John Cluysenaar

John Edmond Cluysenaar, né à Uccle (Bruxelles) le et mort à Noville-sur-Mehaigne (Namur) le , est un sculpteur, peintre, dessinateur et aquarelliste belge.

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John Cluysenaar
John Cluysenaar
Naissance
Décès
(à 86 ans)
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Lieux de travail
Enfant
Anne Cluysenaar (en)
John Cluysenaar par André Cluysenaar vers 1926 - Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles.

Biographie

Huile sur toile circa 1965

John Cluysenaar est le fils d'André Cluysenaar, peintre portraitiste et le petit-fils d'Alfred Cluysenaar, peintre d'histoire et d'Alice Gordon. Il est le jumeau de Ada (Dolly) Cluysenaar. Adolescent, la Première Guerre mondiale l'emmène avec sa famille en Angleterre[1], à Londres où, sa mère écossaise a plusieurs relations. Au cours de ces années de guerre, les relations sentimentales de ses parents se dégradent et ses parents décident de divorcer. Sa sœur reste avec sa mère. Lui, doit se débrouiller. En 1917, John Cluysenaar décide de s'engager comme volontaire. Il sera démobilisé en 1919[2]. À vingt ans, il se retrouve seul à Londres et sans ressource. Il rencontre par hasard des personnes souhaitant ériger un mémorial au savant anglais Richard Glazebrook. Sa modeste proposition financière est acceptée et malgré son inexpérience, le bas-relief qu'il exécute donnera satisfaction au comité et est installé à Teddington. Fort de ce succès, le jeune homme rentre en Belgique et s'installe à Uccle[3]. Il réalise quelques sculptures dont, en 1920, un médaillon représentant le profil de Suzanne Lenglen, et, en 1922, il s'installe au 685 chaussée d'Alsemberg, puis en 1924, s'installe au 93 Groeselenberg. Cette même année, il est récompensé du prix Godecharle[4] ainsi que d'un second prix de Rome[5]. Grâce au prix Godecharle, en 1925, il séjourne à Paris et Londres. En 1926  le 2 janvier , John Cluysenaar[6] épouse à Londres Marie-Louise Rôze, fille du compositeur et chef d'orchestre Raymond Rôze et petite-fille de la cantatrice Marie Rôze. En 1926 également, il fait un voyage d'étude à Rome. À Uccle, il produit des sculptures dans l'esprit d'Auguste Rodin, Jean-Baptiste Carpeaux ou Rik Wouters. Il expose à plusieurs reprises en Belgique et en Angleterre. Au début des années 1930, il se sépare de Marie-Louise Rôze[7] (« Elle était trop dépensière, c'était un vrai tourbillon, aimant beaucoup la vie mondaine »[8]).

Le , il épouse à Dordrecht Sybil Fitzgerald Hewat[9]. De cette union naitra une fille Anne (en) en 1936. En 1939, le , son père meurt. C'est à cette époque qu'il décide de ne plus sculpter et de se consacrer exclusivement à la peinture. Cette même année, la petite famille s'installe en Angleterre, tout d'abord à Chelsea, ensuite à la Diamond farm à Stour Provost dans le Dorset (). La guerre les y surprend. john Cluysenaar retrouve en Angleterre des compatriotes réfugiés, décidés à continuer la guerre. Parmi eux, un ancien ami, Victor de Laveleye[10]. Ils s'installent à Gregory's Oschard à Barton-Saint-David dans le Somerset. Ensuite, ils iront en Écosse, à Douglas Castle et au 9 High street à Kirkcudbright (), ensuite retour en Angleterre, à Weir Croft à Henley on Thames (), puis à The Manor farm Girtford dans le Bedfordshire (), puis à nouveau à Gregory's Oschard à Barton-Saint-David[11],[12],[13],[14] (1944 - ) et à Cherry Trees () et Bridge cottage () à Henley-on-Thames. Durant cette période il exposera à quelques reprises à Londres dont à la galerie Reid-Lefèvre (en compagnie de Ben Nicholson). Au début des années 1950, ils vivront quelques années en Irlande au Bridge cottage à Oughterard dans le comté de Galway () entre autres. Leur fille Anne, suit sa scolarité à Athlone et en 1953 s'inscrit au Trinity College à Dublin. Vers 1953, John et Sybil décident de rentrer en Belgique et se réinstallent à Uccle, d'abord au 93 Groeselenberg, ensuite au 11 avenue de l'Échevinage. En 1955, ils font un court séjour sur la côte d'Azur à Saint-Jean Cap-Ferrat. Fin des années 1950, le couple vit des moments difficiles. En 1958, John fait la connaissance de Jacqueline Collier (1929-2019). Sybil Cluysenaar Fitzgerald Hewat décède en 1965. L'année suivante, John Cluysenaar épouse Jacqueline Collier. En 1968, ils décident de s'installer à Noville-sur-Mehaigne un petit village situé à la limite des provinces du Brabant wallon et de Namur. John Cluysenaar y poursuit ses recherches picturales suivant deux axes : une abstraction lyrique et l'interprétation du visage humain. « Bien qu'évoquant un sentiment tragique, ces visages (...) obéissent d'abord à un jeu très inventif de pictogrammes expressifs posés en aplats vivement colorés »[15]. Il décède à Noville-sur-Mehaigne le .

