Jacob Petit

Jacob Petit, pseudonyme de Jacob Mardochée[1], né à Paris en et mort dans la même ville , est un céramiste français.

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Jacob Petit
Biographie
Naissance
Décès
(à 72 ans)
Paris
Sépulture
Nom de naissance
Jacob Mardochée
Nationalité
Activité
Porcelainier
Autres informations
A travaillé pour
Maître

Son nom reste attaché à l'originalité de sa production. Abondantes et diverses, naguère jugées d'une exubérance de mauvais goût, ses pièces sont aujourd'hui recherchées pour leur originalité, la qualité de leur finition et la richesse de leur polychromie.

Origines familiales

L'état civil de Jacob Petit n'a jamais pu être établi de manière assurée pour deux raisons :

  • l'incomplète reconstitution des anciens registres parisiens - détruits par la Commune en mai 1871 ;
  • la tardive stabilisation des patronymes juifs en France d'autre part  c'est seulement le qu'un acte législatif de Napoléon Ier, dit décret de Bayonne, obligea les Israélites à porter un nom de famille.

Le seul acte d'état civil incontestable concernant Jacob Petit est celui rédigé après son décès[2],[3].

À ce jour, le contrat de mariage datant de 1816 (ou environ) de Jacob Mardochée avec Adélaïde Petit, fille d'un boulanger[4] de Chantilly, n'a pu être trouvé. Jacob Petit adopte le patronyme de son épouse comme pseudonyme, et c'est sous ce dernier que son nom est passé à la postérité.

Un examen exhaustif des actes d'état civil parisiens reconstitués au nom de « Mardoché(e) » et un recoupement des informations qu'ils fournissent établissent que le couple Moïse Mardochée et Sarah Simon a eu au moins quatre fils :

  • Bernard (Paris, 1793 - 1855), sous-lieutenant d'infanterie puis rentier[5] ;
  • Jacob, (Paris, 1796[6] - 1868), fabricant de porcelaine ;
  • Bironi (Paris, 1797 - avant )[7], brouettier, marié le au Havre avec Élise Eugénie Auger (Le Havre, 1815-1842)[8] ;
  • Armand Moyse (Paris, 1798 - avant ), enrôlé en dans les cuirassiers du Berry[9].

Le recensement parisien des Juifs de 1809[10] cite le couple (famille no 1761. Le père bijoutier, né en 1754 à Avron[11] ; la mère née en 1766 à Mutterscholtz), parents de neuf enfants :

  • Élise, née en 1792 ;
  • Abraham, né en 1795 ;
  • Heluf, né en 1796 ;
  • Jacob, né en 1796 ;
  • Bironi, né en 1797 ;
  • Hayem, né en 1799 ;
  • Élie, né en 1800 ;
  • Minette, née en 1801 ;
  • Esther, née en 1807.

Sans l'expliquer, on remarque l'absence de deux fils : Bernard (né en 1793) et Armand Moyse (né en 1798).

Moïse Mardochée meurt à Paris, rue des Archives, le . Il est rentier, âgé de 89 ans (né vers 1751)[12]. Ses deux fils, Bernard et Jacob Mardochée, renoncent à sa succession le [13].

Sarah Simon, son épouse, murt rue Pecquay le , à l'âge de 73 ans (née vers 1765)[14].

Biographie

Après avoir appris le dessin en autodidacte, Jacob Petit entre comme élève dans l'atelier du peintre Antoine-Jean Gros, disciple de Jacques-Louis David. Précocement attiré par la porcelaine, il rejoint la manufacture de Sèvres dès 1822.

Flacon à parfum représentant une Chinoise attribué à Jacob Petit, localisation inconnue. Le bouchon n'est pas d'origine.

Passionné d'arts décoratifs, il effectue plusieurs voyages en France et en Europe (en Italie, en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Angleterre) pour approfondir ses connaissances et perfectionner sa technique.

Revenu en France, il publie en 1830-1831 un Recueil de décorations intérieures, comprenant tout ce qui a rapport à l'ameublement, comme vases, trépieds, candélabres, lustres, girandoles, lampes, chandeliers, cheminées, faux poëles, pendules, tables, secrétaires, commodes, canapés, lits, draperies de croisées, fauteuils, chaises, tabourets, miroirs, et tout ce qui a rapport à l'orfèvrerie, menuiserie, serrurerie, etc.. Cet ouvrage  motivé par un désir d'exhaustivité  connaîtra un vif succès. L'auteur y puisera constamment ses futures inspirations.

Jacob Petit possède une manufacture de porcelaine à Fontainebleau employant 80 ouvriers et un atelier à Paris au 26, rue de Bondy  actuelle rue René-Boulanger , puis rue Paradis-Poissonnière  actuelle rue de Paradis.

Créateur indéniable animé par l'esprit d'entreprise, il semble par contre n'avoir été qu'un homme d'affaires malheureux. Il fait faillite en 1848. À la fin de sa vie, la malchance le poursuit : l'un de ses ateliers est détruit par un incendie, ce qui précipite sa ruine.

