Jacques Lanctôt
Jacques Lanctôt (né le à Montréal) est un éditeur québécois . Membre du mouvement Front de libération du Québec (FLQ) en 1969 et 1970, il a été condamné à trois ans de prison en pour sa participation à l'enlèvement du commissaire commercial britannique James Richard Cross dans le cadre de la crise d'Octobre de 1970. Il a fondé et dirigé la maison d'édition Lanctôt Éditeur.
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Biographie
Né dans le quartier Rosemont de Gérard Lanctôt et Blanche Lalonde, il est le troisième d'une famille de 10 enfants. Son père, Gérard Lanctôt, est un petit commerçant propriétaire d'une quincaillerie qui succède à Adrien Arcand comme chef du Parti de l'Unité nationale, un parti d'extrême droite. Jacques Lanctôt est le frère de François et de Louise Lanctôt, membres également du Front de libération du Québec en 1969-1970.
En 1963, à dix-sept ans, il fait partie du premier réseau du FLQ. La même année il est arrêté pour une attaque au cocktail Molotov contre une caserne militaire et emprisonné à la prison de Bordeaux[1]. De 1963 à 1969, il fréquente les milieux de gauche, le Rassemblement pour l'indépendance nationale, le comité Vallières-Gagnon et le Front de libération populaire (FLP). Après ses études collégiales classiques, il enseigne pendant trois ans le français dans une école secondaire publique de Saint-Hyacinthe. Le il se marie avec Suzanne Lapierre, pour échapper à son univers familial étouffant[1].
Jacques Lanctôt fait la rencontre de Paul Rose dans un fourgon de la police, après leur arrestation lors de la violente manifestation(Lundi de la matraque) de la fête de la Saint-Jean en juin 1968. Ensemble, ils entreprennent de reconstruire le mouvement du FLQ après l'arrêt de la cellule de Pierre-Paul Geoffroy.
À la fin des années 1960, il est chauffeur de taxi à Montréal pendant un an pour pouvoir terminer ses études[2]. Il est l'un des meneurs du Mouvement de libération du Taxi (MLT), qui mène une dure lutte visant à faire abolir le monopole de la compagnie Murray Hill Limousine, à l'aéroport de Montréal. Il participe d'ailleurs à plusieurs manifestations contre cette compagnie, notamment le , lors de la grève de la police. De plus, il est responsable du journal du MLT, le Journal du taxi.
En , il entre dans la clandestinité et va habiter sur une ferme du FLQ à Sainte-Anne-de-la-Rochelle[3] jusqu'en . À la suite de la division du réseau Lanctôt-Rose, Jacques Lanctôt forme la cellule Libération en avec Louise Lanctôt, sa sœur Jacinthe Lanctôt, Jacques Cossette-Trudel, Marc Carbonneau, Yves Langlois et Nigel Hamer. Le , ils enlèvent l'attaché commercial britannique James Richard Cross, dans ce qui est considéré comme l'élément déclencheur de la Crise d'octobre au Québec[4]. Jacques Lanctôt est l'un des principaux rédacteurs du manifeste du FLQ, lu à la télévision de Radio-Canada quelques jours après l'enlèvement. Le , ils relâchent Cross en échange d'un sauf-conduit vers Cuba, où un avion-cargo des forces armées canadiennes transporte cinq des membres de la cellule, ainsi que l'épouse de Lanctôt et leur fils d'un an[5].
Après un exil de huit ans, d'abord à Cuba de 1970 à 1974 puis en France de 1974 à 1979, en compagnie de ses camarades de la cellule Libération, Jacques Lanctôt revient au Québec en janvier 1979 et plaide coupable à une série d'accusations liées à l'enlèvement de James Cross, pour lesquelles il est condamné à trois ans de prison. Il est libéré en 1981 après avoir purgé cette peine.
Il rejoint la maison d'édition de Victor-Lévy Beaulieu puis devient lui-même éditeur quelques années plus tard, fondant en 1995[6] sa maison d'édition Lanctôt Éditeur et publiant, notamment, les premiers romans de Dany Laferrière et le théâtre de Marie Laberge. En 2005, il vend sa maison d'édition à Michel Brûlé, éditeur des Éditions des Intouchables[7]. En 2006, il ouvre «Les Utopistes», un café-librairie sur l'avenue du Mont-Royal, à Montréal, mais cet établissement ferme ses portes six mois plus tard pour des raisons économiques[7]. En 2007, il est pigiste pour les éditions Fides[7]
Jacques Lanctôt est, durant un temps, chroniqueur pour Canoe.ca[8]. Il est père de neuf enfants, dont la comédienne Agathe Lanctôt, Olga et Boris Lanctôt.
Le fonds d'archives de Jacques Lanctôt est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[9].
Documentaire
En 2004, Jacques Lanctôt est apparu dans le documentaire L'otage de Carl Leblanc. Le cinéaste y mettait en opposition des extraits d'entrevue avec Jacques Lanctôt et James Richard Cross.
En 2007, Jacques Lanctôt apparait dans le documentaire Animal tropical à Montréal de Frank Rodríguez et Pedro Ruiz, où il raconte des anecdotes de l'auteur Pedro Juan Gutiérrez.
En 2009, Jacques Lanctôt apparait dans le documentaire La dérive douce d'un enfant de Petit-Goâve de Pedro Ruiz, où il raconte des anecdotes de ses années comme éditeur des premiers romans de Dany Laferrière[10].
En 2020, Jacques Lanctôt apparaît dans le documentaire Les Rose de Félix Rose (fils de Paul Rose) sur l’histoire de sa famille. La même année, il apparaît également dans la série documentaire de Club Illico Le dernier felquiste de Flavie Payette-Renouf, Éric Piccoli et Félix Rose sur l’histoire des différents réseaux du Front de Libération du Québec à travers l’enquête des journalistes Antoine Robitaille et Dave Noël sur le meurtre non résolu du felquiste François Mario Bachand tué à Paris en mars 1971.
Publications
- Deux recueils de poésie
- Jacques Lanctôt, Les Plages de l'exil, Montréal, Stanké, , 318 p. (ISBN 9782760410800)
- Michelle Blanc. Un genre à part, Montréal, (Québec), Canada, Éditions Libre Expression, 2012, 192 p. (ISBN 978-2-7648-0561-9)
- Yves Michaud, un diable d'homme, préface de Pierre-Karl Péladeau, Montréal, VLB, 2013.
- Eric Lapointe, biographie, Montréal, Les Intouchables.
Notes et références
- Lanctôt 2010, p. 51-52
- Lanctôt 2010, p. 23
- Lanctôt 2010, p. 97-98
- Radio-Canada.ca, « Un diplomate britannique enlevé », sur archives.radio-canada.ca, Société Radio-Canada, (consulté le )
- Lanctôt 2010, p. 18
- Caroline Montpetit, « Michel Brûlé est sur le point d'acheter Lanctôt éditeur », Le Devoir, 7 juin 2005 (consulté le 16 octobre 2010)
- « Jacques Lanctôt doit fermer son café-librairie », Le Devoir, 17 avril 2007 (consulté le 14 octobre 2007)
- (en) « Canoe », sur Canoe (consulté le ).
- Fonds Jacques Lanctôt (P816) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
- http://www.laderivedouce.com
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Jacques Lanctôt sur l’Internet Movie Database
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