Jordi Vidal
Jordi Vidal (né en 1950) est fils et petit-fils d'anarcho-syndicalistes espagnols. À partir de 1965, il participe à l’expérience libertaire, situationniste puis nexialiste. De 1981 à 2007, il est dans le milieu spécialisé de l’édition parisienne, de l’art et du cinéma expérimental ; il coordonne aussi une série d’émissions télévisées destinées à la jeunesse. Il dirige, d’ à , la Haute École d’Art de Perpignan (HEART). Il est Directeur de la Culture de la ville de Perpignan de à . Il a initié et permis l’ouverture du Centre d’art contemporain Walter Benjamin à Perpignan[réf. nécessaire].
Livres
- Critique de l’Économie spectaculaire-marchande,
- Quelques aspects de l’idéologie courante en Espagne,
- Opera Chymica, éditions Dérive 17,
- Révélations sur l’état du monde, éditions Dérive 17,
- Révélations sur l'état du monde ; suivi de Considérations sur le mouvement révolutionnaire, éditions Dérive 17, (SUDOC 168723603)
- Résistance au chaos : pour une critique du nouvel ordre féodal, éditions Allia, (ISBN 2-84485-100-2, SUDOC 067707149)
- Traité du combat moderne : films et fictions de Stanley Kubrick, éditions Allia, (ISBN 2-84485-179-7, SUDOC 087523116)
- Servitude & simulacre en temps réel et flux constant : réfutation des thèses réactionnaires et révisionnistes du postmodernisme, Paris, éditions Allia, (ISBN 978-2-84485-250-2, BNF 41087466)
- Jordi Vidal, Bruno Serralongue et Joerg Bader (photogr. Bruno Serralongue), La otra, Genève, Dijon, Éd. Centre de la photographie ; Les Presses du réel, coll. « La salle de bains », (ISBN 978-2-84066-220-4, BNF 41153973, SUDOC 121504433)
- Étant donnés... le temps, l’histoire et la mémoire, la physique des particules, les flux informatifs et les images dialectiques (projet de recherche validé et financé par le ministère de la Culture français),
- À paraître
- L'Extinction des Lumières
Servitude & simulacre en temps réel et flux constant : réfutation des thèses réactionnaires et révisionnistes du postmodernisme
À travers le décryptage et une mise en perspective de ses divers courants (postféminisme, postcolonialisme), le postmodernisme est ici soumis à une critique sans concession. Nées sous la présidence de Ronald Reagan, les "cultural studies" ont emprunté à la gauche son langage pour dévaloriser tout ce qui pouvait encore rappeler la lutte des classes ou les revendications féministes. Exemples à l’appui, Jordi Vidal met au jour le fonctionnement d’une idéologie qui repose sur le révisionnisme culturel et la désinformation. Une idéologie qui, sous un discours de gauche, impose sa pensée réactionnaire et, mettant en scène la victimisation, officialise un racisme anti-religieux. Une idéologie qui réfute la laïcité et l’universalisme concret au nom de la liberté de sociétés concurrentes. Une idéologie qui cherche par tous les moyens à en finir avec les Lumières en menant une campagne systématique contre l’esprit scientifique et la raison. Une idéologie qui, en somme, sous-tend tous les projets politiques contemporains, à droite comme à gauche.[non neutre]
Traité du combat moderne : films et fictions de Stanley Kubrick
Ce Traité du combat moderne déborde largement le cadre de l’essai cinématographique traditionnel. S’il relit pas à pas la filmographie de Kubrick, c’est toujours pour l’intégrer à une analyse critique plus vaste de la modernité : mensonge et guerre sociale avec Barry Lyndon, éloge de la résistance et méditation sur la barbarie avec Les Sentiers de la gloire, pensée magique avec Shining, etc. C’est que Vidal positionne définitivement Kubrick contre son époque et ses stratégies de manipulation – tout en montrant comment le cinéaste use lui-même d’une certaine forme de manipulation pour séduire le spectateur afin de l’attirer par des films à l’apparence romanesque vers une œuvre expérimentale d’une rare complexité (notamment avec Eyes wide shut). À la lumière de l’œuvre de Kubrick, Jordi Vidal, dans cet essai à la fois rigoureux, digressif et polémique, éclaire le monde dans lequel nous vivons et nous invite à découvrir dans ces films des instruments de lutte.