Parcours artistique

John Cluysenaar, fils du peintre André Cluysenaar a, dès son plus jeune âge, vu son père travailler. C’est tout naturellement, par imitation, que le petit John se met à dessiner. Adolescent solitaire, il passe beaucoup de temps à remplir des carnets de dessin. Il exécute également quelques planchettes, paysages et vues. Rapidement, ses dons sont constatés par son père.

En 1919, démobilisé et sans emploi, il a l’opportunité de proposer un premier relief pour un monument à installer à Londres en hommage au physicien, Richard Tetley Clazebrook[16] (installé tout d’abord dans le hall d’entrée du bâtiment administratif du Laboratoire national de physique, puis transféré dans la salle de conférence du Bushy House). On remarque dans cette œuvre, une importance de la ligne délimitant le relief du profil du savant. Cette primauté de la ligne, héritage des années de pratique du dessin se retrouve également dans le médaillon de Suzanne Lenglen de 1920. On la remarque également dans le monument funéraire du violoniste et professeur au conservatoire royal de Bruxelles, Alexandre Cornélis situé au cimetière d’Ixelles.

Ce n’est que par la suite que John Cluysenaar entreprendra de se libérer du relief et appréhendera la sculpture en ronde bosse. Le jeune sculpteur étudie et apprend vite. En1924, il décroche le prestigieux prix Godecharle dont la bourse lui permet pendant deux ans de faire des voyages d’étude en France, Angleterre et Italie. C’est au cours de la seconde moitié des années 1920 que le sculpteur taille la pierre et façonne la glaise dans l’esprit de Jean-Baptiste Carpeaux, Auguste Rodin ou plus près de lui Rik Wouters.

La décennie suivante le verra réaliser plus d’œuvres publiques. Ce seront des bustes de personnalités politiques, de la société civile ou du monde culturel. Par exemple, en 1935, il installe une représentation en pieds du Prince de Ligne dans le parc d’Egmont à Bruxelles, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance. Il participe également aux sculptures qui ornent l’entrée principale de l’exposition universelle de Bruxelles de 1935 en y présentant une des figures ailées monumentales. L’état belge lui achète plusieurs œuvres.

Fin des années 1930, John Cluysenaar décide de cesser de sculpter, précisant que le plus important est la ligne. Soulignons qu’à cette même époque, son père, peintre, décède (1939) et que cette décision coïncide également avec son départ pour l’Angleterre.

Durant la période de la seconde guerre mondiale, John Cluysenaar s’exprime principalement dans des aquarelles et des dessins. Il peint peu d’huiles sur toile. Sans doute le contexte de la guerre, les multiples déménagements participent au choix de modes d’expression nécessitant un matériel plus léger. Ces aquarelles sont exécutées dans un style expressionniste, fort coloré et lumineux. Ce sont pour la plupart des scènes d’intérieur. Durant ces années, il expose à Londres avec Ben Nicholson, entre autres, qui l’influence. Il réalise quelques œuvres géométrico-figuratives. Mais John Cluysenaar ne rejoindra pas le groupe d’artistes qui se rassemble à Saint Ives dans les Cornouailles.

L’après guerre, le voit poursuivre ses recherches picturales. L’esprit du temps le mène vers l’abstraction. Il réalise des toiles selon la technique du « all over ». On a souvent trouvé une inspiration de sa production d’œuvres abstraites dans le travail de Mark Tobey. L’artiste américain résida à Londres de 1935 à 1939. John Cluysenaar arrive à Londres en 1939. Il y a fort peu de chance qu’il ait vu des toiles de Tobey, sans doute des reproductions. Dans les œuvres de cette époque, il y a également une influence de la technique du « dripping » de Jackson Pollock. Mais la curiosité artistique de Cluysenaar le pousse vers des recherches d’autres voies de l’abstraction lyrique jusqu’à la fin des années 1960. Au début de la décennie suivante, petit à petit, il introduit dans ses tableaux abstraits des formes qui évoquent la figure humaine. "Vers 1970,il recompose la figure humaine dans des rythmes géométriques réticulaires aux couleurs vives, couvrant la surface de réseaux entrelacés qui évoquent l'art brut"[17].

