Anosmie
L'anosmie est un trouble de l'odorat qui se traduit par une perte totale de l'odorat, temporaire ou permanente[1]. L'anosmie est habituellement bilatérale mais peut être unilatérale. Elle peut être associée à une perturbation du sens du goût, voire d'une perte totale appelée agueusie. Les conséquences peuvent être lourdes et multiples.
Ce handicap peut être congénital c'est-à-dire acquis dès la naissance. Il est plus souvent d'origine traumatique ou infectieuse.
L'anosmie est fréquemment causée par l'altération du nerf olfactif situé sous le bulbe olfactif qui se trouve au-dessus de la racine du nez mais peut aussi survenir en cas d'atteinte[Quoi ?]. C'est une lésion fréquente dans les traumatismes crâniens où le choc est antérieur : les filets du nerf olfactif qui traversent la lame criblée de l'os ethmoïde, sont déchirés à ce niveau.
Dans de nombreuses maladies virales comme la grippe, une perte d'odorat partielle, temporaire et bénigne résulte de l'obstruction du nez. Dans le cas particulier de la Covid-19, qui ne provoque généralement pas de congestion nasale, l'anosmie est plus systématique (environ 80 % des malades) et provient, selon une étude publiée en octobre 2020[2], d'une détérioration de l'épithélium olfactif, sans atteinte des neurones[3].
Le nombre de personnes touchées par l'anosmie reste incertain. Une étude réalisée au Royaume-Uni en 2014 indique que 5 % de la population générale souffrirait d'anosmie[4]. Aucune étude n'a été réalisée en France.
Diagnostic
"L’anosmie est due à l'endommagement des capteurs dans la muqueuse nasale avec la disparition des cils portés par les neurones sensoriels"[5].
L'anosmie peut être diagnostiquée par les médecins à l'aide de tests à base d'acétylcystéine. Le médecin commence par un examen détaillé de l'historique du patient. Il demande d'énumérer toute blessure pouvant être liée à l’anosmie, telles que les infections du système respiratoire supérieur ou un traumatisme crânien. L'évaluation psychophysique de l'ordre et l'identification du goût peut être utilisée pour identifier une anosmie. Un examen du système nerveux est réalisé pour voir si les nerfs crâniens sont endommagés[6].
Le diagnostic, ainsi que le degré de déficience, peuvent aujourd'hui être testés beaucoup plus efficacement qu'auparavant grâce à des kits de test de l’odorat désormais disponibles, ainsi qu'à des tests de dépistage qui utilisent des composés dont dispose la plupart des cliniques[7]. Il arrive de temps à autre que l'odorat d'un patient soit affecté à la suite d'un accident. Des odeurs particulières, présentes auparavant ne sont alors plus détectées. Après un traumatisme crânien, certains patients peuvent subir une anosmie unilatérale. Le sens de l'odorat doit être testé pour chacune des narines[8][réf. à confirmer].
De nombreux cas d'anosmie congénitale restent non déclarés et non diagnostiqués. Si le trouble est présent dès la naissance, autrement dit congénital, l'individu peut ne pas s'en rendre compte, ou bien partiellement. En effet, ce sens de l'odorat que par conséquent il ne possède pas ne pourra pas apparaître consciemment pour lui comme étant un état de déficience[9][source insuffisante]
Causes
- Défaut de perméabilité des fosses nasales
- Syndrome de Kallmann : hypogonadisme hypogonadotrope ;
- Rhume ;
- Sinusite ;
- Rhinite ;
- Maladie à coronavirus 2019[10] ;
- Polype des fosses nasales ;
- Polypose naso-sinusienne ;
- Excès de tabac ;
- Utilisation de certains médicaments comme les psychotropes ;
- Intoxication au cadmium ;
- effet temporaire d'une exposition nasale au zinc (médicamenteuse éventuellement)[11]
- Inhalation de cocaïne.
- Altération ou destruction des organes sensoriels
- Anomalie anatomique (anosmie de naissance) ;
- Écrasement, sectionnement d'un nerf (accidents, opérations) ;
- Lésion tumorale locale ;
- Certaines formes d’épilepsie ;
- Atteinte virale du nerf olfactif ;
- Atteinte neurologique des centres nerveux de l’olfaction situés dans le cerveau ;
- Grossesse, prise de la pilule.
- Avec quelle fréquence rencontre-t-on ces différentes causes dans les troubles de l'odorat et du goût[12] ?
