Jeu à XIII

Jeu à XIII désigne l'ancienne appellation administrative du rugby à XIII en France de 1947 à 1993[1],[2].

Ne doit pas être confondu avec rugby à XIII , seul terme désormais officiel pour désigner la discipline et ce qui s'y rapporte

Elle est alors employée sur tout document administratif concernant la discipline et dans les médias français.

Jusqu'à ce que la Fédération française de rugby à XIII remporte deux procès devant la Conseil d’État et la Cour de Cassation en 1993.

Depuis lors, la discipline s'appelle à nouveau « rugby à XIII », et toute utilisation du terme « jeu à XIII » est devenue inexacte et parfois péjorative.

Histoire du nom

Jean Galia serait l'inventeur du terme « jeu à XIII »[3].

Jusqu'à son interdiction par le régime de Vichy en 1941, seul le terme « rugby à XIII » existait pour désigner le sport.

Mais à la libération, si le sport est de nouveau autorisé, il lui est interdit de porter le nom de « rugby ».

En effet, les « Quinzistes » revendiquent l'utilisation exclusive du terme [4]; or pour être considérée comme une fédération sportive à part entière, la FFRXIII doit renoncer à cette appellation[5].

L'appellation est même « imposée par décret »[6].

Certains auteurs universitaires ou historiens ont proposé différentes explications.

Ainsi l'un d'entre eux explique que ce nom aurait été refusé au rugby à XIII « pour rendre légalement impossible toute restitution des biens spoliés sous Vichy, ce que prévoyait pourtant une ordonnance du Gouvernement d'Alger, signée du Général De Gaulle le 2 Octobre 1943: le XIII sera ainsi le seul à ne pas bénéficier de ces dispositions légales prévoyant (Art. 3) que "les associations existant au 16 Juin 1940 se reconstitueront de plein droit" et que "les biens des groupements dissous (...) leur seront rétrocédés." »[7],[8].

1993 : Fin de l'appellation

Une bataille juridique devant les tribunaux est entamée entre la FFR d'Albert Ferrasse et la FFR XIII à la fin des années 1980.

Celle-ci ira jusqu'à la Cour de Cassation qui, dans un arrêt du [9],[10], donnera finalement raison aux Treizistes en condamnant même la FFR à une amende civile de dix-mille francs et aux frais et dépens du procès[11].

Le , la délégation est accordée à la « Fédération française de rugby à XIII » pour la pratique de la discipline sportive : « Rugby à XIII »[11].

Jeu à XIII et culture populaire

Il s'agit ici d'une question exclusivement française, le terme « rugby » étant partagé entre le rugby à XV et le rugby à XIII à l'étranger.

Selon l'interlocuteur qui l'emploie, l'expression peut être plus ou moins bien perçue.

Le public français peut continuer à l'employer par erreur[12]. Le sport étant sous-médiatisé, il n'est pas nécessairement au courant ni de son histoire ni de son actualité.

Certains journalistes continuent également à l'employer, ne suivant pas régulièrement l'actualité du sport depuis le début des années 1990[13].

Prononcée en revanche par des dirigeants du rugby à XV, « Jeu à XIII » peut être prononcé dans une intention péjorative et dénigrante.

Particulièrement si ces dirigeants sont originaires de l'Aude et des Pyrénées orientales, des départements où le rugby à XIII est très bien implanté.

Et où il est donc très facile d'être parfaitement informé sur le « rugby à XIII » .

Notes et références

  1. Aimé Mouret, Le Who's who du rugby à XIII, Toulouse, Éditions de l'Ixcea, , 291 p. (ISBN 978-2-84918-118-8), « Jeu à XIII », p. 140
  2. « Jeu à XIII : signification et origine de l'expression », sur www.linternaute.fr (consulté le )
  3. Interdiction du rugby à XIII Fédération Français de Rugby à XIII
  4. J.L. avec AFP, « Lutte des classes, professionnalisme, haute intensité : on vous explique le rugby à XIII, à l'approche de la demi-finale du Toulouse Olympique », sur ladepeche.fr, (consulté le ) : « ultime mesquinerie, les "quinzistes" obtiennent l'exclusivité du terme "rugby", obligeant le XIII a s'appeler "Jeu à XIII" de 1948 à 1993 »
  5. (en) Mike Rylance, The Struggle and the Daring, Exeter, Short Run Press Ltd, , 338 p. (ISBN 978-1999333904), chap. 4 The Bergougnan Affair : 1947-1948 »), p. 59-60
  6. Office québécois de la Langue française, « rugby à treize », sur gdt.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  7. Robert FASSOLETTE, RUGBY A XIII OU JEU A XIII ? (Thèse) (lire en ligne), p. 22
  8. « Rugby à XIII - Un jour, une histoire : le treize rayé de la carte », sur Rugbyrama, (consulté le )
  9. « Cour de Cassation, Chambre civile 2, du 4 juin 1993, 91-19.275, Publié au bulletin », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  10. Jean Lebrun, « L'histoire brisée du rugby à XIII », sur www.franceinter.fr, (consulté le )
  11. Louis Bonnery, Le rugby à XIII le plus français du monde, Limoux, Cano&Franck, , 489 p. (ASIN B000X3Z932), « Du Jeu au Rugby à XIII », p. 132
  12. Aurélien Marchand, « Jean-Luc Morin, ancien joueur du FA Carcassonne : l’expérience au service du foot audois », sur ladepeche.fr, (consulté le ) : « j'aurai pu basculer dans le rugby, car ils étaient avant de grands fans de jeu à XIII »
  13. Yannick Bonnefoy, « Carcassonne : avec Mémès, c'est une figure de la ville qui disparaît tragiquement », sur lindependant.fr, (consulté le ) : « Du jeu à XIII, l’ancien international sénégalais est ensuite passé à l’USC XV »

Audiographie

« L'histoire brisée du rugby à XIII » sur France Inter le 17 décembre 2021

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