Inge Deutschkron

Inge Deutschkron est une femme de lettres et journaliste israélienne d'origine allemande née le à Finsterwalde (État libre de Prusse, Allemagne) et morte le à Berlin (Allemagne)[1] .

Inge Deutschkron
Biographie
Naissance
Décès
(à 99 ans)
Berlin
Nationalités
Activités
Journaliste, écrivaine, rédactrice
Autres informations
Distinctions

Biographie

Née le à Finsterwalde, une petite ville près de Berlin, Inge Deutschkron grandit dans la capitale allemande. Ses parents sont tous les deux membres du SPD (le parti socialiste allemand) et combattent activement le nazisme. En 1933, son père socialiste et juif est persécuté. Il parvient à quitter le Reich en avril 1939 mais la déclaration de guerre entre l'Allemagne et le Royaume-Uni interdit à Inge et à sa mère d'émigrer en Angleterre. Inge découvre en 1933 qu'elle est juive, sa famille n'étant pas pratiquante. Elle commence à subir les insultes de ses camarades de classe[2].

Elle participe avec ses parents à des activités anti-nazies. Son père doit fuir en Angleterre, sa femme et sa fille ne peuvent le suivre à cause du début de la guerre[2].

Sa mère travaille dans une association juive d'entraide puis après sa fermeture, dans une usine de munitions. Inge Deutschkron est elle aussi obligée de travailler dans une usine d'IG Farben. Les conditions de travail d'Inge à IGFarben sont détestables, elle travaille dix heures par jour et doit effectuer trois heures de transport quotidien. Elle doit porter l'étoile jaune dès 1940 alors que celle-ci ne devient obligatoire qu'en .

Inge Deutschkron rencontre Otto Weidt qui emploie dans son entreprise de fabrication de balais et de brosses des handicapés juifs, aveugles ou sourd-muets[2]. Elle parvient à s'y faire embaucher, prétextant une blessure au genou. Elle vit dans la peur d'être déportée.

En effet durant l'hiver 1942-1943, la menace est de plus en plus pressante. Inge Deutschkron et sa mère n'ont que deux solutions : attendre d'être arrêtées ou se cacher. Leurs amis « aryens » les pressent de se cacher. En effet, personne ne sait ce qu'il advient des déportés. Les rumeurs les plus sinistres circulent dans Berlin. Les deux femmes connaissent une famille de Témoins de Jéhovah, les Gumz, qui aident les juifs secrètement. Ils acceptent de les héberger dans une pièce vide de leur appartement.

Inge Deutschkron et sa mère enlèvent ainsi un jour leur étoile jaune, quittent leur logement et vont rejoindre les Gumz.

Comme Otto Weidt lui a trouvé un certificat de travail aryen, acheté à une prostituée, Inge Deutschkron peut continuer à travailler.

Un jour, les employés Juifs d'Otto Weidt sont arrêtés. Celui-ci parvient cependant à les faire libérer mais le , il est impuissant à empêcher leur déportation avec tous les Juifs berlinois.

Alors que les rafles s'intensifient, la Gestapo s'aperçoit qu'Inge et sa mère ont disparu. Elle enquête parmi les connaissances de la famille qui affirment n'avoir plus de nouvelles. Pensant que les deux femmes ont été déportées ou se sont suicidées, elle les déclare mortes.

Celles-ci, ne pouvant plus rester dans l'appartement des Gumz, occupent quelque temps un réduit derrière leur blanchisserie. Elles doivent régulièrement changer de cachette. Finalement, elles trouvent refuge dans une bâtisse de Potsdam-Eigenheim, où les voisins les prennent pour des berlinoises ayant perdu leur logement à cause des bombardements alliés. Elles tentent de trouver comme elles peuvent de la nourriture et du charbon, à échapper aux descentes de police à la recherche des déserteurs et des opposants politiques.

En , Berlin commence à sombrer dans le chaos. La ville est envahie par des civils venant de l'Est, fuyant l'avance de l'Armée rouge. L'entrée des chars russes dans la ville est pour elle un soulagement mais, très vite, elle s'aperçoit que le régime qu'ils apportent avec eux ne correspond pas non plus à ses rêves de liberté.

Inge Deutschkron et sa mère quittent l'Allemagne pour Londres en 1946. La jeune femme devient secrétaire de l'organisation internationale socialiste.

Après de nombreux voyages, Inge Deutschkron revient en Allemagne en 1955 où elle devient journaliste[2]. En 1958, elle devient la correspondante à Bonn, alors capitale de l'Allemagne de l'Ouest, du quotidien israélien Maariv. C'est à ce titre qu'elle couvre les procès contre les SS d'Auchwitz à Francfort.

Elle refuse à plusieurs reprises d’être décorée de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne, car cette récompense a également été donnée à de nombreux nazis après la guerre. Elle reçoit en 2002 l'ordre du mérite du Land de Berlin, en 2008 la médaille Louise Schroeder de Berlin et est nommée en 2018 citoyenne d'honneur en même temps que Margot Friedländer[1].

Citoyenne israélienne depuis 1966, elle choisit de s'installer à Tel-Aviv en 1972. Elle continue sa carrière journalistique en se consacrant principalement au Moyen-Orient.

Son témoignage, Ich trug den gelben Stern, est publié en Allemagne en 1978. Traduit dans plusieurs langues, il fait l'objet d'une adaptation théâtrale à Berlin en 1988. Écrivain reconnu en Allemagne, elle y a publié de nombreux livres, dont un sur Otto Weidt qui a tant aidé les juifs berlinois. Elle passe aussi beaucoup de temps à témoigner dans les écoles.

À sa mort, le président allemand Frank-Walter Steinmeier lui rend hommage[3].

Elle est enterrée le au cimetière de Stahnsdorf[4].

Œuvres

Disponible en français

  • Tel était leur enfer, les enfants dans les camps de concentration, La jeune Parque, 1968.
  • Je veux vivre, juive à Berlin, 33-45 (Ich trug den gelben Stern), Le Centurion, 1984.

En allemand

  • Israel und die Deutschen: Das schwierige Verhältnis, Cologne 1983.
  • Milch ohne Honig: Leben in Israel, Verlag Wissenschaft und Politik, Cologne 1988.
  • Mein Leben nach dem Überleben, Deutscher Taschenbuch Verlag, 2000.
  • Sie blieben im Schatten: Ein Denkmal für "stille Helden", Édition Hentrich, Berlin 1996.
  • Emigranto: Vom Überleben in fremden Sprachen, Transit, Berlin 2001.
  • Papa Weidt: Er bot den Nazis die Stirn Kevelaer, Butzon & Bercker, Kevelaer 2001.
  • Offene Antworten: Meine Begegnungen mit einer neuen Generation, Transit, Berlin 2004.

Notes et références

Liens externes

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