Jean-Jacques Razafindranazy

Jean-Jacques Razafindranazy, né le à Amboangibe[1] (Madagascar) et mort le à Lille, est un médecin urgentiste français d'origine malgache.

Jean-Jacques Razafindranazy
Biographie
Naissance
Décès
(à 67 ans)
Lille
Nom de naissance
Harimiadana Jean-Jacques Razafindranazy
Nationalités
Domicile
Activité
Autres informations
Distinction

Biographie

Jean-Jacques Razafindranazy naît dans la colonie de Madagascar en 1952[2],[3]. Domicilié à Soissons où son épouse, également médecin, travaille en tant que pédiatre à la clinique médicale affiliée à la même commune, Jean-Jacques Razafindranazy exerce son activité d'orthopédiste[4] au sein de plusieurs institutions sises au nord-est de la France  dont Chauny et Saint-Quentin dans l'Aisne ainsi que Péronne dans la Somme  avant d'aboutir, en 2013, comme médecin urgentiste dans l'Oise au centre hospitalier de Compiègne[2],[4].

De retour de vacances de Madagascar à la fin février 2020[4],[5] d'où ses enfants le décrivent comme étant alors revenu « en pleine forme[5],[6] », il va prêter main-forte à ses collègues et confrères médecins submergés par le flot continu et incessamment croissant de patients contaminés par la Covid-19[7]. Une majeure partie des malades se trouve en état de dyspnée et détresse respiratoire sévères nécessitant urgemment le recours immédiat à une assistance respiratoire. Le dévouement de Jean-Jacques Razafindranazy lui sera fatal. En effet, la pénurie de masques FFP2 et, consécutivement, l'impossibilité pour nombre de médecins et d'infirmiers de pouvoir eux-mêmes se protéger efficacement du virus  en l'absence de mesures prophylactiques suffisantes  font que l'urgentiste, contaminé à son tour par les patients qu'il s’efforçait de secourir, commence peu après à ressentir lui-même les prémices et symptômes initiaux déclencheurs de la maladie.

Le 4 mars 2020, Jean-Jacques Razafindranazy est hospitalisé et transféré au centre hospitalier régional universitaire de Lille. Testé positif au SARS-CoV-2, son état se dégrade brusquement une dizaine de jours plus tard[8]. Il meurt le 21 mars 2020[9],[10],[11], dans l’isolement de sa chambre d’hôpital, loin de son épouse et de ses enfants qui n’ont jamais pu lui rendre visite en raison du risque de contamination[12]. De plus, en raison des mesures de confinement drastiques à cette période, Jean-Jacques Razafindranazy ne peut pas voir son vœu exaucé d’être inhumé à Madagascar, son île natale, selon le rite funéraire malgache[8],[13].

Implications

Communication ministérielle

Le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran[14],[15] annonce le décès du praticien hospitalier sur RTL au cours de l'émission Le Grand Jury du 22 mars 2020[16]. Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, relaie l'information le même soir sur BFM TV[14].

Réaction du corps soignant

Première victime parmi les professionnels de la santé affairés à tenter d'endiguer la pandémie[9],[11],[17],[18], la disparition du Dr Jean-Jacques Razafindranazy suscite l’émoi au sein du monde médical et du personnel soignant[6], notamment en raison de la pénurie de masques FFP2 et de l'absence de mesures prophylactiques suffisantes destinées à assurer une protection efficace contre les effets délétères du SARS-CoV-2[9].

Le cas de Jean-Jacques Razafindranazy, premier praticien hospitalier français officiellement mort de la Covid-19 dans l'exercice de ses fonctions[18], est rapidement suivi par d’autres décès de membres du corps médical, eux aussi victimes de la Covid-19[4],[12],[19],[20], [21].

Hommages

Le maire de Compiègne, Philippe Marini, dit de lui : « À plus de 67 ans, presque 68, il aurait très bien pu arrêter son exercice professionnel. Il a voulu être là. […] Il a donné sa vie pour les autres[3]. »

L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin propose de décerner la Légion d’honneur à chaque membre du personnel soignant qui serait mort en portant assistance et secours aux malades du coronavirus[19],[note 1].

La promotion ENFiP 2019/2020 des contrôleurs des finances publiques choisit de s'appeler par son nom en sa mémoire[23].

