Homo sapiens americanus

Homo sapiens americanus est un taxon désuet inventé par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758 dans son ouvrage Systema naturae[1],[2],[3],[4],[5]. Il désignait une sous-espèce d'Homo sapiens.

Ce taxon n'est plus utilisé aujourd'hui en zoologie. Le consensus scientifique actuel rejette en tout état de cause l’existence d'arguments biologiques qui pourraient légitimer une classification scientifique interne à l'espèce humaine selon des critères morphologiques ou culturels[6],[7],[8].

Historique

Origines

En 1684, le philosophe français François Bernier publie sa première tentative théorique de diviser l'espèce humaine en races avec l'article Nouvelle Division de la Terre par les différentes Espèces ou races d’homme qui l’habitent, envoyé par un fameux Voyageur à M. l’abbé de la *** à peu près en termes dans le Journal des savants. Il existe selon lui quatre races humaines mais les Amérindiens ne font partie d'aucune[9].

En 1735, le naturaliste Carl von Linné publie Systema naturae, son ouvrage majeur dans lequel il expose sa méthode de classification de la nature. Il y divise les humains en cinq espèces, à savoir Homo africanus niger, Homo americanus rubescens, Homo asiaticus fuscus et Homo europeanus albescens[10].

Homo americanus rubescens est le premier taxon regroupant les Amérindiens. C'est donc un prototype à Homo sapiens americanus. En effet, Linné va apporter des modifications à sa classification au fil des nouvelles éditions de Systema naturae.

Apparition

En 1758, dans la dixième édition de Systema naturae, il fait des humains une unique espèce, Homo sapiens, divisée en plusieurs sous-espèces. Chacune d'elles est caractérisée par une zone géographique, une couleur de peau et un comportement. Parmi eux, il y a Homo sapiens americanus qui est décrit par Linné, dans une optique racialiste, comme « colériques, rouges de peau, francs, enthousiastes et combatifs »[11],[12].

Un taxon similaire apparait en 1825 : Homo americanus décrit par le naturaliste français Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent. Il décrit cependant uniquement les Amérindiens du bassin de l’Amazone et des Pampas et les Araucans du Chili et non l'ensemble des peuples du continent[13],[14],[15].

Postérité

Le taxon n'est plus utilisé scientifiquement de nos jours[16]. La théorie racialiste ne fait plus consensus aujourd'hui[17]. Les adjectifs qu'utilisent Linné pour qualifier chaque sous-espèce sont racistes.

De nos jours, le terme Homo americanus est parfois utilisé pour désigner les habitants des États-Unis[18], ou alors l'humain actuel influencé par le mode de vie américain[19].

Notes et références

Références

  1. (en) « Homo sapiens americanus », sur paleobiodb.org (consulté le )
  2. (en) « Homo sapiens americanus », sur fossilworks.org (consulté le )
  3. (de) « Homo sapiens americanus », sur mineralienatlas.de (consulté le )
  4. (en) « Homo sapiens subsp. americanus, Linnaeus, 1758 », sur treatment.plazi.org (consulté le )
  5. (en) « Homo americanus », sur taxonomicon.taxonomy.nl (consulté le )
  6. (en) Jennifer K. Wagner et al., « Anthropologists' views on race, ancestry, and genetics », American Journal of Physical Anthropology, vol. 162, no 2, , p. 318–327 (PMID 27874171, PMCID 5299519, DOI 10.1002/ajpa.23120)
  7. Alberto Piazza, « Un concept sans fondement biologique », Aux origines de la diversité humaine - la science et la notion de race, 30/09/1997, La Recherche no 302, p. 64.
  8. (en) American Association of Physical Anthropologists, « AAPA Statement on Race and Racism », sur American Association of Physical Anthropologists, (consulté le )
  9. (en) Christina Skott, « Human Taxonomies: Carl Linnaeus, Swedish Travel in Asia and the Classification of Man », Itinerario, vol. 43, no 02, , p. 223 (ISSN 0165-1153 et 2041-2827, DOI 10.1017/S016511531900024X, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Christina Skott, « Human Taxonomies: Carl Linnaeus, Swedish Travel in Asia and the Classification of Man », Itinerario, vol. 43, no 02, , p. 218–219 (ISSN 0165-1153 et 2041-2827, DOI 10.1017/S016511531900024X, lire en ligne, consulté le )
  11. Jean-François Paillard et Nicolas François, « A quoi servaient les "races" humaines ? - Ça m'intéresse », sur Ça m'intéresse - La curiosité en continu, (consulté le )
  12. (en) Koerner, Lisbet., Linnaeus : nature and nation, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, , 298 p. (ISBN 0-674-09745-9, 978-0-674-09745-2 et 0-674-00565-1, OCLC 41431772, lire en ligne)
  13. (en) « Homo americanus », sur irmng.org (consulté le )
  14. Christophe Brun, « Découper la Terre, inventorier l'Homme : Le planisphère de Bory de Saint-Vincent, 1827 », Monde(s), , p. 67 à 89 (ISSN 2261-6268, lire en ligne)
  15. « Homo americanus », sur gbif.org (consulté le )
  16. (en) Rod Taylor et Fuzzy Logic, « Human races - a race against what is understood legally especially about homo sapiens », sur smh.com.au, (consulté le )
  17. (en) Jonathan Marks, « Long shadow of Linnaeus's human taxonomy », sur nature.com, (consulté le )
  18. Claire Bourhis-Mariotti, François Pernot et Eric Vial, L'Homo americanus : des Amérindiens à Donald Trump, en passant par les pèlerins du Mayflower et John Wayne..., Montreuil/impr. en République tchèque, Editions de l'Oeil, , 288 p. (ISBN 978-2-35137-282-1, lire en ligne)
  19. Tomislav Sunic (trad. de l'anglais), Homo americanus : Rejeton de l'ère postmoderne, Saint-Genis-Laval, Akribeia, , 286 p. (ISBN 978-2-913612-42-6 et 2-913612-42-3, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

  • Portail de l’anthropologie
  • Portail de l’histoire de la zoologie et de la botanique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.