Ichikawa Ebijūrō en samouraï

L'acteur Ichikawa Ebijūrō en samouraï est le titre d'une estampe ukiyo-e du graveur japonais Shunshosai Hokuchō (春曙斎 北頂) (fl. c. 1822-1830). L'impression représente une scène d'une pièce du théâtre kabuki avec en vedette l'acteur d'Osaka Ichikawa Ebijūrō (市川蝦十郎) dans le rôle d'un samouraï. Une copie de l'estampe est conservée dans la collection permanente d'art du Japon du Musée royal de l'Ontario au Canada.

Ichikawa Ebijūrō en samouraï
Artiste
Shunshosai Hokuchō
Date
1823
Technique
Gravure nishiki-e, encre et couleur sur papier
Dimensions (H × L)
37,3 × 26,2 cm
No d’inventaire
974.343.4
Localisation

Détails de l'impression

  • Medium: kamigata nishiki-e (上方錦絵) gravure sur bois; encre et couleur sur papier.
  • taille : ōban tate-e (大判竪絵)
  • Format : ichimai-e (一枚絵) impression sur feuille unique.
  • Genre : kabuki-e (歌舞伎絵), yakusha-e (役者絵) gravure d'acteur.
  • Titre japonais : (「判官代輝国」「市川蝦十郎).
  • Titre de l'exposition : L'acteur Ichikawa Ebijūrō en Samouraï.
  • Date : 3e mois de 1823.
  • Signature : Shunsho ga (春曙画).
  • Marques de l'éditeur : Tenki (天キ (Tenmaya Kihei), Yamaichi (山市).
  • Sceau de censure : aucun.
  • Sceau de date : aucun.
  • Crédit : aucun.

Artiste

Shunshosai Hokuchō (春曙斎 北頂)[1] (fl. 1822-1830)[2], est un graveur japonais d'ukiyo-e d'Osaka, membre de l'école Shunkōsai Fukushū et élève de Shunkōsai Hokushū (春好斎北洲)[3]. Il emploie les (noms d'artiste) Shunsho (春曙) (1822-1824), Hokuchō (北頂) (1824-1830), Inoue Shunshosai (井上春曙斎)[4]. Guère prolifique, toutes ses images qui nous sont parvenues sont des yakusha-e, portrait d'acteurs du kabuki.

Signature de Shunshosai Hokuchō

Medium/ genre

Les œuvres de Hokuchō sont classées dans le genre kamigata-e (上方絵), terme utilisé pour distinguer les productions de la région de Kamigata (Kyoto et Osaka) de celles produites à Edo (moderne Tokyo)[5]. Les kamigata-e sont essentiellement des images kabuki-e (歌舞伎絵) d'acteurs du kabuki, produites presque exclusivement par des amateurs « fans talentueux de kabuki » qui font la promotion de leurs acteurs favoris[6].

Éditeur

Sceaux de Yamaichi et Tenki hanmoto

La gravure montre deux sceaux d'éditeur. À droite se trouve la marque Kinkadō (金華堂) ou Tenmaya Kihei (天満屋喜兵衛), habituellement connu sous le nom Tenki (天喜/天キ). La société opère à Osaka de 1816 jusqu'aux années 1850[7] et publie les œuvres de Gigadō Ashiyuki, Konishi Hirosada, Shunbaisai Hokuei, Sadamasu et Ryūsai Shigeharu entre autres. Tenki emploie divers sceaux d'éditeur, hanmoto (版元). Cette version reprend le caractère (kanji) (« dix ») suivi du caractère katakana (ki) au sein d'un rectangle.

Sur la gauche se lisent au moins trois variantes du hanmoto utilisé par Yamaichi (山市), qui, entre 1822 et 1824, produit des images d'artistes tels qu'Ashiyuki Gigadō, Hokushū, Kunihiro et Shibakuni. Sur cette impression, le sceau est le caractère kanji (ichi) sous une double montagne stylisée (prononcé yama).

Sujet

Ichikawa Ebijūrō I

L'inscription à la droite de la silhouette l'identifie comme l'acteur Ichikawa Ebijūrō (市川蝦十郎) dans le rôle de Hangandai Terukuni (判官代輝国). La date de l'impression indique qu'il s'agit d'Ebijūrō I (c. 1777-1827), premier de sept générations d'acteurs dont la lignée s'éteint en 1929[8].