- 26 % rhinite aiguë ;
- 22 % pas de cause décelable ;
- 18 % traumatisme crânien ;
- 15 % rhinosinusite ;
- 4 % congénitale ;
- 2 % chimique ;
- 0,8 % infection buccale ;
- 0,7 % neurochirurgie ;
- 0,5 % autres infections ;
- 0,5 % psychiatrique ;
- 0,5 % radiothérapie.
- 0,4 % grossesse ;
Conséquences
Domestiques
- Incapacité à sentir les fuites de gaz
- Incapacité à sentir un objet qui brûle et donc un risque plus grand d'incendie. Un (ou des) détecteur et avertisseur autonome de fumée peut permettre de compenser par l'ouie la perte d'odorat.
- Possibilité de contact avec des produits chimiques
- Impossibilité de savoir si la nourriture est avariée
Liées à l'hygiène
- Incapacité à identifier ses odeurs corporelles
- Incapacité à identifier les odeurs des autres
- Incapacité à identifier le linge sale
- Incapacité à identifier les odeurs de saleté
Psychologiques
- Taux élevé d'anxiété
- Taux élevé de dépression
- Baisse de la libido
Sociales
- Retrait voire isolement social
- Difficulté d'avoir des relations intimes
- Évitement lors des repas
Professionnelles
L'anosmie est susceptible de restreindre l'accès des personnes, qui en souffrent, à certaines professions exigeant des capacités olfactives.
Dans l'accès aux emplois publics, l'anosmie peut parfois être constitutive d'inaptitude physique au sens des textes législatifs ou réglementaires. Ainsi, dans un arrêt du , la cour administrative d'appel de Lyon a jugé que l'Administration était fondée à refuser la candidature d'une personne anosmatique aux fonctions d'inspecteur de police, « eu égard à la nature des missions et des situations auxquelles tout inspecteur de police doit pouvoir faire face dans l'exercice de la plupart des fonctions qu'il est normalement appelé à occuper »[13].
Liées aux comportements alimentaires
- Diminution de l'envie de cuisiner
- Diminution de l'envie de manger et des plaisirs liés aux repas
- Diminution, ou bien, augmentation de la quantité de nourriture mangée
- Les questions que se posent les "anosmiques"
- Comment répondre à la question « est-ce que je sens mauvais ? »
- Comment s'acheter un parfum ?
- Comment le dire aux autres ?
- Qu'est-ce qu'une odeur : une bonne, une mauvaise odeur ?
- Quelle odeur a mon bébé ? Dois-je le changer ?
- comment repérer une odeur suspecte, possiblement me mettant en danger ?
Considération
L'olfaction est considérée comme un sens sans grande importance en comparaison avec la vue et l'audition.
Cas particulier de l'anosmie induite par la Covid-19
Une première étude a estimé en Chine que la Covid-19 provoquaient des troubles du goût et de l'odorat chez 5 % des malades[14], mais parce que basée sur les seuls dossiers médicaux, elle a pu sous-estimer la prévalence réelle de ce symptôme[15].
Une étude[15] s'est déroulée en France du 15 au 18 mars 2020 dans les centres de référence pour la Covid-19 de l'Ouest (Rennes, Angers et Nantes), alors que le public n'était pas encore conscient du lien possible entre les troubles du goût et/ou de l'odorat et la Covid-19 (le premier rapport date du 21 mars) ; les auteurs rappellent que c'est une étude simple, basée sur un petit échantillonnage et avec un taux de réponse sous-optimal, n'ayant pas rapportée de données sur l'âge, le sexe ou d'autres symptômes. Chez ces patients la recherche du SARS-CoV-2 s'est faite par RT-PCR sur échantillons nasopharyngés, un test dont la performance est médiocre (parfois estimée à 60 %)[15],[16].
Chacun des 452 patients, ayant été testé dans ces 3 centres de référence pour le SARS-CoV-2 par RT-PCR (à partir d'écouvillonnage nasopharyngé) depuis le 16 février, a été invités par téléphone ou mail à répondre en ligne à 4 questions : « Avez-vous reçu un diagnostic de COVID-19 après dépistage diagnostique ? Avez-vous remarqué une perte d'odeur pendant votre maladie ? Avez-vous remarqué une perte de goût ? Souffrez-vous régulièrement de troubles de l'oreille, du nez et de la gorge (ORL) ? » (avec consentement éclairé)[15].
