Jérôme Joy
Jérôme Joy, né le à Nantes, est un compositeur français qui, depuis le début des années 1980, est présent sur la scène internationale de la musique expérimentale et improvisée, électroacoustique, électronique, temps réel, instrumentale et de la musique en réseau.
Naissance |
Nantes (France) |
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Activité principale | Musicien, compositeur, improvisateur, enseignant, chercheur |
Genre musical | musique expérimentale, NetMusic, musique improvisée, musique contemporaine, musique électroacoustique |
Instruments | configurations informatiques et télématiques |
Années actives | depuis 1982 |
Labels | Tiramizu, Ohm Avatar, Fibrr Records |
Site officiel | http://jeromejoy.org/ |
Pour les articles homonymes, voir Joy.
Après avoir enseigné à l'École nationale supérieure d'art de Nice Villa Arson de 1992 à 2010 (au département Son, à la suite de Lars Fredrikson), il est actuellement professeur à l'École nationale supérieure de Bourges et poursuit un Ph.D. de recherche-création en art audio et musique expérimentale à l'université Laval Québec[1]. De 2001 à 2005, la School of the Art Institute of Chicago SAIC l'a invité en tant que visiting artist. Il est depuis 2004 directeur de recherche de « Locus Sonus »[2] avec Peter Sinclair. Il est aussi cofondateur de plusieurs collectifs et projets de musique expérimentale en France et au Japon (pizMO, PacJap, JOKTTJJEG, JJEL, etc.), de l'ensemble instrumental Proxima Centauri ainsi que du label Tiramizu, et a créé les projets collaboratifs sur Internet Collective JukeBox, nocinema.org, Sobralasolas !, RadioMatic, ForumHub, ou encore, avec Paul Devautour, les projets artistiques Lascaux2[3] et AGGLO[4]. Depuis 1997, il est membre de la net.art-communauté The Thing (NYC)[5],[6], un collectif d'artistes et d'activistes.
Depuis les années 1990, il participe à de nombreux festivals, expositions et colloques internationaux et a bénéficié de plusieurs résidences en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. En 2012 il a bénéficié d'une résidence de recherche à l'UQÀM à Montréal.
Ses disques sont distribués par Metamkine, Tiramizu, 23Five/SFMOMA, Fibrr Records et Ohm Avatar. Son livre LOGS est disponible aux éditions è®e[7]. Ses articles sont publiés dans de nombreuses revues anglophones et francophones[8].
Parcours
Jérôme Joy débute en 1982 sur les scènes bordelaise et française une série de performances (avec David Ryan et Patrick Ferri), alliant manipulations d'enregistrements, de vinyles et de bandes magnétiques, saturations instrumentales et électroniques noise, et phonographies. Cette série d'œuvres et de projets interdisciplinaires permirent à Jérôme Joy de réaliser, dans les années qui suivront, des œuvres instrumentales, électroniques et électroacoustiques sous différentes formes dépassant la plupart du temps celle du concert, ou, plus justement, en prenant ce dernier sous des angles transgressifs.
Il a fait ses études au conservatoire de Bordeaux dans les classes de composition instrumentale et de composition électroacoustique, et a suivi les masters-classes et les cours de Luis de Pablo, François Rossé, François Bayle et Ivo Malec.
Démarche musicale
Ses premières œuvres jouent sur des aspects sonores extrêmes, continuums et superpositions de sons très forts amplifiés, séries de performances et de manipulations sonores brutes en direct et improvisées, avant d'aborder des compositions instrumentales, électroniques et électroacoustiques qui explorent des fréquences sonores intenses et des brouillages à l'aide de modes de jeux instrumentaux non conformes.
