Jean de Prémonville
Jean Antoine Léon de Prémonville de Maisonthou, né le à Paris (VIe) et mort le à Paris (VIIe), est un officier général français du XIXe siècle.
Naissance | |
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Décès |
(à 71 ans) Paris |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Jean Antoine Léon de Prémonville de Maisonthou |
Activité |
Biographie
Fils d'un directeur du service des contrôleurs aux recettes des contributions directes de Paris[1], il s'engage à 19 ans dans l'armée. Il est nommé brigadier l'année suivante et envoyé à l'École de cavalerie de Saumur. Il va gravir successivement tous les échelons de la hiérarchie, jusqu'au grade de général de division, et faire la plupart des campagnes militaires de l'époque.
En Algérie
De 1832 à 1849, il participe aux campagnes de la conquête de l'Algérie. Il s'y fait particulièrement distinguer aux combats contre la tribu pillarde des Haractas[2]. Les Haractas furent atteints, le , sur les bords de l'oued Meskiana. Cette rivière séparait les deux partis. Les spahis de Constantine la franchirent immédiatement, abordèrent l’ennemi avec la plus grande résolution et l'action devint des plus vives. Le lieutenant Lepic, digne fils d'un des plus braves généraux de l'Empire, tomba frappé mortellement[3]. M. de Prémonville fut atteint de deux coups de feu presque à bout portant. Plusieurs spahis furent tués à ses côtés[4]. Il se distingue aussi le , à la tête du 2e escadron du 3e régiment de chasseurs d'Afrique, dans l'expédition contre la tribu des Ouled-Soltan[5].
A la Gendarmerie
Jean de Prémonville est nommé chef d'escadron, puis lieutenant colonel en 1852, à la Garde Républicaine de Paris. En 1855, avec le grade de colonel, il commande le régiment de gendarmes à pied de la Garde Impériale, créé en et composé de trois bataillons[6]. Il est avec son régiment en Orient, du au , à la guerre de Crimée. Il en reste le chef de corps jusqu'en 1859[7]. Il est ensuite nommé général de brigade et inspecteur général de la Gendarmerie, fonction qu'il occupe jusqu'en 1870[8]. Il est promu général de division en 1866 et élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur en 1869[9].
Guerre franco-prussienne
La guerre de 1870 entraîne le retour sur le terrain du général de Prémonville[10]. Léon Gambetta, ministre de l'Intérieur et de la Guerre du Gouvernement de la Défense nationale l'appelle le au commandement de la place fortifiée de Besançon. Il s'y trouve dès son arrivée dans une situation difficile. Les défenses de la place sont devenues insuffisantes. Il n'est plus possible, après la capitulation Sedan[11] et celle de Metz[12] d'espérer une contre-offensive française. La défense de la place ne peut se faire qu'avec ses seuls moyens. Or, les Prussiens disposent d'une artillerie de siège redoutable,, avec des canons d'une portée de 6,6 km. Les fortifications de Vauban et celles construites ensuite sont maintenant insuffisantes pour empêcher à cette distance le bombardement de la ville. Le général de Prémonville entreprend aussitôt la mise en place en urgence d'une ceinture de forts à 7 km de la ville, dont la réalisation est confiée à son directeur des fortifications, le colonel Xavier Benoît. Des redoutes et des batteries d'intervalles sont prévues sur un périmètre de 40 kilomètres, sur les collines et les crêtes. Vu l'urgence, les travaux portent en premier lieu sur l'aménagement des plateformes de batteries et de leurs levées de terre et fossés de protection.
Cependant, les moyens militaires de la place sont insuffisants et les travaux n'avancent pas au rythme espéré, alors que l'ennemi peut attaquer la place forte à tout moment. Le général parait un peu âgé. Extrait du cadre de réserve[13], il atteint ses 65 ans. Si son patriotisme ne fait pas de doute, il n'est pas non plus très bien accueilli par les milieux républicains de Besançon, qui voient d'abord en lui un général de Napoléon III, ayant de plus capitulé à Sedan[14]. Prémonville reçoit le renfort d'un capitaine de vaisseau de 49 ans, Marius Rolland, commandant de la subdivision de Haute-Saône, un dur à cuire[15] de la marine, qui s'est mis à sa disposition et s'impose rapidement pour mobiliser toutes les énergies. Rolland apporte aussi 20 pièces de marine à longue portée, servies par des matelots dévoués corps et âmes[16]. Il fait aussi appel aux civils, qu'il mobilise en grand nombre[17]. Le programme s'accélère ainsi fortement.
Le , le général de Prémonville est nommé commandant de la 21e division militaire et part à Limoges[18]. Le décret de nomination parait faire suite à une pétition envoyée le à Léon Gambetta par des officiers et des notables bisontins, demandant la nomination du capitaine de vaisseau Marius Rolland[19]. Ce dernier est effectivement promu général de division à titre provisoire et nommé commandant de la place de Besançon et de la 7e division. Le général de Prémonville reste à la 21e division jusqu'au et passe dans le cadre de réserve le .
Il se retire dans son hôtel familial parisien[20] où il meurt à l'âge de 74 ans. Il avait trois enfants de son épouse Marie Froelicher, fille de l'architecte Joseph-Antoine Froelicher. Ses obsèques ont lieu à Église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, où les honneurs militaires lui sont rendus[21]. Il repose au cimetière du Montparnasse à Paris.
Décorations
- Grand officier de la Légion d'honneur
- Médaille commémorative de Crimée
- 3e classe de l'ordre turc du Médjiedé
- Croix de la Valeur militaire de Sardaigne.
Sources
- Historique de la Garde Impériale, en ligne.
- Auguste Castan, "Journal tenu pendant la guerre de 1870-71", 18 p. , Revue d'histoire du XIXe siècle, en ligne.
- Général Hilarion de Forsanz, Le 3e régiment de chasseurs d'Afrique, 425 p., Berger-Levrault, Paris, 1888, en ligne.
- Archives militaires, SHD.
Notes et références
- Almanach royal et national de l'an 1837, p. 869.
- Elle avait abattu trois hommes du 3e régiment de chasseurs d'Afrique.
- Le capitaine de Prémonville s'était porté à son secours, sans succès. En fait alors capitaine en second, Antoine Lepic, né en 1811, tué à 29 ans, était le 3e fils du général d'Empire Louis Lepic, auprès de qui il repose à Andrésy dans la sépulture familiale.
- Hilarion de Forsanz, p. 51.
- Rapport du prince d'Aumale, in Hilarion de Forsanz, p. 92-93.
- Il y succède au colonel Pierre, à la suite des combats du 7 juin 1855, glorieux mais désastreux.
- Il est remplacé par le colonel Peytavin
- Auguste Castan, p. 11, note 60.
- Décret du 11 août 1869, qui indique : 46 ans de service, 20 campagnes, 2 blessures, 2 citations.
- Auguste Castan, p. 16.
- 2 septembre 1870.
- 24 octobre 1870
- Auguste Castan, p. 16 ; Nos gardes nationaux glosaient sur l'inaction de Prémonville, id., p. 26.
- Louis Fernier, républicain modéré, a été nommé maire de Besançon après la chute de l'Empire ; v. Auguste Castan, p. 1..
- Auguste Castan, p. 16/
- Auguste Castan , p. 16, note 76.
- Ils seront 10 000 au début de 1871.
- Auguste Castan, p. 36.
- Auguste Castan, p. 36 et note 16.
- 180, rue de Grenelle ; cet hôtel a été détruit au XXe siècle.
- 7 février 1877.
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