du hip-hop visent les ghettos, la hip-house est destinée aux pistes de danse[7]. Les titres du genre présentent des caractéristiques musicales propres à la house et mettent plus en avant le rap que le chant[7]. Certaines chansons du genre combinent même parties chantées et rappées, comme c'est le cas pour My Music (1993) du rappeur Biscuit[7]. Fast Eddie emploie quant à lui la TB-303 et des échantillons de chansons de James Brown dans ses titres[3].

Histoire

Au début des années 1980, les discothèques de Chicago voient apparaître un nouveau genre musical baptisé la house[7]. Certains titres de house présentent des passages rappés et présagent ainsi la naissance de la hip-house, qui fait aussi son apparition à Chicago[7],[Note 1]. Le genre rencontre d'abord le succès dans les discothèques new-yorkaises et européennes[7]. Le DJ Todd Terry sort en Party People, un prototype de hip-house qui échantillonne une partie vocale de Planet Rock d'Afrika Bambaataa[8]. Avec la popularité grandissante du hip-hop au cours des années 1980, la hip-house devient de plus en plus présente au sein de la culture house[7]. Des groupes tels que Technotronic, Snap!, C+C Music Factory et AB Logic représentent le genre dans les années 1980 et 1990[7]. Plusieurs rappeurs et groupes de hip-hop s'essayent à la hip-house le temps de quelques chansons, sans pour autant s'associer complètement avec le genre[7]. C'est notamment le cas de Queen Latifah avec Come into My House (1989) et des Jungle Brothers avec I'll House You (1990)[7]. La chanteuse américaine Madonna touche également un peu à la hip-house avec Vogue (1990), une chanson house qui contient une brève partie rappée[7]. Bien que n'étant pas de la hip-house à proprement parler, Vogue permet néanmoins de faire connaître davantage le genre[7].

La hip-house connaît un pic de popularité à l'aube des années 1990 avec des tubes comme Pump Up the Jam de Technotronic, The Power de Snap!, Gonna Make You Sweat (Everybody Dance Now) de C+C Music Factory et The Hitman d'AB Logic[7]. Au cours des années 1990, de nombreux titres de hip-hop tels que Luck of Lucien du groupe A Tribe Called Quest sont remixés pour pouvoir passer en discothèque[9]. La hip-house connaît un certain succès en Allemagne en 1998[10]. Un remix du titre It's Like That de Run–DMC par Jason Nevins se vend à plus de 1,3 million d'exemplaires en Allemagne et popularise le genre dans le pays[10]. L'approche des années 2000 est marquée par la popularité grandissante de la trance, qui remplace peu à peu la house dans la scène électronique mondiale, provoquant alors le déclin de la hip-house[7].

La rappeuse américaine Azealia Banks remet au goût du jour la hip-house en 2012 avec la parution de son premier EP intitulé 1991[11]. En 2015, Nicki Minaj échantillone une chanson dance de 2010, What They Say de Maya Jane Coles, dans sa chanson Truffle Butter[9]. Le titre, qui atteint la première place du Hot R&B/Hip-Hop Airplay en mars de cette année, montre le rapprochement de plus en plus marqué du hip-hop et la house[9].

Réception

La hip-house est de façon générale mal perçue par les puristes du hip-hop, en particulier les rappeurs hardcore[7]. Lors de son pic de popularité au début des années 1990, les artistes de hip-house sont vus comme des « opportunistes » qui exploitent la culture du hip-hop[7]. KRS-One dénonce le genre comme une « dilution de la pureté du rap avec la house »[1].

Notes et références

Notes

  1. La date d'apparition de la hip-house est incertaine ; elle est tantôt estimée à 1986[5], tantôt à 1988[2], tantôt à 1989[3].

Références

  1. (en) Frank Owen, « Hip House », Spin, vol. 5, no 9, , p. 26 (ISSN 0886-3032, lire en ligne)
  2. Mazzi et Mazzi 2008, p. 200.
  3. Reynolds 2013.
  4. Bruchet et Fau 2004, p. 281.
  5. Poschardt 2002, p. 274.
  6. Straw 1991.
  7. (en) Alex Henderson, « Hip-House » (version du 9 novembre 2010 sur l'Internet Archive), sur AllMusic.
  8. Cooper 2004.
  9. (en) Elias Leight, « Nicki Minaj, Drake & Kid Ink: The Evolving Relationship Between Hip-Hop & House », Billboard, (lire en ligne).
  10. (en) Wolgang Spahr, « German Hip-House Enjoys Retail, Radio Boom », Billboard, vol. 110, no 32, , p. 75 (ISSN 0006-2510, lire en ligne)
  11. Bourhis et Brüno 2016, Azealia Banks / 1991.

Bibliographie

  • (fr) Hervé Bourhis et Brüno, Le Petit Livre Black Music, Dargaud, (ISBN 978-2-205-07608-0, lire en ligne)
  • (en) Carol Cooper, « The House That Rap Built », dans Raquel Cepeda (ed.), And It Don't Stop: The Best American Hip-Hop Journalism of the Last 25 Years, New York, Faber and Faber, (ISBN 978-0-571-21159-3, lire en ligne), p. 87–91
  • (it) Maria Chiara Mazzi et Lucio Mazzi, Il racconto della musica : Dalla dodecafonia a Vasco Rossi, vol. 2, Pardes, (ISBN 978-88-89241-45-5, lire en ligne)
  • (fr) Modulations : une histoire de la musique électronique Modulations: A History of Electronic Music: Throbbing Words on Sound »] (trad. de l'anglais par Pauline Bruchet et Benjamin Fau), Éditions Allia, (ISBN 2-84485-147-9, lire en ligne)
  • (fr) Ulf Poschardt (trad. de l'allemand par Jean-Philippe Henquel et Emmanuel Smouts), DJ Culture, Éditions Kargo, (1re éd. 1995) (lire en ligne)
  • (en) Simon Reynolds, Energy Flash: A Journey Through Rave Music and Dance Culture, Faber and Faber, (1re éd. 1998) (ISBN 978-0-571-28913-4, lire en ligne), « Two: Living in a Dream: Acid House and UK Rave, 1988–89 »
  • (en) Will Straw, « Systems of Articulation, Logics of Change: Scenes and Communities in Popular Music », Cultural Studies, vol. 5, no 3, , p. 368–388 (DOI 10.1080/09502389100490311, lire en ligne)
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