Joseph Hooker
Joseph Hooker (né le et mort le ) est un officier de l'US Army, qui servit durant la guerre américano-mexicaine avant de devenir un général d'état major de l'Union durant la guerre de Sécession. Il était connu sous le sobriquet de « Fighting Joe » Hooker en raison de sa ténacité, de ses violentes colères et de son caractère bagarreur.
Pour les articles homonymes, voir Hooker.
Joseph Hooker | ||
Surnom | « Fighting Joe » | |
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Naissance | Hadley, État du Massachusetts |
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Décès | |
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Arme | Artillerie Infanterie |
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Grade | Major général | |
Années de service | 1837 – 1868 | |
Commandement | Armée du Potomac | |
Conflits | Guerres séminoles |
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Après avoir commandé sous les ordres de George McClellan (notamment lors de la bataille d'Antietam au cours de laquelle il sera blessé au pied), il fut nommé à la tête des armées de l'Union par Abraham Lincoln qui recherchait un général au tempérament offensif. Il fut vaincu à Chancellorsville par Robert Lee et Stonewall Jackson.
Avant la guerre
Joseph Hooker naît à Hadley, Massachusetts, quatrième enfant de ses parents[1]. Il est le cinquième garçon à porter le nom de Joseph Hooker depuis l'arrivée du premier Joseph en 1689 au Massachusetts[2]. Bien que ses parents aient des difficultés financières liées à des spéculations réalisées lors de la guerre de 1812, ils réussissent a garder la grande maison familiale et à financer l'éducation de enfants l'académie d'Hopkins[1]. Un temps destiné au clergé, Joseph Hooker préfère entrer dans une carrière militaire[1]. Il doit son intégration à l'académie militaire de West Point à la recommandation de l'un de ses professeurs[1]. Élève appliqué, il apprend rapidement et obtient de bon résultat et gagne la réputation d'orateur arrogant dans sa promotion alors qu'il défie étudiants et professeurs notamment à propos du sujet de l'abolition de l'esclavage[1]. Alors que ses résultats académiques lui auraient valu un rang élevé au sein de sa promotion, son comportement lui vaut un nombre important de « démérites », le faisant chuter dans le classement[1].
Joseph Hooker sort diplômé de West Point en 1837, vingt-neuvième sur cinquante[1],[note 1].
Seconde guerre séminole
Il est promu second lieutenant dans le 1st U.S. Artillery le [3]. Il est envoyé en Floride combattre les indiens Séminoles[1]. Compte tenu du caractère insurrectionnel de la guerre et de la topographie marécageuse, Joseph Hooker combat lors d'escarmouches où l'artillerie n'a que peu de place[1].
Il est promu premier lieutenant le [3]. Du au , il tient les fonctions d'adjudant au sein de l'académie militaire de West Point[1],[3]. Un officier se souvient de lui comme bel homme avec des manières polies. Néanmoins, Il se montre aussi d'une imprudence effrontée, vantard et amateur d'alcool, de femmes et d'un train de vie élevé[1].
Guerre américano-mexicaine
Lorsque la guerre américano-mexicaine éclate, il se lance dans la guerre avec passion[1]. Il est officier d'état-major successivement pour trois généraux : P. F. Smith, Benjamin Butler et Gideon J. Pillow[1]. À ce titre, il passe beaucoup de temps sur les lignes, à transmettre les ordres entre les quartiers-généraux et les officiers commandant sur le terrain. Lors de la bataille de Monterey, il sert sous Zachary Taylor qui loue dans l'un de ses rapports ses qualités militaires[4]. Il est breveté capitaine le pour bravoure et conduite méritoire lors de plusieurs combats à Monterey[3]. Il est breveté commandant le pour bravoure et conduite méritoire dans l'affaire du pont national au Mexique[3]. Il est breveté lieutenant colonel le pour bravoure et conduite méritoire lors de la bataille de Chapultepec. L'obtention de ces trois brevets lors de la guerre en fait de lui le seul premier lieutenant de l'armée autant récompensé[1]. Le général Pillow reconnaît officiellement que Hooker « s'est distingué personnellement par une extraordinaire activité, énergie et bravoure »[1].
