Jigme Gyatso

Jigmé Gyatso (tibétain : འཇིགས་མེད་རྒྱ་མཚོ, Wylie : jigs med rgya mtsho, aussi appelé Golog Jigmé ou Golok Jigmy Gyatso) est un cinéaste tibétain, militant des droits de l'homme et ancien moine né le à Golog, Serthar, Kardzé Sichuan en Chine[1]. Il a été emprisonné à plusieurs reprises par le gouvernement de la République populaire de Chine pour des accusations liées à son militantisme. Le , il arrive à Dharamsala en Inde[2]. Il révéla qu'il avait envisagé de s'immoler après que les autorités chinoises l'accusèrent faussement de meurtre [3] et qu'elles avaient pour projet de le tuer[4].

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Jigmé Gyatso
Golog Jigmé Gyatso à Dharamsala le 18 mai 2014
Alias
Golog Jigme
Naissance
Golog, Serthar, Kardzé, Chine
Nationalité Chinoise
Pays de résidence Suisse
Activité principale
Autres activités
Ancien moine

Surmonter la peur

En 2007 et 2008, Jigmé Gyatso aide le réalisateur tibétain Dhondup Wangchen pour le tournage de Surmonter la peur, un film documentaire qui interviewe des Tibétains sur leurs opinions sur le 14e dalaï-lama et le gouvernement chinois dans les mois précédant les Jeux olympiques de Pékin en 2008[5],[6]. En mars, alors qu'ils avaient terminé le tournage et venaient d'expédier clandestinement les bandes hors de Lhassa, la capitale tibétaine, des troubles éclatent et commencent à se répandre dans des zones à majorité tibétaine de Chine[5]. Dans le cadre de la réponse du gouvernement qui a suivi, Jigmé Gyatso et Dhondup Wangchen sont arrêtés le à Tong De dans la province du Qinghai[7].

Le documentaire de 25 minutes résultant du tournage de Dhondup Wangchen et Jigmé Gyatso a été décrit par le New York Times comme « un acte d'accusation sans fioritures du gouvernement chinois »[8]. Il a été compilé à partir de 40 heures d'interviews vidéo[8] tournées par une seule caméra[9]. Le documentaire a été présenté le jour de l'ouverture des Jeux olympiques et a été projeté clandestinement pour les journalistes étrangers à Beijing[10].

Procès, libération et nouvelle arrestation

Dhondup Wangchen fut ensuite condamné à six ans d'emprisonnement, peine qu'il purge encore en 2014[11],[5]. Front Line Defenders a indiqué qu'il était censé être détenu dans une prison secrète[7]. Jigmé Gyatso a été condamné à sept mois dans la prison de Linxia, période pendant laquelle il aurait été torturé par les autorités pénitentiaires[5]. Plus tard, il a détaillé ses allégations dans un témoignage vidéo à Human Rights Watch :

« Pendant tout un mois j'ai été menotté la plupart des jours et des nuits. Pendant l'interrogatoire, j'ai été suspendu avec mes mains attachées dans le dos. Ils ont frappé mon visage et ma poitrine à coups de poing. Ils m'ont accusé d'avoir des liens avec des personnes à l'étranger tels que le 14e dalaï Lama, Samdhong Rinpoché [chef du gouvernement tibétain en exil], et Akya Rinpoché [un ancien lama du monastère de Kumbum dans la province du Qinghai qui a quitté la Chine en 1998 et vit maintenant aux États-Unis][12]. »

Jigmé Gyatso a également déclaré qu'il a été à plusieurs reprises hospitalisé à la suite de la perte de conscience sous les coups[12].

Le , le témoignage vidéo de Jigmé Gyatso à Human Rights Watch est retransmis par Voice of America au Tibet[13]. Le , deux mois plus tard, Jigmé Gyatso est de nouveau arrêté et détenu pendant six mois sans inculpation[12]. Il retourne à son monastère le [5].

Réaction internationale

Golog Jigmé lors de son audience au Congrès américain.

Les arrestations de Jigmé Gyatso et Dhondup Wanghcen ont été condamnés par de nombreux groupes de défense des droits de l'homme. Amnesty International a protesté contre les arrestations des deux hommes, notant que Jigmé Gyatso risquait d'être de nouveau torturé[13] et en désignant Dhondup Wangchen comme prisonnier d'opinion[14]. Human Rights Watch[12], Front Line Defenders[7], le Comité pour la protection des journalistes[15] et le Centre tibétain pour les droits de l'Homme et la démocratie[6] ont tous plaidé en faveur de Jigmé Gyatso.

En 2014, il est l'un des 100 héros de l'information de Reporters sans frontières[16] une liste publiée à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse[11].

Lors d'une audience devant le Congrès américain le , il a décrit les tortures qu'il a subi lors de ses détentions en Chine de 2008 à 2012[17].

Références

  1. (de) FREE ME! Golog Jigme, Tibet Initiative Deutschland
  2. VOA, « Golog Jigme Gyatso Arrives In Dharamsala », sur voatibetanenglish.com, Voice of America Tibetan News, Radio & TV, (consulté le ).
  3. Golog Jigme Speaks About His Arrest and Escape from Chinese Prison, 28 mai 2014
  4. (en) Jane Macartney, Film-maker Dhondup Wangchen jailed for letting Tibetans tell their tale 8 janvier 2010 The Times
  5. (en)Chinese authorities re-arrest Jigme Gyatso sur www.tchrd.org (site du Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie)
  6. (en)China: Arrest of human rights defender Mr Jigme Gyatso, and detention of human rights defender Mr Dhondup Wangchen 8 janvier 2010 sur frontlinedefenders.org
  7. (en) Andrew Jacobs, China Is Trying a Tibetan Filmmaker for Subversion 30 octobre 2009, The New York Times
  8. (en)Denchen Pemba, The story of Dhondup Wangchen, filmmaker jailed in China sur cpj.org (site du Comité pour la protection des journalistes)
  9. (en) Michael Bristow, Clandestine Olympic protests 6 août 2008, BBC News
  10. (en) Tibetan activist among ‘Information Heroes’, Phayul.com 1er mai 2014
  11. (en)I Saw It with My Own Eyes 21 juillet 2010 sur hrw.org (site de Human Rights Watch)
  12. (en)People’s Republic of China – Tibet Autonomous Region: A year of escalating human rights violations 6 mars 2009 par Amnesty International
  13. Action urgente: Un réalisateur tibétain risque d'être jugé inéquitablement, 17 juillet 2009, Amnesty International
  14. (en)Security officials re-arrest Tibetan filmmaker Jigme Gyatso 18 mars 2009, Comité pour la protection des journalistes
  15. http://heroes.rsf.org/fr/jigme-gyatso/
  16. (en) Repression in Tibetan Area of China 6 mai 2016, VOA

Liens externes

Articles connexes

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