Jessie Traill

Jessie Traill (Brighton, 1881Emerald (en), 1967) est une graveuse australienne.

Jessie Traill
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Formée par Frederick McCubbin à la National Gallery of Victoria Art School à Melbourne et par Frank Brangwyn à Londres, Traill a travaillé en Angleterre et en France dans la période précédant immédiatement la Première Guerre mondiale. Pendant la guerre, elle a servi dans des hôpitaux avec un Détachement d'aide volontaire.

Traill est surtout connue pour une série de gravures créée au début des années 1930 illustrant la construction du pont Harbour Bridge de Sydney. Figure majeure de la gravure australienne, Jessie Traill est considérée comme « l'une des grandes artistes australiennes du XXe siècle ».

Biographie

Jeunesse et formation

Jessie Traill naît à Brighton, dans la banlieue de Melbourne, le . Son père, George Hamilton Traill, est un Écossais ayant administré une plantation de vanille aux Seychelles, avant de devenir directeur de banque dans l'État de Victoria ; sa mère, Jessie Neilley est tasmanienne ; ensemble ils ont quatre filles[1],[2]. Elles sont toutes instruites dans un pensionnat en Suisse, où elles apprennent le français et l'allemand[1],[2]. C'est une famille anglicane profondément religieuse ; deux des sœurs de Jessie rejoignent plus tard les ordres religieux[1], tandis que Margaret deviendrait sculpteur[3].

Autoportrait de Frederick McCubbin, peintre impressionniste australien, membre éminent de l'école de Heidelberg, qui a enseigné à la National Gallery of Victoria Art School.

De retour en Australie, Jessie Traill étudie auprès de John Mather en 1900 au sein de son Austral Art School[alpha 1] avant de se rendre à la National Gallery of Victoria Art School de 1902 à 1906[alpha 2], où elle étudie auprès d'un membre éminent de l'École de Heidelberg, Frederick McCubbin[2]. Ses camarades de classe sont principalement des femmes, parmi lesquelles Hilda Rix Nicholas, Norah Gurdon, Ruth Sutherland, Dora Wilson et Vida Lahey[5]. En , Jessie Traill, sa sœur Minna et leur père naviguent vers l'Angleterre, tandis que ses deux sœurs aînées, Kathleen et Elsie, restent à Victoria[6],[7]. George Traill meurt pendant le voyage, en 1907, et est enterré à Rome[1].

Traill étudie à Londres auprès du peintre et graveur anglo-gallois Frank Brangwyn, et suit des cours d'été avec lui en Belgique et aux Pays-Bas[2]. Elle est considérée comme l'étudiante australienne la plus accomplie a qui il a enseigné[8].

Début de carrière (1908-1931)

Jessie Traill obtient ses premiers succès notables en 1909, quand ses œuvres sont exposées au Salon de Paris et à l'Académie royale des Arts de Londres Londres Royal Academy of Arts[8], tandis que sa première exposition individuelle se tient à Melbourne[2]. Quand McCubbin et d'autres artistes se séparent de la Victorian Artists' Society (en) en 1912 pour créer l'Australian Art Association (en), Jessie Traill fait partie des douze premiers artistes  dont Norah Gurdon, Penleigh Boyd (en), Janet Cumbrae-Stewart (en) et Lindsay Bernard Hall  à rejoindre les membres fondateurs l'année suivante[9]. Elle expose à nouveau à l'Académie royale en 1914[10].

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, Traill, comme sa collègue Iso Rae[11], rejoint le Détachement d'aide volontaire[2]. Elle travaille dans les hôpitaux, y compris dans un centre de convalescence à Roehampton (banlieue de Londres) en [12], puis plus tard dans un hôpital militaire à Rouen, en France[11],[13]. Traill et Rae deviennent les seules femmes artistes australiennes à dépeindre la guerre en étant en France[alpha 3],[11]. Lorsqu'en 1918, l'Australie nomme pour la première fois des artistes de guerre officiels (en), seize hommes sont choisis ; pourtant en France toute la durée du conflit, elles n'en font pas partie[11].

Jessie Traill dans son atelier en 1920 (State Library Victoria).

De retour en Australie, Traill devient en 1921 membre de l'Australian Painter-Etchers' Society (« Société des graveurs australiens ») et fait partie des artistes exposés par l'institution. Ses œuvres de cette période reflètent son intérêt à la fois pour l'art nouveau et pour l'ukiyo-e[2].

