Jacques Corrèze

Jacques Corrèze, né le à Auxerre (Yonne) et mort le à Paris, était un cadre dirigeant du groupe L'Oréal, membre de la Cagoule et collaborateur notoire durant l'Occupation allemande.

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Jacques Corrèze
Jacques Corrèze, chef de l'organisation territoriale parisienne du Mouvement social révolutionnaire (mars 1941)[1].
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Membre de la Cagoule

Jacques Corrèze en 1938.

Né à Auxerre, il est, sous le pseudonyme de « la Bûche », l’un des responsables, dans les années trente, de la Cagoule, organisation clandestine terroriste née sous la houlette d’Eugène Deloncle.

Jacques Corrèze, décorateur de profession, devient en 1936 le secrétaire et homme de confiance de Deloncle. Il reconnaîtra plus tard s’être occupé du verrouillage des équipes et des dépôts d’armes de la Cagoule. Soupçonné d’avoir participé à différents assassinats, notamment celui des frères Carlo et Sabatino Rosselli, antifascistes italiens réfugiés en France, il est arrêté en 1938. Sorti de prison un an plus tard, il combat dans un régiment de chars contre l’armée allemande.

Membre du Mouvement social révolutionnaire sous l'Occupation

Après l'armistice, en , il rejoint le Mouvement social révolutionnaire (MSR) lancé, avec la bénédiction de Berlin, par Eugène Deloncle. Le MSR prône une collaboration totale avec l'occupant nazi.

En 1941, Jacques Corrèze s’engage dans la Légion des volontaires français (LVF) pour lutter aux côtés des nazis contre l’Union soviétique. Il sera en à quelques kilomètres de Moscou[2].

À son retour en France il prend des contacts avec la Résistance, mais reste aux côtés d'Eugène Deloncle[2].

En , il échappe de justesse à la police allemande qui accuse le MSR d’avoir noué des relations avec des agents alliés en Espagne. Il est témoin de l'assassinat de Deloncle par la Gestapo ()[2].

Capturé le à 23 heures par les FFI à 8 km au nord-est de Nanteuil-le-Haudouin, entre Paris et Soissons, il est interrogé par le service de renseignement de la 4e division d'infanterie américaine[3].

Procès et condamnation

Emprisonné à la Libération, Jacques Corrèze est condamné en 1948 à dix ans de travaux forcés pour intelligence avec l’ennemi[4]. Selon l’accusation, Jacques Corrèze « est le seul à avoir changé d’attitude, le seul à avoir fait marche arrière, à avoir pris des contacts avec la Résistance ». La même année, il est jugé dans le procès de La Cagoule. Devant répondre de plusieurs assassinats, il échappe de nouveau à la condamnation à mort et est condamné à une peine de dix ans, confondue avec la première[2].

Cadre de L'Oréal

Jacques Corrèze sort de prison en 1949, et épouse Mme Mercedes Deloncle, veuve d'Eugène Deloncle. Eugène Schueller l’engage dans sa société et lui confie le poste d’agent général du groupe L’Oréal-Monsavon pour l’Espagne et l’Amérique latine. Il fonde la société Productos Capillares (Procasa). Il y emploiera Henri Deloncle frère d'Eugène, Louis Deloncle fils d'Eugène, Thierry Servant fils de Claude Deloncle et André fils de Jean Filiol.

Amnistié en 1959, réhabilité en 1966, Jacques Corrèze poursuit sa carrière d’homme d’affaires aux États-Unis. Il sera le principal responsable du développement exponentiel de cette multinationale sur l'ensemble du continent américain (du Canada à l'Argentine). Il sera à la demande du PDG de l'époque, le principal négociateur du rachat par L’Oréal en 1988 de la firme américaine de cosmétiques Helena Rubinstein. Ce rachat aurait provoqué la menace de boycottage de L’Oréal par la Ligue arabe qui organisait le boycott des sociétés ou des personnes traitant avec l’État d’Israël.

En 1991, il fait l'objet d'une enquête de l'Office of Special Investigations (en) concernant d'éventuels crimes commis lors de la guerre[5], ce qui le contraint à quitter les États-Unis. Il meurt une semaine plus tard. Vingt-quatre heures avant sa mort, Jacques Corrèze avait démissionné de ses fonctions de président d’honneur et d’administrateur de la société Cosmair, filiale de l’Oréal.

Références

  1. Pierre Philippe Lambert, Gérard Le Marec, Organisations, mouvements et unités de l'État français : Vichy, 1940-1944, Paris, Jacques Grancher, coll. « Témoignages pour l'histoire », 1992.
  2. Le Monde 2 - 14 février 2009, p62-63
  3. NARA 4th Infantry Division US. G-2 files.
  4. Franc-Tireur n° 1305 du 11 octobre 1948, p. 2 col. 4 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4106548f/f2.item) et Combat n° 1327 du 11 octobre 1948, p. 5 col.4 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4749829m/f5.item)
  5. New York Times, 20 juin 1991

Annexes

Sources primaires

  • Mercédès Deloncle Corrèze, Histoire sans égoïsme, Paris, La Pensée universelle, , 297 p. (ISBN 2-214-04825-1).

Bibliographie

  • Michael Bar-Zohar (trad. de l'anglais par Serge Moran), Une histoire sans fard : L'Oréal, des années sombres au boycott arabe Bitter Scent : the Case of L'Oreal, Nazis, and the Arab Boycott »], Paris, Fayard, , 268 p. (ISBN 2-213-59508-9).
  • Philippe Bourdrel, La Cagoule : histoire d'une société secrète du Front populaire à la Ve République, Paris, Albin Michel, (1re éd. 1970), 404 p. (ISBN 2-226-06121-5).
  • Philippe Bourdrel, Les Cagoulards dans la guerre, Paris, Albin Michel, , 282 p. (ISBN 978-2-226-19325-4).
  • Sophie Coignard et Marie-Thérèse Guichard, Les bonnes fréquentations : histoire secrète des réseaux d'influence, Paris, Grasset, , 383 p. (ISBN 2-246-50041-9).
  • Frédéric Freigneaux, Histoire d'un mouvement terroriste de l'entre-deux-guerres : « la Cagoule », , 435 p.
    Mémoire de maîtrise en histoire, Université Toulouse 2, le Mirail.
  • Frédéric Freigneaux, « La Cagoule : enquête sur une conspiration d'extrême droite », L'Histoire, no 159, , p. 6-17.
  • Jacques Marseille, L'Oréal : 1909-2009, Paris, Perrin, , 351 p. (ISBN 978-2-262-02953-1).

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