Jean Hollenfeltz

Jean-Lucien Hollenfeltz est né le à Arlon, et est mort assassiné le . Il est le fils de l'avocat Albert Hollenfeltz, petit-fils d'Émile Tandel, commissaire des arrondissements d'Arlon-Virton, auteur de l'histoire des Communes luxembourgeoises[1]. Humaniste, médecin, historien, archéologue, collectionneur[2],[3], mélomane, folkloriste, numismate, sigillographe, généalogiste et philanthrope, le Dr Hollenfeltz est surtout connu pour son action de résistance de premier plan durant la Deuxième Guerre mondiale[4]. Son action lui sera finalement fatale, puisqu'il est arrêté par les Allemands le , à la suite d'un acte de sabotage perpétré contre une boutique de la Grand'rue d'Arlon. Il est abattu d'une rafale dans le dos en pleine rue le [5].

Jean Hollenfeltz
Nom de naissance Jean-Lucien Hollenfeltz
Naissance
Arlon
Décès
Arlon
Nationalité belge
Pays de résidence Belgique
Diplôme
Docteur en histoire de l'Université libre de Bruxelles
Profession
Médecin, Résistant durant la Deuxième Guerre mondiale
Activité principale
Autres activités
Plaque commémorant l'assassinat du Docteur Hollenfeltz, au bas de la rue des Capucins à Arlon.

Biographie

À l'âge de 16 ans, dès le début de la Première Guerre mondiale, Jean Hollenfeltz soigne les blessés, expérience qui l'orientera certainement pour son choix d'études futures. Après de brillantes études à l'Athénée Royal d'Arlon, il part à l'Université de Bruxelles pour entamer des études de médecine, durant lesquelles ses recherches de laboratoire sont suivies avec intérêt par ses professeurs. Il fonde le Cercle Musical Universitaire de Bruxelles, dont la séance inaugurale est tenue le . Il est choisi comme interne des hôpitaux par la Ville de Bruxelles. Il revient ensuite se fixer à Arlon, malgré les promesses d'une brillante carrière[6].

Le mélomane

Animateur infatigable, il organise à Arlon un cercle de conférences et de concerts de musique classique, sous le nom de La Renaissance. Il donne de nombreuses conférences sur la musique et le folklore à son cercle, à Bruxelles, et aussi dans différentes villes du grand-duché de Luxembourg[7]. Se passionnant pour la musique du XVIIIe siècle, en particulier pour Mozart et son entourage, il développe une bibliothèque musicologique comprenant, entre autres, des manuscrits, des originaux et des inédits de Constance Mozart et de son fils cadet Franz Xaver Wolfgang Mozart. Suivant sa volonté, la majeure partie de cette impressionnante collection, rassemblée sous le nom du fonds Jean-Lucien Hollenfeltz, est léguée par sa mère au Conservatoire royal de Bruxelles en 1946, deux ans après sa mort.

Le mécène

Grand amateur des ruines de l'ancienne abbaye d'Orval, il vint en aide à la communauté monastique qui souhaitait refonder une nouvelle abbaye à cet endroit. Il soigne les moines de la communauté, et constitue le musée de la pharmacie qu'il alimente d'objets et de livres anciens[8].
Sensibilisé très tôt à l'importance de la préservation et de la diffusion du patrimoine de sa région, il met sur pied en six mois l'exposition "Le Visage du Luxembourg", qui se tiendra à Arlon en 1934.

L'Académie luxembourgeoise

Le , le gouverneur Fernand van den Corput et son épouse réunissent au Palais provincial Jean Hollenfeltz, le jésuite Théophile Hénusse et Pierre Nothomb. Là se concrétise l'idée de la création de ce qui deviendra l'Académie Luxembourgeoise[9]. Le suivant, les mêmes cinq personnes établissent une liste de 15 personnalités, écrivains, artistes, savants, etc. dignes de figurer dans l'Académie fondée officiellement le de la même année.

Le président provincial de la Croix-Rouge

N'ayant pas été reconnu apte au service militaire à cause d'une affection de l'estomac - circonstance qui a déterminé son choix de spécialisation médicale - il voulut se dévouer à la Croix-Rouge, afin de se rendre utile. En 1939, il organise les hôpitaux dans toute la province de Luxembourg, après avoir, avec d'autres confrères, donné des cours pour former des ambulanciers et des infirmiers. Pendant la mobilisation, il réunit vivres, douceurs, lecture, qu'il distribue aux nécessiteux. Lorsque la guerre débute, il soigne les blessés dès le premier jour, qu'ils soient belges, allemands ou français[10].