259 personnes (soit 57 % des patients) ont répondu. Parmi elles, 68 (26 %) ont été diagnostiquées positives pour le SARS-CoV-2. 63 (24 %) ont eu une hypogueusie (diminution du goût) et 51 (20 %) une hyposmie (altération/baisse de l'odorat). 43 patients (17 %) ont rapporté à la fois l'hypogueusie et l'hyposmie et 82 (32 %) ont dit avoir de fréquents troubles ORL. L'hypogueusie et l'hyposmie, associées à un syndrome grippal se montrent donc être une caractéristique clinique discriminante de COVID-19, séparément ou combinées entre elles, que le patient ait ou non des antécédents médicaux de troubles ORL. La prédiction est la meilleure quand l'hypogueusie et d'hyposmie sont combinées chez les patients sans antécédents ORL. Les auteurs appellent des études prospectives plus importantes pour confirmer ces résultats, mais soulignent que ces symptômes sont très faciles à déceler pour un dépistage de masse. Les agents aux diverses connaissances médicales, pourraient le faire grâce à la télémédecine, et cela sans coûts importants, sans méthode invasive ni besoin de déplacement[15].
Une autre étude, européenne, basée sur 417 patients présentant une forme non sévère de Covid-19 (confirmés par test PCR) en Allemagne, France, Italie, Espagne, Angleterre et États-Unis (63 % de ces patients étaient des femmes) présente des chiffres encore plus élevés pour les cas sévères : anosmie chez 86 % des patients et une dysgueusie chez 88 %, parfois associées à des douleurs faciales et à une obstruction nasale[17]. Ces troubles apparaissent avant l'apparition des autres symptômes (généraux et ORL) dans 12 % des cas, pendant l’expression des symptômes dans 65 % des cas ou après dans 23 % des cas. Dans 44 % des cas ce trouble se résout dans les 15 jours. Les femmes en sont plus souvent victimes que les hommes[17]. L'enquête se poursuit avec notamment un questionnaire en ligne où chaque malade peut renseigner son cas[18].
Mi-avril 2020, l'hypothèse explicative est que le SARS-CoV-2 est plus souvent neuro-invasif qu'on ne le pensait initialement ; à partir de la muqueuse olfactive il pourrait coloniser le nerf olfactif et perturber les sens du goût et de l'odorat[19], ou l'anosmie serait un effet indirect du SARS-CoV-2, encore incompris, pourrait en être en cause[15].
En novembre 2021, une étude montre que le virus épargne les cellules nerveuses des récepteurs d'odeurs ainsi que le centre intracérébral de traitement des odeurs[20]. Par contre il attaque les cellules de soutien de la muqueuse olfactive ainsi que les cellules des cils de la muqueuse respiratoire. Ceci explique le caractère souvent temporaire de l'anosmie due au coronavirus : l'attaque des cellules de soutien perturbe l'olfaction, mais le corps fabrique constamment de nouvelles cellules de soutien[20]. Ce travail basé sur l'observation d'échantillons post-mortem de muqueuses respiratoire et olfactive ainsi que de bulbes olfactifs (prélevés dans le cerveau) laisse penser que le SARS-CoV-2 ne serait donc pas neurotrope (les échantillons provenaient de 70 patients morts très rapidement, quelques jours après l'infection par le SARS-CoV-2, permettant de surprendre le virus presque « en flagrant délit » quand il était encore actif dans la muqueuse olfactive ; et un groupe de 15 patients témoins a été utilisé pour l'étude de l'ARN viral et des anticorps dans ces échantillons)[20]. L'étude clinique pour comprendre pourquoi l'odorat ne se rétablit pas complètement chez certains patients[20].
Les auteurs signalent avoir parfois aussi trouvé le virus dans les méninges (avec des cause et conséquences encore à comprendre)[20].
Traitement
La rééducation de l’odorat peut se faire grâce aux huiles essentielles. Des recherches ont démontré les bénéfices de la vitamine A dans la restauration de l’odorat. En septembre 2021 les chercheurs de l'Université d'East Anglia à Norwich en Angleterre, et de l'hôpital universitaire James Paget, ont "lancé une nouvelle étude afin de déterminer si la vitamine A pouvait aider les gens à retrouver leur odorat après des infections virales, dont le Covid-19, afin de savoir comment ce traitement pourrait aider à réparer les tissus du nez endommagés par les virus"[5].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Anosmia » (voir la liste des auteurs).
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Voir aussi
Articles connexes
Imagerie médicale
- P. Bon ls, M. Devars du Maine, D. Malinvaud, O. Laccourreye (2010) Imagerie des troubles de l’odorat ; Imaging and olfaction ; La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale ; no 321 - avril-mai-juin
Bibliographie
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