La série Sydney Harbour Bridge

Quand la Australian Painter-Etchers Society tient sa seule exposition thématique en 1932, qui consiste à célébrer le Sydney Harbour Bridge, Traill contribue avec une série de sept estampes. Elle est constituée de six eaux-fortes réalisées entre 1927 et 1931 et d'une aquatinte en couleur créée après la fin de la construction du pont en 1932[14]. Cette série devient l'œuvre la plus connue et mieux considérée de Jessie Traill. L'artiste Arthur Streeton observe, dès leur publication :

« Melbourne devrait être fière de cette excellente dessinatrice et graveuse qu'est Mademoiselle Jessie Traill. De par son incessant travail et ses incessantes observations, elle s'est gagné une haute position pour son sens aigu du dessin et son rendu de la plus haute qualité de sujets très difficiles. Elle ose faire un grand dessin composé d'énormes courbes et anglais et elle le fait avec succès. Il n'y a aucun autre artiste en Australie aujourd'hui qui puisse se comparer à elle dans la belle et variée exposition du pont de Sydney, et d'autres dessins qui seront exposés aujourd'hui à l'Athenaeum Gallery. Ses dessins du Harbour Bridge de 1927 à 1931 forment un exemple triomphant et original de ces puissants chefs d’œuvre de fer, et ce serait bien si le plus beau d'entre eux pouvait être acquis et hébergé par une collection nationale et comme un document artistique de la structure[alpha 4]. »

Décrivant la série comme étant « peut-être la plus belle représentation du genre[alpha 5] », le commissaire d'exposition de la Galerie nationale d'Australie, Roger Butler distingue tout particulièrement Building the Harbour Bridge VI: Nearly complete, June 1931 Construction du pont de Sydney VI : presque terminée,  ») ainsi : avec sa « structure squelettique imposante encadrée par des grues de premier plan[alpha 6] ». Sandy Kirby, écrivant The National Women's Art Book Le livre national de l'art des femmes ») au milieu des années 1990, se concentre davantage sur la quatrième estampe de la série Building the Harbour Bridge IV: The Ant's Progress, November 1929 Construction du pont de Sydney IV : l'avancée de la fourmi,  »)[17] et note combien elle a porté son attention sur « les exploits techniques du bâtiment, aussi bien reflété dans le point de vue choisi par Traill que dans la technique d'eau-forte elle-même, avec l'importance des traits linéaires, faisant écho au dessin d'ingénieur[alpha 7]. » En faisant la critique d'une exposition de Traill, le critique d'art Christopher Allen considère dans The Australian en 2013 que les images du Sydney Harbour Bridge sont « ses plus belles réussites[alpha 8] ».

Fin de carrière et mort (1932-1967)

Portrait de Jessie Traill en 1935 par son amie l'artiste Dora Wilson (State Library Victoria).

En 1935, Dora Wilson, artiste et amie de longue date de Traill (elles avaient étudié ensemble et partagé un studio à Melbourne), peint un portrait de Traill, qu'acquerra la Bibliothèque d'État du Victoria[19]. Un autre portrait de Traill, par Janet Cumbrae Stewart, est détenu par la National Gallery of Victoria[2].

Jessie Traill meurt le à Emerald (en), à l'est de Melbourne[2].

Œuvre

Pour ses gravures, Jessie Traill travaille sur des plaques de zinc à l'eau-forte et à l'aquatinte[8]. Sa biographe Mary Lee a observé que dans les années 1920 Traill « a travaillé avec les plus grandes plaques que la presse pourrait prendre et obtenait un clair-obscur dramatique[alpha 9]. » Elle est aussi une lithographe, une technique dans laquelle elle était également une artiste accomplie[20].

Postérité

Butler a rassemblé des œuvres de Traill tout au long de son mandat à la Galerie nationale d'Australie, qui selon un critique était responsable de la « redécouverte d'un artiste jusque-là presque inconnu du public[alpha 10]. » Lorsque la Galerie organise une rétrospective de son œuvre en 2013, elle la décrit comme « une figure clé de l'histoire de la gravure australienne[alpha 11]. » L'auteur et critique d'art Sasha Grishin a passé en revue l'exposition pour The Canberra Times, concluant qu'elle « réaffirme la suprématie de Jessie Traill comme l'un des grands artistes australiens du XXe siècle[alpha 12]. »

Roger Butler considère les gravures de Traill comme « les gravures les plus poétiques et les plus raffinées techniquement produites en Australie avant la Seconde Guerre mondiale[alpha 13]. »

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Jessie Traill » (voir la liste des auteurs).

