Jean Simon Berthélemy

Jean-Simon Le Bouteux, dit Berthélemy[1],[2], né le à Laon, et mort le à Paris, est un peintre français, membre de l'Institut.

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Jean-Simon Berthélemy
Fonction
Académicien
Académie royale de peinture et de sculpture
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jean-Simon Le Bouteux
Nationalité
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Genre artistique
Distinction

Biographie

Alexandre coupant le nœud gordien (1764), Paris, École nationale supérieure des beaux-arts
Assomption de la Vierge, cathédrale Notre-Dame de Laon.
Tomyris, reine des Massagètes, fait tremper le chef de Cyrus dans un vase de sang, 1766, Musée des Beaux-Arts de Nîmes

Jean-Simon Berthélemy est le fils d’un sculpteur sur bois, travaillant à l’abbaye Saint-Martin de Laon[3], qui lui fit apprendre le dessin lorsqu’il constata les dispositions qu’il montrait pour les arts[3]. Son parrain fut le sculpteur autrichien Simon Pfaff de Pfaffenhoffen. Berthélemy fit des progrès rapides et son père essaya alors de l’initier à son art[3]. Simon se mit au travail pour satisfaire au désir de son père mais, dès que ce dernier avait le dos tourné, il quittait le ciseau pour ses crayons, et s’amusait à copier les dessins que lui traçait son père, au lieu de les sculpter[3]. Bientôt le jeune Berthélemy n’eut plus rien à apprendre des maîtres de sa ville natale et, son père lui-même se reconnaissant impuissant à lui donner des leçons, il l’envoya à Paris chez son frère, sculpteur comme lui, où le peintre Noël Hallé qui l’admit au nombre de ses élèves[3].

Après avoir remporté plusieurs médailles dans les divers concours de l’Académie, il obtint, en 1764, le deuxième grand prix, sur le sujet de Cléobis et Biton conduisant leur mère au temple de Junon[3]. En 1766, les religieux de Vauclerc, pour lesquels son père avait travaillé, lui commandèrent une Assomption, ouvrage rapporté, à l’époque de la Révolution, à Laon, et placé dans la cathédrale[3]. L’année suivante, en 1767, il remporta le premier grand prix pour son tableau d’Alexandre coupant le nœud gordien. Au commencement de 1770, il livra aux bénédictins de l’abbaye Saint-Jean de Laon une Décollation de saint Jean[3].

Ceci lui ouvre les portes de l’École royale des élèves protégés et le traditionnel séjour à l’Académie de France à Rome (1771-1774) qu’il effectue avec son camarade Ménageot. À son retour de Rome, il fut agréé, le , à l’Académie royale de peinture sur un tableau représentant le Siège de Calais[4]. Quatre ans plus tard, le , il fut reçu avec Apollon qui ordonne au Sommeil et à la Mort de rendre le corps de Sarpédon à sa famille comme morceau de réception[3].

Portrait d’homme avec le buste de Denis Diderot (1784), Staatliche Kunsthalle Karlsruhe.
portrait du chevalier Marrier de l'Isle (1779), Paris, collection privée
Denis Diderot (1784), Paris, musée Carnavalet.

De 1775 à 1789, il expose régulièrement au Salon des tableaux commandés par la manufacture des Gobelins, œuvres à sujets antiques ou médiévaux, comme le Siège de Calais (1779 ; Laon, musée municipal).

Diderot critiqua plus d’une fois son genre entre la grâce délicate et les contours incertains de Boucher, et le style d’une école plus moderne, qui plaçait des statues peintes dans ses compositions pour imiter l’antique, lui reprochant la froideur, l’embarras des groupes et l’ignorance des effets de la lumière. Il se prêtera cependant plus tard à la réalisation de son portrait par l’artiste[5].

En revanche, Berthélemy réussissait assez souvent dans le genre des plafonds[3]. Il a ainsi exécuté, en 1786, au château de Fontainebleau, dans les appartements de la reine, l’un représentant le Lever de l’Aurore et l’autre, Minerve présidant les sciences et les arts ; le Livre et les attributs de la Loi, le Triomphe de la Philosophie et l’Apothéose de Napoléon[6] au palais du Luxembourg (1799-1805) ; Prométhée animant sa statue [7] au palais du Louvre en 1802[3]. Peintre habile dans la perspective, il possédait très bien les connaissances nécessaires pour produire l’illusion convenable à ces sortes d’ouvrages. Il est sollicité par une nombreuse clientèle privée. Un seul décor existe encore de nos jours, celui de l’hôtel Saint-Florentin, à Paris, daté de 1769.

Quand la Révolution éclata, il eut toutes les peines du monde à se faire payer une Assomption qu’il venait de terminer l’abbaye du Sauvoir-sous-Laon sur le point d’être fermée par le décret de suppression des maisons religieuses de la Constituante, alors que sa mère et sa sœur incombaient à sa charge[3]. Favorable à la Révolution à ses débats, s’en écarta et se tient à l’écart de la vie artistique, lorsqu’il en vit les excès[3]. La seule fonction officielle sera celle de dessinateur des costumes de l’Opéra de 1791 à 1807.

