Jardin botanique de Neuchâtel

Le Jardin botanique de Neuchâtel (JBN) est une institution muséale de la Ville de Neuchâtel ouverte au public et dans laquelle sont menées des recherches scientifiques. Il se développe sur une superficie de 8 ha composée de milieux naturels, d’espaces gérés en faveur de la biodiversité et de collections botaniques. Deux sites d’importance nationale s’y épanouissent ; l’un de prairies sèches et l’autre pour la reproduction des amphibiens et reptiles.

Jardin botanique de Neuchâtel
Géographie
Pays Suisse
Canton Neuchâtel
Commune Neuchâtel
Histoire
Création 2014 (1884)
Localisation
Coordonnées 47° 00′ 01″ nord, 6° 56′ 05″ est
Géolocalisation sur la carte : Neuchâtel
Géolocalisation sur la carte : canton de Neuchâtel
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Historique

Dernière-née des institutions muséales de la Ville de Neuchâtel (2014), elle puise son origine dans des racines académiques bien plus anciennes. Le premier jardin botanique scientifique est organisé au milieu des années 1880 autour du bâtiment de la 2e académie de Neuchâtel, à l’avenue du 1er-Mars. En 1909, la vénérable maison devient l’Université de Neuchâtel. Ce premier jardin est dévolu à l’enseignement de la botanique pour les étudiants, mais n’est pas ouvert au public. En 1954, sous l’impulsion du professeur Claude Favarger (1913-2006), le Jardin botanique de l’Université déménage sur la colline du Mail, entourant les nouveaux locaux de la faculté des sciences. Moins d’un demi-siècle plus tard, le succès rencontré auprès des étudiantes et étudiants dans le domaine de la géologie et de la biologie provoque la construction de nouveaux bâtiments, obligeant un nouveau déménagement. Le professeur de botanique Philippe Küpfer et le jardinier-chef Edouard Jeanloz convaincront les autorités politiques de sauver les milieux naturels du vallon de l’Ermitage et d’y intégrer le Jardin botanique. Ce jardin, toujours universitaire, sera inauguré en juin 1998, sous la houlette de François Felber, conservateur de 1997 à 2011[1].

En 2006, l’Etat de Neuchâtel demande à l’Université de réduire ses dépenses. Le Jardin botanique est menacé de fermeture. En octobre de cette même année, l’Association des Amis du Jardin de l’Ermitage (ADAJE) demande le maintien des activités du site et récolte au bas d’une pétition 12'720 signatures qu’elle remet au Conseil d’Etat de Neuchâtel le 14 février 2007. La Fondation du Jardin botanique scientifique et universitaire est créée afin de sauver les acquis. Durant cinq ans des réflexions sont menées entre la Fondation, l’Université et la Ville de Neuchâtel pour sortir de la crise.

Entre octobre 2011 et décembre 2013, Edward Mitchell (Université de Neuchâtel) et Blaise Mulhauser (Ville de Neuchâtel) codirigent le projet. Celui-ci se conclut par une convention signée pour la période 2014-2021 durant laquelle la gestion est confiée à la Ville de Neuchâtel. Le 1er janvier 2014, la Ville de Neuchâtel crée son 4e musée. Le Jardin botanique de Neuchâtel rejoint ainsi le Muséum d’histoire naturelle (MHNN ; 1835), le musée d’art et d’histoire (MAHN ; 1885) et le musée d’ethnographie (MEN; 1904)[2].

Description

Au premier plan, le Jardin de l'évolution; à l'arrière-plan, les serres.

Lové dans le berceau naturel du vallon de l’Ermitage, le parc de 8 ha est entouré de forêts et de falaises. Il est divisé en trois parties, d’ouest en est : les collections thématiques, les milieux naturels gérés par l’homme et les forêts dont une partie évolue librement. L’ensemble du site est en reconversion de culture biologique depuis 2020.