Notes
  1. Selon l’Australian Dictionary of Biography, Jessie Traill a étudié avec Mather à partir de 1900[2]. Le critique d'art Sasha Grishin situe son début en 1903[4].
  2. Kirby situe cette période de 1901 à 1905[3].
  3. Hilda Rix Nicholas est une femme peintre qui a également dépeint la guerre, mais depuis l'Angleterre.
  4. Citation originale en anglais : « Melbourne should be proud of that fine draughtswoman and etcher Miss Jessie Traill. By incessant labour and observation she has won for herself a high position by her fine sense of design and her most capable rendering of very difficult subjects. She dares to do a large drawing composed of enormous curves and angles and she does it successfully. There is no other artist in Australia today who can compare with her in the fine and varied exhibition of Sydney Bridge and other designs which will open today at the Athenaeum Gallery. Her drawings of the Harbour Bridge from 1927 to 1931 form a triumphant and original record of that mighty masterpiece of steel, and it would be well if the finest of them were acquired and housed as a national collection and an artistic record of the structure[15]. »
  5. Citation originale en anglais : « perhaps the finest representations of this genre ».
  6. Citation originale en anglais : « towering, skeletal structure framed by foreground cranes[16]. »
  7. Citation originale en anglais : « to the technical feat of building, reflected as much in the viewpoint Traill selected as in the very medium of etching itself, with its linear emphasis echoing engineering drawing[18] ».
  8. Citation originale en anglais : « her greatest achievement[1] ».
  9. Citation originale en anglias : « worked with the largest plates that the press would take and achieved dramatic chiaroscuro[2]. »
  10. Citation originale en anglais : « rediscovery of an artist previously almost unknown to the public[1]. ».
  11. Citation originale en anglais : « a key figure in the history of Australian printmaking[21]. »
  12. Citation originale en anglais : « reasserts the supremacy of Jessie Traill as one of the great Australian artists of the 20th century[4]. »
  13. Citation originale en anglais : « the most poetic and technically refined prints produced in Australia before World War II[16]. »
Références
  1. Christopher Allen, « Imprint of the divine Jessie Traill », The Australian, (lire en ligne, consulté le ).
  2. Mary Alice Lee, « Traill, Jessie Constance Alicia (1881–1967) », sur Australian Dictionary of Biography, Australian Dictionary of Biography, National Centre of Biography, Australian National University, (consulté le ).
  3. Kirby 1995, p. 465.
  4. (en) Sasha Grishin, « Etcher saw beauty in nature, industry », The Canberra Times, (lire en ligne).
  5. Pigot 2000, p. 6.
  6. (en) « The ladies' pages », Australian Town and Country Journal, Sydney, , p. 40 (lire en ligne).
  7. (en) « Melbourne Lady's Letter », Australian Town and Country Journal, Sydney, , p. 43 (lire en ligne).
  8. Butler 2007, p. 38.
  9. (en) « Art Societies and Clubs », sur emelbourne.net.au (consulté le ).
  10. (en) « Australian artists », The West Australian, Perth, , p. 7 (lire en ligne).
  11. (en) Betty Snowden, « Iso Rae in Étaples: another perspective of war », Wartime, Australian War Memorial, vol. 8, , p. 36–41 (lire en ligne)[PDF].
  12. (en) « Our folks at home », The Prahran Telegraph, , p. 1 (lire en ligne).
  13. (en) « Australians abroad », The Australasian, Melbourne, , p. 48 (lire en ligne).
  14. Kirby 1995, p. 201.
  15. (en) « Art exhibitions », The Argus, Melbourne, , p. 10 (lire en ligne).
  16. Butler 2007, p. 90.
  17. (en) Sandy Kirby, « Traill, Jessie (1929): "Building the Harbour Bridge IV: the ants' progress, November 1929" », sur AGNSW collection record: Art Gallery of New South Wales.
  18. Kirby 1995, p. 202.
  19. (en) « Portrait of Jessie Traill, par Dora Wilson », sur State Library of Victoria.
  20. Butler 2007, p. 46.
  21. (en) « Stars in the river: the prints of Jessie Traill », sur National Gallery of Australia, .

Annexes

Bibliographie

  • (en) Roger Butler, Printed. Images by Australian Artists 1885–1955, Canberra, ACT, National Gallery of Australia, , 328 p. (ISBN 978-0-642-54204-5).
  • (en) Sandy Kirby, Heritage : The National Women's Art Book, Roseville East, NSW, G + B Arts International / Craftsman House, , 483 p. (ISBN 976-641-045-3).
  • (en) Jo Oliver, Jessie Trail : A biography, Australian Scholarly Publishing, (ISBN 978-1-925984-10-1).
  • (en) John Pigot, Hilda Rix Nicholas : Her Life and Art, Carlton South, Victoria, The Miegunyah Press at Melbourne University Press, (ISBN 0-522-84890-7).

Liens externes

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