John McCloy
John J. McCloy, né le à Philadelphie en Pennsylvanie, mort le à Stamford dans le Connecticut, est un juriste et banquier américain. Il devint plus tard un éminent conseiller auprès des présidents des États-Unis, connu pour son opposition aux bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est au centre de nombreuses polémiques pour ses liens avec les majors du pétrole et l’influence qu’il a pu exercer sur l’administration américaine[1].
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John J. McCloy | |
John J. McCloy dans la Cabinet Room de la Maison-Blanche en 1966. | |
Fonctions | |
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Haut commissaire des États-Unis en Allemagne occupée | |
– | |
Successeur | Walter J. Donnelly (en) |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Philadelphie (Pennsylvanie, États-Unis) |
Date de décès | (à 93 ans) |
Lieu de décès | Stamford (Connecticut) |
Nationalité | Américaine |
Carrière
McCloy fut diplômé en 1919 à Amherst College, et reçu ensuite un Bachelor of Laws de la faculté de droit de Harvard en 1921. Il fut avocat au cabinet Cravath et assistant du Secrétaire d'État de la Guerre de 1941 à 1945, période pendant laquelle il fut remarqué pour son opposition aux bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki[2]. Il présida également le Combined Committee of Civil Affairs où siégeaient également les Britanniques.
En tant qu'assistant du Secrétaire d'État de la Guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, John McCloy eut un rôle important dans la gestion des priorités de l'armée américaine. Le Département de la Guerre fut supplié, jusqu'à la fin de 1944, d'aider à sauver les prisonniers des nazis en ordonnant le bombardement des lignes de chemin de fer qui menaient à Auschwitz et à ses chambres à gaz. McCloy répondit que seules de grosses bombes seraient capables d'atteindre ces sites à partir de l'Angleterre, que les bombardiers seraient trop vulnérables et qu'elles étaient nécessaires ailleurs. Pourtant, quelques mois plus tard, les Alliés bombardaient les centres industriels à quelques kilomètres des camps d'extermination, et causèrent apparemment régulièrement des dégâts aux infrastructures d'Auschwitz, sans avoir à déplorer trop de pertes humaines. À une autre occasion, toujours pour répondre à une demande de bombardement des chambres à gaz, McCloy déclara que la décision finale sur la sélection des cibles à détruire, y compris par les avions américains, incombait aux seuls Britanniques. Dans une interview de 1986 (trois ans avant sa mort) avec Henry Morgenthau, McCloy déclara que la décision de ne pas bombarder Auschwitz émanait du président Franklin Delano Roosevelt, et qu'il (McCloy) n'avait servi que de façade[3].
De à , il fut président de la Banque mondiale[4]. En 1949, il remplaça Lucius D. Clay, qui était gouverneur militaire pour la Zone d'occupation américaine en Allemagne, comme Haut commissaire à la Haute commission alliée en Allemagne et garda cette position jusqu'en 1952, période pendant laquelle il fournit une couverture à des vingtaines d'agents de la CIA[5] et supervisa le retour de l'Allemagne au statut d'État (signataire pour les États-Unis de l'accord de Petersberg). Sous sa direction, une vaste campagne de réconciliation et de commutation des peines de criminels nazis eut lieu, incluant celles d'importants industriels comme Friedrich Flick et Alfried Krupp. Quelques-unes des personnalités mineures furent rejugées et condamnées dans la nouvelle Allemagne de l'Ouest. Son successeur comme Haut Commissaire fut James Bryant Conant.
Après cette période, McCloy fut président de la Chase Manhattan Bank de 1953 à 1960, président de la Fondation Ford de 1958 à 1965 ; il fut aussi administrateur de la Fondation Rockefeller de 1946 à 1949, et à nouveau de 1953 à 1958, avant de reprendre sa fonction chez Ford. De 1954 à 1970, il fut président du Council on Foreign Relations, un think tank de New York, auquel lui succéda David Rockefeller, lequel travaillait conjointement avec lui à la Chase Manhattan Bank. McCloy fut longtemps associé à la famille Rockefeller, liens qui remontent à ses années passées à l'université Harvard quand il enseignait aux jeunes frères Rockefeller comment naviguer. Il était aussi membre du comité Draper (en), créé en 1958 par Dwight D. Eisenhower.
Il fut plus tard employé comme conseiller auprès des présidents John Fitzgerald Kennedy, Lyndon B. Johnson, Richard Nixon, Jimmy Carter et Ronald Reagan, et aussi principal négociateur au Comité présidentiel au désarmement. En 1963, il reçut le Sylvanus Thayer Award, remis par l'Académie militaire de West Point pour services rendus à la nation.
Il fut choisi par Johnson pour travailler à la Commission Warren, la commission présidentielle d'enquête sur l'assassinat du président Kennedy, en 1963. Notamment, il fut initialement sceptique sur la théorie d'un tireur isolé, mais au printemps 1964, un voyage à Dallas sur les lieux de l'assassinat avec Allen Dulles (un de ses vieux amis et membre de la commission), le convainquit que c'était le cas. Il établit que toute preuve possible de conspiration était hors d'atteinte pour les agences d'investigations américaines — principalement le FBI et la CIA — ainsi que pour la commission.
John McCloy, ami personnel de Jean Monnet, contribua pour beaucoup à la reconnaissance par les États-Unis du Comité français de libération nationale (CFLN). Selon Louis Joxe[6] : « un esprit large, ouvert et généreux inspirait [Mac Cloy]. Il ne cessa de veiller sur nous ».
Il avait épousé Ellen Zinsser, dont la sœur fut mariée à Lewis Douglas.
Bibliographie
- Michel Margairaz, 1991, L'État, les finances et l'économie : histoire d'une conversion (1932-1952), Comité pour l'histoire économique et financière de la France
- Frances Stonor Saunders, 2003, Qui mène la danse ? : la CIA et la guerre froide culturelle, Éditions Denoel, Paris.
Notes et références
- La Face cachée du pétrole, Éric Laurent
- John McCloy and the Atomic Bombing of Japan
- Beschloss
- (en) « John Jay McCloy », World Bank, (lire en ligne, consulté le )
- Frances Stonor Saunders, Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle, p. 151.
- Margairaz, 1991, p. 761
Voir aussi
Articles connexes
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