Huit collections botaniques sont présentées dont sept à ciel ouvert et une consacrée à la flore subtropicale dans des serres. L’ensemble inclut plus de 3000 espèces. Une centaine de familles végétales sont décrites dans le Jardin de l’Evolution. Trois parcours permettent de le découvrir sous un angle différent : l’un consacré à la classification botanique, le deuxième à l’histoire de l’évolution des plantes et le troisième aux symbioses qu’elles entretiennent avec les autres organismes[3].

Dans le jardin alpin sont présentées les plantes de 8 montagnes d’Europe, de la péninsule ibérique au Caucase, en passant par les Alpes et le Jura. Baptisée Alpinum Claude Favarger, cette collection de 500 espèces rend homme au professeur de botanique spécialiste de la flore des Alpes et qui fut directeur de l’Institut de botanique de l’Université de Neuchâtel entre 1946 et 1983 et recteur de 1965 à 1967[4].

Une collection de plus de 180 espèces de plantes médicinales est présentée dans le jardin à la française attenant à la Villa qui sert d’espace d’accueil et d’exposition. Ce jardin des simples a la particularité d’organiser les collections en fonction des milieux naturels dans lesquels se retrouvent les plantes de santé. Il permet ainsi de sensibiliser le public à la sauvegarde des habitats[5].

Les milieux naturels et ceux gérés par l’homme (verger, vigne, prairie de fauche) offrent une variété d’habitats exceptionnelle parmi lesquels une prairie sèche d’importance nationale[6] et un site de reproduction des amphibiens et reptiles inscrit à l’inventaire fédéral. Les falaises et abris sous roche bordant le vallon sont considérés comme zone archéologique cantonale.

Un inventaire réalisé sur le territoire communal de Neuchâtel révèle la présence de plusieurs milliers d’espèces de champignons, plantes et animaux dans le vallon de l’Ermitage[7]. Le Jardin botanique est du reste reconnu comme refuge pour les abeilles sauvages : 48 espèces y ont été observées en une seule journée le 24 juin 2010[8].

Missions

Reconnu comme un musée au sens défini en 2007 par l’ICOM[9], le Jardin botanique de Neuchâtel poursuit quatre missions : l’accueil du public, la gestion de collections patrimoniales, la recherche scientifique et la conservation de la biodiversité.

Accueil du public

Chaque année un programme de plus de 70 événements est mis en place par l’équipe du Jardin botanique. Il fait la part belle aux expositions thématiques, tant dans le parc qu’à l’intérieur de la Villa, bâtiment de la fin du 19e siècle qui fait office de zone d’accueil et d’exposition ainsi que de café. Parmi les grandes expositions temporaires de plein air, nous pouvons citer « Fleurs d’abeilles » (2013-2014), « Terre d’outils » (2016-2017), « Forêts tropicales. Pour qui sonne le glas (2019) et « Plantes médicinales. Infusions des savoirs » (2020-2021). Une intention particulière est mise à la durabilité et au recyclage des expositions[10].

L’institution est également connue pour ses projets citoyens. Elle a obtenu le prix interculturel neuchâtelois 2018 pour son exposition « Objets de cultures. Ces plantes qui nous habitent » et le prix 2020 de la société suisse de pédologie (étude des sols) pour la création d’une maison des sols dans laquelle on peut découvrir une exposition permanente expliquant l’importance des sols pour la vie.

Collections

En plus des collections vivantes présentées dans le parc, l’institution gère des séries d’objets patrimoniaux dans le domaine de la botanique (graines, herbiers, etc.), de l’ethnobotanique (droguier, bois de référence, outils, vannerie, etc.) et de la paléobotanique (fossiles)[11].

La collection de miels du monde, riche de près d’un millier d’échantillons, a fait l’objet de plusieurs recherches spécialisées[12].

Recherche scientifique

Agréé par la Confédération suisse comme institut de recherche (code CH 032), le Jardin botanique de Neuchâtel développe des études dans les domaines déjà cités sous la rubrique Collections. Sa partenaire principale est l’Université de Neuchâtel, tant en biologie qu’en anthropologie, sociologie et histoire[1].