Dans son travail se croisent des pratiques et techniques variées au travers de pratiques du noise (ou musique bruitiste), de la saturation, du détournement et de la réappropriation (bruits, sons délaissés, sons résiduels, sons ambiants, accidents, saturations, feedbacks acoustiques et d'appareils électroniques, drones, amplification de sons inaudibles, processus aléatoires de production sonore, superpositions de traitements sonores électroniques et numériques, manipulations d'enregistrements, et du presque-silencieux au harsh noise). Sans attaches à un mouvement ou à un genre particulier, ni à un formalisme quelconque, il travaille sur la physicalité du son, c'est-à-dire sur la réception directe du son dans toutes ses dimensions, amplitudes et énergies dont il faut faire l'expérience par l'écoute. Ses réalisations proposent à chaque fois ce rapport physique à l'écoute et une immersion qui requiert un temps long d'attention et d'écoute.
L'ensemble de sa démarche artistique repose sur une conception et une pratique de la composition live[9], c'est-à-dire l'exploration sonore et musicale, in-tempo et in-situ, en concert (entre composition, improvisation et comprovisation[10]), à partir de configurations instrumentales informatiques, électroacoustiques et télématiques. Ses performances et œuvres improvisées et composées sur ordinateur — devenant un instrument à part entière —, en jouant sur les matières, les densités et les intensités, produisent des moments d'immersion sonore et d'expérience d'écoute sur des durées généralement assez longues, propices à des entremêlements électroniques et acoustiques.
Ainsi les questions liées aux « auditoriums », lieux, espaces et moments d'écoute, en tant que dispositifs de perception, d'attention et d'immersion, sont continuelles dans son travail : faire de la musique est « fabriquer des écoutes », quels que soient les espaces d'écoute, les supports et les dispositifs (il parle ainsi de « musique étendue »).
Entre sons électroniques live et enregistrés et sons instrumentaux performés et déformés, entre dispositif de concert et systèmes programmés, entre musique sociale, populaire et savante, et tout à la fois, ses œuvres ne jouent d'aucun principe explicite et explorent les relations entre techniques, technologies (autant les anciennes que les plus récentes), et la perception de nos espaces, environnements et contextes (et en quoi ceux-ci modifient notre expérience de ce qui fait musique).
La musique en réseau
Depuis 1995, Jérôme Joy expérimente aussi des dispositifs de musique en réseau et de télémusique (en solo ou en collectif, tel un ensemble de musiciens répartis géographiquement et jouant simultanément face à un ou des publics). Il crée sa première œuvre instrumentale en réseau[note 1] pour le Festival Manca (combiné au Festival Lust à Londres) en 1997, après avoir créé l'année précédente une œuvre électronique intégralement en réseau[note 2]. Quelques années auparavant, il collabore sur un projet d'architecture à Paris, qui restera non réalisé, en concevant une architecture sonore temps réel, Un Passage Parisien, combinant transmissions de sons par satellite, mixages automatisés en direct, live-electronics et spatialisations mobiles.
L'enjeu est la composition de musiques par le réseau ou pour le réseau, c'est-à-dire expérimenter et engager une musique qui ne pourrait exister (et n'être conçue) que par les conditions mêmes des réseaux. En cela, il explore une extension de l'organologie musicale et une écriture idiomatique spécifique à ces environnements et dispositifs. Cet intérêt l'a amené à explorer les conditions de la production musicale, au travers de celles du public, de la « salle de concert », des économies qui y sont liées (droit d'auteur, licences et technologies libres, publications cd), et des dispositifs de cocréation.
En 2002, il publie sur Internet le « manifeste » pizMO pour des « pique-niques » musicaux, temporaires et télématiques, se positionnant pour une musique expérimentale à l'encontre de l'industrie musicale, et, le texte LABO, publié sous un pseudonyme dans plusieurs revues internationales, qui milite, de son côté, pour des collectifs autogérés, « en plein air » : des « artels » et non des labels.
La recherche
Dans le cadre de la recherche Jérôme Joy développe depuis 2004 avec l'équipe du laboratoire de recherche Locus Sonus[2] les projets Locustream (réseau de microphones ouverts en permanence et placés tout autour du globe, comme autant de ressources sonores en flux et en streaming pouvant être utilisées par d'autres artistes comme matériaux dans des œuvres), et le NMSAT (Networked Music & SoundArt Timeline), un historique de la télémusique, à partir duquel il retrace une archéologie et une généalogie de l'écoute à distance et de l’organologie de ces dispositifs d’écoute et de la musique en réseau, dans l'histoire et dans l'actualité).