À l'issue du conflit, le général Pillow écrit une lettre publique, sous le pseudonyme de Leonidas s'arrogeant la gloire des victoires de Contreras et de Churubusco alors que le général Wilfried Scott commandait lors de ces batailles. Lorsque Scott découvre l'identité de Leonidas, il traduit en cour martiale Pillow. Joseph Hooker témoigne en faveur de Pillow, ce qui lui vaut l’inimitié indéfectible de Scott[1].
Il est promu capitaine le au sein du 1st U.S. Artillery, mais la nomination reste vacante dès cette date sans que l'on sache pourquoi[1],[3]. Le , il est nommé adjudant général adjoint pour la division du Pacifique[1]. Pendant cette période calme, il passe ses journées et ses nuits à boire, avec des femmes et jouant, empruntant de l'argent à Henry Halleck et William T. Sherman[1]. Après une année de congé, il démissionne de l'armée le sans toutefois avoir remboursé ses deux créanciers qui lui en gardent rancune[1],[3].
Il s'installe alors dans le comté de Sonoma en Californie, où il devient fermier[1]. En 1858, il est commissaire de police des routes militaires de l'Oregon[5]. Fin 1858, il demande l'intervention du secrétaire à la guerre John B. Floyd auprès du président James Buchanan pour obtenir une commission de lieutenant colonel dans l'armée régulière, commission qu'il n'obtient pas, vraisemblablement du fait de Winfield Scott[1]. Entre 1859 et 1861, il sert en tant que colonel dans la milice de Californie[1].
Guerre de Sécession
Alors en recherche d'une commission, il assiste à la première bataille de Bull Run[6]. Dix jours après, une liste de nomination de généraux est envoyée au sénat. Hooker est le cinquième sur la liste, sur laquelle se trouve aussi Ulysse S. Grant. Les nominations sont confirmées le . Joseph Hooker est alors nommé rétroactivement brigadier général des volontaires le [3],[6], malgré l'opposition du général Scott[7]. Il doit sa nomination à l'intervention du sénateur Edward Dickinson Baker qui le recommande à Abraham Lincoln : « Il désire tirer son épée pour son pays. Il est un soldat instruit. L'histoire de la guerre du Mexique est remplie de batailles auxquelles il a pris une part distinguée et honorable. Aucun autre officier régulier n'a gagné plus de renommée, et aucun homme de quelque grade qui soit n'a montré plus de bravoure[2] ». Il prend donc le commandement d'une brigade dans les environs de Washington[6]. Après une année où il commande des troupes dans le district de Columbia, le général McClellan l'appelle au sein de l'armée du Potomac en [5].
Il prend alors le commandement d'une brigade de réserve, composée du 1st Massachusetts, du 11tt Massachusetts, du 2nd New Hampshire et du 28th Pennsylvania[6]. Il inculque aux hommes qui la composent la discipline, les manœuvres, l'utilisation des armes et des baïonnettes[6]. Il montre déjà son attention à ce que les hommes perçoivent des rations convenables, des vêtements et autres fournitures[6]. En , la brigade se voit renforcée d'un cinquième régiment : 1st Michigan[6]. La brigade est alors affectée à la protection de la ligne de chemin de fer de Baltimore et Ohio entre Annapolis Junction et Blandensburg[6].
Le , Hooker prend le commandement d'une division qui comprend la brigade Excelsior de Daniel Sickles[6]. Hooker devient un fervent défenseur des ballons d'observation, malgré des débuts difficiles en raison de la météo. Il est convaincu de son usage lors l'observation de Cockpit point qui lui confirme la concentration de l'ennemi avec des batteries d'artillerie[6].
Pendant, l'hiver 1861-1862, il permet néanmoins à des propriétaires d'esclaves du Maryland d'entrer dans son camp pour retrouver ceux qui leur appartiendraient[6]. Néanmoins, à un propriétaire d'esclave qui lui réclame ses esclaves, il répond « Si vos esclaves sont ici et choisissent de partir avec vous et que les gars du Massachusetts sont contents, je n'ai pas d'objection. Mais, s'ils refusent et qu'une dispute éclate ici, je crains que je ne vous enferme dans la maison d'arrêt - la même que pour tout autre maraudeur »[6].
Il doit son surnom à une erreur de typographie dans un article : un point a été oublié entre Fighting et Joe[8].