L’accent est mis sur les interactions et symbioses entre les plantes et les autres organismes vivants[13].

Initiée par le Jardin botanique, les études sur les résidus de pesticides dans les miels ont proposé des approches innovantes[14] et fait le tour du monde[14]. Un travail sur les qualités organoleptiques du miel est également réalisé en collaboration avec la Haute école de Changins[15].

Conservation de la biodiversité

Entouré des forêts de Chaumont inscrites dans le réseau Emeraude mis en œuvre par le conseil de l’Europe sur recommandation de la Convention de Berne[16], le jardin botanique est un haut lieu de nature. Sa devise est du reste « Jardin botanique de Neuchâtel. Touchez au cœur de la biodiversité ». Pour la préserver des études et des mesures de gestion sont mises en place, ainsi que des plans d’action in situ et ex situ pour les plantes menacées[6], ainsi que des activités de surveillance de la flore[17].

Notes et références

  1. UniNews n°48 (2018), « Un vallon dédié aux sciences de la nature ». Dossier de l’Université de Neuchâtel. Rédacteur Igor Chlebny.
  2. Guide des musées suisses. 12. Auflage 2014, Friedrich Reinhardt Verlag, Basel.
  3. Blaise Mulhauser et Jeremy Tritz, Le jardin de l'évolution : histoire de la lignée verte, Jardin botanique, (ISBN 978-2-9700430-3-4 et 2-9700430-3-3, OCLC 1013918184, lire en ligne)
  4. Blaise Mulhauser (2017) « L’alpinum Claude Favarger, un nouvel écrin pour la flore alpine ». L’Ermite herbu 55 : 5-6.
  5. Elodie Gaille et Blaise Mulhauser (2021), « Infusions des savoirs. Histoires des plantes médicinales à travers le monde ». Ed JBN (ISBN 978-2-9700430-8-9)
  6. Anne-LaureMaire, Sylvian Guenat & Blaise Mulhauser (2020). Plan de gestion. Objet n°2836 de l’ordonnance sur les prairies et pâturages secs d’importance nationale, Jardin botanique de Neuchâtel.
  7. J G Baer, « Considérations sur le genre Anoplocephala », Bulletin de la Société neuchâteloise des sciences naturelles., vol. 48, , p. 3–16 (ISSN 0366-3469, DOI 10.5962/bhl.part.25604, lire en ligne, consulté le )
  8. Felix Amiet (2013) « Bericht zur Bienenliste des botanischen Gartens Neuenburg. Bull. Soc neuchât. Sci. Nat. 133: 201-204.
  9. Définition du musée - ICOM - ICOM
  10. Muséographie en plein air (jbneuchatel.ch)
  11. www.jbneuchatel.ch(voir rubrique Découvrir nos collections)
  12. Julie Jeannet (2020), « Du miel pour la science ». Le Courrier n°96, 153eannée, édition du 20-21 mai 2020 : p.7
  13. UniNews n°53 (2019), « Voyage au bout de l’humus ». Dossier de l’Université de Neuchâtel. Rédacteur Igor Chlebny.
  14. Kammoun S., B. Mulhauser, A. Aebi, E.A.D. Mitchell & G. Glauser (2019):Ultra-trace level determination of neonicotinoids in honey as a tool for assessing environmental contamination. Environnmental Pollution247 : 964-972.
  15. Deneulin P., Reverdy C., Rebénaque P., Danthe E. & Mulhauser B. (2018).Evaluation of the Pivot Profile©, a new method to characterize a large variety of a single product: Case study on honeys from around the world. Food Research International 106 : 29-37.
  16. Réseau Emeraude de Zones d’Intérêt Spécial pour la Conservation (coe.int)
  17. Laurent Juillerat et Anne-Laure Maire (2020). Les plantes prioritaires sous bonne surveillance à Neuchâtel. FloraCH, n°11, automne 2020.
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