Itte Idoberge
Itte Idoberge (Itta Iduberga), née en 592[1] et morte le [1], est l'épouse de Pépin l'Ancien, puis la fondatrice de l'abbaye de Nivelles.
Sainte Ide Idoberge | |
Itte Idoberge, par Edward Burne-Jones. | |
abbesse de Nivelles | |
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Naissance | 592 |
Décès | |
Ordre religieux | Ordre de Saint-Benoît |
Vénéré à | Nivelles |
Fête | 8 mai |
Autres noms : Itte de Nivelles, Itta de Nivelles, Ide de Nivelles ou Ida de Nivelles.
Origine familiale
Les documents contemporains sont muets quant à son origine familiale.
Les Annales Laubienses, rédigées au XIe siècle la disent issue d'une famille sénatoriale[2] d'Aquitaine et sœur de saint Modoald, évêque de Trèves dans la première moitié du VIe siècle. Au XIIe siècle, la Vita Modoaldi attribue à saint Modoald une sœur, sainte Severa, abbesse, et une nièce, sainte Modesta, abbesse d'Œren à Trêves[1].
Les historiens modernes sont partagés sur la considération à apporter à ces informations tardives. Certains les acceptent[3],[4], d'autres les rejettent[5],[6]. Ces informations généalogiques sont de toute manière insuffisantes pour préciser de quelque manière que ce soit l'ascendance d'Itte Itoberge. Le seul autre porteur connu du nom Modoald est un évêque de Langres contemporain de l'évêque de Trêves. Celui de Modesta n'est pas plus répandu et n'est connu que comme surnom de Sidoine Apollinaire. Les noms de Severa et Severus, très courants dans la Gaule romaine, sont devenus plus rares durant le haut Moyen Âge. Le seul porteur connu à la même époque, tué en 578, ne permet pas d'énoncer une hypothèse[7].
Plus récemment, K. A. Eckhardt, a écarté ces informations tardives et constatant que les enfants de Pépin et d'Itte portent des prénom agilolfinges (Grimoald, Gertrude et peut-être Gerberge, dont l'hypocoristique est probablement Begga) a proposé de voir en Itte une descendante de Waldrade, reine des Francs, épouse successive des rois francs Thibaut et Clotaire Ier puis de Garibald, premier duc de Bavière[8]. On trouve des généalogies[9] qui font d'Itte Idoberge une fille de Grimoald (555 † 592 ; fils de Thibaut et de Waldrade) et d'une autre Itte (fille de Séverus, duc en Aquitaine). Mais ces conclusions sont depuis réfutées, et le fait que Pépin de Landen avait une sœur du nom de Waldrade suggère que le lien entre les Pépinides et les Agilolfinges passe plutôt par la mère de Pépin[10].
Mariage et enfants
La Vita Garitrudis abbatissae Nivialencis, rédigée au VIIe siècle nous apprend qu'elle est l'épouse de Pépin de Landen et la mère de :
Son veuvage
Devenue veuve en 640, Itte Idoberge se retire en religion. Peu après 640[12] ou 647[13], saint Amand lui rend visite et l'incite à fonder un monastère. Ce conseil se concrétise en 648 ou en 649 par la fondation d'un monastère à Nivelles dans le Hainaut[1]. Sa fille Gertrude représentait un parti intéressant, car sœur de Grimoald, maire du palais, et était très sollicitée par les demandes en mariage. Pour éviter qu'elle ne soit enlevée et mariée de force, et comme la jeune fille se destinait à une vie religieuse, Itte coupe elle-même la chevelure de sa fille et l'installe comme abbesse de Nivelles. La mère et la fille font venir en Francie des moines d'Outremer, probablement d'Angleterre ou d'Irlande, comme Feuillen de Fosses. Le monastère devient alors double, avec une congrégation de nonnes aux côtés d'une congrégation de moines[14]. Itte y décède douze ans après son mari[1].
Anecdote
Elle serait à l'origine de la ville Itteville en y construisant la première villa vers 613. La paroisse se serait développée autour de cette villa, devenue par la suite une métairie[15]. Mais à cette époque, elle et son mari vivent en Austrasie et l'on voit mal pourquoi ils auraient construit une villa dans une région où ils ne possèdent aucun domaine et où Pépin n'a pas d'influence politique. Cette légende tient probablement son origine dans l'homonymie entre Ittæ Villa (étymologie d'Itteville) et Itta Idoberga.
Généalogie
Pépin de Landen (v. 580 - 640) | Itte Idoberge (592 - 652) | Modoald (v. 585 - 645 ou 648) | Sévère (v. 600 - v. 640) | Inconnue | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Grimoald Ier (v. 615 - 657) | Gertrude de Nivelles (v. 626 - 659) | Begga (v. 615 - 693) | Modesta († v. 660) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Pépin le Jeune (v. 645 - 714) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Charles Martel (v. 690 - 741) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Pépin le Bref (715 - 768) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Charlemagne (742 ou 747 - 814) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Notes et références
- Settipani 1989, p. 49 et Settipani 2014, p. 131.
- c'est-à-dire issue de la noblesse de l'Empire romain.
- Eugen Ewig, Trier im Merowingerreich. Civitas-Stadt-Bistum, Trêves, , p. 118.
- Wolfgang Jungandreas, Die Einwirkung der karolingischen Renaissance auf das mittlere Rheinland, Stuttgart, , p. 210.
- Nancy Gauthier, L'évangélisation des pays de la Moselle. La province romaine de Première Belgique entre Antiquité et Haut Moyen Âge (IIIe – VIIIe siècle, Paris, , p. 347-356.
- Matthias Werner, « Zur Verwandtschaft des Bichofs Modoald von Trier », Jahrbuch für westdeutsche Landesgeschichte, vol. 4, .
- Settipani 1989, p. 49-50 et Settipani 2014, p. 131-133.
- Karl August Eckhardt, Merowinger Blut - I, Die Karolinger und ihre Frauen, Witzenhausen, , p. 23-59.
- Jacques Saillot, Les fils et petits-fils de Clovis et leurs alliances - Thèses et hypothèses, .
- Settipani 1989, p. 50 et 68-9 et Settipani 2014, p. 133 et 153-155.
- probable déformation de Gerberge (Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6), p. 152).
- selon Pierre Riché (Riché 1983, p. 31).
- selon Christian Settipani (Settipani 1989, p. 50) et Settipani 2014, p. 131.
- Misonne 1995, p. 659-660.
- site web de la mairie d'Itteville.
Bibliographie
- D. Misonne, « Iduberge » dans Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, vol. XXV. (Hubert - Irarte Estenan), Paris, Librairie Letouzey et Ané, (ISBN 2-7063-0191-0), col. 659-660.
- Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », (réimpr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3, présentation en ligne), p. 26 et tableau généalogique II.
- Christian Settipani, Les Ancêtres de Charlemagne, Paris, , 170 p. (ISBN 2-906483-28-1), p. 49-50.
- Christian Settipani, Les Ancêtres de Charlemagne : 2e édition, revue et corrigée, Oxford, P & G, Prosopographia et Genealogica, coll. « Occasional Publications / 16 », (1re éd. 1989), 347 p. (ISBN 978-1-900934-15-2).
- Jean-Charles Volkmann, Bien connaître les généalogies des rois de France, Éditions Gisserot, , 127 p. (ISBN 978-2-87747-208-1).
- Michel Mourre, Le Petit Mourre. Dictionnaire d'Histoire universelle, Éditions Bordas, (ISBN 978-2-04-732194-2).
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