Isabelle Cambourakis
Isabelle Cambourakis est une éditrice française. Elle est connue pour avoir créé la collection féministe « Sorcières », dont elle est directrice éditoriale, au sein de la maison d'édition Cambourakis.
Biographie
Enseignante, Isabelle Cambourakis crée en 2015 la collection « Sorcières » aux éditions Cambourakis fondées par son frère Frédéric Cambourakis[1],[2]. En 2017, après une reprise d'étude, elle obtient un master de recherche, son mémoire se concentrant sur les liens entre mouvements féministes et écologistes dans les années 70[3].
La collection Sorcières
La collection, fondée en 2015, se définit comme féministe, intersectionnelle et anticapitaliste[4]. Y sont publiés des textes de littérature, de poésie et de sciences humaines, aussi bien des traductions que des textes originaux.
Au départ, l'objectif d'Isabelle Cambourakis est de faire connaître des textes américains des années 70, épuisés ou jamais traduits[5], du féminisme de la 2ème vague[6]. Elle s'inspire de la ligne éditoriale de la collection « le Rayon Gay » créée dans les années 1990 par Guillaume Dustan aux éditions Balland, une maison généraliste. Le premier ouvrage publié est un texte de l'autrice et militante écoféministe Starhawk, préfacé par la philosophe Émilie Hache. Le deuxième ouvrage fondateur de la collection est Sorcières, sages-femmes et infirmières de Barbara Ehrenreich et Deirdre English[7].
En novembre 2019, la collection s'ouvre à la littérature jeunesse avec l'album Comme un million de papillons noirs de Laura Nsafou et Barbara Brun. Inspiré de la phrase de Toni Morrisson « ses habits étaient blancs et ses cheveux, semblables à un million de papillons noirs[8] », le livre raconte l'histoire d'une petite fille noire, Adé, moquée par ses camarades à cause de ses cheveux crépus[9]. Écoulé à 10 000 exemplaires, c'est l'ouvrage jeunesse le plus vendu du catalogue[10].
Institutrice et syndicaliste, Isabelle Cambourakis envisage ce travail éditorial comme un prolongement de son militantisme plus qu'un métier, déclarant par exemple :
« Il reste nécessaire, aujourd’hui encore, de parler d’un point de vue féministe. […] Il s’agit surtout pour nous de nous situer du côté de ce qui s’expérimente dans le quotidien, l’intime, le politique, du côté de ce qui se trame dans les marges et les divers espaces de résistance.[5] »
Elle accorde de l'importance à l'intersectionnalité et à l'articulation de différentes luttes[4], ce qui explique la diversité des thématiques abordées par la collection : l'écoféminisme (Reclaim d'Émilie Hache), la sexualité (Peau de Dorothy Allison), la transidentité (Manifeste d’une femme trans de Julia Serano), le black feminism (Ne suis-je pas une femme ? de bell hooks), les luttes décoloniales (Rencontres radicales, coll.), etc.
La collection s'intitule « Sorcières »[11] en référence à un slogan italien de 1976 : « Tremate, tremate, le streghe son tornade » (« Tremblez, tremblez, les sorcières sont de retour »)[12]. Elle est connue pour populariser, hors des cercles universitaires, des pensées féministes et écoféministes[13], et participe à la revalorisation de la figure féministe de la sorcière[14],[15]. Entre 2015 et 2017, elle rédige une série d'articles pour la revue écologiste Silence[16].
Engagements
Féministe, Isabelle Cambourakis contribue à faire connaître le courant de l'écoféminisme[17],[15]. Elle mène des recherches sur les relations entre écologie et féminisme dans les courants de pensée des années 1970-1980[2],[18],[19].