Admis pour fièvre à l'hôpital Beaujon[15],[16] le , il y meurt le [2] d'une hémorragie cérébrale[17]. Mort dans la misère, il est inhumé le , en fosse commune, à Paris au cimetière du Père-Lachaise[18].

Son épouse, Anne Adélaïde Petit, meurt à l'hospice de Fontainebleau[16] le [4], dépourvue du moindre bien : un certificat d'indigence est délivré à l'administration fiscale le [19].

Œuvre

Marque bleue « JP » de Jacob Petit.
Brûle-parfum (vers 1830) attribué à Jacob Petit, localisation inconnue.

Jacob Petit produit un grand nombre d'objets décoratifs en porcelaine : vaisselle, vases, tisanières, flacons à parfum, brûle-parfum, encriers, presse-papiers, vide-poches, pendules, luminaires d'intérieur, et même des cheminées[20].

Ses créations se caractérisent par une audace inventive. Empreintes d'éclectisme, elles puisent à tous les répertoires décoratifs :

Si Jacob Petit fut naguère critiqué pour ses couleurs jugées criardes[réf. nécessaire], il s'avère pourtant un coloriste remarquable. Il n'hésite pas à juxtaposer teintes franches et rares, tons mats et brillants, pour créer une chatoyante polychromie aux combinaisons presque infinies. Il cherche à rendre la matière avec réalisme (étoffes, bijoux, pierreries, carnations, pelage d'animaux, pétales et feuillages de fleurs, troncs d'arbre…). Répandu généreusement, l'or souligne socles et éléments saillants ou décoratifs. L'ensemble produit une impression de gaieté.

Personnage galant (vers 1835), Honolulu Museum of Art.

Sa créativité empreinte de fantaisie s'exprime, par exemple dans des flacons à parfum conçus par paires : un couple composé d'un homme et d'une femme en costumes de diverses époques ou civilisations (Écossais ; Espagnols ; nobles médiévaux ; Turcs ; Chinois ; Indiens d'Amérique…).

Esprit perpétuellement en éveil, Jacob Petit dépose plusieurs brevets de fabrication. Il aime relever des défis techniques, telle la réalisation de corbeilles en minces filets de porcelaine imitant l'osier tressé. Il s'intéresse, entre autres, au procédé difficilement maîtrisable de la dorure sur porcelaine.

Dès 1834, il participe à de nombreuses expositions, où il recueille diverses récompenses en reconnaissance de son esprit pionnier mêlant audace et créativité. Le Rapport du jury central de l'exposition des produits de l'industrie nationale de 1834 lui accorde une mention honorable, « non pour les contours bizarres et difficiles qu'il donne à la plupart de ses pièces ; mais pour la hardiesse d'exécution par laquelle sont vaincues de telles difficultés ». Il ajoute que « tous les décorateurs avouent que les innovations de M. Jacob-Petit ont rendu l'essor au commerce de la porcelaine d'ornement »[21].

Le jury de 1839, qui lui décerne une médaille de bronze, indique : « La fabrication de M. Jacob-Petit, à Fontainebleau, a, dans le commerce, une assez grande vogue, fondée sur l'imagination inépuisable de ce fabricant pour faire les pièces de fantaisie les plus variées : il sort toujours du nouveau de ses fours. Nous dirons que, quand l'imagination n'est maîtrisée par aucune réflexion sur ce qui est approprié à l'objet qu'on prétend faire, que lorsqu'on se permet les formes et les ajustemens [sic] les plus grotesques, il est facile de produire tous les jours du nouveau. Il est malheureux que la mode encourage un tel dévergondage de forme et d'ajustemens grotesques, et force pour ainsi dire le fabricant à s'écarter de ce qu'il considère lui-même comme meilleur. C'est donc une question de commerce, et c'est sous ce premier point de vue que le jury doit d'abord envisager la fabrication de M. Jacob-Petit ; mais, s'il l'examine sous le rapport réellement industriel, on remarquera que M. Jacob-Petit sait choisir, employer et diriger des ouvriers habiles, qui font réussir la plus grande partie de ces pièces si compliquées. On remarquera aussi des corbeilles, non pas moulées, mais tissées en baguettes de porcelaine, qui se sont prêtées à ce tissage comme le ferait l'osier. Or ce travail de la porcelaine dure, qui imite si bien celui qu'on a déjà fait en porcelaine tendre, est nouveau pour nous, quoiqu'il ne le soit pas tout à fait pour la fabrication actuelle, puisque M. Margaine[22] a présenté aussi des petites corbeilles faites par le même procédé. Le jury accorde à M. Jacob-Petit, pour l'application de ce procédé et pour sa fabrication en général, une médaille de bronze »[23].

L'abondante production de Jacob Petit révèle un souci permanent de recherche et de renouvellement mais aussi de qualité technique, de vraisemblance comme d'effet décoratif. Aujourd'hui, son inventivité et son savoir-faire suscitent l'admiration et la convoitise des collectionneurs.