Résistance au chaos
La société du chaos fonctionne sur l’entretien mensonger de la terreur ; elle gère et attise le désordre, l’effroi, la crainte religieuse, la panique sociale, la haine raciale, pour mieux affirmer son contrôle liberticide. Le cynisme de sa pratique nous informe sur son projet idéologique : celui d’un pouvoir seigneurial et sans partage. En cela, la société du chaos ignore les tourments de la morale bourgeoise qui revendiquait des valeurs au nom de la valeur. La société du chaos n’a pas de valeur : elle se contente de les mettre en scène.
Résistance au chaos présente une critique globale de la société contemporaine, dont Jordi Vidal assimile le fonctionnement à un nouveau féodalisme, reposant sur l’ignorance, la désinformation et le crime mafieux. Il analyse les formes que revêt cette société du chaos dans ces divers aspects, notamment religieux, langagiers, artistique et médiatique. Au-delà de la simple mise à nu des mécanismes de domination et de contrôle qui se mettent en place, Jordi Vidal tente de définir les termes d’un "nouveau contrat social".
Films
- 2008, avec Stéphane Goxe, Servitude & simulacre en temps réel et flux constant (Agnès b., Tate Modern) 40 minutes
- 2012, avec Andreïna Mastio, History Minus Zero_No Limit (CNAP/a.p.r.e.s) 90 minutes
- 2014/2015, avec Andreïna Mastio, Walter Benjamin : L’Ange de l’Histoire. Ce dernier film est en cours d’édition (a.p.r.e.s) 90 minutes
Servitude & simulacre en temps réel et flux constant
Ce film est l’adaptation cinématographique de l’essai que Jordi Vidal a publié aux éditions Allia en 2007. C’est tout à la fois une lecture singulière des thèses du livre (dans leur critique du postmodernisme), qu’un dispositif enregistrant et commentant les œuvres d’artistes exposés en à l’espace agnès.b, lors de l’exposition Servitude & Simulacre. On peut qualifier ce film de détournement par certains de ses aspects. Il s’agit surtout d’un projet expérimental interrogeant la représentation contemporaine, sa crise et ses conséquences.Il a été présenté en Prologue de la Tate Triennal de Londres en
History Minus Zero_No Limit
En 1975, Jean-Luc Godard réalise Numéro Deux, un film qui questionne les rapports entre l’usine et l’habitat domestique en les transposant aux relations entre masculin et féminin. C’est de cette matière cinématographique ambiguë que s’est nourrie l’exposition Número tres, de la casa a la fábrica, à La Virreina - Centre de la Imatge de Barcelone, en 2012. À travers des œuvres de la collection du Centre national des arts plastiques, elle s’est proposée d’actualiser les formes, idées et figures inventées par Jean-Luc Godard pour Numéro deux, en partant du motif de la fusion entre maison et usine qui fonde l’image originelle de ce film, sa scène primitive.
De là, un film s’appuyant sur une lecture des œuvres de l’exposition a été commandé par le CNAP à Jordi Vidal, écrivain, essayiste et vidéaste, intitulé History Minus Zero_No Limit. Ce projet, réalisé avec la vidéaste Andreïna Mastio, peut se définir comme un retournement des propositions du Godard de 1975, des formes de la narration et même du modèle social dominant. Le dispositif filmique, en mettant à profit l’ensemble des médiums, crée des liens, des conflits et des rapprochements dialectiques. Ainsi, il n’induit pas un point de vue, mais incite à un rapport critique en donnant à voir la complexité du monde.