Publications
- "Articuler écologie et féminisme dans les années 1970. L’exemple du Centre non-violent des Circauds", Travail, genre et sociétés, vol. no 42, no. 2, 2019, pp. 71-87[20]
- "Un écoféminisme à la française? Les liens entre mouvements écologiste et féministe dans les années 1970 en France", Genre & Histoire, no. 22, automne 2018[21]
- (coécrit avec Coline Guérin) "If you love this planet. Des femmes contre le nucléaire", Panthère première, no. 5, printemps-été 2020[22]
- "Sommes-nous trop sages devant la catastrophe ?", Terrestres, septembre 2020[23]
- "Des clous et des vers de terre", Z, mai 2021[24]
- "Chansons de geste(s) en Bretagne: Femmes et féministes devant et derrière la caméra", in Contre-vents. Colères, espoirs, écologies et politiques dans l'ouest de la France, Paraguay / Le Grand Café, septembre 2021
- "L'une porte un pantalon, l'autre pas", Critique, no. 901-902, juin-juillet 2022
Notes et références
- Par l'entonnoir, « Magazine C4 – Lester la théorie par les corps » (consulté le )
- « Sorcières, nature et féminismes - Ép. 4/4 - Sorcières », sur France Culture (consulté le )
- « Dossier Écoféminisme, des luttes et des femmes », Nature & Progrès, juin-juillet-août 2017, p. 18-19 (ISSN 1632-3602)
- « Isabelle Cambourakis : "Sorcières est une collection féministe intersectionnelle" », sur Hétéroclite, (consulté le )
- « La collection féministe d'Isabelle Cambourakis, entre militantisme et édition », sur www.actualitte.com (consulté le )
- Jade Lindgaard, « Isabelle Cambourakis: «Les sorcières, ces auteures méconnues» », sur Mediapart (consulté le )
- « Cambourakis : féministe et militante », sur Livres Hebdo (consulté le )
- (en) Toni Morrison, God Help the Child, Etats-Unis, [Alfred A. Knopf], (ISBN 0307740927)
- « Laura Nsafou, une afroféministe dans la littérature jeunesse », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « La Maison », sur Éditions Cambourakis (consulté le )
- « L’écoféminisme, contre l’organisation sexiste de la société et la destruction de l’environnement », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Mona Chollet, « Tremblez, les sorcières sont de retour ! », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
- « Attention, les sorcières reviennent ! », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Et si les sorcières renaissaient de leurs cendres ? », sur Télérama.fr (consulté le )
- Margot Lauwers, « « Je t’aime Moi non plus » », EcoRev', vol. N° 47, no 1, , p. 201 (ISSN 1628-6391 et 2104-3760, DOI 10.3917/ecorev.047.0201, lire en ligne, consulté le )
- « Isabelle Cambourakis - Revue Silence », sur www.revuesilence.net (consulté le )
- Jeanne Burgart Goutal, « L’écoféminisme et la France : une inquiétante étrangeté ? », Cités, vol. 73, no 1, , p. 67 (ISSN 1299-5495 et 1969-6876, DOI 10.3917/cite.073.0067, lire en ligne, consulté le )
- À propos de Eva-Luna "Théoriquement cute et mais réellement trash et horrible " LGBT et VG Pronom: Elle Lire tous ses articles, « Isabelle Cambourakis : une sorcière qui met le feu au monde de l’édition | Simonæ » (consulté le )
- Isabelle Cambourakis, « Un écoféminisme à la française ? Les liens entre mouvements féministe et écologiste dans les années 1970 en France », Genre & Histoire, (lire en ligne)
- Benquet, Marlène., Pratiques écoféministes : corps, savoirs et mobilisations : dossier, vol. N. 42(2019), p. 23-126 (ISBN 978-2-348-05482-2 et 2-348-05482-5, OCLC 1129409803, lire en ligne)
- Isabelle Cambourakis, « Un écoféminisme à la française ? Les liens entre mouvements féministe et écologiste dans les années 1970 en France », Genre & Histoire, no 22, (ISSN 2102-5886, lire en ligne, consulté le )
- « Panthère Première » Numéro 5, printemps et été 2020 », sur pantherepremiere.org (consulté le )
- « Sommes-nous trop sages devant la catastrophe ? », sur Terrestres, (consulté le )
- Revue Z, « Pour une pratique émancipatrice de l’école du dehors », sur Club de Mediapart (consulté le )
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