Notes et références

  1. on rencontre indifféremment les graphies Mardoché et Mardochée. Cette dernière orthographe, comportant un E final, semble préférable car c'est la forme officielle francisée du personnage biblique éponyme.)
  2. Archives de Paris. 8e arrondissement. Acte de décès no 1704 Mardoche [sic] Jacob du (V4E 937).
  3. « 1704. Du six Décembre mil huil cent soixante huit à onze heures du matin. Acte de décès de Jacob Mardoche [sic], marchand de porcelaine, âgé de soixante douze ans [donc né vers 1796], marié à Adélaïde Petit, sans profession, âgée de soixante dix neuf ans [donc née vers 1789], fils de Moïse Mardoche & de Sarah (nom patronymique ignoré des déclarants), son épouse ; le dit défunt né à Fontainebleau [barré] [« Fontainebleau » est barré dans l'acte, la rature étant approuvée en marge] Paris, demeurant à Fontainebleau (Seine & Marne), rue du Chemin de fer, et décédé à Paris, rue du faubourg St honoré, no 208, hier, à huit heures du matin. Constaté par Nous, Adjoint au Maire du huitième arrondissement de Paris, (Elysée), officier de l'Etat civil, délégué, sur la déclaration de Léonard Pannetier, employé, âgé de trente neuf ans, et de Louisette Gatineau, concierge, âgé [sic] de quarante sept ans, demeurant tous deux rue du faubourg St honoré, no 208, lesquels ont signé avec Nous, après lecture faite. Signé : Pannetier, Gatineau, A. Grouvelle adj. »
  4. Anne Adélaïde Petit était née à Chantilly (Oise) le , fille de Jean-Baptiste Petit (boulanger né à Noyon vers 1734 et mort à Chantilly le / 7 germinal an XII) et d'Anne Julie Barbier.
  5. Archives de Paris. Acte de naissance Mardochée Bernard du (5 Mi 1/86) ; acte de mariage Mardochée Bernard / Raphaël Esther du (V2E 8.259). Cet acte est précise les nom et prénom de la mère de l'époux (Sara Simon) ; l'époux a pour premier témoin son frère, Jacob Mardochée ; acte de décès Mardochée Bernard du (V2E 13.967).
  6. L'acte de naissance d'un Jacob (dit Eugène) Mardochée, le , fils d'Élie Mardochée, mercier, et de Brunette Bernard, mariés à Brody (Pologne) en 1768 selon le rite hébraïque (Archives de Paris. Naissance Mardochée Jacob (Eugène) du . 5 Mi 1/82), est souvent avancé comme étant celui du futur Jacob Petit. Cette affirmation ne peut être acceptée car elle contredit l'acte de décès sur deux points essentiels : l'année (même approximative) de naissance et le nom des parents. Par ailleurs, la succession de Moïse Mardochée, mort en 1840, atteste une filiation qui ne peut rattacher Jacob Mardochée à un père prénommé Élie.
  7. Archives de Paris. Acte de naissance Mardochée ci-devant Moyse Bironi du / 30 prairial an V (5 Mi 1/99).
  8. Archives départementales de Seine-Maritime. Acte de mariage no 131 Mardochée/Augé du . 4E 08689. 1836. Vue 134/266.
  9. Archives de Paris. Acte de naissance Mardochée Armand Moyse du / 30 frimaire an VII (5 Mi 1/105). Armand Moyse Mardochée n'est pas cité lors de la succession de son père en , ce qui indique qu'il est mort avant cette date.
  10. Geneanet[réf. incomplète].
  11. Pour Avon en Seine-et-Marne ?
  12. Archives de Paris. Acte de décès Mardoché Moyse du (V2E 12.128).
  13. Archives de Paris. Enregistrement après décès. DQ8 810. Folio 23 v°. Bernard et Jacob Mardochée, héritiers, demeurent alors respectivement 28, rue de la Folie Méricourt et 26, rue de Bondy.
  14. Archives de Paris. Acte de décès Simon Sara du (V2E 12.038).
  15. Inauguré comme orphelinat en 1785 dans le faubourg du Roule, ouvert aux malades en , l'hôpital Beaujon ferma ses portes le pour être transféré à Clichy.
  16. Mourir à l'hôpital était alors considéré comme une fin honteuse, réservée aux plus pauvres.
  17. Assistance publique - Hôpitaux de Paris. Archives en ligne. Hôpital Beaujon ancien. Registre des entrées du au - 1 Q 2/100 - Vue no 59/77 (dans la colonne Observations, il est indiqué Israélite) ; registre des décès de 1868 - 3 Q 2/51 - Vue no 75/81.
  18. Conservation du cimetière parisien du Père-Lachaise.
  19. Archives de Seine-et-Marne. Enregistrement après décès. 143 Q 16.
  20. insecula.com.
  21. cnum.cnam.fr.
  22. père d'Alpinien Margaine (1826-1878), fabricant de porcelaine qui s'associa, à Limoges, avec Pierre-Justin Gibus (1821-1897) et Martial Redon (1826-1891).
  23. cnum.cnam.fr.

Liens externes

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