Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet
Jean Baptiste Christophe[1] Fusée-Aublet[2] est un pharmacien, botaniste et explorateur français, né le [3] à Salon-de-Provence et mort le à Paris.
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Aubl. |
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Biographie
Très jeune, il s'embarque à Toulon pour aller à Grenade chez l'apothicaire Don Antonio Sanchez Lopez. Il y reste un an puis retourne à Salon et ensuite à Montpellier pour suivre les cours de Fitzgerald et de François Boissier de Sauvages (1706-1767). Il se rend ensuite à Lyon où il rencontre Jussieu, puis entre au service des hôpitaux des armées de l'infant Dom Philippe. Cet emploi ne lui laissant peu de temps pour herboriser, il se rend à Paris pour suivre les cours de chimie de Guillaume-François Rouelle (1703-1770) et ceux de botanique du jardin du roi. Il rencontre diverses personnalités : Bernard de Jussieu (1699-1777), de Bombarde, D'Holbac, etc.
Après avoir envisagé de se rendre en Prusse, la Compagnie des Indes, sur proposition du ministre de la Marine, décide de l'envoyer à l'île Maurice (Île-de-France à l'époque) pour y établir un laboratoire pour fournir ses comptoirs en médicaments et un jardin botanique. Il part de Paris en 1752 et arrive la même année à l'Île-de-France (actuelle île Maurice) pour y établir une pharmacie et un jardin botanique ; il y travaille comme apothicaire compositeur pour le compte de la Compagnie française des Indes orientales et y demeure neuf ans.
Tout en réalisant sa mission (pharmacie et création du jardin de Pamplemousse), Fusée-Aublet se montre un bon administrateur. Ami de Jean-Jacques Rousseau, Fusée-Aublet ne cesse de dénoncer la condition des noirs esclaves et se fait de nombreux ennemis dans l'île.
Il entre également en conflit avec Pierre Poivre (1719-1786) : au retour de mission secrète pour la compagnie des Indes, Poivre rapporte des plants et semences de muscadiers et de girofliers que Fusée-Aublet qualifie de faux (« prétendus muscadiers ») et les identifie comme des calaba de Plumier ou des noix d'arec [4],[5]. Poivre confie à divers habitants ses plants en états plus ou moins bons, plants qui ne survivront pas. Poivre accuse fallacieusement Fusée-Aublet d'en être responsable[réf. nécessaire], en raison de d'une jalousie ou d'une trahison liée à une "mission secrette qu'il avait reçue des ennemis de [son] projet". Poivre écrira lettres et mémoires, notamment au conseil supérieur de l'île, pour rendre Fusée-Aublet responsable de l'échec de ses missions[6],[7],[8].
La tension à son encontre culmine en 1761 lorsqu'il affranchit tous ses esclaves et en épouse une originaire de l'île Maurice, Armelle Conan, de laquelle il aura deux fils, Alexandre et Charles, et une fille, dont seulement Charles a survécu à l'âge adulte. Il doit rentrer précipitamment à Paris en 1762. La même année il crée un jardin botanique à Salon-de-Provence au quartier de Canourgues ; il y introduit des catalpas, des tulipiers et des érables.
À peine revenu en France il est sollicité pour se rendre en Guyane. Il reçoit le un ordre du Ministre de se rendre dans ce pays en tant qu'apothicaire botaniste du roi. Il arrive à destination le . À son arrivée, il est hébergé un temps à l'habitation Loyola, jusqu'à ce qu'il ne se brouille avec les pères Jésuites. Dans ce pays pratiquement inexploré Fusée-Aublet constitue un herbier considérable.
Malade il quitte la Guyane en 1764 pour Saint-Domingue à la demande du comte d'Estaing, et y demeure 8 mois. Directeur du Môle-Saint-Nicolas, il fonde la ville de Bombardopolis (nom donné en l'honneur de son protecteur Monsieur de Bombarde).
Il rentre à Paris en 1765 en apportant un herbier considérable. Il fait vérifier par Bernard de Jussieu ses descriptions et ses dessins avant de les faire graver. Cela lui permet de faire paraître son Histoire des plantes de la Guiane françoise, Paris, 1775, ornée de près de 400 gravures en taille-douce. Il est l’auteur de diverses publications sur les objets et le commerce de la Guyane.
Il épouse Armelle Conan le lundi 22 mai 1775 [9]à Paris, reconnaissant en même temps son fils Charles. Trois ans plus tard, il décède le 6 mai 1778 à Paris.
Herbier
La majeure partie de l'herbier, les notes et les dessins originaux de Fusée-Aublet furent acquis par Sir Joseph Banks illégalement (ils étaient légalement la propriété du roi de France) et rapatriés à Londres, où ils sont depuis conservés à l'herbier du British Museum [10],[11].
