Hospice Saint-Louis
L'hospice Saint-Louis, ou hôpital général de Caen, est un ancien établissement charitable fondé à Caen en 1655. Les locaux sont construits dans les années 1670 au sud du quartier Saint-Jean. Créé principalement pour interner les mendiants et vagabonds, l'établissement devient au XVIIIe siècle un lieu d’accueil des enfants abandonnés et orphelins, ainsi que des personnes âgées invalides ou impotentes. L'hospice Saint-Louis est transféré dans les locaux de l'ancienne abbaye aux Dames en 1908. Entre 1972 et 1984, l'hôpital se spécialise dans l’accueil de personne âgées et change de nom (centre pour personnes âgées, puis résidence la Charité).
Hôpital général
Type | |
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Destination initiale |
Hôpital |
Destination actuelle |
Détruit |
Pays | |
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Région | |
Commune |
Coordonnées |
49° 10′ 41″ N, 0° 21′ 28″ O |
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Histoire
Sous l'ancien régime
Le , l’assemblée générale de la ville de Caen, sous l'influence de Henri II d'Orléans-Longueville, gouverneur de Normandie, fonde un bureau pour renfermer les pauvres[1]. La création de cet hôpital est confirmée par une lettre patente du [2].
Le , le parlement de Normandie demande que l’établissement soit nommé l’hôpital général de la charité de Caen[3]. Plusieurs terrains à l'extérieur de la ville sont pressentis pour accueillir l’hôpital : vers le manoir des Gens d'armes à Calix, à la Maladrerie ou au-dessus de Montaigu à Vaucelles[4]. Finalement, l’assemblée générale de la ville décide, le , de faire construire l’hôpital intra muros dans l'ancien près de la foire, au sud-ouest de l’île Saint-Jean, à proximité de l'Hôtel-Dieu[5]. L’établissement bénéficie de l'aide financière du M. Gavrus de Bernières, neveu de Jean de Bernières, qui est inhumé dans le chœur de l'église de hôpital après sa mort en 1691[6],[N 1]. Les travaux commencent en 1675 et les premiers pauvres, abrités à la Gobelinière sur la rive droite de l'Orne[1], y sont transférés le [6]. La propriété est délimitée à l'ouest et au sud par les fortifications de Caen. En 1679, une buanderie est construite entre le canal Robert et le mur d'enceinte de la ville, à travers lequel on perce un passage, et un quai est établi le long du canal pour faciliter le travail des lessiveuses[6]. L’église, construite en utilisant les matériaux issus de la destruction du temple protestant en 1685, est terminée en 1690 et la première messe y est célébrée le [1].
En 1679, le père jésuite Louis Le Valois, professeur de philosophie au collège du Mont[7],[8], et Élisabeth de Saint-Simon de Méautis fondent une congrégation de droit diocésain pour le service des pauvres recueillis dans l'hôpital général. Les règles de la communauté des Servantes de Jésus sont rédigées en 1686[9]. La communauté se développe : huit religieuses en 1679, douze en 1684, vingt en 1767 et vingt-quatre au moment de la suppression de l'ordre[7]. L'une d'entre elles, Marie-Barbe Pellerin de la Coudraye (1686-1763), fonde en 1714 à l'Hôpital Général de Rouen, avec les mêmes règles et constitutions, la Congrégation Notre-Dame de Charité de Rouen.
L’hôpital est un exemple d'institution disciplinaire dont le concept a été développé par Michel Foucault. Ce nouvel établissement fait en effet partie de la politique d'enfermement systématique des mendiants et vagabonds. Il accueille les pauvres de la ville et les enfants abandonnés après l'âge de huit ans[N 2],[10]. En 1698, des ateliers de dentelle sont ouverts pour faire travailler les filles et garçons[11]. Grâce à ces ressources supplémentaires, la situation financière de l’hôpital général est plus confortable que celle de l'Hôtel-Dieu son voisin[12]. Dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, les mendiants et vagabonds sont envoyés au dépôt de mendicité de Beaulieu (actuel centre pénitentiaire de Caen) ; seuls les vieillards infirmes ou ne pouvant travailler, ainsi que les orphelins pauvres et les enfants trouvés et abandonnés, demeurent dans l'hospice[13].