Lors de la campagne de la Péninsule, à la bataille de Williamsburg, Hooker commande une division du IIIe corps commandé par le général Heintzelamn. Sa division subit les assauts des troupes confédérées de James Longstreet[1]. Il résiste jusqu'à l'arrivée de la 3rd division du IIIe corps commandée par le général Philip Kearny. Il est promu major général des volontaires le [3]. Le lors de la bataille de South Mountain, il chasse les confédérés de la division de D.H. Hill de Turner's Gap ce qui pousse le général Lee à se placer dans une position défensive avant la bataille d'Antietam[5]. Trois jours plus tard, il mène l'assaut initial à Antietam[1]. Il est blessé au pied lors des combats[1]. Il est promu brigadier général de l'armée régulière le [3].
Lorsque Ambrose Burnside prend le commandement de l'armée du Potomac, il donne le commandement d'une des nouvelles grandes divisions[5].
Chancellorsville
Fin , après le désastre de Fredericksburg, Joseph Hooker porte des accusations contre Ambrose Burnside qui demande alors la relève de Hooker et dans le cas contraire propose sa démission[4]. C'est cette dernière proposition qui est retenue et Joseph Hooker prend alors le commandement de l'armée du Potomac[9]. Néanmoins, Abraham Lincoln le met en garde : « Je dois craindre maintenant que l'esprit que vous avez aidé à infuser au sein de l'armée, de critiquer ses commandants, ne se retourne contre vous[4] ». Par ailleurs, Abraham Lincoln lui fait une remarque sur des propos malheureux sur le besoin d'une dictature : « Seuls les généraux qui obtiennent des succès peuvent être nommés dictateur [...] C'est pourquoi je vous demande des succès militaires, et je prendrai le risque de la dictature. »[8].
Alors qu'il prend le commandement de l'armée après la marche dans la boue, Hooker met en œuvre plusieurs changements pour améliorer son moral et son efficacité : meilleurs rations, amélioration de l'hygiène, amélioration de la structure de commandement, corps de cavalerie séparé. Il met en place un nouveau bureau chargé du renseignement et un corps d'éclaireurs[7].
Il fanfaronne, prévoyant sa victoire :
« Mes plans sont parfaits, et je vais commencer à les mettre en œuvre, puisse Dieu avoir pitié de Bobby Lee, je n'en aurai aucune. »
— Major général de l'Union Joseph Hooker, [9]
Le , Hooker met en mouvement l'armée du Potomac, traversant la rivière Rappahannock près de la Wilderness. Ce sont donc les V, XI et XIIe corps qui traversent la rivière à Kelly's Ford, laissant les VI et Ier corps en face de Fredericksburg pour fixer l'armée de Virginie du Nord[7]. Contrairement aux attentes de Hooker, le général Lee prend l'offensive[5]. Après un combat le , il met l'armée du Potomac dans une position défensive, laissant l'initiative au général Lee[9] qui envoie le corps commandé par Stonewall Jackson contre le XIe corps du général Oliver O. Howard. Bien qu'en supériorité numérique, Hooker fait retraiter son armée en bon ordre, perdant 17 000 hommes contre seulement 12 000 pour l'armée de Virginie du Nord[5].
Lors de la progression vers Gettysburg, le général Abner Doubleday interroge Hooker sur ce qui s'est passé à Chancellorsville : « Hooker, qu'est-ce qui s'est passé avec vous à Chancellorsville ? Certains racontent que vous étiez blessé par un éclat d'obus, et d'autres que vous étiez ivre ; maintenant dites-nous ce qu'il en était ». Hooker répond franchement : « Doubleday, je n'étais pas blessé par un éclat d'obus, et je n'étais pas ivre. Pour une fois, j'ai perdu confiance en Hooker, et c'est tout ce qu'il y a à dire »[10].
Joseph Hooker apprend le que l'armée de Virginie du Nord utilise la vallée de la Shenandoah pour avancer dans les États du Nord. Hooker souhaite attaquer les arrières de l'armée sudiste et menacer Richmond[8], mais les responsables de l'Union, qui ont perdu confiance en lui après la défaite de Chancellorsville, lui interdisent de le faire. Il fait remonter l'armée du Potomac vers le nord, protégeant ainsi les grandes villes du nord. Le , il envoie sa lettre de démission à Abraham Lincoln pour protester contre le manque de renfort. Le , Joseph Hooker est relevé de son commandement et remplacé par George Meade[11].
Théâtre occidental
Hooker retrouve sa réputation en tant que commandant de corps sous les ordres du général Ulysses S. Grant. Il participe à la bataille de Chattanooga et à la bataille de Lookout Mountain[5].
