Joan Tronto
Joan Tronto, née le , est une politologue, professeure de sciences politiques et féministe américaine. Elle soutient sa propre version de l'éthique du care.
Pour les articles homonymes, voir Tronto (homonymie).
Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Formation | |
Activité |
A travaillé pour | |
---|---|
Distinction |
Laurence and Lynne Brown Democracy Medal (d) () |
Pensée
Joan Tronto s'oppose à Platon qui affirme dans La République que le sexe ne compte pas dans les considérations intellectuelles et morales. Tronto pense au contraire que le sexe est un critère pertinent dans ces questions, parce que « la pensée et l'action morales sont façonnées par la manière dont les questions se présentent dans le quotidien de la personne humaine »[1].
Tronto défend sa version de l'éthique du care en dialogue avec Carol Gilligan. Cette éthique consiste à penser les rapports humains en termes relationnels et non de façon individualiste. Les êtres humains se caractérisent par un « besoin de soins ». Tronto pense que « Fondamentalement, chaque personne doit se soucier d'autrui et trouver un sens à se comporter ainsi »[1].
Tronto affirme qu'historiquement, les tâches de soin ont été dévolues aux femmes et aux gens « ordinaires ». Revaloriser les activités de care revient ainsi à revaloriser les activités de ces personnes. Méthodologiquement, il s'agit de « regarder depuis le bas de l'échelle », de s'intéresser par exemple à la maternité, aux métiers de l'éducation ou plus généralement au « « sale boulot » de l'existence humaine »[1].
Tronto, tout en reprenant à Gilligan la distinction entre la « morale du soin » et la « morale de la justice », valorisant la première par rapport à la seconde, n'est pas d'accord avec Gilligan pour essentialiser la première comme féminine et la seconde comme masculine. Elle insiste sur le fait que des hommes « ont des dispositions pour le care », notamment dans les activités concernant la production et la protection (comme la police). Mais elle ajoute que cette dimension de leurs activités est « immédiatement occultée »[1].
Tronto s'oppose au capitalisme en tant qu'il privilégie les désirs aux besoins, et qu'il détruit les écosystèmes. Mais elle ne s'oppose pas au « marché libre pour allouer certaines ressources ». Elle conteste la récupération du care par les conservateurs, au motif qu'ils veulent restreindre la notion de soin à la famille, au lieu de l'étendre[1].
Œuvres
- avec Carol Gilligan et Arlie Hochschild, Contre l'indifférence des privilégiés. À quoi sert le care (2013).
- Un Monde vulnérable. Pour une politique du care (2009), trad. de Moral Boundaries: A Political Argument for an Ethic of Care (1993).
- Le Risque ou le Care ? (2012), trad. de Fabienne Brugère.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Fabienne Brugère, « Pour une théorie générale du « care » », La Vie des idées, . (ISSN 2105-3030).
- Wolfram Eilenberger, « Joan Tronto. « Yes, we care ! » », sur Philosophie Magazine, (consulté le ).
- Éloïse Girault, « Joan Tronto, Hervé Maury, Un monde vulnérable. Pour une politique du care », Lectures, Les comptes rendus, 2010, mis en ligne le , consulté le .
- Clémence Ledoux, « Care », dans Catherine Achin et Laure Bereni, Dictionnaire genre & science politique, Paris, Presses de Sciences Po, (ISBN 9782724613810).
- Liane Mozère, « Le « souci de soi » chez Foucault et le souci dans une éthique politique du care », Le Portique, nos 13-14, (lire en ligne, consulté le ).
- Bruno Perreau, « Tronto Joan, Un monde vulnérable. Pour une politique du care », Genre, sexualité & société, 4 | Automne 2010, mis en ligne le , consulté le .
- Agata Zielinski, « L'éthique du care. Une nouvelle façon de prendre soin », Études, 2010/12 (Tome 413), p. 631-641.
Articles connexes
- Capabilité
- Carol Gilligan
- Éthique de la sollicitude
- Bienveillance, Empathie, Réceptivité
- Études de genre
- Genre (sciences sociales)
- Une voix différente
- Portail des femmes et du féminisme
- Portail de la politique
- Portail des sciences humaines et sociales
- Portail des États-Unis