Au XIXe siècle
Le , les Petits renfermés et l'hospice Saint-Louis sont réunis en une institution unique[15]. En vertu du décret du , l’hôpital est désigné comme hospice dépositaire pour les enfants abandonnés du département du Calvados . Il abrite également les vieillards dits caducs .
. Un décret du contient le brevet d'institution publique des sœurs hospitalières de l’hôpital de Saint-Louis de CaenAu XXe siècle
En , la commission administrative des hospices de Caen décide de désaffecter l'hospice Saint-Louis et de l'installer dans l'ancienne abbaye aux Dames après le transfert de l’Hôtel-Dieu dans de nouveaux locaux[17],[18]. En 1908, le nouvel hôpital (actuel hôpital Clemenceau) est inauguré sur la route de Ouistreham et l'hospice Saint-Louis s'installe dans l'ancienne abbaye en 1914.
La démolition de l'ancien établissement est retardée par la Première Guerre mondiale du fait de son utilisation comme hôpital militaire provisoire. Le plan définitif du nouveau quartier Saint-Louis est présenté en 1919. La chapelle Saint-Louis, qui devait être préservée pour être transformée en maison de la mutualité, est amenée à être détruite pour permettre le percement d'une nouvelle rue dans le prolongement de la rue Singer[19]. Les bâtiments sont démolis au début des années 1920. Malgré leur état de vétusté, seules sont conservées les tours Ès-Morts et Devers-les-Près, au sud du terrain, qui sont classées monuments historiques en 1921[N 3]. Les 2,3 ha de terrain sont lotis et plusieurs voies sont créées (place Maréchal-Foch ; rues Gabriel Dupont, René Perotte, du Onze-Novembre, Paul Toutain, Gaston Lavalley, de Reims)[20].
Entre 1972 et 1984, l'hospice Saint-Louis est transféré dans le couvent de la Charité de Caen à la Guérinière et se spécialise dans l'accueil des personnes âgées. Il devient le centre pour personnes âgées, puis la résidence pour personnes âgées « La Charité »[21].
Architecture
« [La] longue façade, à peine percée de trois portes et de quelques fenêtres, [...] s'étend sur plus de la moitié du côté gauche de la rue Saint-Louis.
C'est d'abord la cour d’entrée, d'aspect calme et accueillant avec sa rangée de parloirs d'un côté et de l'autre la crèche où sont accueillis les tout petits enfants.
À la suite de cette cour se trouve celle du quartier des femmes, vaste et bordée au fond par les bâtiments de service de l'hospice ; ces bâtiments élevés sans aucune prétention architecturale ont été bâtis au XVIIe siècle pour un usage auquel ils sont encore affectés et je me souviens avoir entendu vanter leur commodité par le personnel de l'hospice, l'élévation des étages n'est pas exagérée par suite les escaliers sont en pente douce et à ce point de vue ils offrent un avantage sur ces beaux bâtiments de l'abbaye aux Dames construits pour une autre destination et dans lesquels les services de l'hospice Saint-Louis vont être transférés.
La même observation est à faire pour la cour et les bâtiments du quartier des hommes.
Entre les deux cours se remarque un gros pavillon central dont la façade principale, qui a fort grand air s’élève sur le vaste jardin, du côte de la cour des femmes son vaste toit est accolé d'un haut beffroi en charpente refait il y a quelques années et qui présentait avant cette reconstruction un aspect très pittoresque.
La chapelle s’élève également entre les cours des deux quartiers. À l'extérieur, elle n'offre pas non plus un aspect bien remarquable, elle est du style « jésuite » le moins orné possible et pourvue au chevet d'un clocher octogonal très simple, sa façade absolument nue donne sur la rue Saint-Louis.
L'intérieur présentait plutôt quelqu'intérêt. La chapelle contient un assez beau autel et elle est a trois nefs, séparées par des colonnes de pierre blanche, et ses nefs latérales sont surmontées de tribunes.
Une tradition locale fait des boiseries de ces tribunes et de celles de la voûte couvrant la grande nef, un souvenir historique. Lors de la révocation de l’Édit de Nantes, le temple établi au Bourg-l'Abbé et où se célébrait le culte reformé, fut démoli et les matériaux en furent donnés à l'Hôpital général alors en construction et qui en fit les boiseries de sa chapelle.