Ce retour vers une certaine figuration se poursuit tout au long des années suivantes. Ses recherches picturales l’orientent à vouloir exprimer de manière personnelle le visage de l’humain. Non pas des portraits, mais la forme du visage. Il cherche à « démolir la forme représentative ». Sans jamais y parvenir, il se consacre à cette démarche dans la solitude de son atelier du village de Noville-sur-Mehaigne. Denise Lelarge précise à ce propos,en 1985, " Les visages sont comme des vitraux laissant passer la lumière de l'âme". Quotidiennement, il en étudie les différentes possibilités plastiques, chromatiques fruit de son imagination, et ce jusqu’à la fin de sa vie, en 1986.

Postérité

Jacqueline Cluysenaar Collier décide en 1987 de créer la "Fondation John Cluysenaar", ayant pour missions de perpétuer l’œuvre de Cluysenaar et de soutenir de jeunes artistes. Sa collection a été offerte en 2010 à des institutions culturelles et musées. Les sculptures et peintures de Cluysenaar sont conservées dans des collections privées et publiques. Parmi ces dernières, relevons les Musées des Beaux-Arts de Bruxelles, d'Anvers, d'Ixelles, de Liège, de La Louvière, de Mons, d'Ostende et de Tournai, le Famenne & Art Museum (Marche-en-Famenne), la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Province du Brabant wallon et la Fondation pour l'Art belge contemporain[18].

Collections publiques

Distinctions

Notes et références

  1. Photo de classe Londres 1915. John Cluysenaar est le quatrième du premier rang en partant de la gauche, (lire en ligne)
  2. anonymes, Français : John Cluysenaar et sa mère en 1919, (lire en ligne)
  3. Fanny Cluysenaar, Une famille d'artistes, Les Cluysenaar, Bruxelles, Weissenbruch, , 332 p., p. 315-318
  4. anonymes, Français : extraits de presse 1925 annonçant le prix Godecharle en sculpture, (lire en ligne)
  5. René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 303
  6. anonymes, Français : John Cluysenaar circa 1926, (lire en ligne)
  7. anonymes, Français : Convention entre John Cluysenaar et Marie-Louise Rôze concernant un immeuble, 1934, (lire en ligne)
  8. Thérèse Ledoux, Cluysenaar, Bruxelles, Dereume, , 104 p., p. 20
  9. anonymes, Français : John Cluysenaar et son épouse Sybil circa 1935, (lire en ligne)
  10. FdeNoville, Français : Lettre manuscrite de Victor de Laveleye à John Cluysenaar le 12 janvier 1941 à Londres., (lire en ligne)
  11. (en) « BELGIAN ARTIST: EVERYDAY LIFE FOR JOHN CLUYSENAAR AND HIS FAMILY, BARTON ST DAVID'S, TAUNTON, SOMERSET, ENGLAND, UK, 1944 », sur Imperial War Museums (consulté le )
  12. (en) « BELGIAN ARTIST: EVERYDAY LIFE FOR JOHN CLUYSENAAR AND HIS FAMILY, BARTON ST DAVID'S, TAUNTON, SOMERSET, ENGLAND, UK, 1944 », sur Imperial War Museums (consulté le )
  13. (en) « BELGIAN ARTIST: EVERYDAY LIFE FOR JOHN CLUYSENAAR AND HIS FAMILY, BARTON ST DAVID'S, TAUNTON, SOMERSET, ENGLAND, UK, 1944 », sur Imperial War Museums (consulté le )
  14. anonymes, Français : John Cluysenaar et son épouse Sybil en Angleterre circa 1944, (lire en ligne)
  15. Serge Goyens de Heusch, Art belge au XXe siècle, Bruxelles, Racine, , 534 p. (ISBN 978-2-87386-461-3), p. 109
  16. (en) « Richard Tetley Glazebrook, 1854-1935 », Obituary Notices of Fellows of the Royal Society, vol. 2, no 5, , p. 28–56 (ISSN 1479-571X et 2053-9118, DOI 10.1098/rsbm.1936.0004, lire en ligne, consulté le )
  17. Philippe Roberts-Jones, Eliane DeWilde, Le Dictionnaire des Peintres belges du XIVe siècle à nos jours, vol. 3, Bruxelles, La Renaissance du Livre - De Boeck-Westmael, (ISBN 2804120120, lire en ligne)
  18. Fondation John Cluysenaar : http://cluysenaar.be.
  19. sans, Français : Médaille de la Victoire décernée à John Cluysenaar par le Lieutenant Colonel Theunis, délégué du ministre de la Guerre, le 19 septembre 1919, (lire en ligne)
  20. sans, Français : Ordre de la Couronne belge décerné à John Cluysenaar par le roi Albert le 1er avril 1933, (lire en ligne)
  21. sans, Français : Ordre de Léopold décerné à John Cluysenaar par le Prince Baudouin le 27 avril 1951, (lire en ligne)

Liens externes

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