En 1796, lors de la campagne d’Italie, il fut nommé, avec le son ami sculpteur Moitte, et les savants Monge[8], Berthollet, Thouin et Labillardière, tous quatre membres de l’Institut, à la suite du général Bonaparte au sein de la Commission des sciences et des arts chargée notamment de sélectionner les œuvres d’art pouvant être transportées en France[3]. À son retour de cette mission, il fut nommé, avec Moitte, administrateur du Muséum central des arts[3].

Nommé professeur à l’École des beaux-arts de Paris le , première nomination, il aura pour successeur Gérard[9].

En 1808, Denon, alors directeur du musée Napoléon, lui confia l’exécution d’un tableau destiné à la galerie de Diane, sur le sujet de Bonaparte, général en chef de l’armée d’Égypte, accompagné de son état-major et de quelques membres de l’Institut, visitant, après avoir passé l’isthme de Suez, les Fontaines de Moïse[10]. Cette toile figura avec honneur à l’exposition de 1808, où l’Empereur lui ayant dit, avec étonnement, en la voyant : « Je croyais que vous ne peigniez que des coupoles ? », il se troubla, ne sut que répondre et se convainquit qu’il avait encouru la disgrâce de Napoléon[3].

Si Jean Simon Berthélemy est un peintre d’histoire et de plafond, c’est aussi un fin portraitiste. Il laissa à la postérité le dernier portrait de Denis Diderot, peint peu de temps avant la mort du philosophe en 1784, conservé au musée Carnavalet à Paris. Berthelemy a terminé son existence dans le logement qu’il occupait, depuis 1806, au palais des Quatre-Nations, époque de la translation des académies dans cet édifice[3].

Œuvres dans les collections publiques

Notes et références

  1. Ou « Berthelmy ».
  2. Nathalie Volle, Jean-Simon Berthélemy : 1743-1811, peintre d’histoire, Paris, , 189 p., 28 cm (OCLC 889455515, lire en ligne), p. 65.
  3. Société académique de Laon, Bulletin de la Société académique de Laon, t. 3, Laon, V. Baston, , 437 p. (lire en ligne), p. 81-129.
  4. Aux premiers jours de la Révolution, un jury des Arts, composé de Prudhon, Ducreux, l’architecte Percier, l’homme de lettres Bitaubé, Moitte, l’homme de lettres Legouvé, l’acteur Monvel et le peintre d’histoire Vincent, avec Belle, directeur des Gobelins et Duvivier, directeur de la Savonnerie ordonna la suspension de son exécution aux Gobelins, au motif que le sujet était « regardé comme contraire aux idées républicaines ; le pardon accordé aux bourgeois de Calais, ne leur étant octroyé que par un tyran ; pardon qui ne lui est arraché que par les larmes et les supplications d’une reine et du fils d’un despote » alors que, peu de temps auparavant, l’Assemblée nationale avait agréé, comme œuvre patriotique, la gravure exécutée et offerte par Anselin. Cette tapisserie figurera néanmoins à la deuxième exposition des produits de l’industrie dans la cour du Louvre, en 1801.
  5. A. V. Arnault, A. Jay, Étienne de Jouy et J. Norvins, Biographie nouvelle des contemporains : dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la révolution français, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers, t. 2, Paris, Librairie historique, , 480 p. (lire en ligne), p. 427.
  6. Sous la Restauration jusqu’à Louis-Philippe, la tête d’Henri IV fut substituée à celle de Napoléon, avant d’être rétablie.
  7. Une infiltration d’eau l’ayant presqu’entièrement détruit, il a été refait par Mauzaisse, d’après l’esquisse peinte qu’en avait laissée l’auteur.
  8. À cette occasion, quelques-uns de ces tableaux, trouvés en mauvais état malgré leur mérite, n’ayant pu être roulés qu’avec de grandes précautions, celui-ci aida à leur restauration en en facilitant le développement par des procédés mécaniques.
  9. Frédéric Chappey, « Les Professeurs de l’École des Beaux-Arts (1794-1873) », Romantisme, no 93, , p. 95-101.
  10. Musée des châteaux de Versailles et de Trianon.

Annexes

Sources

  • Société académique de Laon, Bulletin de la Société académique de Laon, t. 3, Laon, V. Baston, , 437 p. (lire en ligne), p. 81-129.
  • A. V. Arnault, A. Jay, Étienne de Jouy et J. Norvins, Biographie nouvelle des contemporains : dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la révolution français, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers, t. 2, Paris, Librairie historique, , 480 p. (lire en ligne), p. 427.
  • Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : ou histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, t. 4, Paris, C. Desplaces, 1854, p. 125.

Bibliographie

Jean-Simon Berthélemy a fait l'objet de deux catalogues raisonnés publiés tous deux en 1979 :

  • Marc Sandoz, Jean-Simon Berthélemy, 1743-1811, Tours, 1979.
  • Nathalie Volle chez Arthéna Jean-Simon Berthélemy (1743-1811) : peintre d’histoire, 1979.
  • Christiane de Aldecoa, « L’Aurore et le Crépuscule ou la Brune, deux esquisses retrouvées : Jean-Simon Berthélemy (1743-1811) et les décors de plafonds », Les Cahiers d’Histoire de l’Art, no 4, (ISSN 1763-0894).

Liens externes

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