Autour de cette chapelle se trouvent de petits bâtiments et des courettes étroites, dont l'aspect rappelle celui des logis des béguinages de Flandre. » [22]
La cloche de l’église provenait également de l'ancien temple protestant[23].
Bibliographie
- Paul Dartiguenave, Michel Nicolle, Albert Robert, Les enfants de Saint-Louis : de l'hôpital général au foyer Saint Louis de l'abbaye aux Dames à Caen, Turquant, Cheminements, 2009, 251 p.
- François Langlois, « Les enfants abandonnés à Caen, 1661-1820 », Histoire, économie et société, 1987, vol. 6, no 6-3, pp. 307-328
- Marie-José Villemon, « À partir des sources hospitalières. L'alimentation du pauvre de l'hôpital général de Caen au début du XVIIIe siècle » in Annales de Normandie, 1971, vol. 21, no 21-3, pp. 235-260 [lire en ligne]
Notes
- Son corps est déplacé en 1914 dans l’église Saint-Jean, avant la démolition de l’église de l'hôpital.
- Avant cet âge, ils sont envoyés aux Petits renfermés, dépendance de l'Hôtel-Dieu.
- La tour Devers-les-Près est toutefois radiée en 1926 et démolie peu après. La tour Ès-Morts est détruite en 1944 pendant la bataille de Caen.
Références
- Pierre-Daniel Huet, Les origines de la ville de Caen, revues, corrigées & augmentées, Rouen, Maurry, 1706, pp. 221–222
- Caraby, Établissement de l'Hôpital général de Caen, Caen, Imprimerie de J.C. Pyron , 1778 [lire en ligne]
- Paul Dartiguenave, Michel Nicolle, Albert Robert, Les enfants de Saint-Louis : de l'hôpital général au foyer Saint Louis de l'abbaye aux Dames à Caen, Turquant, Cheminements, 2009, p. 28
- Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, Caen, Delesques / Jouan, 1906, tome XXV, p. 48
- Paul Dartiguenave, Michel Nicolle, Albert Robert, op. cit., p. 29
- Jacques Laffetay, Histoire du diocèse de Bayeux, XVIIe et XVIIIe siècles, Imprimerie Delarue, Bayeux, 1855, pp. 136–138
- Jacques Laffetay, op. cit., pp. 138–141
- Biographie universelle ancienne et moderne ou histoire par ordre alphabétique, de la vie privée et publique de tous les hommes qui se sont distingués par leurs écrits, leurs actions, leurs talent, L-G Michaud, Paris, 1827, tome 47, p. 26
- Hugues Beylard, Le Père Le Valois, Élisabeth de Saint-Simon, Marie-Barbe de La Coudraye et les hôpitaux de Rouen et Lisieux. Aux origines de l'Hospice Saint-Louis de Caen, pages d'histoire locale., H. Beylard, Lille, 1975
- Paul Dartiguenave, Michel Nicolle, Albert Robert, op. cit., p. 30
- Robert Patry, Une ville de province : Caen pendant la Révolution de 1789, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1983, p. 75
- Robert Patry, op. cit., p. 54
- Paul Dartiguenave, Michel Nicolle, Albert Robert, op. cit., p. 100
- Jean-Baptiste Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens et avis du Conseil d'État de 1788 à 1824, Paris, A. Guyot, Bousquet, 1834-1845, tome 17, 2e édition, p. 217 [lire en ligne]
- « Un incident au conseil d'administration de Caen », Le bonhomme normand, 33e année, no 21, 21-27 mai 1897
- Paul Dartiguenave, Michel Nicolle, Albert Robert, op. cit., p. 21
- Le Journal de Caen, 5 septembre 1919
- Philippe Lenglart, Le nouveau siècle à Caen, 1870-1914, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1989, pp. 137–140
- Site du CHU de Caen
- Georges Salle, « Une opinion de Léon Vidal sur l'art photographique. L'hospice Saint-Louis de Caen », Revue photographique de l'Ouest, mars 1914, pp. 36–38 [lire en ligne]
- Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, Caen, Le Blanc-Hardel, 1883, tome XI, p. 250 [lire en ligne]
Articles connexes
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