Jean François (mathématicien)
Jean François[1], né en 1582 à Saint-Claude (Jura), en Franche-Comté, mort le [2] à Rennes, est un jésuite et mathématicien français.
Pour les articles homonymes, voir François.
Ne doit pas être confondu avec Jean-François ou Dom Jean François.
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Biographie
Devenu membre de la Compagnie de Jésus en 1605, Jean François enseigna les mathématiques et la philosophie[3] au collège de la Flèche dès 1613. La chaire de mathématiques, créée en 1608, n'avait été occupée jusque-là que par des non-spécialistes[4]. Au début, François enseignait les mathématiques en même temps qu'il étudiait la théologie.
En mathématiques, il eut pour élève René Descartes[5],[6],[7], et Descartes conserva pour lui un attachement certain[8],[9]. Nommé préfet des études à Nevers, Amiens et Alençon, il termina sa carrière au collège de Rennes. On soulignait généralement la clarté de ses exposés.
Il publia de 1652 à 1668 plusieurs manuels de mathématiques, qui furent réimprimés à Paris. Lors de sa première publication, il avoua : « Mon cher lecteur, je commence à imprimer à l’âge de 65 ans, lors que les autres ont déjà fini ». Son traité contre l'astrologie judiciaire et les thèses du soldat philosophe[10] Antoine Villon[11] fut réédité sous le nom de Descartes, attribution probablement fallacieuse et dénoncée par Gaston Bachelard. Jean François y développe l'idée que les influences des astres ne comptent pour rien face aux influences de la semence, de l'éducation, de la grâce et de la nourriture[12]. Il s'y oppose tout particulièrement à Heinrich Rantzau[13] :
« Je me suis servi particulièrement du livre de Henry de Rantzau, sixième duc Cimbrique, soit parce qu'il est le plus récent de tous, imprimé à Paris l'an 1657, soit parce qu'il rapporte les sentimens des Anciens & des Modernes. Soit parce que j'apprends que ce livre est en grande autorité & estime parmy eux. »
Jean François pensait qu'on pouvait apprendre la géographie en réalisant des cartes miniatures. Il rêvait de multiplier les cartes sous toutes leurs formes : par la gravure, la tapisserie, la céramique, la disposition des jardins et des paysages. Il imaginait modeler le terrain en relief et y faire couler de petits fleuves du sol, depuis leur source jusqu'à des mers en miniature[14] :
« Ce qu'estant, concluait-il, on apprendrait plus de géographie en six jours, estant conduit par un homme intelligent dans tous les endroits de cette carte, que l'on ne feroit en six mois, sur les cartes communes, et en douze, par discours sans cartes. Si les voyages instruisent, nul voyage n'instruirait davantage. »
Œuvres
Pour une liste exhaustive (onze titres), voir De Backer et Sommervogel.
- La science de la geographie divisée en trois parties, qui expliquent les divisions, les universalités, & les particularités du globe terrestre. Premiere partie. Des divisions geographiques[15] (1652) publié à Rennes chez Jean Hardy ; disponible sur Gallica. Jean François y distingue quatre degrés dans l'apprentissage des notions géographiques : l’intelligence des termes, l’usage des cartes, la représentation des réalités géographiques « sur le Globe naturel, en leur lieu propre, et en leur assiette naturelle », et le raisonnement explicatif proprement dit[16].
- La science des eaux qui explique en quatre parties leur formation, communication, mouvemens, & meslanges. Avec les arts de conduire les eaux, et mesurer la grandeur tant des eaux que des terres. Qui sont 1. De conduire toute sorte de fontaines. 2. De niveler toute sorte de pente. 3. De faire monter l'eau sur sa source. 4. De contretirer toute sorte de plans. 5. De connoistre toute hauteur verticale, & longueur horizontale. 6. D'arpenter toute surface terrestre. 7. De compter tout nombre avec la plume & les jettons, publié à Rennes, chez Pierre Hallaudays, imprimeur et libraire, rue Saint Germain à la Bible d'Or. (1653) disponible ici, sur Gallica ou ici, chez Bruno Marty.
- L'arithmétique ou l'art de compter, 1653, Rennes ; 1655, Paris ; 1661, Rennes ; extrait du précédent, dans lequel on retrouve les notations de François Viète pour les puissances de l'indéterminée : sur Gallica.
- Les éléments des sciences et des arts mathématiques pour servir d'introduction à la cosmographie et à la géographie, 1655, Rennes.
- La chronologie, 1655, Rennes ; 1681, Paris.
