Jeanne Mammen

Jeanne Mammen, née le à Berlin en Allemagne et morte dans la même ville le , est une peintre et dessinatrice allemande. Ses œuvres s’inscrivent dans les courants de la Nouvelle Objectivité et du symbolisme.

Jeanne Mammen
Plaque commémorative à la maison de l’artiste au 29 Kurfürstendamm, Berlin-Charlottenburg
Naissance
Décès
(à 85 ans)
Berlin
Sépulture
Städtischer Friedhof III (en)
Nom de naissance
Gertrud Johanna Mammen
Nationalité
Activités
Cendres de Jeanne Mammen au cimetière de Berlin-Friedenau.

Biographie

Née à Berlin, Jeanne Mammen grandit à Paris où son père a une usine de soufflage du verre, et fréquente le lycée Molière[1]. Avec sa sœur aînée, Marie-Louise, elle étudie la peinture à l’Académie Julian, continuant sa formation à Bruxelles et à Rome[2]. Elle participe au Salon des indépendants à Paris en 1912 et à celui de Bruxelles l’année suivante[3]. Ses premiers travaux, d’inspiration symboliste, un mouvement alors important de la scène artistique franco-belge, incluent des aquarelles liées à des œuvres littéraires, par exemple La Tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert[2],[4].

La Première Guerre mondiale en 1914 contraint la famille à fuir et Jeanne Mammen se retrouve finalement sans ressources à Berlin. Elle travaille comme dessinatrice de mode, dessine des affiches de films et collabore à des journaux comme Simplicissimus, Ulk, Der Junggeselle[5]. En 1919, elle s’installe avec sa sœur dans un atelier-appartement du Kurfürstendamm, où elle reste toute sa vie[2]. Ses illustrations, réalistes, parfois satiriques, dépeignent des types humains dans toutes sortes de situations, et sont louées par Kurt Tucholsky[6]. Sa première exposition à la galerie Gurlitt en 1930 signe sa reconnaissance sur la scène artistique berlinoise[6]. Elle crée des lithographies, en particulier le cycle « Les Chansons de Bilitis », un hommage à l’amour lesbien illustrant des poèmes de Pierre Louÿs[2],[5].

L’arrivée au pouvoir des nazis met un terme à sa reconnaissance publique, ses œuvres sont critiquées par le nouveau régime, avec lequel elle refuse de collaborer, et, perdant à nouveau ses sources de revenus dans les journaux, elle se réfugie dans l’émigration intérieure[2]. À cette époque, ses peintures deviennent plus abstraites. Les difficiles conditions matérielles de l’après-guerre lui donnent l’occasion d’intégrer des matériaux de récupération dans des sculptures ou des collages. Elle participe aussi de manière importante au célèbre cabaret existentialiste de l’après-guerre, le Badewanne[2],[7].

Elle est surtout redécouverte à partir de 1971, lorsque des expositions chez Brockstedt à Hambourg et Valentien à Stuttgart lui sont consacrées ; suivent dans les années 1990 de nombreuses autres expositions[2]. Elle obtient une reconnaissance particulière auprès des mouvements féministes et des mouvements lesbiens[8].

Ses cendres se trouvent au columbarium (salle 45, no 97) du cimetière municipal de la Stubenrauchstraße à Berlin-Friedenau.

Hommages

Jeanne-Mammen-Bogen, à Berlin.

Une fondation à but non lucratif, la Jeanne-Mammen-Gesellschaft e. V. (Société Jeanne Mammen, en français) a été créée par les amis de l’artiste en 1976, afin de promouvoir son œuvre[9]. Elle est devenue en 2003 la Förderverein Jeanne-Mammen-Stiftung e. V (Fondation des amis de Jeanne Mammen), dépendant de la Fondation Stadtmuseum Berlin, afin d’en assurer la pérennité[10].

Des peintures et des sculptures de Mammen sont exposées en permanence dans une salle Jeanne Mammen du Max-Delbrück-Centrum dans Berlin-Buch, un centre de recherches médicales dédié à Max Delbrück, médecin ami et mécène de l’artiste[9].

Un catalogue raisonné de ses œuvres est paru en 1997[11].

En 1999, une rue de Berlin-Charlottenburg a été renommée « Jeanne-Mammen-Bogen » en hommage à l’artiste.

Notes et références

  1. Reinhardt 1991, p. 82.
  2. (en) [Biographie sur le site de la Fondation Jeanne Mammen (page consultée le 23 mars 2013)].
  3. Reinhardt 1991, p. 84.
  4. Reinhardt 2002, p. 28-32.
  5. Reinhardt 2002, p. 33.
  6. Reinhardt 1991, p. 91.
  7. Reinhardt 1991, p. 104.
  8. (en) [Notice sur Jeanne Mammen sur le site Femine Moments].
  9. (en) http://www.jeanne-mammen.de/html/english/contents/foundation.html.
  10. (de) http://www.jeanne-mammen.de/html/deutsch/inhalte/stiftung.html.
  11. (de) Jörn Merkert (catalogue par Marga Döpping et Lothar Klünner), Jeanne Mammen 1890 - 1976, Cologne, Wienand Verlag, , 446 p. (ISBN 3-87909-469-1).

Bibliographie

  • (de) Jeanne-Mammen-Gesellschaft et Berlinische Galerie, Berlin, Jeanne Mammen 1890-1976, Stuttgart, Cantz, coll. « Bildende Kunst in Berlin » (no 5), .
  • (de) Georg Reinhardt, Jeanne Mammen 1890—1976. Ein Lebensbericht, Emden, (lire en ligne).
  • (de) Annelie Lütgens, “Nur Ein paar Augen sein...” Jeanne Mammen, eine Künstlerin in ihrer Zeit, Berlin, Reimer Verlag, .
  • (de) Hildegard Reinhardt, Jeanne Mammen : Das symbolistische Frühwerk 1908—1914 « Les Tribulations de l’artiste », Berlin, Jeanne-Mammen-Gesellschaft, (lire en ligne).
  • (de) Christine Mani, Jeanne Mammen, Bostelmann und Siebenhaar, , 125 p. (ISBN 978-3-936962-28-4).
  • (en) Suzanne Nicole Royal, Graphic Art in Weimar Berlin : The Case of Jeanne Mammen, PhD, University of Southern California, (lire en ligne).
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