Ses fonctions à la Croix-Rouge belge durant la guerre étaient au nombre de trois : président provincial, médecin-chef de l'hôpital militaire n°16 et médecin provincial. À cela, il faut ajouter la partie médicale du Secours d'hiver, l'aide aux enfants débiles du foyer Léopold III, l'aide aux artistes, œuvre dont il était le président provincial, de celle aux familles de prisonniers de guerre, de l'artisanat et des industries d'art, etc. Dans le cadre de ses activités de président provincial de la Croix-Rouge, il a levé de nombreuses fois des fonds en faveur des prisonniers de guerre. Grâce à ses connaissances linguistiques, il servit de maintes fois d'interprète entre des familles éplorées et l'administration allemande. Son activité l'amena à opérer de très nombreux déplacements dans toute la province, alors que ceux-ci étaient normalement limité. Il profita de ces voyages pour faire passer des messages entre différentes sections de la résistance à travers toute la province[11].

Conscient des risques qu'il courait avec l'occupant, il a eu soin de prendre des dispositions pour sauvegarder ce qui lui tenait le plus à cœur. Sa bibliothèque luxembourgeoise et sa belle collection de cartes anciennes du Luxembourg étaient destinées au dépôt provincial des Archives de l'État à Arlon. Au début de la guerre ou en , il confie ses livres et manuscrits musicaux et ceux relatifs à Mozart au Conservatoire de musique de Bruxelles en précisant que ceux-ci y demeureraient s'il venait à disparaître.

Exposition posthume

En 2013, le Musée Gaspar d'Arlon a présenté une exposition consacrée au Dr Jean Hollenfeltz[12],[13],[14].

Notes et références

  1. Roland Yande, « L'ascendance paternelle et maternelle du Dr Jean-Lucien Hollenfeltz », Bulletin trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, nos 89, 1-2, , p. 12-25 (ISSN 0020-2177)
  2. David Colling, « Jean-Lucien Hollenfeltz numismate », Bulletin trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, nos 89, 1-2, , p. 81-88 (ISSN 0020-2177)
  3. Jean-Claude Muller, « Jean-Lucien Hollenfeltz sigillographe et bibliophile », Bulletin trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, nos 89, 1-2, , p. 89-93 (ISSN 0020-2177)
  4. Marcel Bourguignon, « Jean Hollenfeltz 1898-1944 : in memoriam », Les Cahiers de l'Académie Luxembourgeoise, no 3, , p. 3-30
  5. Cf. Jean-Lucien Hollenfeltz (1898-1944) : les différents visages du plus grand humaniste arlonais du XXe siècle, Arlon, 2013, 120 p.
  6. Pierre Hannick, « Jean-Lucien Hollenfeltz (1898-1944) : Du "Visage du Luxembourg" à l'Académie Luxembourgeoise », Bulletin trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, nos 89, 1-2, , p. 3-12 (ISSN 0020-2177)
  7. Louis Goffin, « Jean-Lucien Hollenfeltz et la musique », Bulletin trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, nos 89, 1-2, , p. 27-59 (ISSN 0020-2177)
  8. Jean Kelecom, « Entre les soucis du médecin et le charme d'un vallon chargé d'histoire - Le docteur Hollenfeltz et l'abbaye d'Orval », Bulletin trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, nos 89, 1-2, , p. 61-80 (ISSN 0020-2177)
  9. « Académie luxembourgeoise », sur Académie luxembourgeoise (consulté le )
  10. Jean-Marie Triffaux, « Le Dr Jean-L. Hollenfeltz au cours de la Deuxième Guerre mondiale », Bulletin trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, nos 89, 1-2, , p. 110-115 (ISSN 0020-2177)
  11. David Colling, Raymond Biren, « J.-L. Hollenfeltz, président provincial de la Croix-Rouge durant la guerre : entre les contraintes de l'occupant et les tourments de la population », Bulletin trimestriel de l'Institut Archéologique du Luxembourg, nos 89, 1-2, , p. 102-109 (ISSN 0020-2177)
  12. « Jean-Lucien Hollenfeltz, un humaniste d'exception », sur TV-Lux, (consulté le )
  13. « Arlon : les quatre vies du Docteur Hollenfeltz », sur La Meuse, (consulté le )
  14. « Le Dr Hollenfeltz, portrait d'un humaniste », sur L'Avenir, (consulté le )
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