Né à Osaka, Ebijūrō I est un acteur tachiyaku (立役) (rôle masculin) et jitsuaku (実悪) (rôle de « méchant ») qui paraît sur les scènes d'Osaka, Kyoto et Edo. Il est réputé pour jouer jusqu'à sept rôles au sein d'une même pièce ainsi que pour les impressionnantes scènes de combat tachimawari (立回り) et ses chagements de costumes hayagawari (早替り).

Noms de scène[9]Ichikawa Ichizō I (c. 1808-1814)Ichinokawa Ichizō (1815)Ichikawa Ebijūrō I (1815-1827)
Noms poétiquesShikakuShinshō
Nom de guildeHarikaya
MentorsIchikawa Danzō IVIchikawa Danjūrō VII
DisciplesIchikawa Ebijūrō IIIchikawa Ebijūrō III
Portraits d'artistesUtagawa Toyokuni (1814, 1820)Shunkōsai Hokushū (1816, 1820)Utagawa Kunihiro (1817)

Sugawara Denju Tenarai Kagami

La gravure représente une scène de la pièce historique jidaimono (時代物) intitulée Sugawara Denju Tenarai Kagami (菅原伝授手習鑑) Les Secrets de la calligraphie »), « l'un des trois chefs-d’œuvre de Gidayū-kyōgen » (義太夫狂言)[10],[11]. Composée en 1746 pour le théâtre de marionnettes ningyō jōruri (人形浄瑠璃) par Takeda Izumo I, Miyoshi Shōraku, Namiki Senryū I et Takeda Izumo II, elle est montée pour la première fois pour le kabuki l'année suivante[12]. Pièce en cinq actes, elle est consacrée à Sugawara no Michizane (菅原道真), héros tragique de l'époque de Heian[13]. Hangandai Terukuni est un personnage secondaire, escorte de Sugawarat[14] et représentant de l'empereur retiré Uda[15]. La gravure de Hokuchō commémore une représentation de la pièce au théâtre Kado no Shibai d'Osaka au cours du troisième mois de l'année 1823[16].

Image

Ebijūrō est saisi dans une pose mie dramatique. Il se tient pieds nus, plantés écartés, le corps penché en avant à la taille. Avec une expression sérieuse, il regarde au loin le corps incliné de trois quarts profil vers la droite. Il semble avoir été surpris dans une posture défensive. Sa main droite est levée au-dessus de sa tête et dans le coin supérieur droit de l'image se voit un harisen (ハリセン) en plein vol après avoir été lancé en l'air. Sa main gauche agrippe la gaine de l'un des deux sabres sur son côté gauche, position habituelle pour les samouraïs[17].

Il porte un kimono sombre dont ses bras sont sortis pour augmenter sa mobilité. Sur la moitié supérieure du kimono pendu en bas de sa taille figure le caractère () qui commence le nom Terukuni (輝国). Son sous-kimono jaune est orné de motifs de papillons diurnes ou nocturnes. Ses cheveux sont arrangés en chignon chonmage (ちょんまげ) et le cordon visible autour de sa tête indique que son chapeau eboshi a été rejeté en arrière.

Le fond de l'impression est complètement vide et coloré de jaune, choix particulièrement fréquent chez Hokuchō[18].

Inscription

Sur le côté droit de la gravure figure une inscription écrite dans un style de calligraphie japonaise connue sous le nom écriture cursive chinoise. Sōsho (草書), qui se traduit littéralement par « écriture de l'herbe », est une forme très stylisée d'écriture, généralement difficile à lire pour ceux qui ne sont pas spécifiquement formés au déchiffrement. L'inscription de Hokuchō apparaît en cinq colonnes verticales de différentes hauteurs contenant chacune deux ou trois caractères kanji ou hiragana. Elle se lit de haut en bas, de droite à gauche. Une transcription partielle donne :

  • 風 侍 や (kazezamurai ya
  •   志 ? ? (kokorozashi ? ?)
  •   疎 ? (utou ?)
  •  ? 役 目 (? yakume
  •  ? 升 (? masu)

Copies dans d'autres collections

Des copies de cette estampe sont conservées dans les collections permanentes des institutions suivantes :

Images associées

Hangandai Terukuni est un sujet ukiyo-e populaire à la fin de l'époque d'Edo. Il apparaît dans de nombreuses gravures dont :