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) entre en possession d'une autre partie de l'herbier de Fusée-Aublet trois mois avant sa mort, mais cet herbier ne sera redécouvert que bien plus tard [12] et ce n'est qu'en 1953 seulement qu'il rejoint les autres herbiers du Muséum national d'histoire naturelle.
Annexes
Œuvre
- Histoire des plantes de la Guiane françoise rangées suivant la méthode sexuelle (P.-F. Didot jeune, Londres et Paris, quatre volumes, 1775). Exemplaire numérisé par le SCD de l'Université de Strasbourg
Sources
- Georges J. Aillaud, Yvon P. Georgelin et Henri Tachoire, Marseille. 2 600 ans de découvertes scientifiques, Publications de l'Université de Provence, , 397 p. (ISBN 9782853995160)
- Georges J. Aillaud, Jean-Patrick Ferrari et Guy Hazzan, Les botanistes à Marseille et en Provence du XVIe au XIXe siècle, Marseille, Ville de Marseille, , 136 p.
- (en) Mark J. Plotkin, Brian M. Boom et Malorye Allison, « The ethnobotany of Aublet's HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE (1775) », MONOGRAPHS IN SYSTEMATIC BOTANY from the Missouri Botanical Garden, Lawrence, Kansas, Allen Press, Inc., vol. 35, , p. 108 (ISSN 0161-1542)
Voir aussi
Bibliographie
- Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet, Histoire des plantes de la Guiane françoise, rangées suivant la méthode sexuelle : avec plusieurs mémoires sur différens objets intéressans, relatifs à la culture et au commerce de la Guiane françoise et une notice de l'Isle-de-France, t. 1, Londres, P.-F. Didot jeune, , 621 p. (lire en ligne)
- Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet, Histoire des plantes de la Guiane françoise, rangées suivant la méthode sexuelle : avec plusieurs mémoires sur différens objets intéressans, relatifs à la culture et au commerce de la Guiane françoise et une notice de l'Isle-de-France, t. 2, Londres, P.-F. Didot jeune, , 160 p. (lire en ligne)
- Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet, Histoire des plantes de la Guiane françoise, rangées suivant la méthode sexuelle : avec plusieurs mémoires sur différens objets intéressans, relatifs à la culture et au commerce de la Guiane françoise et une notice de l'Isle-de-France, t. 3, Londres, P.-F. Didot jeune, , 402 p. (lire en ligne)
- Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet, Histoire des plantes de la Guiane françoise, rangées suivant la méthode sexuelle : avec plusieurs mémoires sur différens objets intéressans, relatifs à la culture et au commerce de la Guiane françoise et une notice de l'Isle-de-France, t. 4, Londres, P.-F. Didot jeune, , 414 p. (lire en ligne)
Notes et références
- Ses prénoms sont parfois donnés séparés par des traits-d’union. Christophe est parfois remplacé par Christophore.
- Le nom est parfois écrit sans le trait-d’union.
- Acte de naissance de Jean Baptiste Christophe Fusée Aublet (archives nationales)
- Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , p. vii (préface) (lire en ligne)
- Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume II, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , pp. 86-93 (annexes)
- Cité par Allain Yves-Marie (2004). La guerre des épices. in L’Herbier du monde. Cinq siècles d’aventures et de passions botaniques au Muséum national d’histoire naturelle (Morat P., Aymonin G.-G. et Jolinon J.-C., dir.), Muséum national d’histoire naturelle de Paris (Paris) et Les Arènes/L’iconoclaste (Paris) : 54-61.
- Lucile Allorge et Olivier Ikor, La fabuleuse odyssée des plantes, Jean-Claude Lattès, , 384-386 p. (ISBN 978-2-7096-2327-8, lire en ligne)
- Jean Paul Morel, « Plaidoyer en faveur de Fusée-Aublet - Retour sur une diffamation. », sur http://www.pierre-poivre.fr/ PIERRE POIVRE & COMPAGNIE - site consacré à Pierre Poivre (1719- 1786), (consulté le )
- Archives de Paris, extrait des registres de mariage 1775, 5Mil 2003-39 Le lien ouvre la visionneuse, puis choisir l'image 39
- (en) F.A. Stafleu et R.S. Cowan, « Aublet, Jean Baptiste Christophe Fusee (1720-1778), French explorer and botanist, founder of the knowledge of the flora of Guyana. (Aubl.) », Taxonomic literature, ed. 2, vol. vol. 1, A–G, , p. 79-80 (DOI https://dx.doi.org/10.5962/bhl.title.48631, lire en ligne)
- (en) Piero Delprete, « Typification and etymology of Aublet’s Rubiaceae names », Taxon, vol. 64(3), , p. 595-624 (DOI 10.12705/643.13, lire en ligne)
- J. Lanjouw et H. Uittien, « Un nouvel herbier de Fusée-Aublet découvert en France », Recueil des travaux botaniques néerlandais, vol. 37(1),, , p. 133-170 (ISSN 2352-5754, lire en ligne)
Aubl. est l’abréviation botanique standard de Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet.
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