Notes et références

Notes

  1. Une autre gratification symbolique, appelée Médaille d'honneur des épidémies, était autrefois décernée par le ministère du Commerce, dont l'hygiène publique dépendait, avant de passer au ministère de l'Intérieur, puis au ministère de l'Hygiène, devenu ensuite ministère de la Santé publique[22]. Son octroi récompensait notamment, entre autres attributions distinctives, les personnes qui « [se sont exposées] à des dangers de contamination en prodiguant des soins à des malades atteints d’affections contagieuses[22]. »

Références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Pierrig Guennec, « Portrait : Jean-Jacques Razafindranazy, premier médecin urgentiste décédé du coronavirus », L'Est-Éclair, (lire en ligne, consulté le )
  3. Jules Pecnard, « "Mon père s'est sacrifié" : les hommages au médecin de Compiègne mort du Covid-19 », BFM TV, (lire en ligne)
  4. Frédéric Pommier, « Jean-Jacques Razafindranazy, premier soignant français tué par le Covid-19 », France Inter, (lire en ligne)
  5. « « "Mon père ce héros" : Hommage à l'urgentiste décédé », Le Matin, (lire en ligne)
  6. « Médecin de Compiègne mort du coronavirus : “C'était un urgentiste exceptionnel” », France 3, Hauts-de-France, Oise, Compiègne, (lire en ligne)
  7. Nicolas Delesalle, « Héros discrets », Paris Match, (lire en ligne)
  8. « Coronavirus : un premier médecin est mort en France », France Info, France Télévisions, (lire en ligne [vidéo])
  9. « « C’est un choc. Ce n’est qu’un premier cas » : les soignants face à la première victime du coronavirus dans leurs rangs », Le Monde, (lire en ligne)
    « Un médecin est mort dimanche après avoir contracté le Covid-19. Un drame attendu qui provoque la colère des personnels de santé frappés par la pénurie de matériel de protection »
  10. « Coronavirus : un médecin urgentiste de Compiègne décède après avoir été infecté : Le Dr Jean-Jacques Razafindranazy est mort samedi au CHU de Lille (Nord) », Le Parisien, (lire en ligne)
  11. « Ce que l'on sait sur le premier médecin mort en France à cause du coronavirus », L'Express, (lire en ligne)
  12. (en) « Three doctors now dead after being infected by Covid-19, staff pay homage », Radio France internationale, (lire en ligne)
  13. « Coronavirus : Jean-Jacques Razafindranazy, médecin malgache, mort pour la France : Le premier personnel de santé décédé en France est un médecin malgache retraité volontaire pour servir dans un hôpital », Témoignages, (lire en ligne)
    « Le médecin voulait être enterré à Madagascar auprès de ses ancêtres, selon le rite malgache. Ce droit lui est refusé. »
  14. « Coronavirus: Olivier Véran annonce la mort d'un médecin hospitalier, une première en France », BFM TV, (lire en ligne)
  15. AFP, « Le fils de Jean-Jacques Razafindranazy, premier médecin mort du coronavirus, lui rend hommage », HuffPost, (lire en ligne)
  16. « Coronavirus : un médecin est décédé de la maladie, annonce Olivier Véran sur RTL », Le Grand jury, RTL, (lire en ligne)
  17. H. R. Razaf, « Jean-Jacques Razafindranazy, le premier médecin victime de l’épidémie en France », La Première, France d'outre-mer, France Télévisions, (lire en ligne)
  18. Nasolo-Valiavo Andriamiahaja, « Coronavirus a un premier visage malgache », L’Express de Madagascar, (lire en ligne)
  19. « Jean-Pierre Raffarin propose d'attribuer la Légion d'honneur aux médecins morts du coronavirus », LCI, (lire en ligne)
  20. « Coronavirus : Qui sont les cinq médecins décédés en France ? », Paris Match, (lire en ligne)
  21. Fabrice Alves-Teixeira ; Dr Laurence Deltour ; Brigitte Duval, directrice de l'hôpital de Compiègne, « L’émouvant hommage des agents hospitaliers au Dr Razafindranazy », Oise Hebdo, (lire en ligne [vidéo])
  22. « Médaille d'honneur des épidémies », France phaléristique, (lire en ligne)
  23. M. Ramir, « Conseil de promotion des contrôleurs stagiaires du 21 avril 2020 : L'ENFiP a tenu en audioconférence le second conseil des contrôleurs stagiaires généralistes », École nationale des finances publiques, Clermont-Ferrand, Noisy-Le-Grand, Lyon, Solidaires Finances Publiques, 2016 – 2020 (lire en ligne)
    « [...] les stagiaires n’ont pas accès à SIRHIUS et se demandent si cette ordonnance sera appliquée pour la promotion cobaye ou alors officiellement la promotion Jean-Jacques Razafindranazy. »
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