Notes et références

  1. Bien que le musée royal identifie la gravure comme Shunjosai, l'étiquette devrait en fait se lire Shunshosai
  2. En 1839-1840 (ère Tenpō 10-11), Hokuchō contribue — sous le nom Inoue Shunshosai — aux illustrations de trois recueils de gravures : Kyoto Meishoki (京都名所記), Shūchū Miyako Meishoki (袖中都名所記) et Ehon Otowayama Hana no Shin (絵本音羽山花の賑) (bibliothèque de l'université Waseda). Presque toutes les bibliographies cependant, datent la fin de son activité au début des années 1830
  3. Keyes and Mizushima 1973, p. 223
  4. Inoue 1931, p. 180
  5. JAANUS, les kamigata-e
  6. Kitagawa 2005, p. 230
  7. Keyes and Mizushima 1973, p. 311
  8. Shōriya Ichikawa Ebijūrō
  9. Toutes les données proviennent de Shōriya Ichikawa Ebijūrō I
  10. Japan Arts Council 2007
  11. Gidayū kyōgen : « Drame écrit à l'origine pour le théâtre de marionnettes (ningyō jōruri, ordinairement appelé bunraku) et adaptée pour le Kabuki (Shōriya Glossary D-G).
  12. Shōriya Sugawara Denju Tenarai Kagami
  13. Kodansha International
  14. Brazell 1998, p. 97
  15. Brazell 1998, p. 102
  16. Kitagawa 2006, p. 93
  17. West & Seal
  18. Lyon 2013

Annexes

Bibliographie

  • Karen Brazell, Traditional Japanese Theater : An Anthology of Plays, New York, Columbia University Press, , 561 p. (ISBN 0-231-10873-7, lire en ligne)
  • Kazuo Inoue, 浮世絵師伝 [Ukiyo-e shiden], Watanabe Hangaten,
  • JAANUS, Kamigata-e, Japanese Architecture and Art Net Users System (lire en ligne)
  • Japan Arts Council, Kabuki repertoire : Sugawara Denju Tenarai Kagami, Invitation to Kabuki, (lire en ligne)
  • Roger S. Keyes et Keiko Mizushima, The Theatrical World of Osaka Prints, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art, (ASIN B000XY6OEY)
  • (en) Hiroko Kitagawa, The Hotei Encyclopedia of Japanese Woodblock Prints, vol. 1, Amsterdam, Hotei, , 229–232 p. (ISBN 90-74822-65-7)
  • Hiroko Kitagawa, なにわ・大阪文化遺産学研究センター (Naniwa/ Osaka bunka isan gakkenkyū centre), vol. 12, Osaka, 関西大学なにわ・大阪文化遺産学研究センター (Kansai daigaku Naniwa/ Osaka bunka isan gakkenkyū centre), , 85-128 p. (lire en ligne)
  • Kodansha International, Sugawara Denju Tenarai Kagami (Secrets of Calligraphy), The Virtual Museum of Japanese Arts: Performing Arts (lire en ligne)
  • Mike Lyon, Artist : Shunshosai Hokuchō, Lyon Collection of Japanese Woodblock Prints, (lire en ligne)
  • Museum of Fine Arts, Boston, Actor Ichikawa Ebijūrō I as Hangandai Terukuni (lire en ligne)
  • (en) Amy Reigle Newland, The Hotei Encyclopedia of Japanese Woodblock Prints, vol. 2, Amsterdam, Hotei, , 600 p. (ISBN 90-74822-65-7)
  • Aragorō Shōriya, Glossary D-G, Kabuki 21, (lire en ligne)
  • Aragorō Shōriya, Ichikawa Ebijūrō, Kabuki 21, (lire en ligne)
  • Aragorō Shōriya, Ichikawa Ebijūrō I, Kabuki 21, (lire en ligne)
  • Aragorō Shōriya, Sugawara Denju Tenarai Kagami, Kabuki 21, (lire en ligne)
  • Waseda University Library, 袖中都名所記 (Shūchū Miyako Meishoki), Japanese and Chinese Classics (lire en ligne)
  • C.E. West et F.W. Seal, Samurai Clothing, Samurai Archives (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’histoire de l’art
  • Portail de la gravure et de l'estampe
  • Portail du Japon
  • Portail de Toronto
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.