Indice de Sørensen-Dice

L'indice de Sørensen-Dice, connu aussi sous les noms d'indice de Sørensen, coefficient de Dice et d'autres noms encore) est un indicateur statistique qui mesure la similarité de deux échantillons. Il a été développé indépendamment par les botanistes Thorvald Sørensen[1] et Lee Raymond Dice[2] dans des articles publiés en 1948 et 1945 respectivement.

Noms et variantes

L'indice est connu sous divers autres noms : le plus souvent reviennent indice de Sørensen ou coefficient de Dice ; les deux noms se voient aussi avec le qualificatif « coefficient de similarité » ou « indice » ou autres variations, et le nom « Sørensen » est orthographié avec diverses variations, comme « Sorenson », « Soerenson » ou « Sörenson », et dans chaque cas le suffixe peut être remplacé par « –sen ». On trouve également le nom indice binaire de Czekanowski[3].

L'indice mesure la présence ou l’absence d'espèces. On peut étendre l'expression à la mesure de l'abondance au sens écologique du terme. Des versions quantitatives sont connues sous divers noms :

Formule

Pour des ensembles finis quelconques X et Y, l'indice s'exprime par :

.

Ici, |X| est le nombre d'éléments de X. L'indice peut varier de 0 (quand X et Y sont disjoints) à 1 (quand X et Y sont égaux). Comme pour l'indice de Jaccard, les opérations ensemblistes peuvent être exprimées en termes d'opérations vectorielles sur des vecteurs binaires X et Y :

.

Dans le domaine de la recherche d'informations, le coefficient peut être vu comme le double de l'information partagée, rapportée à la somme des cardinalités[5]. Le coefficient peut aussi être utilisé comme une mesure de similarité entre chaînes de caractères. Étant donnés deux chaînes x et y, on peut calculer le coefficient comme suit[6] :

nt est le nombre de digrammes (formés de deux caractères consécutifs) communs aux deux chaînes, nx est le nombre de digrammes dans x et ny le nombre de digrammes dans y. Par exemple, pour calculer la similarité entre :

night et nacht,

on calcule les digrammes de chaque mot :

ni,ig,gh,ht
na,ac,ch,ht

Chaque ensemble a quatre éléments, et leur intersection se réduit au seul élément ht. Avec la formule donnée ci-dessus, on obtient

.

Différence avec l'indice de Jaccard

Le coefficient n'est pas très différent, dans sa forme, de l'indice de Jaccard qui est

.

Toutefois, il ne vérifie pas l'inégalité triangulaire, et il ne peut être vu que comme une version « semi-métrique » de l'indice de Jaccard[3]. Contrairement à l’indice de Jaccard, la fonction

n'est pas une distance puis qu'elle ne vérifie pas l'inégalité triangulaire. Le contre-exemple le plus simple est donné par les trois ensembles {a}, {b}, et {a,b}. La distance entre {a} et {b} est égale à 1, alors que la distance de ces deux ensembles au troisième, {a,b}, est 1/3. Pour satisfaire l'inégalité triangulaire, la distance entre {a} et {b}, qui est égale à 1, devrait être inférieure à la somme des deux autres distances, qui n’est que 2/3.

Applications

Le coefficient de Sørensen-Dice est utilisé pour les données rencontrées dans la communauté écologique[7]. La raison de cet usage est plutôt empirique que théorique, même s'il peut être justifié théoriquement comme intersection de deux ensembles flous[8]. En comparaison avec la distance euclidienne, la distance de Sørensen est fine dans les ensembles hétérogènes de données, et donne moins de poids aux cas déviants[9]. Le coefficient de Dice et ses variantes trouvent un usage en lexicographie infographique, où il intervient dans la mesure du score d'association lexicale de deux mots[10],[11].

Articles liés

Notes et références

  1. Thorvald Sørensen, « A method of establishing groups of equal amplitude in plant sociology based on similarity of species and its application to analyses of the vegetation on Danish commons », Biologiske Skrifter/Kongelige Danske Videnskabernes Selskab, vol. 5, no 4, , p. 1–34
  2. Lee R. Dice, « Measures of the Amount of Ecologic Association Between Species », Ecology, vol. 26, no 3, , p. 297–302 (DOI 10.2307/1932409, JSTOR 1932409)
  3. Eugene D. Gallagher, « COMPAH Documentation », University of Massachusetts, Boston, (consulté le ).
  4. J. Roger Bray et J. T. Curtis, « An Ordination of the Upland Forest Communities of Southern Wisconsin », Ecological Monographs, vol. 27, no 4, , p. 326–349 (DOI 10.2307/1942268)
  5. Cornelis Joost van Rijsbergen, Information Retrieval, Londres, Butterworths, (ISBN 3-642-12274-4)
  6. Grzegorz Kondrak, Daniel Marcu et Kevin Knight, « Cognates Can Improve Statistical Translation Models », Proceedings of HLT-NAACL 2003: Human Language Technology Conference of the North American Chapter of the Association for Computational Linguistics, , p. 46–48 (lire en ligne)
  7. Par exemple : J. Looman et J. B. Campbell, « Adaptation of Sorensen's K (1948) for estimating unit affinities in prairie vegetation », Ecology, vol. 41, no 3, , p. 409–416 (JSTOR 1933315).
  8. David W. Roberts, « Ordination on the basis of fuzzy set theory », Vegetatio, Kluwer Academic Publishers, vol. 66, no 3, , p. 123-131 (ISSN 0042-3106, DOI 10.1007/BF00039905).
  9. Bruce McCune et James Grace, Analysis of Ecological Communities, Gleneden Beach, OR, Mjm Software Design, (ISBN 0-9721290-0-6).
  10. Rychlý, P. (2008) A lexicographer-friendly association score. Proceedings of the Second Workshop on Recent Advances in Slavonic Natural Language Processing RASLAN 2008: 6–9
  11. Matthieu Constant, « Similarité entre les mots », Master Informatique, Université Paris-Est Marne-la-Vallée, (consulté le )

Lien externe

  • Dice/Sorensen. Implémentation de l'indice de Dice/Sorenson dans le cadre du projet StringMetric, une bibliothèque de mesures de similarité et d'algorithmes phonétiques, en langage Scala.
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