Joe Rose

Joe Rose (1965 ou 1966 - ) était un activiste canadien des droits des LGBT et contre le VIH/SIDA, dont le meurtre homophobe a été un tournant pour le mouvement pour les droits des LGBT au Québec[1].

Joe Rose
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Biographie

Pendant ses études au Collège Dawson, Rose fonde Etcetera, l'association LGBT du collège, en 1985[2]. Rose étudie les sciences infirmières et, en tant que personne vivant avec le sida, il songe à fonder un chapitre montréalais de ACT UP[3].

Meurtre

Le , en compagnie d'un ami, il emprunte un autobus de nuit de la Société de transport de la Communauté urbaine de Montréal (STCUM) afin de rentrer chez lui. Il demeure à l'époque dans un hospice pour personnes atteintes du VIH / sida, situé dans l'est de la ville. Près de la station de métro Frontenac, quatre adolescents s'en prennent à Rose, qui est de petite carrure et affaibli par les séquelles du sida, et qui teinte ses cheveux de rose[4]. En criant des insultes homophobes, ils rouent de coups Rose et son ami pour finalement le poignarder à mort. Son ami s'en tire avec de légères blessures; quand les ambulanciers arrivent sur les lieux, ils le retrouvent en train d'essayer de réanimer Rose[3].

Trois mineurs, âgés de 14, 15 et 15 ans, ainsi que Patrick Moise, âgé de 19 ans, seront finalement inculpés et condamnés pour l'homicide de Rose. Les jeunes seront condamnés à diverses peines de détention[5]. Moise se voit imposer une sentence de 7 ans de pénitencier[6]. Les parents de Rose poursuivent la STCUM pour la négligence du conducteur de l'autobus en omettant d'actionner le signal d'urgence[7] ; la cour leur donne gain de cause et leur attribue des dommages de 25 000 $[8].

Impact

L’assassinat s'inscrivait parmi plusieurs homicides commis à cette époque qui ont obligé la STCUM à revoir et à modifier ses procédures de sécurité [9]. Il a incité également le gouvernement fédéral à durcir les peines prévues dans la Loi sur les jeunes contrevenants[10]. Le père de Rose, Maurice Rose, a estimé que les changements n'allaient toutefois pas assez loin; il a maintenu la pression pendant plusieurs années afin que les pénalités soient renforcées encore davantage[11].

L’assassinat a galvanisé la communauté LGBT de Montréal[1]. En mai, CKUT-FM, la radio étudiante de l’Université McGill a diffusé une émission-marathon de 15 heures à propos de l’homophobie[12]. Le décès de Rose inspirait une importante manifestation, dirigée par ACT UP, et visant la cinquième conférence internationale sur le sida qui s'est tenu à Montréal en [3]. Dans la foulée de cette manifestation, un chapitre montréalais d'ACT UP a été fondé, comme l'avait souhaité Rose[3]. Sa première activité public était une manifestation die-in afin de souligner le premier anniversaire de la mort de Rose[13]. Un chapitre montréalais de Queer Nation a également été fondée sous le nom de Queer Nation Rose, ajout à double sens qui servait à la fois à franciser le nom et à rendre hommage à Rose[14].

La vague d'organisation militante en réponse à l'assassinat de Rose a entraîné dans son sillage la réaction furieuse de la communauté LGBT à la suite des descentes policières du Sex Garage en , un autre moment charnière du mouvement des droits LGBT au Québec[15]. Une réunion d'ACT UP, tenue en réponse aux razzias et à la répression policière musclée de la manifestation qui les dénonçait, a abouti à la formation de plusieurs groupes communautaires, jetant ainsi les bases politiques et organisationnelles du mouvement des droits LGBT au Québec au cours des décennies suivantes. Notons particulièrement la tenue d'audiences sur la violence homophobe en 1994 par la Commission des droits de la personne du Québec, ainsi que l'octroi d'avantages sociales aux partenaires de même sexe, en 1999[3].

L'association Etcetera du Collège Dawson a dévoilé une plaque commémorative à la mémoire de Rose en 2013[3] et le 30e anniversaire de son décès a été commémoré en 2019[1].

Représentations culturelles

Le meurtre de Rose a inspiré la pièce théâtrale de John Wojewoda, Swarming, créée pour la première fois au Festival Fringe de Montréal en 1993[16]. Le drame, ainsi que plusieurs autres meurtres d'hommes homosexuels à Montréal à l'époque, a été le sujet du documentaire Climate for Murder, diffusé à la télévision de la CBC anglaise en 1994[17].

En 2009, l'auteur Michael Whatling publie un recueil de nouvelles au sujet de la sortie du placard à l'école secondaire, sous le titre A Vigil for Joe Rose[18].

Références

  1. John MacFarlane, « 30 years later, Montreal's gay community reflects on the murder of Joe Rose », CBC News, (lire en ligne)
  2. « Stabbing victim was dying of AIDS : Friends say killing part of recent wave of attacks on gays ». Montreal Gazette, 21 mars 1989.
  3. Richard Burnett, « Prejudice to pride: The forgotten murder of Joe Rose », Montreal Gazette, (lire en ligne, consulté le )
  4. « Pink hair and leather cost Joe Rose his life ». Edmonton Journal, 22 mars 1989.
  5. « Boys guilty in Montreal bus killings ». Toronto Star, le 9 juillet 1989.
  6. « Man jailed for killing gay activist ». Windsor Star, 7 mars 1990.
  7. « MUCTC sued for fatal attack aboard bus ». Montreal Gazette, le 16 mars 1990.
  8. « Family of slain man wins Montreal lawsuit ». Edmonton Journal, 23 mars 1996.
  9. « Knives banned from buses, Metro as security boosted ». Montreal Gazette, 14 juillet 1989.
  10. « Ottawa to toughen laws covering violent juveniles : Murder penalty to increase, elevation to adult courts made easier under Young Offenders Act ». Montreal Gazette, 21 décembre 1989.
  11. « Toughening sentences for young offenders : Changes don't go far enough, father of slain gay activist tells MPs ». Montreal Gazette, 21 octobre 1994.
  12. « Gay activist's slaying sparks day of radio ». Toronto Star, 15 mai 1989.
  13. « Symbolic death ritual ». Montreal Gazette, 20 mars 1990.
  14. « Candles burn to mourn gay activist; Vigil on Tuesday marks anniversary of Joe Rose's death ». Montreal Gazette, 16 mars 1991.
  15. « Police raid unites the gay community in a wave of protest ». Montreal Gazette, 31 juillet 1990.
  16. « Play's statement about gay-bashing is angry, disturbing and explicit ». Montreal Gazette, 19 novembre 1993.
  17. « Chilling view of city : Documentary film examines deaths of 17 gay men ». Montreal Gazette, 7 juillet 1994.
  18. « Of Ghosts and Gay Youth: Michael Whatling's A Vigil for Joe Rose » . Journal of LGBT Youth , 8 (3), 2011, 281-284.
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