Jacqueline Fleury

Jacqueline Fleury-Marié, née le , est une résistante française, membre du réseau Défense de la France et agent de liaison du réseau Mithridate. Arrêtée, elle est déportée à Ravensbrück et Buchenwald. Après la guerre, elle milite dans des associations, témoigne, et devient présidente de l'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance.

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Jacqueline Fleury

Jacqueline Marié vers 1941.

Nom de naissance Jacqueline Marié
Naissance
Wiesbaden, Allemagne
Allégeance Résistance intérieure française
Unité Réseau Défense de la France
Réseau Mithridate
Conflits Seconde Guerre mondiale
Distinctions Grand-croix de la Légion d'honneur - Grand-Croix dans l'Ordre national du mérite
Autres fonctions Présidente de l'Association des déportées internées résistantes

Biographie

Jacqueline Marié est née le à Wiesbaden, en Allemagne[1]. Elle est la fille de Désiré Marié, officier du génie, ancien combattant de la Première Guerre mondiale[2]. Elle grandit à Strasbourg où son père est en garnison[1]. Elle pratique le scoutisme au sein des Guides de France à Poitiers[3].

La famille habite Versailles en 1939 au début de la Seconde Guerre mondiale ; Jacqueline Fleury y finit ses études secondaires puis débute une formation pour être assistante sociale[1]. En , elle connaît l'exode avec sa mère et son frère. Lorsqu'ils reviennent, leur maison a été pillée[2],[4].

Résistance

Jacqueline Marié a alors 17 ans. Comme ses parents et son frère Pierre, elle refuse l'armistice et entre dans la Résistance, avec laquelle elle était en contact par l'un de ses professeurs. Elle fait partie du réseau Défense de la France, fondé par Philippe et Hélène Viannay, qui imprime et diffuse le journal du même nom. Elle est chargée de transporter et de distribuer ce journal clandestin, dans la région de Versailles et aux usines Renault. Son âge et son allure la rendent peu suspecte[2],[5].

Elle fait aussi partie du réseau Mithridate, réseau de renseignement fondé par Pierre-Jean Herbinger, comme agent de liaison de son frère Pierre. Elle doit rechercher les locaux pour envoyer les messages-radio. Elle prend également part à la reproduction des documents. C'est à leur domicile, avec l'accord de leur mère, que se déroulent nombre de réunions du réseau Mithridate, et que sont cachés des jeunes recherchés par la Gestapo[6].

Arrestation et déportation

Arrêtée le en même temps que ses parents, elle est interrogée par la Gestapo et emprisonnée à Fresnes, mise au secret[1],[2]. Elle y croise Marie Médard, avec qui elle communique en tapant sur les tuyaux en faisant du morse appris chez les guides[7],[8]. Elle en part le , emmenée en déportation au camp de concentration de Ravensbrück où elle retrouve sa mère. Elle y retrouve aussi Geneviève de Gaulle et Germaine Tillion, dont la forte solidarité l'aide à garder le moral[2].

Envoyée le dans un kommando proche de Buchenwald, elle refuse d'y travailler et est transférée vers un autre kommando, puis vers un troisième, dans la baraque des « fortes têtes »[6]. Elle travaille alternativement pour les sociétés Heeresmuna à Torgau, BMW à Abteroda, Junkers à Markkleeberg[9].

Elle est lancée par les SS le avec ses compagnes dans une des sinistres « marches de la mort » en direction de la Tchécoslovaquie[2],[9]. Elle s'en échappe le en compagnie de quelques compagnes ; elles sont aidées par des prisonniers de guerre français[9]. Elles assistent le à l'arrivée de l'Armée rouge[9]. Ensuite transférée en zone américaine, elle y reçoit les premiers soins. Elle est finalement rapatriée et arrive à l'hôtel Lutétia à Paris le [2],[9].

Après-guerre, témoignage et rôle associatif

Rentrée en France, elle est choquée par l'incrédulité qu'elle rencontre. Elle rejoint alors l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR), avec Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz[2]. Elle se marie en , et devient mère de cinq enfants[9].

Elle participe à la création du Concours national de la résistance et de la déportation et s'y investit dans les établissements scolaires[2],[9]. Elle milite aussi dans le cadre d'Amnesty International[9].

Elle reçoit la cravate de commandeur de la Légion d'honneur des mains de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, en 1997[9].

À la mort de Geneviève de Gaulle-Anthonioz en 2002, Jacqueline Fleury lui succède à la présidence de l’ADIR, jusqu'en 2006 où cette association passe la main à la Société des familles et amis des anciennes déportées et internées de la Résistance[2].

Jacqueline Fleury est élevée à la dignité de grand-croix dans l'Ordre national du mérite le et de grand-croix de la Légion d'honneur le [10].

En septembre 2021 elle inaugure l'école qui porte son nom à Versailles.

Œuvres

  • Jacqueline Fleury-Marié, Une famille du refus mais toujours l'espérance, 2013, 194 p., préface de François Boulet.
  • Jacqueline Fleury-Marié, Résistante, Calmann Lévy, 2019, 180 pages (ISBN 978-2-702-16750-2), avec Jérôme Cordelier[11].

Distinctions

Notes et références

  1. Les Femmes oubliées de Buchenwald, p. 61.
  2. « Jacqueline Fleury, la voix tenace des femmes résistantes », La Croix, .
  3. « Jacqueline Fleury-Marié résistante, déportée et survivante – Les Astrales » (consulté le )
  4. Rameau 2008, p. 26.
  5. Rameau 2008, p. 26-28.
  6. Rameau 2008, p. 28.
  7. Jacqueline Fleury-Marié, avec Jérôme Cordelier, Résistante, Calmann-Levy, , 180 p., p. 68
  8. « Jacqueline Fleury-Marié, témoignage d'une jeune résistante », sur Reforme.net, (consulté le )
  9. Les Femmes oubliées de Buchenwald, p. 62.
  10. « Légion d'honneur : Pesquet, résistants et héros de l'attentat de Strasbourg distingués », sur lexpress.fr, L'Express, .
  11. « Jacqueline Fleury-Marié, Joseph Weismann et Julia Wallach », France 5 et François Busnel, La Grande Librairie, 27 avril 2022.

Bibliographie

  • « Jacqueline Fleury », dans Marie Rameau, Des femmes en résistance: 1939-1945, Paris, Éditions Autrement, (ISBN 978-2-7467-1112-9), p. 26-29 [extraits en ligne].
  • « Les déportées politiques : Jacqueline Fleury », dans Les femmes oubliées de Buchenwald, Paris, Paris Musées, (ISBN 2-87900-892-1), p. 60-62.
  • Antoine Fouchet, « Jacqueline Fleury, la voix tenace des femmes résistantes », sur la-croix.com, La Croix, (consulté le ).
  • Christiane Goldenstedt, « Les femmes dans la Résistance », dans Annette Kuhn et Valentine Rothe (dir.), Frauen in Geschichte und Gesellschaft, Herbolzheim, Band 43, 2006.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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