Jean Veillot

Jean Veillot [Villot] est un compositeur et prêtre français, en poste à la Chapelle royale durant quelques années, et mort en 1662, avant août.

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Jean Veillot
Décès 1662
Paris
Activité principale Compositeur
Style
Années d'activité 1640-1662

Biographie

Est-lui le « Jean Villot, chapelain de la chapelle Sainte-Catherine » fondée en l'Église de Paris, demeurant au cloître de cette église, qui reçoit de son frère Pierre Villot, chirurgien major du régiment des mousquetaires à cheval dits dragons du cardinal de Richelieu, la donation de tous ses biens meubles et immeubles lui appartenant au jour de son décès[1] ?

Entre et , Jean Veillot est parrain de trois enfants dans trois paroisses différentes. Le , il est témoin au mariage de Louis Villot, probablement un frère ou un cousin[2], et le au contrat de mariage de Pierre II de Cyrano, seigneur de Cassan, conseiller du Roi, trésorier général des offrandes, aumônes et dévotions du roi, en présence aussi de Paul Auget, surintendant de la musique de la Chambre du Roi[3].

Il est ordonné prêtre du diocèse de Paris le [4]. Le , il est pourvu par le roi à la neuvième chaire canoniale de la Sainte-Chapelle du fait du décès d’Eustache Picot[5]. Il démissionne de cette prébende le , au bénéfice de M. de Vaucluse[6].

À Notre-Dame de Paris

Il semble que Veillot ait été enfant de chœur à la cathédrale Notre-Dame de Paris : il mentionné comme ancien enfant de chœur lorsque, dès le , il seconde le maître des enfants Henri Frémart pour le remplacer en cas d’absence ou l’assister dans les œuvres à doubles chœurs[7]. C’est finalement Veillot qui le remplace comme maître des enfants à partir du , après la démission de Frémart[8].

Le , quand il part à la Chapelle royale, il est remplacé par François Cosset. Sa réputation est déjà telle qu’Annibal Gantez, après l’avoir comparé avec André Péchon et Artus Aux-Cousteaux, le nomme « le plus agréable en la musique » à Paris dans son Entretien des musiciens (1643).

Il est aussi nommé vicaire de Saint-Aignan à Notre-Dame de Paris, puis en 1652 chanoine de Saint-Aignan « sur le désir du roi »[9].

À la Chapelle royale

Relation du Te Deum de Jean Veillot pour la Paix des Pyrénées (avril 1660).

Le , il devient sous-maître de la Chapelle royale en survivance d’Eustache Picot et en alternance avec Thomas Gobert. Il reçoit 900 lt de gages annuels, avec éventuellement 4 800 lt pour l’entretien et la nourriture de huit pages. En 1646 il prend les deux semestres à sa charge[10].

À la mort d’Eustache Picot en 1651, Veillot reprend son office de compositeur de la musique de la Chapelle, aux gages annuels de 600 lt[11]. Picot lui avait fait don dans son testament des arriérés de ses gages de compositeur de la Chapelle[12].

En 1658, il est dit maître de la musique de la chambre du Roi et chanoine de l'église de Paris quand il est témoin au contrat de mariage de Pierre de Cyrano[13].

Le , un motet de sa main est chanté dans la chapelle du Louvre[14] ; il dirige également en un Te Deum pour la Paix des Pyrénées, tandis que le il compose et dirige la musique pour la fête de Saint-Denis à l'abbaye de Montmartre, en présence de la reine[15] :

Leur muzique fut belle et bonne,
Mais il ne faut pas qu’on s’en etonne,
Puis-que ce chantre renommé
Des Majestez tant estimé,
Que le sieur Veillot on apelle
Etoit compoziteur d’icelle ;
Et pour montrer que ce Concert
Etoit d’un Maître très-expert,
La Reine ne s’est pu défendre
D’aller deux ou trois fois l’entendre,
Louant ledit Veillot, toujours,
Par de fort obligeans discours.

Autres emplois

Veillot était aussi abbé de l’abbaye de Bois-Aubry, de l’ordre de saint Benoît (diocèse de Tours). C’est Loret qui relate le fait au moment où cette abbaye passe de Veillot à Blaise Berthod, chantre du roi, le [16], à la mort de Veillot.

Il est mort avant le (mais très probablement en 1662) car à cette date Pierre Mignon, bourgeois de Paris promettait 5500 lt à Guillaume Balichard, valet de chambre de la reine mère, pour que celui-ci obtienne pour son fils Jean Mignon la charge de maître de musique de la Chapelle du roi, qui appartenait à Jean Veillot « récemment décédé »[17].

Œuvres

D’après des faits rapportés par Henri Sauval[18], Veillot reçut après la mort de Louis XIII (1643) les manuscrits musicaux de Formé, que le roi avait fait confisquer après la mort du compositeur (1638) et enfermer dans une armoire. « À ce qu’on dit, [il] en fit assez bien son profit ».

La musique de Veillot est très largement perdue et exclusivement sacrée. Les œuvres existantes ou identifiables sont :

Motets à 5 voix

  • Te Deum laudamus, exécuté à Paris en pour la Paix des Pyrénées et le mariage de Louis XIV et Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683), perdu[19].
  • Domine salvum fac regem à 5v. et bc, dans Paris BNF (Mss.) : Latin 16831. (prov. églises des Victoires à Paris, voir Burke 1981 no 22).
  • Ave verum à 5v. et bc. Même source, no 32.
    Ces deux motets sont écrits en « style antico ».