Walter Benjamin : L’Ange de l’Histoire
Le film est conçu comme une libre circulation dans les passages théoriques et plastiques explorés par Benjamin dans Paris Capitale du XIXe siècle. À partir d'une flânerie dans les passages parisiens, puis dans l'imaginaire fantasmatique du XIXe siècle à Paris, Walter Benjamin développe une nouvelle pensée de l'histoire. Sa flânerie « de passage en passage », devient une flânerie entre les divers fragments qui composent le Paris du XIXe siècle : c'est l'enjeu d'une métaphore et d'un déplacement plus vaste dans l'histoire et dans la mémoire. La voix-off, entièrement composée d'écrits de Benjamin, traduit, à la première personne, son errance physique et intellectuelle dans le vieux Paris ; elle rend visible la constellation des thèmes qui vont venir contester l'image historiciste de Paris au XIXe siècle et plus globalement encore de l'histoire elle-même. Au fil du film, au fil d'une « dérive sous contrôle » Walter Benjamin aborde des sujets qui jusqu'ici étaient toujours considérés de manière séparée : les expositions universelles, le vieux Paris, Baudelaire, Atget, les boutiques, le monde des reflets, les cafés, le jeu, les passages, les travaux d'Haussmann, l'architecture en métal, les grands magasins, la mode, la prostitution, l'intérieur bourgeois, le collectionneur, le jouet, la publicité, la Bourse, les barricades, les utopies révolutionnaires. Benjamin met en perspective la marchandise, les vitrines et les miroirs ; il questionne le Paris d'Haussmann (percées, démolitions), les grands magasins, la Bourse, les chemins de fer, les rêves d'avenir et les barricades ; il confronte les constructions de fer et les expositions universelles à la Commune de Paris ; il établit des liens entre la théorie du progrès, l'ennui, l'oisiveté, Baudelaire et l'éternel retour ; il formule les notions de rêve et de réveil à partir d'une déambulation dans une ville et des maisons rêvées. Sa nouvelle approche du temps et de l'histoire le conduit à une théorie critique qui reformule entièrement les termes de la modernité, du progrès et de la culture exposés à la barbarie. Il confronte l'histoire de la photographie aux questions de la reproductibilité des œuvres d'art, de l'aura, de la trace, de l'image dialectique. Il récuse l'historicisme au nom de la remémoration qu'il oppose à la mémoire ; au nom du réveil qu'il oppose à la catastrophe.
Le film, Walter Benjamin : L'Ange de l'histoire, est organisé comme une déambulation en spirale. Il donne à voir et à comprendre, au nom du passé vaincu, le XIXe siècle parisien et tout autant notre XXIe siècle. Les images qui composent le film ne sont plus seulement des images du passé, mais des images du présent : d'un présent en péril. Le film montre le philosophe et le poète dans son monde : sa pensée est appréhendée comme un édifice composé d'innombrables archives dynamiques qui rassemblent des photographies et des fragments de films. Ces archives expriment au plus près l'engagement révolutionnaire, les idées, les intuitions, les contradictions et les divers projets théoriques du philosophe poète. Leur montage montre la cohérence d'une pensée qui, à l'inverse d'une lecture postmoderne de l'histoire, organise les fragments comme des moments constitutifs d'une projet unitaire ; d'une pensée qui retourne la dialectique négative en mettant en avant la part positive du travail du négatif ; d'une pensée qui suppose un rôle messianique pour chacun ; d'une pensée qui nous fournit les armes nécessaires pour que choses ne continuent plus comme elles sont. Au nom d'un passé vaincu, au nom d'un passé qui n'est cependant jamais le même de par son histoire postérieure et son histoire antérieure, bienvenu dans ce retour vers le futur.
Expositions
- 2005 (Perpignan), MA BICE BOLIJE
- 2008 (Perpignan) Arago-Agora
- 2008 (Paris), Servitude & simulacre en temps réel et flux constant (Agnès b.)
- 2011 (Perpignan), HIGGS à la recherche de l’anti-motti (exposition Gianni Motti)
- 2012 (Perpignan), Un monde invérifiable
- 2013 (Perpignan) Entropia1 métamorphose(s)
- 2014 (Perpignan), Walter Benjamin L’Ange de l’Histoire
Liens externes
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