- Traité de la quantité considérée absolument et en elle-mesme… pour servir d'introduction aux sciences et arts mathématiques et aux disputes philosophiques de la quantité, 1655, Rennes ; 1655, Paris.
- Traité des influences celestes ou les merveilles de Dieu dans les cieux sont déduites : Les inventions des Astronomes pour les entendre sont expliquées : Les propositions des Astrologues judiciaires sont démontrées fausses & pernicieuses, par toute sorte de raisons, d'autoritez, & d'experiences, 1660, Rennes.
- L'art des fontaines, 1665, Rennes chez Pierre Hallaudays.
- La jauge au pied du roi, 1690, Paris.L'attribution au père François de cet ouvrage, publié après sa mort, pourrait être contestée. La page titre présente en effet l'auteur comme un « bourgeois de Paris ».
Voir aussi
Bibliographie
- Melanges historiques, litteraires bibliographiques — Pages 165-167
- Jacques Halbronn, Gaston Bachelard et les Véritables Connoissances des Influences Célestes et sublunaires de R. Decartes
- Auguste Carayon, Établissement de la Compagnie de Jésus à Brest par Louis XIV
- C. Sasaki, Descartes’s mathematical thought, (vol. 237 des Boston Studies in the Philosophy of Science), Springer Science & Business Media, 2003 (ISBN 1402017464 et 9781402017469) — Voir le chap. 2, § 5, p. 84[17]
- Augustin de Backer et Charles Sommervogel, « François, Jean », dans Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, vol. 1, 1869, colonne 1940
Lien externe
- Notices d'autorité :
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- Gemeinsame Normdatei
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- Bibliothèque nationale du Portugal
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Notes et références
- Selon la fiche de la Bibliothèque nationale de France, son nom à la naissance était Jean Charnage.
- Toutes les sources sont incertaines à propos des dates de naissance et de mort.
- De Backer et Sommervogel.
- Geneviève Rodis-Lewis : Le développement de la pensée de Descartes.
- Henry Méchoulan, Problématique et réception du Discours de la méthode et des Essais, p. 105, note 3.
- Ce point est contesté par Étienne Gilson : Le discours de la méthode de René Descartes.
- Ce point est contesté par H. Beylard, dans le Dictionnaire de biographie française.
- Selon Henry Méchoulan (Problématique et réception du Discours de la méthode et des Essais, p. 105), il serait le « R.P.F. mon ancien maître » (Révérend Père François) à qui Descartes, dans une lettre du 8 ou 9 octobre 1644 (Victor Cousin, Œuvres de Descartes, t. 9, 1825, p. 180), demande qu'on donne un « exemplaire de [s]a Philosophie ». Victor Cousin avait plutôt pensé au père Filleau.
- Le père Pierre Bourdin, célèbre par son livre L'art des fortifications () lui succéda en 1626 ; puis, en 1636, le père Georges Fournier, spécialiste de l'hydrographie : Pierre-Daniel Huet : Les origines de la ville de Caen, p. 371 ; Auguste Carayon : Documents inédits concernant la Compagnie de Jésus, vol. 4–7.
- Né à Apt, le 24 février 1589, Antoine Villon avait fait paraître en 1624 des thèses antiaristotéliciennes avec Étienne de Clave dans Histoire critique de la philosophie, vol. 3 d'André-François Boureau-Deslandes.
- Le médecin Jean Taxil et la polémique autour de la comète de 1607.
- Hervé Drévillon : Lire et écrire l'avenir : l'astrologie dans la France du Grand Siècle, 1610-1715.
- Henri Rantzau : Traité astrologique des jugemens des thèmes genetliaques pour tous les accidens qui arrivent à l'homme après sa naissance. Pour coignoistre des temperamens & inclinations, selon tous les meilleurs & plus anciens autheurs. Colligé par l'industrie de Henri Rantzau, Vi duc Cimbrique, traduit en français par Jacques Aleaume, ingénieur du roy. Mis en ordre & augmenté d'aphorismes & annotations universelles sur les douze figures par les douze maisons celestes, colligées de divers autheurs. Et traduits par Alexandre Baulgite, professeur és mathématiques. Paris, Pierre Ménard, 1657.
- Histoire quotidienne du collège Louis le Grand et du collège de Clermont pendant 300 ans, p. 150.
- Jean François dans le catalogue de la bibliotheque du prytanee.
- Jean-Pierre Chevalier, La Leçon de géographie, site de la revue M@ppemonde.
- Décembre 2014. Consultable sur Google livres.
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