Motets à double chœur

Page de titre du motet "Angeli, archangeli" de Jean Veillot, 1644 (Paris BNF).
Début du motet "Sacris solemniis" de Jean Veillot (Paris BNF).

Les motets à double (grand chœur et petit chœur) ont ceci de nouveau par rapport à ceux des prédécesseurs de Veillot (tels Nicolas Formé ou Sauvaire Intermet) l’introduction d’une symphonie, dans laquelle les violons et les basses doublent souvent les voix chantées. Ils préfigurent le grand motet versaillais, avec des alternances de chœurs, de solos. Il y a aussi des ritournelles instrumentales qui interviennent entre divers sections chorales.

  • Angeli, archangeli, throni et dominationes, « Motet à deux choeurs composé par Me Jean Villot Maistre de la Musique de la Chappelle du Roy & escrit par Nicolas Jarry Escrivain & Notteur de la Musique de sa Majesté. 1644. »
    Il ne subsiste que les voix du grand chœur dans ce manuscrit, calligraphié sur vélin en noir, rouge et or. Paris BNF (Mus.) : RES VM1-256, numérisé sur [http:// gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7400121c Gallica], relié en maroquin rouge avec semis de chiffres de Louis XIV et armes de France et de Navarre.
  • O filii et filiae [prose de Pâques], motet à double chœur de 6 et 5 v. et symphonie, copié par François Fossard pour la collection Philidor, vers 1690-1710. Paris BNF (Mus.) : RES F-542. Numérisé sur Gallica.
  • Sacris solemnis [hymne du Saint-Sacrement], motet à double chœur de 5 et 6 v. et symphonie, même source.
    Édition par le Centre de musique baroque de Versailles (Les cahiers de musique ; 145) en 2005.

Discographie

  • Motets à la cour du Roy : Nicolas Formé, Thomas Gobert, Jehan Veillot... [etc.]. Les Chantres de Saint-Hilaire, dir. François-Xavier Lacroux. 1 CD, Disques Triton, 2013.
    Contient le motet Sacris Solemniis.

Notes

  1. Paris AN : MC/ET/XXXIV/61, 14 août 1635.
  2. Laborde 1965, p. 280.
  3. Paris AN : Y//195, f. 228, 20 janvier 1658.
  4. Ses lettres de prêtrises sont annexées à celles qui lui donnent sa prébende en 1651.
  5. Paris AN : LL 604, f. 62r.
  6. Idem, f. 185v.
  7. Paris AN : LL 297, f. 129.
  8. Idem, f. 132.
  9. Chartier 1897 p. 109, 189 et 198.
  10. Peu après, le 6 février 1647, il signe avec les autres chantres de la Chapelle royale une procuration à Pierre Le Messager (dans un but inconnu). Voir Paris AN : MC/RE/VII/2, cité d’après Jurgens 1967 p. 119.
  11. Massip 1976, p. 26 et 140-141.
  12. Brenet 1910, p. 346.
  13. Voir plus haut. En fait, il était compositeur de la musique de la Chapelle et non de la Chambre, charge tenue alors par Jean de Cambefort.
  14. Brossard 1970, p. 142.
  15. Idem, p. 143.
  16. Brossard 1970 p. 165.
  17. AD Yvelines, étude Maheut, 19 août 1662, cité d’après Benoit 1971 p. 101.
  18. Sauval 1724, p. 326-327, dans la longue notice consacrée à Nicolas Formé.
  19. Gazette de France, 24 avril 1660, p. 371-372. Extrait reproduit plus haut.

Bibliographie

  • Marcelle Benoît, Versailles et les musiciens du Roi, 1661-1733 : étude institutionnelle et sociale. Paris : Picard, 1971.
  • Michel Brenet (pseud. de Marie Bobillier, Les musiciens de la Sainte-Chapelle du Palais : documents inédits, recueillis et annotés. Paris, A. Picard, 1910.
  • Yolande de Brossard, Musiciens de Paris 1535-1792, d'après le fichier Laborde. Paris : Picard, 1965.
  • Yolande de Brossard. « La vie musicale en France d’après Loret et ses continuateurs, 1650-1688 », Recherches sur la musique française classique 10 (1970) p. 117-193.
  • John Burke: « Sacred music at Notre-Dame-des-Victoires under Mazarin and Louis XIV », Recherches sur la musique française classique 20 (1981), p. 19-44.
  • François Léon Chartier. L’ancien chapitre de Notre-Dame de Paris et sa maîtrise d’après les capitulaires (1326-1790) avec un appendice musical.... Paris : 1897.
  • Madeleine Jurgens. Documents du Minutier central concernant l’histoire de la musique (1600-1650). Tome premier [études I – X]. Paris : 1967.
  • Denise Launay, « Les motets à double chœur en France dans la première moitié du XVIIe siècle », Revue de musicologie 39-40 (1957), p. 173–195.
  • Denise Launay, « A propos de deux manuscrits musicaux aux armes de Louis XIII », Fontes artis musicæ 13 (1966/1), p. 63-67.
  • Denise Launay, La musique religieuse en France du Concile de Trente à 1804. Paris : Société française de musicologie, 1993.
  • Catherine Massip, La Vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin (1643-1661) : essai d'étude sociale. Paris : Picard, 1976.
  • Henri Sauval, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, tome premier. Paris, 1724. Numérisé sur Internet Archive.

Articles connexes

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