Son principal sujet de recherche depuis quelques années (en recherche-création), au sein du travail de composition en premier lieu, et ensuite au travers de publications d'articles, est la notion de « musique étendue » (extended music)[note 3] au travers de différents paradigmes qu'il explore : « Les Auditoriums Internet et l'écoute à distance » (Distance Listening — Internet auditoriums, A new paradigm of the listening into the contexts of networked music and sound art, qui est son sujet de recherche à l'université Laval Québec), la « télémusique » (Histoire de la télémusique), et l'organologie de la musique en réseau (instrumentariums et typologie).
Œuvres
Musique instrumentale | Musique électronique, électroacoustique et radio | Projets collectifs et en réseau (Internet) |
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Télémusique (musique Internet) | Musique improvisée | Autres |
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Discographie
- Chemins pour flûte basse (Christian Maestri, 1995)
- Pièce stéréophonique pour clarinettes enregistrées (#29) (Villa Arson, 1995)
- Mégaphonies (Les Ateliers / CCCL Alexandrie 1997)
- Mégaphonies (Sound Box 1.0, Kiasma Museum, 1997)
- Montage (Octandre, 1999)
- Duo Vocal (Erratum Musical #2, 1999)
- Overwritten Solos (EAC, 1999)
- pizMO / pefalm (Tiramizu, 2003)
- pizMO / nim (33 tous - Ten Hours of Sound from France, SFMOMA / 23five Incorporated, 2003)
- Mono (Tiramizu, 2003)
- picNIC (Fibrr Rec, 2004)
- pizMO / ip (Tiramizu, 2005)
- PacJap / d-system (Tiramizu, 2005)
- Sobralasolas ! ep.1 (Ohm Avatar, 2009)
- LocustreamMix (《Around 聽在》sound catalog, soundpocket, 2010)
- Sobralasolas ! ep.2 (excerpt) (EBU ARS ACUSTICA - ART'S BIRTHDAY 2005-2010, 2011)
Et en collaboration avec Brunhild Meyer-Ferrari :
- Chantal, ou le portrait d'une villageoise (1977-1978), de Luc Ferrari (Ohm Avatar, 2009)
Notes et références
- Notes
- Gestes (1997) de Jérôme Joy, avec Alex Grillo (KAT midi percussion controller et vibraphone, Nice), Daniel Biro (piano, London), Lawrence Casserley (sound treatments, London) et Jérôme Joy (bande magnétique et diffusion, Nice)
- Vocales (1996), œuvre MIDI sur un serveur utilisant les processeurs des ordinateurs connectés en tant que synthétiseurs via les modules de synthèse vocale. Voir aussi : Information arts: intersections of art, science, and technology (2003). Stephen Wilson. Leonardo Series, MIT Press, 2003, p. 781.
- Une Époque Circuitée — Réflexion sur l'organologie des arts en réseau : le passage de l'Internet à un état musical (2010). par Jérôme Joy, In revue Intermédialités - avril 2010, n° 13 - Programmer, p. 57-76, CRI Centre de Recherche sur l'Intermédialité, Université de Montréal (QC), 2010.
- Références
- http://www.faaav.ulaval.ca/ (Directrice de recherche Suzanne Leblanc)
- http://locusonus.org/
- http://lascaux2.info/
- http://agglo.info/
- The Thing (art project) (en)
- http://bbs.thing.net/
- http://www.editions-ere.net/projet55
- Pour une bibliographie complète : http://joy.nujus.net/w/index.php?page=Texts
- « Composing The Now », de Michel Waivisz, crackle.org
- http://epubs.scu.edu.au/sass_pubs/448/ mitpressjournals.org
Liens externes
- (en) Jerome Joy's Biography (english version)
- (fr+en) Biographie complète de Jérôme Joy
- (fr+en) Bibliographie complète de Jérôme Joy
- (fr+en) Site officiel de Jérôme Joy
- (fr+en) Site officiel de Locus Sonus
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