Il reçoit les remerciement du Congrès le pour « l'habileté, l'énergie et l'endurance avec lesquels il a couvert Washington et Baltimore du coup réfléchi de l'armée des rebelles, avançant et puissante, menée par le général Robert E. Lee »[3].
Il commande le XXe corps lors de la marche vers la mer de Sherman[5]. Il participe à la campagne d'Atlanta. À la mort du major général McPherson, Sherman lui préfère Howard pour le remplacer à la tête de l'armée du Tennessee. Hooker demande alors à être relevé de son commandement en signe de protestation[5]. Il commande alors le département du Nord, le département de l'Est et enfin le département des lacs jusqu'à la fin de la guerre[5].
Il est breveté major général le pour bravoure et service méritoire lors de la bataille de Chattanooga[3].
Il quitte le service actif des volontaires le [3].
Après la guerre
Alors qu'il est affecté à Cincinnati, il épouse Olivia Augusta Groesbeck en 1865. Elle décède trois ans plus tard de la tuberculose[12]. Joseph Hooker prend sa retraite avec le grade de major général le [3] après une attaque de paralysie[8].
Il meurt le alors qu'il visite Garden City, New York. Il est enterré dans le cimetière de Cincinnati, Ohio[10].
Notes et références
Notes
- Il est de la même promotion que les futurs généraux Lewis Golding Arnold, Henry Washington Benham, Alexander Brydie Dyer, William Henry French, Eliakim Parker Scammon, John Sedgwick†, John Blair Smith Todd, Israel Vogdes, Thomas R. Williams† et Braxton Bragg, Robert Hall Chilton, Jubal Anderson Early, Arnold Elzey (Jones), William Whann Mackall, John Clifford Pemberton, William Henry Talbot Walker† ainsi que Joshua Bates. Les neuf premiers ont combattu dans les rangs de l'Union et les sept suivants dans ceux de la Confédération et le dernier dans la milice de l'Ohio.
Références
- Alan Axelrod
- Eugene M. Wait
- Francis B. Heitman
- Wilmer L. Jones
- John C. Fredriksen
- Walter H. Hebert
- Gerald L. Earley
- William L. Barney
- Bob Blaisdell
- Marla R. Miller
- Michaël Antoine
- (en) « Olivia Augusta Groesbeck Hooker », sur findagrave.com (consulté le )
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Michaël Antoine, La bataille de Gettysburg : Le tournant de la guerre de Sécession, 50 Minutes, , 32 p. (ISBN 978-2-8062-5680-5)
- (en) Bob Blaisdell, The Civil War : A Book of Quotations, Courier Corporation, , 192 p. (ISBN 978-0-486-14894-6, lire en ligne)
- (en) Wilmer L. Jones, Generals in Blue and Gray, Volume 1, Stackpole Books, , 376 p. (ISBN 978-0-8117-3286-4, lire en ligne)
- (en) Eugene M. Wait, Opening of the Civil War, Nova Publishers, , 291 p. (ISBN 978-1-56072-740-8, lire en ligne)
- (en) John C. Fredriksen, American Military Leaders : A-L. v. 2. M-Z, ABC-CLIO, , 926 p. (ISBN 978-1-57607-001-7, lire en ligne)
- (en) Francis B. Heitman, Historical Register and Dictionary of the United States Army, from it's Organization, September 29, 1789 to March 2, 1903, Washington, Government Printed Office,
- (en) Alan Axelrod, Generals South, Generals North : The Commanders of the Civil War Reconsidered, Rowman & Littlefield, , 320 p. (9780762774883)
- (en) Gerald L. Earley, The Second United States Sharpshooters in the Civil War : A History and Roster, McFarland, , 253 p. (ISBN 978-0-7864-5302-3, lire en ligne)
- (en) Marla R. Miller, Cultivating a Past : Essays on the History of Hadley, Massachusetts, Univ of Massachusetts Press, , 371 p. (ISBN 978-1-55849-700-9)
- (en) William L. Barney, The Oxford Encyclopedia of the Civil War, Oxford University Press, , 384 p. (ISBN 978-0-19-989024-8, lire en ligne)
- >(en) Walter H. Hebert, Fighting Joe Hooker, Pickle Partners Publishing, , 397 p. (ISBN 978-1-78625-589-1, lire en ligne)
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- http://www.findagrave.com
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